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1/12 www.vents-et-marees.net 2/12 Vents et Marées présente : Faux-Semblants Faux-Semblants de de Guy Foissy avec avec Agnès Aubé et Brigitte Lucas Agnès Aubé et Brigitte Lucas Mise en scène Mise en scène Gérard Foucher Gérard Foucher Lumières Lumières François Martineau François Martineau www.vents-et-marees.net 3/12 NOTE D'INTENTION Il y a deux "vieilles dames". Et il y a Guy Foissy. Guy Foissy l'iconoclaste, Guy Foissy qui retourne les sentiments, qui joue avec nos nerfs, qui nous fait rire de ce qui ne fait pas rire... Mais il y arrive, le diable. "... Tiens, il y a un mort sur le trottoir..." Et nos deux mamies, méfiantes, sur leurs gardes, s'approchent subrepticement, et... (oui, vous avez bien entendu), lui lancent des petits cailloux, pour essayer de le réveiller ! "Avec les jeunes, maintenant, il faut se méfier, ils sont capables de n'importe quoi pour se faire remarquer !... De notre temps, on ne mourait pas comme ça, n'importe où..." ... Plus tard, la première considère longuement la seconde, puis annonce froidement : "Vous avez une tête vraiment sinistre, vous..." La suite serait délectable, malheureusement... l'une des eux y laissera sa vie... Puis il y a... - Je vais le tuer. Je t'assure que je vais le tuer. D'ailleurs, c'est décidé. - ... Tu as bien réfléchi ? - Ça devient impossible. Je ne peux plus le supporter. Tu penses si j'ai réfléchi. Il n'y a pas d'autre solution."... Un dialogue bourré de répliques cultes, du genre... "L'oreiller. On n'y pense jamais assez. Tu lui colles l'oreiller sur le nez et tu t'assieds sur l'oreiller... " L'autre reste sceptique, mais se laisse finalement convaincre avec... "Ça marche à tous les coups. C'est comme ça que j'ai tué mon premier mari !" Certes, c'est de l'humour noir. Certes, il faut aimer. Mais nous on aime. Et grâce à l'interprétation de Brigitte Lucas et d'Agnès Aubé, toute en drôlerie, en authenticité, en pure réalité, on se laisse prendre au jeu, on finit même par y croire. On s'abandonne à l'histoire et aux personnages, on s'abandonne au rire, mais on ressort de ce spectacle troublé, plein de nouvelles questions sans réponse, plein de réflexion aussi, et de sourires sombres qui cèderont peut-être le pas, bientôt, à de nouvelles idées, à une nouvelle lucidité sur le monde et sur nous-mêmes, qui sait ? C'est bien à cela que ça sert le théâtre, non ? Gérard Foucher www.vents-et-marees.net 4/12 EXTRAITS DAME 2 - Fais-moi écouter, pour voir. DAME 1 - Je t'aurai prévenue. Tu es prête ? DAME 2 - Je suis toute ouïe. DAME 1 - Tant pis pour toi. On y va. Dame 1 met en marche un magnétophone. Elles écoutent. - Oh ! C'est dingue ! Toute la nuit ? - Toute la nuit. - Eh bé… - Et encore, si c'était toujours le même, on pourrait espérer s'habituer... Comme les gens qui habitent à un carrefour, ou devant un arrêt d'autobus. Penses-tu. Tiens, écoute ça… Elles écoutent. - Arrête ! - Et puis il y a ça !... Ou ça ! - Aïe ! Aïe ! - Ou ça !… - Arrête ! Arrête ! Je n'en peux plus ! - Tu te rends compte, quand tu subis ça toutes les nuits ? - Tu veux que je te dise ? - Dis-y. - Des ronflements comme ça, ce n'est pas normal. Ça n'a rien d'humain. C'est inhumain comme ronflements. ... - Tu… tu as réfléchi à… à comment tu vas faire ? Le projet, c'est bien, mais l'exécution, ça doit être sans faute. - Avec une hache. Quand il dormira. - C'est dégueulasse !