Avril 2016 L’Indicateur Trimestriel du Bonheur des Français GUIDE DE L’INDICATE

Avril 2016 L’Indicateur Trimestriel du Bonheur des Français GUIDE DE L’INDICATEUR TRIMESTRIEL DU BONHEUR DES FRANÇAIS 2 TABLE DES MATIÈRES PARTIE I : Portrait de l’ITBF ....................................................................................................................................... 3 A. La nécessité de mesurer le bonheur ................................................................................................................ 4 B. Présentation de l’indicateur trimestriel du bonheur des Français ................................................. 10 C. Un indicateur porté par et pour les citoyens ............................................................................................. 15 PARTIE II : Les clés de lecture de l’ITBF ............................................................................................................ 18 Partie III. Bibliographie .............................................................................................................................................. 28 Contexte : La nécessité de mesurer le bonheur ............................................................................................. 29 Les clés de l’ITBF ......................................................................................................................................................... 31 Partie IV. Annexes ......................................................................................................................................................... 41 Annexe sur l’argent .................................................................................................................................................... 41 Annexe questionnaire entier .................................................................................................................................. 42 Partie I : Portrait de l’ITBF 3 PARTIE I : PORTRAIT DE L’ITBF ’état d’un pays se mesure d’abord à l’aune de ce que ses citoyens vivent et non exclusivement de ce qu’ils produisent. De cette conviction découle la nécessité de placer l’aspiration au bonheur individuel et collectif au centre du projet de la société et de suivre son évolution sur la durée. Il y a nécessité : en période de crise économique et sociale, quand la stagnation du PIB alimente le pessimisme collectif, nous souhaitons tourner le projecteur vers des enjeux sociétaux clés et positifs et susciter le débat. Les variations économiques ne reflètent pas notre vécu : elles n’expliquent pas seules notre ressenti, et ne représentent pas notre seul horizon de vie. Les habitants d’un pays valent plus que la comptabilité économique ne l’indique, plus que leur volonté et leur capacité à consommer et produire : l’essentiel de ce que nous ressentons, accomplissons et partageons chaque jour est en revanche compliqué à traduire en chiffres. Ce n’est pourtant pas impossible mais, dans un pays Cartésien comme la France, l’expression du ressenti subjectif n’est pas encouragée et encore moins considérée. Plus largement, les éléments - mêmes objectifs - qui expliquent le vécu des citoyens sont peu examinés et prisés. Pourtant, des initiatives existent en ce sens sous la forme d’indicateurs, comme le Better Life Index, l’IDH, l’Indice de Santé Sociale Régional (ISSR), le Happy Planet Index. Ils souffrent d’un manque de visibilité et de régularité. De plus, les résultats de beaucoup de ces études sont publiés plusieurs mois après qu’elles aient été effectuées, c’est à dire trop tard pour être utiles à la décision, pour avoir un véritable impact sur les politiques publiques. La Fabrique Spinoza a donc décidé de créer un Indicateur Trimestriel du Bonheur des Français, pour une publication trimestrielle, en parallèle des chiffres du PIB de l’INSEE. Cet indicateur qui repose sur des critères subjectifs et scientifiques, cherche L Partie I : Portrait de l’ITBF 4 à décortiquer l‘état des Français, pour donner à notre société les clés pour orienter ses décisions. L’Indicateur Trimestriel du Bonheur des Français a été construit dans l’idée de mesurer ce qui compte vraiment. Il s’agit de chercher à comprendre ce que les Français ressentent au lieu de mesurer seulement la production économique, ou du moins, se concentrer sur la mesure de celle-ci. En faisant du bonheur un objet mesuré régulièrement, à long terme, et de manière complète, il deviendra un objectif de nos actions. En cela, l’ITBF servira à replacer le Bonheur au cœur de nos préoccupations politiques, collectives, et individuelles, et donc donner un cap positif à notre société, à condition d’être visible, et en donnant plus de sens que la seule perspective de la richesse économique. Cet indicateur sera donc une manière de s’outiller pour de meilleures prises de décision, résultant d’une mesure plus pertinente. A. LA NECESSITE DE MESURER LE BONHEUR 1. LE PIB INDISPENSABLE, MAIS CRITIQUABLE Malgré la multitude d’indicateurs existants, complémentaires au PIB, nos sociétés se concentrent, pour la plupart, presque exclusivement sur ce dernier. Le Produit Intérieur Brut est un outil de comptabilité nationale qui vise à mesurer la valeur totale de la production de richesses effectuée par les agents économiques résidents à l’intérieur de ce territoire. Il se révèle être un outil très lisible par sa simplicité : un chiffre. Il relève aussi d’une forte légitimité, par