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www.droits.forumactif.net www.droits.tk www.fsjest2010.new.fr Page 1 Le pouvoir en Islam émane théoriquement de Dieu. Muhammad, en tant qu’envoyé de Dieu et prophète de sa Loi sacrée, est le détenteur d’un pouvoir théocratique. Ce pouvoir est a priori spirituel et religieux, mais du fait de la nature morale et juridique de nombreux versets coraniques et hadîth, il est le fondement de l’autorité politique et militaire sur la communauté des croyants (l’umma). Les pactes de ‘Aqaba et la « constitution » de Médine contractés entre les Médinois, les musulmans mecquois et Muhammad sont les actes créateurs de cette umma, et reconnaissent le prophète comme chef politique. Muhammad lui-même n’a pas réglé sa succession, et s’étant proclamé « sceau des prophètes », il ne pouvait pas être remplacé par un nouveau prophète. A sa mort, les principaux membres de la communauté élisent donc son plus proche compagnon, Abû Bakr (632-634), comme chef politique des musulmans, avec le titre de « successeur de l’envoyé de Dieu » (khalîfa rasûl Allâh), c’est-à-dire « calife ». ‘Umar, deuxième calife (634-644), y ajoute le titre de « commandeur des croyants » (amîr al- mu’minîn). Les quatre premiers califes sont ainsi élus par leurs pairs, et dirigent les musulmans depuis la capitale, Médine. Dès cette époque apparaît une opposition fondamentale entre deux conceptions du pouvoir. L’une fonde l’autorité sur l’hérédité du prophète, et considère que seuls les descendants de ‘Alî, gendre de Muhammad, ont la légitimité pour diriger le dâr al-Islâm : ses partisans sont les chiites. Selon l’autre, le détenteur du pouvoir califal doit être le plus digne des musulmans, et devrait, en principe, être investi par la communauté : c’est la conception qui sera adoptée par les sunnites. A la suite d’une guerre civile, les partisans de ‘Alî, quatrième calife (656-661), abandonnent le pouvoir aux Omeyyades, favorables à l’idée d’un calife investi par la communauté pour ses compétences et sa dignité. Ceux-ci respectent donc théoriquement le principe électif (validé par le serment d’investiture ou bay‘a), mais imposent de fait le principe héréditaire en créant la première dynastie musulmane (661-750). Damas, leur capitale, devient le centre du pouvoir dans l’empire arabo- musulman. Lors de leur arrivée au pouvoir, les califes abbassides (750-1258) maintiennent le principe dynastique, mais le rattachent à l’appartenance à la famille du prophète, tout en n’étant pas chiites. Ils sont en effet membres de la famille de Muhammad, mais ne descendent pas de ‘Alî. Le souverain siège alors à Bagdad (ou à Samarra au IXe siècle), dans un palais (dâr al-salâm) où, assis sur un sofa caché par un rideau, il arbore les attributs de l’autorité califale : la baguette, le manteau du prophète, le sabre et le Coran de ‘Uthmân (‘Uthmân est le troisième calife de 644 à 656, qui a organisé la rédaction du Coran de référence pour les sunnites). Il porte un costume noir et un bonnet haut. Le palais est le centre du pouvoir, et le faste de sa cour l’expression de sa puissance. Fondamentalement, le calife est le protecteur de l’islam en tant que religion et en tant que communauté, il est à ce titre la source théorique de tous les pouvoirs. Pour les sunnites, le calife doit préserver la Loi révélée au prophète, et son principal rôle religieux, en tant qu’imâm, consiste donc à www.droits.forumactif.net www.droits.tk www.fsjest2010.new.fr Page 2 empêcher les innovations ou bid‘a. Il n’a donc en principe aucun pouvoir législatif, puisque seul Dieu révèle la loi. Selon les chiites, l’imâm est en revanche « auteur » de la Loi du fait de son ascendance prophétique. En tant que chef militaire, le calife doit déclarer la guerre sainte (jihâd), et la diriger contre les infidèles ou les mauvais musulmans. Il a aussi le devoir de défendre la communauté contre les agressions extérieures. Le calife est aussi le garant de la justice dans son empire ; il doit donc juger et arbitrer entre ses sujets. Pour mener à bien sa politique, le calife organise la justice, l’administration, et perçoit les taxes de tout l’empire. Pour cela, il délègue ses pouvoirs, en envoyant à des individus un diplôme d’investiture, une robe d’honneur, et différents présents. Il nomme ainsi les juges (qâdî), chargés de rendre la justice dans les provinces de l’empire. Il désigne aussi des gouverneurs (wâlî ou amîr) dans les provinces, chargés de maintenir la sécurité, qui sont secondés par des percepteurs de taxes (‘âmil). Dans la capitale, l’administration est centralisée autour de bureaux (dîwân) commandés par le vizir (wazîr), et différents hauts fonctionnaires comme le chambellan (hâjib). Dans l’ensemble de l’empire, l’autorité du calife est validée par l’inscription de son nom sur les pièces de monnaies et les tirâz ainsi que par l’affirmation de sa souveraineté dans le sermon du vendredi, dans la grande mosquée de chaque ville. Mais cette autorité n’est parfois que nominale. Dans un aussi vaste empire, la tendance à l’autonomie des gouverneurs provinciaux fut constante, et s’est particulièrement développée à partir du IXe siècle. A ces forces centrifuges, s’ajouta alors l’explosion de l’unité de la communauté, lorsque deux nouvelles dynasties revendiquèrent le califat : les Fatimides, chiites (909-1171), et les Omeyyades de Cordoue (929-1031). D’autres dynasties revendiquèrent par la suite le califat : les Almohades, les Mérinides et les Hafsides. Quoique les califes conservèrent toujours leur autorité religieuse et doctrinale, leur pouvoir fut encore plus affaibli par la délégation de leurs autres fonctions à des généraux de différentes dynasties persanes et turques, appelés grands émirs (amîr al- umarâ’) à partir de 932, puis sultans (titre pris par les Turcs seljoukides à partir de 1058, puis par plusieurs dynasties), ou à des dynasties d’autres hauts dignitaires (comme les Amirides dans le califat de Cordoue). Cette période des Xe-XIe siècle marque donc une rupture fondamentale avec le passage du pouvoir des mains de civils arabes appartenant à la famille du Prophète, à des non Arabes issus le plus souvent de la caste militaire. Le sultanat devint alors la principale institution détentrice du pouvoir politique, bien qu’elle émanât théoriquement du calife. Ainsi, après la chute du califat de Bagdad en 1258, sous le sultanat mamelouk (1250-1517), le calife abbasside du Caire n’était plus qu’un fantoche, alors que le sultan, désigné parmi ses pairs, c’est-à-dire les officiers du corps d’esclaves soldats mamelouks, dirigeait réellement l’empire (quand lui-même n’était pas un fantoche sous l’autorité d’un grand émir). C’était alors le sultan qui régnait, et qui nommait ses représentants dans les provinces. Sous les Mamelouks, le pouvoir était donc confié à un groupe d’esclaves militaires affranchis (en général turcs ou circassiens), qui dominaient tout le Proche Orient. Les sultans ottomans, qui dominaient les Balkans et l’Anatolie, maintinrent en revanche le principe dynastique. Lorsqu’en 1517, ceux-ci provoquèrent l’abdication du calife abbasside du Caire, il semble qu’ils ne revendiquèrent pas immédiatement son titre. Mais ils se présentaient au XIXe siècle comme détenteurs du califat, jusqu’à sa suppression par Mustafa Kemal Atatürk en 1924. Benayad Med uploads/Politique/ le-pouvoir-en-islam.pdf

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