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« Le Sacrament de Mariage et la notion de la famille dans les oeuvres de saint

« Le Sacrament de Mariage et la notion de la famille dans les oeuvres de saint Jean le Chrysostome » Introduction : La vie de saint Jean le Chrysostome. Jean Chrysostome ou « Jean Bouche d'or » est né vers 350 à Antioche où il a peut- être été l'élève de Libanios. Une fois baptisé, il fréquente Diodore, futur évêque de Tarse. Devenu proche de Mélèce, l'évêque d'Antioche, il est sans doute nommé lecteur en 371, puis il se retire dans les montagnes environnantes pendant quatre ans avec un vieux moine syrien pour maître. Il passe ensuite deux ans seul dans une grotte avec la lecture et la mémorisation des Écritures pour principale occupation. Sa santé défaillante l'oblige à revenir à Antioche, où il est fait diacre par Mélèce en 381, puis prêtre par Flavien, successeur de Mélèce, en 386. Devenu archevêque de Constantinople au début de 398, il s'attire l'hostilité de l'impératrice Eudoxie et de Théophile d'Alexandrie. À l'issu du Synode du Chêne en 403, il est envoyé en exil, est rappelé puis banni définitivement, d'abord à Cucuse en Arménie pendant 3 ans. Épuisé, il meurt le 14 septembre 407 sur la route de Comane, dans le Pont. Il a suivi la méthodologie de saint Athanase et des pères cappadociens. Dans son oeuvre on ne trouve pas d'analyses théoriques comme on peut trouver chez Grégoire le Théologien ou chez Grégoire de Nysse car son œuvre est avant tout pastorale. C’est la raison pour laquelle son œuvre fut copiée par beaucoup de gens et c’est pourquoi on a une très grande collection de ses textes. Chrysostome avait une austérité tout en étant de caractère sensible et conciliant quand il était nécessaire. Il est devenu le théologien de la vie quotidienne des fidèles. Il aimait beaucoup la vie solitaire, mais il a bien compris que la volonté de Dieu était qu’il doive rester dans le monde comme évêque. Comme un grand pasteur, il était aux prises avec une série de problèmes pastoraux en relation avec la vie des fidèles. Parmi eux se trouvait le problème du mariage. Saint Jean n’était pas un moraliste. Il connaissait bien l’importance de la question du mariage dans la vie des gens. Il comprenait qu’il était décisif pour l’éthique des croyants et le salut de leurs âmes. 1 C’est vraiment admirable qu’il ait analysé beaucoup d'aspects de cette question comme personne d'autre ne l'a fait. C’est pourquoi j’ai choisi aujourd’hui de vous présenter ce sujet à travers le point de vue de ce grand père de l’Église. Saint Jean est très rigide contre le péché, mais en même temps il est doux et compatissant envers le pécheur. Il exige beaucoup des femmes, il condamne la fornication, mais en même temps il a tant de soin et de tendresse pour la femme qu’on ne trouve pas chez les autres écrivains ecclésiastiques. I. Mariage : Un Mystère grand dans Jésus-Christ et l’Église. Pourquoi est-il si grand et pourquoi a-t-il besoin et du Christ et de l’Église pour qu’il soit accomplit ? D’abord parce « qu’une femme dont la vie s’est écoulée dans la prudence, s’attache dès le premier jour à un homme qu’elle n’a jamais vu, et l’aime comme son propre corps ; c’est parce que l'homme de son côté met au- dessus de toutes les femmes, également dès le premier jour, une femme avec laquelle il n’a pas encore échangé un regard, ni même une parole, et qu’il la préfère à ses amis, aux membres de sa famille ».1 « De même qu'un enfant, peu de jours après sa naissance, reconnaît ses parents du regard, sans pouvoir encore prononcer une parole ; de même, l'époux et l'épouse, sans avoir besoin ni de suggestion ni de conseil, se reconnaissent en quelque sorte et s'unissent au premier regard. Ayant vu le même fait se produire éminemment dans l'union du Christ et de l'Église comme l'époux quitte son père pour se rendre auprès de sa femme, ainsi le Christ, descendant du trône paternel, est venu vers l'épouse qu'il s'était choisie, l’Église ».2 a. Pourquoi Dieu a-t-il concédé le mariage ? Le mariage est un phénomène secondaire dans le cadre de la divine économie. Il n’a pas été créé en même temps avec les premiers hommes, mais les premiers hommes, grâce à la prévoyance de Dieu, ont été créés afin qu’ils soient préparés 1 Jean le Chrysostome, Éloge sur Maxime, 3, P.G. 51, 230. 2 Du même, P.G. 51, 230. 