Commentaire du CREDO Partie 1 Introduction. Le symbole dit de Nicée-Constantino
Commentaire du CREDO Partie 1 Introduction. Le symbole dit de Nicée-Constantinople est, en réalité, une version élargie du symbole baptismal de la foi de l’église de Jérusalem. Composé sous cette forme peu après le concile d'Alexandrie ( 362 ), il fut prononcé devant le concile de 381 par Nectaire élu par ledit concile à la place de Grégoire de Nazianze qui venait de démissionner. Nectaire était un vieillard vénérable, qui appartenait à l'ordre sénatorial et était alors investi de la dignité de préteur. Mais on s'aperçut que Nectaire n'était pas baptisé ! C'est avant son baptême et la consécration épiscopale qui s’ensuivit que Nectaire prononça cette profession de foi. Le texte servit ensuite à la liturgie du baptême à Constantinople et devint ainsi le symbole de la foi de l'Eglise de Constantinople. Proclamation de la foi de l'Eglise en la divine Trinité, de la foi des chrétiens en l'Eglise comme icône de cette même Trinité, le symbole est traditionnellement récité ou chanté au moment où l'Eglise existe en ce qu'elle a de plus fondamental, de plus essentiel : lorsqu'elle célèbre la divine liturgie. Dans la liturgie byzantine, on récite ou chante exclusivement le symbole dit de Nicée-Constantinople -- celui que nous allons commenter --, immédiatement avant de prononcer l'anaphore eucharistique. Dans la messe romaine, le Credo est récité après la lecture de l'Evangile. Avant le concile du Vatican II, il était réservé aux dimanches, aux fêtes du Christ, de la Mère de Dieu, des Anges, des Apôtres et des Docteurs. Aux autres messes, on récitait le symbole des Apôtres, qui date très certainement de la période antérieure à la lutte de l’église contre les hérésies, et notamment contre l'hérésie arienne, C'est pourquoi il est beaucoup moins développé, sans aucune influence de la philosophie ou de la théologie. C'est cette différence de longueur qui est à l'origine de l'expression provençale : Lou grand credo, utilisée pour désigner le symbole auquel nous allons prêter notre attention. Après la réforme liturgique postérieure à Vatican II, le Credo dit de Nicée-Constantinople s'est généralisé dans le monde catholique bien que, dans certains pays francophones, on emploie aussi le symbole des Apôtres. Je crois en... En français, il y a une différence considérable entre croire que.. et croire en... Quand je dis : Je crois que demain il fera beau, cela signifie que je n'en suis pas sûr. Si je crois que... je ne sais pas. La croyance s'oppose à la science. Que penserions-nous de notre médecin s'il nous disait : Je crois que vous devez prendre un comprimé de tel médicament à chacun des trois repas ? Du médecin nous attendons qu'il sache, nous n'admettons pas qu’il puisse se contenter de croire que... Je crois que... exprime une opinion, et désigne un assentiment imparfait, qui, comme l'opinion, comporte tous les degrés de probabilité. Au contraire, croire en consiste à faire crédit, à se fier à une personne, à lui faire confiance. Croire que est à croire en ce que la croyance est à la foi. Et à la différence de la croyance, la foi ne s'oppose pas à la science. Je crois en mon médecin, j'ai confiance en lui parce qu'il sait et ne se contente pas de croire que... Plus il possède de science, plus j'ai foi en lui. La foi et la science ne s'excluent pas mutuellement parce que toutes deux sont, comme dirait Pascal d'un autre ordre. Nos médecins savent de mieux en mieux pourquoi telle personne meurt, si par pourquoi on entend les causes efficientes qui ont entraîné le décès. Mais il est un autre pourquoi que seule la foi en la résurrection du Christ peut prononcer et que le médecin, en tant que tel, ignore. Imaginez une maman affolée de souffrance à la mort de son enfant et qu’un pédiatre chercherait à consoler en lui disant : Ne pleurez plus, votre enfant est mort pour telle et telle raison que la Faculté connaît bien désormais. J'ai foi en mon médecin parce qu'il sait, mais ce qu'il sait ne saurait me délivrer du désespoir du sens si je dois mourir à jamais sans l'espérance que me donne la résurrection du Christ. La foi n'est pas une expérience exclusivement religieuse : à longueur de journée nous expérimentons la foi en l'homme. Quand nous montons dans un avion, une automobile ou un train, nous nous fions aux pilotes ou aux conducteurs. Lorsque nous allons chez le dentiste ou quand nous subissons une