Gestion des Transformations Sociales MOST Document de discussion - n° 46 égalem
Gestion des Transformations Sociales MOST Document de discussion - n° 46 également disponible en anglais ONG, gouvernance et développement dans le monde arabe par Sarah Ben Néfissa Cet article a servi de base à la préparation de la table ronde intitulée "ONG et gouvernance dans le monde arabe", organisé dans le cadre du Programme MOST de l’UNESCO, au Caire les 29/30/31 mars 2000. L'auteur expose les difficultés sur lesquelles reposent les expressions "gouvernance" et "ONG". Ensuite, elle précise la problématique de la table ronde qui ne se situe pas dans le cadre de la dimension normative de la "bonne gouvernance", mais se rapporte à sa conception analytique. En effet, cela offre une nouvelle manière d’aborder le politique qui cherche à dépasser l’approche institutionnelle de l’action publique fortement centrée sur une vision monolithique de l'Etat. Cette nouvelle approche permet d'intégrer dans l’analyse du politique l’étude d’autres acteurs non étatiques qui contribuent pourtant à sa (dé)régulation : notables, groupes religieux, familial ou régional, économiques comme les hommes d’affaires mais aussi les associations et les ONG. L'auteur passe également en revue les travaux les plus importants et les plus récents sur les ONG, aussi bien dans la communauté scientifique française qu'anglo-saxonne. Enfin, elle termine en résumant les principaux résultats des travaux qui se mènent actuellement sur les ONG du monde arabe. L’auteur constate donc les difficultés des associations et ONG du monde arabe à se voir reconnaître le statut d'acteur du développement, vu qu'elles sont toujours considérées comme des solutions palliatives aux carences du secteur public. Table des matières ONG et Gouvernance : un bref historique * Les critiques de la dimension prescriptive et normative de la gouvernance * La dimension analytique de la gouvernance et ses effets sur l'appréhension du "politique" dans le monde arabe * ONG, associations et "tiers secteur" : l'état de la question * Panorama général du secteur associatif dans les pays arabes * Les vocations principales des associations dans le monde arabe : entre le socio- caritatif et le politique * Les processus historiques de la naissance et de l'évolution des associations arabes : d'une élite à une autre * Les systèmes politiques arabes et les associations : entre le refus et l'instrumentalisation * Quelques caractéristiques des associations arabes * Bibliographie * Peut-on considérer les associations et les ONG du monde arabe comme des acteurs à part entière de développement national et local ? Quels sont les rôles, fonctions et poids des ONG dans la gouvernance et le développement des pays du monde arabe ? Les deux notions clés sont donc "ONG" et "gouvernance". Quel est l'historique de ces deux expressions et pourquoi sont-elles aujourd'hui fortement liées ? Que signifie le terme gouvernance et quelles sont les principales critiques qui lui ont été portées ? Dans la mesure où la gouvernance a une triple dimension normative, prescriptive et analytique, quelle(s) est(sont) celle(s) qui concerne(nt) précisément les propos de la table ronde ? Quels sont les enjeux politiques, sociaux et économiques de la gouvernance pour les pays arabes ? Dans la mesure où les ONG constituent un des piliers principaux d'une "bonne gouvernance" au côté des autres acteurs de la "société civile", de l’Etat et du marché, où en est aujourd'hui la recherche sur le sujet ? Quelles sont les hypothèses et les résultats les plus récents qui ont été émis sur les ONG en général, et plus particulièrement sur celles du monde arabe ? Quelle est la problématique générale de cette conférence et à quelles questions s'agira-t-il de tenter de répondre ? ONG et Gouvernance : un bref historique La question qui est posée ici nous paraît, au premier abord, simple. En fait, elle est extrêmement complexe parce que les deux "notions" principales sur lesquelles elle repose, à savoir "ONG" et "gouvernance", sont "brouillées", sans statut, d'un point de vue heuristique parce que "sur-médiatisées" et "surinvesties". Elles sont également d'origine relativement récente même si leurs "constructions historiques" diffèrent. Ces aspects ont souvent pour effet d'empêcher leur appréhension de manière sereine loin des réactions passionnées et idéologiques. Il importe donc de les clarifier, de préciser les implicites sur lesquelles elles reposent et de les contextualiser dans l'espace politique et social des Etats arabes. "ONG" et "gouvernance" renvoient aujourd'hui à des réalités et significations différentes, mais sont en fait étroitement associées. Cela n'a pas toujours été le cas. L’ONG en tant que "notion" est antérieure à la "gouvernance". L’ONG est devenue un enjeu stratégique à l'échelle mondiale depuis une décennie sous l'effet, notamment, du réinvestissement et de la réappropriation auxquels elle a donné lieu de la part des concepteurs de la "bonne gouvernance". Le phénomène social auquel renvoie l’expression "ONG" est