1 L’évolution de la place des femmes dans l’histoire © Damien Touttée. Le grand

1 L’évolution de la place des femmes dans l’histoire © Damien Touttée. Le grand livre de l’égalité femmes-hommes 2 1.1 L’évolution de la femme depuis Adam et Ève 1.1.1 L’influence de la religion   La religion judéo-chrétienne La Bible et sa vision du rôle de la femme dans les sociétés basées sur le christianisme ont certainement influencé les rapports hommes-femmes pour des siècles et des siècles… non encore révolus ! Ne serait-ce que symboliquement, Dieu créa en premier l’Homme, puis la Femme le lendemain, à partir de sa côte. L’existence de la femme dépend ainsi entièrement de l’homme si on lit les textes ainsi. En poursuivant une certaine interprétation courante dans la pensée judéo- chrétienne, dans l’Ancien Testament6, Ève a succombé à la tentation et entraîné de fait le monde dans la déchéance, nous faisant perdre à jamais le Paradis. Ainsi, la femme représente le sexe « faible » puisque la première femme a failli. Mais selon une autre lecture et interprétation, Ève est née « à côté d’Adam ». Jésus aurait lui-même octroyé une place prédominante à Marie-Madeleine : une disciple, sa compagne, sa femme ? LA PAROLE À : Françoise Fabrer  Étudiante à l’Institut d’études religieuses de la faculté catholique de Paris. La place des femmes dans l’église « Pour aborder la place des femmes dans l’Église, je voudrais tout d’abord revenir au fondement de la religion chrétienne et à l’enseignement du Christ sur le sujet. Contrairement aux idées reçues, le christianisme a révolutionné les mentalités en affirmant au sein d’un monde antique pénétré par l’idée d’infériorité de la femme, l’égale dignité des deux sexes aux yeux de Dieu. Et le Christ lui-même était entouré de femmes qui l’ont suivi durant toute sa vie publique. N’oublions pas que la première personne à avoir vu le Christ ressuscité et à y avoir cru était une femme, Marie-Madeleine. 6 Genèse, III, 1-21. L’évolution de la place des femmes dans l’histoire 3 Tout au long des siècles, la problématique des femmes dans l’Église renvoie à la place de la femme dans la société. Si l’Institution a pu paraître plus conservatrice que progressiste, il n’en est pas moins vrai que la femme a toujours eu une place dans l’Église mais inégale en fonction des domaines (particulièrement dans le domaine liturgique). C’est sans aucun doute à la suite du concile Vatican II que la femme a pu s’affirmer dans des rôles plus importants et notamment dans le domaine de la théologie et de la transmission de la foi ; soit en ayant accès à l’enseignement de la théologie en tant qu’enseignante, soit en ayant en responsabilité la mise en œuvre de la catéchèse. Elles font également partie de nombreux conseils paroissiaux et épiscopaux. Dès le début de son pontificat le pape François a réaffirmé le rôle « primordial, fondamental » des femmes. Le Vatican envisage aujourd’hui d’appuyer la nomination de femmes à certains postes clés au Saint-Siège. Un certain courant féminin revendique le droit à plus de responsabilités dans la gouvernance de l’Église, le droit de prêcher et le droit d’accès au diaconat. C’est dans cette mouvance que le « Comité de la jupe », association fondée en 2009 par Christine Pedotti et Anne Soupa, verra le jour. Cette association se prononce pour l’égalité femmes-hommes dans l’Église et défend la place des femmes et des filles dans l’Église. En tant que catholique pratiquante engagée dans l’Église depuis longtemps, je ne revendique pas forcément l’égalité pour tout au sein de l’Institution. Je ne crois pas qu’il s’agisse d’une question de capacité car il est évident que les femmes seraient capables d’avoir plus de responsabilités au sein de l’Église ; ni d’un problème de supériorité et d’infériorité. Il s’agit plutôt de pouvoir gérer la différence et la complémentarité. Chacune doit pouvoir trouver sa place, certes, mais sans pour cela vouloir automati­ quement la place des hommes. Les femmes sont très présentes dans l’Église et beaucoup plus nombreuses que les hommes et je pense que cela effraye le pouvoir masculin qui pourrait se sentir menacé. Je pense que l’Église évolue (peut-être trop lentement pour certains et certaines !) dans le bon sens, celui de l’ouverture. Mais après tout est-elle si différente de l’organisation de la société civile ? » Dans la société juive ancienne, le statut de la femme n’était pas très enviable car les lois juives sont très sévères envers elle. Le père a un pouvoir absolu sur sa famille et particulièrement sur ses filles qu’il marie et donne comme il veut, il peut même les vendre s’il le désire7. Quand la femme juive se mariait, la tutelle était transférée à son mari et elle faisait désormais partie de son patrimoine au même titre que la maison, l’esclave et l’argent8. 