son antériorité. Son mode de calcul est régi par des normes internationales, et a été amélioré continuellement depuis plus de quatre-vingt ans. Il est donc devenu un outil relativement fiable pour la mesure de la création de richesses économiques, et pour la mesure des politiques publiques en ce qu’elles touchent à la conjoncture économique et aux revenus budgétaires. En somme, le PIB est un indicateur solide, utile, et lisible. Mais son problème réside dans l’usage qui en est fait. Partie I : Portrait de l’ITBF 5 D’abord, malgré sa dominance dans la mesure de la conjoncture économique, le PIB ne permet pas à lui seul d’anticiper les crises et de les expliquer. Pis, les crises (non- économiques) peuvent faire augmenter celui-ci, par les travaux de reconstruction suivant un tsunami, par exemple. En effet, le PIB ne mesure pas les externalités négatives de la production économique, telles que le bien-être et l’environnement. Le PIB est malgré tout souvent utilisé comme synonyme de l’état d’un pays alors qu’il ne mesure ni son patrimoine, ni la cohésion sociale. Comme l’affirme le rapport Stiglitz-Sen-Fitoussi, « le PIB n’est pas faux en soi, mais peut être faussement utilisé » (2009). Étant donné le caractère limité de la mesure du PIB, et l’utilisation qui en est faite, nos décisions de politique économique, et de politique publique de manière générale risquent d’être sérieusement faussées. Les préconisations des travaux concernant les indicateurs de développement se rejoignent : les indicateurs doivent accorder plus d’importance à la qualité de vie et au développement durable (Stiglitz, Sen, Fitoussi, 2009 ; Rapport Franco-Allemand, 2010 ; ARF, 2012 ; Attali, 2008). D’après la Commission Stiglitz (2009), il nous faudrait remettre l’individu au centre de toute analyse. 2. LES INDICATEURS COMPLEMENTAIRES, UNE PREOCCUPATION POLITIQUE Il existe pléthore d’indicateurs complémentaires, qui visent à mesurer l’état d’un pays au-delà du PIB, et les institutions publiques en prennent note. Pour exemples : la Commission Européenne, à travers le projet « BRAINPOoL », étudie les barrières et les opportunités pour l’utilisation d’indicateurs allant « au-delà du PIB » ; la loi Eva Sas, adoptée le 2 avril 2015, prévoit que le gouvernement remette au Parlement, chaque année, un rapport présentant l’évolution sur les années passées de nouveaux indicateurs de richesse. La volonté existe donc de dépasser le PIB comme seule mesure de progrès, et les indicateurs sont nombreux à apporter chacun une vision complémentaire.  L’indicateur de la mesure du bien-être économique, créé au début des années 1970 par Nordhaus et Tobin, trouve son point de départ dans les dépenses Partie I : Portrait de l’ITBF 6 de consommation finale enregistrées par la comptabilité nationale, et retranche les éléments ne contribuant pas, selon Nordhaus et Tobin, au « bien-être économique ». Le MBE a su montrer que les conventions comptables ne sont pas immuables, et a largement inspiré l’émergence d’indices de bien-être économique durable composites.  L’Indice de Développement Humain, créé par le PNUD en 1990, a pour vocation de recentrer les politiques de développement sur la santé et l’éducation, en plus de la production. Il est calculé en faisant la moyenne de la longévité, du niveau d’éducation et du niveau de vie.  Le « Better Life Index », créé par l’OCDE, comporte 11 dimensions du bien- être. Les utilisateurs donnent leurs propres pondérations des différentes dimensions pour un calcul du score total.  L’Indice de Santé Sociale Régional (ISSR), constitué à la suite de plusieurs séances de débats regroupant associations, experts, administratifs dans la région Nord-Pas-de-Calais, en 2008, comporte plusieurs dimensions, dont la pondération à été décidée pendant les débats.  Le Happy Planet Index de la New Economics Foundation, prend le parti pris du bien-être subjectif comme objectif ultime, et la consommation des matières premières comme entrée fondamentale. Il est calculé de la manière suivante : (espérance de vie x indice de satisfaction de la vie) / empreinte écologique.  Le travail sur la mesure du bien-être est particulièrement développé au Royaume-Uni. Un programme national de mesure du bien-être national, lancé en 2011, qui a bénéficié d’un fort soutien politique de la part du Premier ministre, David Cameron, a abouti sous la forme d’une « roue du bien-être national » (National Well-Being Wheel), constituée de plus de Partie I : Portrait de l’ITBF 7 quarante indicateurs regroupés selon dix dimensions, avec des indicateurs quantitatifs et qualitatifs.  En Allemagne, les indicateurs W3, élaborés de manière transpartisane, regroupent trois domaines : l’économie, l’écologie, et la qualité de vie. Ces dix indicateurs complémentaires au PIB ont été crées suite au constat du caractère inapproprié du PIB pour refléter toutes les dimensions de la prospérité.  Le Bonheur National Brut (BNB) du Bhoutan, profondément intégré au sein du gouvernement au début des années 1970 et mis de côté en 2013, est structuré autour de quatre piliers : un développement socio-économique durable et équitable, la préservation et la promotion de la diversité culturelle, la bonne gouvernance (et le développement humain), et la préservation de l’environnement. Ces quatre piliers sont uploads/Politique/ guide-de-litbf.pdf

  • 15
  • 0
  • 0
Afficher les détails des licences
Licence et utilisation
Gratuit pour un usage personnel Attribution requise
Partager