loin d'être nouveau, tant pour les pays européens que pour les pays arabes. Aussi, en France, l'associationnisme de type moderne est une réalité du 19ème siècle, tandis que pour les pays arabes, il est possible de le dater de la fin du 19ème et début du 20ème siècle [Bardout J-C, Ben Néfissa S. (a)]. Par contre, la popularisation du phénomène sous l'expression "ONG" peut être datée des années 1970, le terme "ONG" renvoyant à ces organisations des pays du Nord qui œuvraient dans plusieurs pays du Sud pour contribuer à leur développement social, économique et culturel. Ce phénomène a toutefois subi des transformations idéologiques et politiques importantes d'une période historique à l'autre. Au messianisme civilisateur des associations chrétiennes qui a accompagné l'aventure coloniale a succédé le messianisme tiers-mondiste des années 70, fondé sur la solidarité laïque ou chrétienne mais surtout internationaliste et basé sur des pratiques de développement en partenariat avec les sociétés locales. A partir des années 1985, le tiers-mondisme subit l'offensive idéologique néo-libérale de l'idéologie humanitaire qui, au nom de l'universalité des droits de l'homme et au nom de la compétence technicienne, renouvela les objectifs des ONG. Il ne s'agit plus d'aider au développement des pays du Sud et d'aspirer à la justice entre le Nord et le Sud, mais de gérer et d'optimiser les capacités d'intervention d'urgence en cas de guerre, conflits internes ou de famines (Hours B.). La toute dernière mutation subie par la perception dominante de l'ONG est le fait qu'elle soit aujourd'hui considérée comme un acteur à part entière du développement et de la régulation des sociétés au même titre que les Etats et le secteur privé. De même, l'ONG n'est plus considérée forcément comme une organisation des pays du Nord pour aider les pays du Sud, mais elle renvoie actuellement aux sociétés du Sud ou du Nord et aux organisations suscitées dans les pays du Sud par différents acteurs des pays du Nord (Etats ou ONG), ou par des organisations internationales ou régionales. Les initiateurs de la notion de "gouvernance" sont pour beaucoup dans la revalorisation récente du statut de l'ONG, de sa transformation de "solution palliative" ou "alternative" en acteur important du développement. Bien que son origine soit ancienne, la popularisation des expressions "gouvernance" et "bonne gouvernance" date de la fin des années 1980 et du début des années 1990, de manière concomitante à celle de "mondialisation" ou de "globalisation". Les deux expressions ONG et gouvernance renvoient principalement au phénomène politique: la première de manière négative (non gouvernementale) et la seconde de manière positive. Les "inventeurs" de la gouvernance sont principalement des experts de la Banque Mondiale et du FMI (dont William J.- C.). Rejetant l'économisme qui les caractérisait auparavant et nouvellement conscients du poids du politique sur l'économique, le social et le développement des pays en voie de développement, ces experts trouvèrent dans "la gouvernance" une expression commode pour parler de "politique" alors qu'ils n'avaient pas mandat explicite à le faire. La gouvernance est donc d'abord une manière de parler du politique sans le nommer en suggérant "l'effort pour dégager un consensus ou obtenir le consentement nécessaire à l'exécution d'un programme dans une enceinte où de nombreux intérêts divergents entrent en jeu" (de Alcantara C. H.). Malgré son aspect quelque peu "édulcoré", cette définition est loin d'être imprécise dans la pensée de ses initiateurs. Il s'agit principalement de mesures politiques et administratives visant à accompagner les politiques d'ajustement structurel et les réductions drastiques des dépenses des Etats, notamment sur le plan social. Elle vise également à créer un environnement favorable au développement du secteur privé. Telle est la dimension prescriptive de la gouvernance. Elle a également une dimension normative et analytique ; cette pluridimensionnalité la rend ambiguë et complexe. Les deux premières sont les plus visibles. Elles indiquent ce qui est "bien" ou "mieux" à faire et comment il "faut le faire". C'est ce qu'on appelle la "bonne gouvernance". La troisième dimension est analytique, car cela constitue une nouvelle manière d'aborder le politique éloignée des perceptions classiques fortement centrées sur l'Etat et sur une vision "mythique" ou idéologique. Cette dernière dimension de la gouvernance est le fait principalement de chercheurs en politologie qui estiment que l'étude du politique ne doit pas se restreindre à l'analyse juridique et politique de l'Etat (Le Gales P.). Les mesures de bonne gouvernance seraient les suivantes : une bonne administration décentralisée et comptable de ses uploads/Politique/ ong-gouvernance-et-developpement-dans-le-monde-arabe.pdf
Documents similaires
-
19
-
0
-
0
Licence et utilisation
Gratuit pour un usage personnel Attribution requise- Détails
- Publié le Nov 23, 2022
- Catégorie Politics / Politiq...
- Langue French
- Taille du fichier 0.2511MB