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Le 3 mars 2012 Monsieur Lotfi Tazi Directeur général Collège Notre-‐Dame 3791

Le 3 mars 2012 Monsieur Lotfi Tazi Directeur général Collège Notre-‐Dame 3791 Chemin Queen-‐Mary Montréal H3V 1A8 Monsieur, Mon fils, qui fréquente votre institution, m'apprend que la direction du Collège a interdit aux étudiants d'exprimer leur opinion contre la hausse des frais de scolarité en portant un carré rouge sur leurs vêtements à l'école. Quel est le message derrière cette étrange directive? Que les jeunes ne devraient pas exprimer d’opinions politiques lorsqu'ils sont en groupe dans leur milieu scolaire? Ou plutôt, que le Collège Notre-‐ Dame est en faveur de la hausse des frais de scolarité et qu'il ne tolère pas que ses élèves aient une opinion différente? Le Québec connaît actuellement un débat de société très important sur l'accessibilité des études universitaires et sur les inégalités sociales qui en découlent. Les institutions d'enseignements devraient encourager le débat parmi leurs étudiants et s’abstenir de brimer l'expression de leurs convictions politiques. Il est difficile d'arrimer votre directive avec l'énoncé des valeurs contenu dans le Règlement du Collège: le «respect des autres et des différences» devrait inclure les différences d'opinions politiques et devrait englober le respect des libertés fondamentales à la base de nos principes démocratiques, telles la liberté d'expression; la «solidarité» devrait inclure la solidarité avec les groupes qui réclament plus de justice sociale, comme le mouvement étudiant dans ses revendications actuelles. Votre directive constitue une censure de l’expression politique de nos jeunes. De plus, en interdisant le carré rouge, le Collège ne reste pas neutre dans le débat. En terminant, je vous invite à lire l'article «Le Devoir de philo -‐ Pierre Bourdieu porterait un carré rouge», paru dans Le Devoir du 3 mars 2012 en page B6, dans lequel deux professeurs expliquent, en s’inspirant de l’approche du sociologue Pierre Bourdieu, que l'institution scolaire peut perpétuer des inégalités sociales. N’est-‐ce pas la moindre des choses, monsieur Tazi, que de laisser des jeunes, parmi les plus privilégiés, exprimer leur solidarité ? Annick Desjardins uploads/Politique/ lettre-au-college-notre-dame.pdf