2 biologiquement pour le mariage. Comme saint Jean le dit, Moïse n’a pas utilisé le verbe « créer » pour Ève, mais le verbe « construire », parce que la création du genre humain a eu lieu avec la création d’Adam. Dieu a construit Ève par la même substance pour montrer qu’ils ont la même valeur. Dans l’Église Orthodoxe, on ne parle pas de l’égalité, mais de la même dignité et de la même valeur des deux sexes. Dieu prit une portion d'une chair déjà formée, et Il ne fit que l'augmenter, Il produisit donc la femme, non par l'acte d'une création nouvelle, mais en ôtant à Adam une portion de sa chair produisant de cette faible portion un être complet en toutes ses parties.3 Dieu a prévu qu’après la chute Adam ne serait plus entier et qu'il aurait besoin de la consolation. Après la chute, le péché est entré dans l’être humain et il cessa d’être complet. Ainsi, l’invention du mariage est due à la chute de l’homme tout comme la nécessité de la consolation mutuelle. Saint Jean le Chrysostome suit les autres écrivains ecclésiastiques et souligne que la vie des premiers hommes était une vie angélique dans la virginité, sans avoir de rapports charnels. Le mariage a été utilisé par Dieu comme une mesure d’assagissement (mise à la raison) parce qu’après la chute les hommes n’étaient pas prêts à vivre la vie du Nouveau Testament. Le mariage était le précurseur de cette vie, la préparation. C’est pour cette raison que l'état virginal précède le mariage, comme une expression de la divine Providence.4 Dans le Paradis, les hommes étaient immortels et incorruptibles et pour cette raison ils n’avaient pas de désirs charnels, des passions ou des besoins physiques. Puisqu'ils vivaient dans l’état d’innocence, ils n’avaient pas besoin de vêtements. Après la chute, le désir de rapport corporel est apparu comme une des passions5. La phrase dans le livre de la Genèse : « Adam a connu sa femme »6 montre le rapport charnel inconnu jusqu'alors. Après la chute l’état de faiblesse pour l’être humain était si fort qu’il avait besoin du mariage comme il avait besoin des vêtements, du 3 Jean le Chrysostome, Homélie sur la Génèse, 15, P.G. 53, 120-122. 4 Du même, Homélie sur la Génèse, 8, P.G. 53, 153. Du même, De la virginité, P.G. 48, 546. 5 Du même, Homélie sur la Génèse, 15, PG. 53, 123. 6 Génèse, 4-1. 3 travail, etc.7 Ainsi, la raison de l’existence du mariage est la faiblesse de l’homme après la chute, mais celui qui a introduit le mariage dans la vie humaine est Dieu Lui-même.8 Quelle est cette faiblesse de l’homme après la chute ? Le déficit mutuel d’Adam et Ève. Chacun d’eux avait un déficit, un manque. Cela signifie qu’ils ne sont pas autarciques. Ils restent pauvres et déficitaires. Ce déficit a un caractère mutuel et l’un peut trouver chez l’autre ce qui lui manque à lui-même. Ainsi la nature qui est pauvre se suffit enfin, comme elle conserve une sorte d’immortalité par la continuelle succession de l’un à l’autre.9 Ce déficit qui est psychologique et biologique a besoin de la consolation contre la mort avec la naissance des enfants. Le rapport charnel se caractérise par saint Jean comme une « concession » de Dieu. Donc, Il permet le rapport charnel pour la « consolation » à cause du péché.10 Saint Jean caractérise le mariage comme un « don de Dieu »11 et ceux qui détestent le mariage comme des hérétiques.12 Saint Jean souligne que la raison du mariage est « pour éviter la fornication, pour triompher de la concupiscence, pour vivre dans la sobriété, pour être agréable à Dieu (...). Voilà le bien qui résulte du mariage, voilà son fruit, tels sont les avantages qu'il procure ».13 Dans la théologie de l’apôtre Paul et de saint Jean le Chrysostome le mariage n’est pas la meilleure vertu pour le chrétien14 parce qu’il n’existait pas dans le Paradis et n’existera pas au Royaume Céleste selon la parole de notre Seigneur15 et il reste toujours un médicament16 dans la vie des fidèles. Saint Jean souligne qu’on ne doit 7 Jean le Chrysostome, De la virginité, P.G. 48, 545. 8 Du même, Commentaire sur « à cause de la fornication, que chaque homme ait sa femme... », P.G. 51, 215. 9 Du même, Commentaire sur l’Évangile selon saint Jean, 1, P.G. 59, 119-120. 10 Du même, Homélie sur la Génèse, 8, P.G. 53, 153-154. 11 Du même, De la virginité, P.G. 48, 536. 12 Du même, Première Épître aux Colossiens, 12, uploads/Religion/ barla-a-le-sacrament-de-mariage-et-la-notion-de-la-famille-dans-les-oeuvres-de-saint-jean-le-chrysostome.pdf