7 Commandements de la Torah. Exode, XXI, 7-11. 8 Commandements de la Torah. Exode, XX, 17. Le grand livre de l’égalité femmes-hommes 4   La place des femmes dans l’islam De la même façon pour les musulmans, les différentes traductions du Coran au cours de l’histoire et leur application selon les pays donnent des places très différentes à la femme. Dans le Saint Coran, « les femmes sont les sœurs germaines des hommes ». Elles ont spirituellement la même place que celle de l’homme. « En vérité, Je ne laisse pas perdre l’œuvre de celui qui agit bien qu’il soit homme ou femme. Vous êtes issus les uns des autres. »9 Le Coran dit, par exemple, au sujet de l’égalité des hommes et des femmes : « Quant à elles, elles ont des droits équivalents à leurs obligations, confor­ mément à la bienséance. Mais les hommes ont un degré sur elles » 10 qui peut être interprété différemment. Le degré est « celui de la responsabilité de la famille et des soins qui lui sont dus » pour le Sheikh Ahmad Ash-Sharabâsî11. Pourtant, certains courants islamiques définissent le statut des femmes comme l’inférieure de l’homme, notamment dans le régime matrimonial, l’héritage, le code vestimentaire, l’éducation ou encore les droits civiques. En reprenant le même verset « les hommes ont un degré sur elles » devient « les hommes ont une prédominance sur elles » ou une « pré-éminence » donnant ainsi droit aux fils d’hériter plus que leurs sœurs (au fils une part équivalente à celle de deux filles), au mari des droits sur sa femme (la corriger, s’abstenir d’avoir des relations sexuelles avec elle, la considérer comme un bien).   La place des femmes dans l’hindouisme Il n’est pas conseillé de naître femme dans cette religion non plus. Une fille est une charge pour la famille, il faut la marier et la doter pour qu’elle puisse suivre la famille du mari et faire des enfants. La dot représente des années d’économies pour les castes inférieures. La place des femmes dans l’hindouisme est complètement dépendante du texte, dont cette religion déborde. Dans certains textes, la femme a une place réduite et elle se doit de vénérer son époux comme Dieu principal, dans d’autres, elle tend vers un idéal et doit être respectée comme sa propre mère. 9 Coran, sourate 3, verset 195. 10 Coran, sourate 2, verset 228. 11 Sheikh Ahmad Ash-Sharabâsî (1918-1980). Grand écrivain égyptien et prédicateur reconnu pour sa recherche de vérité. Il a écrit L’Encyclopédie de l’éthique du Coran. L’évolution de la place des femmes dans l’histoire 5 Alors parité ou non dans l’Inde ancienne, toujours est-il que la femme avait accès à l’instruction au cours de la période védique, soit entre 2 000 ans avant Jésus-Christ jusqu’au vie siècle avant Jésus-Christ.   La place des femmes dans le bouddhisme Bouddha dit : « Je sais les femmes trompeuses et fausses. Elles sont mobiles comme la flamme de l’éclair et leur conduite est inextricable. » Et quand Ananda le disciple demande au maître : « […] comment faut-il nous conduire à l’égard des femmes ? » Le maître répond : « Il faut éviter leur vue… Il serait meilleur et plus sûr d’engager une conversation avec un homme qui, sabre à la main, menacerait de vous couper la tête. Méchantes, Ananda, sont les femmes ; jalouses… envieuses… stupides… » Bouddha, en réponse aux femmes qui, par trois fois, sont venues le supplier de devenir religieuses, finit par céder après avoir fixé huit règles strictes qui les subordonnent entièrement aux hommes. Et il aura toujours l’impression d’avoir fait une erreur en les acceptant.   La religion protestante plus ouverte aux femmes Depuis le milieu du xixe siècle aux États-Unis, 1920 en Allemagne et 1965 en France, les femmes ont la possibilité d’être pasteur, elles sont ainsi instruites à la religion protestante et peuvent exercer le ministère pastoral au même titre que les hommes. Le chef de l’Église anglicane est une femme : la Reine d’Angleterre. En France, le nombre de femmes pasteurs n’a cessé de croître pour tendre vers la parité aujourd’hui. Les pays scandinaves à forte dominante protestante luthérienne : la Finlande, la Norvège, le Danemark et l’Islande ont largement devancé les pays de tradition catholique uploads/Religion/ 1-l-x27-evolution-de-la-place-des-femmes-dans-l-x27-histoire-c-damien-touttee 1 .pdf

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  • Publié le Mai 07, 2021
  • Catégorie Religion
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