endoscopie, ou quand nous nous soumettons à un prélèvement sanguin, nous faisons confiance au dentiste, aux auxiliaires du gastro-entérologue, au laboratoire. Et il arrive que cette confiance ne soit pas méritée : France Info parlait, il y a quelques mois, de ce malheureux que deux laboratoires ont déclaré séropositif, il y a huit ans alors qu'il ne l'était pas et qui a dû vivre durant tout ce temps avec le désespoir -- qui l'a conduit notamment à l'alcoolisme - - de se savoir atteint du sida. Dieu seul mérite vraiment qu'on ait foi en lui, bien que nous devions constamment faire crédit à notre prochain. Qu'est-ce donc que des fiancés sinon un homme et une femme qui décident de croire lui en elle et elle en lui ? Et qu'est-ce qu'un divorce si ce n'est le cuisant échec de cet acte de foi ? A cet égard, il faut relire avec attention le récit, dans le livre de la Genèse, de ce qu'on appelle le sacrifice d’Abraham (Gn 22/1-19), la suite de saint Paul dans son épître aux Romains (chapitre 4), on insiste (à juste titre) sur la foi d'Abraham en Iahvé : Abraham eut foi en Dieu, et ce lui fui compté comme justice (Ro 4/3 et Gn 15/6). Mais il faut souligner aussi la foi d'Isaac en son père Abraham. L'adolescent demande à son père où se trouve la victime animale pour l'holocauste. Abraham pose un acte de foi en Dieu lorsqu'il répond à Isaac : " Dieu se pourvoira lui-même du mouton pour l'holocauste, mon fils (Gn 22/8). Mais en se contentant de cette réponse, Isaac témoigne de sa foi en son père. Et lorsque Jésus nous demande de prier son Père en le considérant aussi comme le nôtre (Notre Père, qui est dans les cieux...) il fait appel à l'expérience humaine de la foi en nos parents. Il s'agit de se comporter envers Dieu comme on s'est comporté, dès la primitive enfance avec son père et sa mère : il s'agit de se laisser couler à pic, de sauter dans le vide avec la conviction que le parachute s'ouvrira (encore un bel exemple de la foi de l'homme en l'homme), expérience que font tous les parachutistes ! La science est intellectuelle. La croyance est également intellectuelle, mais c'est de la mauvaise, de la fausse science. La foi, elle, est existentielle. Elle n'est pas essentiellement affective, sentimentale, même si l'affectivité est appelée à constituer un ingrédient de la foi : il est raisonnable d'avoir confiance en tel ou tel excellent médecin. Et il est raisonnable de croire en Dieu créateur : si, vous promenant dans une forêt, vous trouvez dans un sentier des pierres disposées de telle manière qu'elles reproduisent le portrait de Napoléon, vous ne direz pas que c'est le hasard, mais que quelqu'un est passé par là avant vous. De même, il est raisonnable de croire en Dieu créateur de l'ordre que la science découvre dans le monde, notamment en biologie, de façon de plus en plus rigoureuse. ... un seul Dieu ... La structure du Credo est trinitaire : nous confessons notre foi en Dieu le Père, en son Fils Jésus Christ, le Seigneur, et en l’esprit saint également Seigneur, c'est-à-dire Dieu. Et tout ce qu'en sa dernière partie le Credo dit de l'Eglise n’est qu'une expression de la foi de celle-ci en l’esprit saint et de sa conviction que son être ecclésial est icône de la divine Trinité. Je crois en un seul Dieu qui n’est pas solitaire. Le texte grec dit : eis héna Théon. " ena " et non pas " monon ". Certaines langues, comme le grec ancien, ont eu l'intuition que le pluriel ne commence qu'avec trois. En grec ancien, l'orthographe d'un nom peut se modifier non seulement selon qu'il est au singulier ou au pluriel mais aussi s'il est au duel. Il faut être trois pour conjuguer le verbe (et notamment le verbe aimer) à toutes les personnes du singulier et du pluriel. Si nous sommes trois, je peux dire je, je peux m'adresser à l'une des deux autres personnes en lui disant tu, je peux parler à l'une des deux de la troisième en disant il, tous les trois nous pouvons dire nous, je peux m'adresser aux deux autres simultanément en leur disant vous, et je peux penser aux deux autres en me disant ils. Lorsqu'en sa première épître, saint Jean affirme que Dieu est amour, il ne veut pas dire que Dieu est amour parce qu'il nous aime et depuis qu'il nous aime, comme si Dieu avait uploads/Religion/ commentaire-du-credo-de-nicee.pdf
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- Publié le Jul 06, 2021
- Catégorie Religion
- Langue French
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