… - Ou un couteau de boucher. - Tu auras les draps pleins de sang. - Je les ferai laver au pressing. - S'il se réveille et qu'il te voit brandissant ta hache ? Qu'est-ce que tu vas lui raconter ? - Rien. Je laisserai tomber ma hache. Floc ! - Et la note de pressing, comment tu vas la justifier ? Non… Il y a mieux, je t'assure... www.vents-et-marees.net 5/12 ... - ... Couic ! Couic ! - Vous avez le hoquet ? - Les étrangers : couic ! - Non, pas les étrangers couic ! Mais ouste ! - Non. Couic. - Ça veut dire quoi couic ? - Ça veut dire couic. - Non. - Alors celle-là c'est la meilleure. Couic ne veut pas dire couic. J'aimerais bien qu'on m'explique ce que ça veut dire : couic. - Couic, ça veut dire couic. C'est à dire tuer, trucider, égorger, étrangler, assassiner. Voilà ce que ça veut dire couic. - C'est bien ça. - Je ne vous le fais pas dire. Vous devriez avoir honte, madame. Vous êtes une raciste, une fasciste. Vous avez peur des étrangers, donc vous les tuez. Moi, je m'en protège. Nuance. - On n'est pas forcé de les tuer tous !... ... - ... On construit, et ça s'est déjà fait en d'autres temps et en d'autres lieux, une muraille de Chine tout autour de la France, parsemée de miradors permettant un contrôle permanent et attentif de la situation. - Une muraille ? - Cinquante mètres de haut. - Pourquoi cinquante mètres ? - Pour qu'on ne puisse pas l'escalader, et qu'ainsi ceux qui entrent chez nous soient obligés de passer par la porte ! - Vous êtes sérieuse là ? - Absolument. - Une muraille de trente mètres, c'est bien suffisant !... ... ... Être là... c'est important d'être là et pas ailleurs. Car, comment dire, si on était ailleurs, on ne serait pas là. Et ça... c'est le grand mystère. Le mystère... être là. Assise en face de soi. Des images. Des souffles de vie. Voyez-vous, on sent comme des ondes. C'est peut-être cela l'absence. C'est peut-être cela la mort. Des ombres qui passent. Non... ... des ondes. Des ombres, des ondes. Mystère. Une bise, une caresse, parfois je les sens. Fffffft... Il fait si chaud. Il fait si froid. On s'interroge. On se demande qui on est. On se demande si on est ici. Ou là. Ou ailleurs. Qui le sait ? Qui le saura ? ... En face de l'absence, on est soi-même absent. Et puis, et puis on se demande, vous allez rire, si un jour on a été présent. Présent un jour dans sa vie. Une heure dans sa vie. Vraiment présent. Ici. Ou là. Ou ailleurs. Qu'importe. Mais ici, on se sent terriblement absent. Terriblement pas là. Vous ne trouvez pas ?... Je n'ai pas la clef. Je ne sais plus. Je ne sais pas... www.vents-et-marees.net 6/12 L'AUTEUR Guy Foissy est né le 12 juin 1932 à Dakar. Au gré des affectations de son père, ingénieur météo, il passe son enfance en Afrique occidentale française, Mali, Dahomey….Il rentre à Paris en 1946, il a quatorze ans et écrit sa première pièce en alexandrins, Nous habitons tous Charenton, qui comporte déjà les thèmes essentiels de son œuvre. A vingt-quatre ans, ses deux pièces Saracanas et Le passé composé sont jouées au Théâtre de la Huchette, à l’époque haut lieu du théâtre d’avant-garde. Pendant quelques années, il cherche sa voie, son style qu’il formule et affirme avec L’Arthrite en 1964, date charnière dans son parcours. Depuis 1965 il est joué en permanence en France et à l’étranger. Sa pièce, En regardant tomber les murs, le propulse à l’étranger et est à l’origine de son extraordinaire aventure japonaise qui débute par la publication de ce texte par un éditeur japonais, dans une Anthologie du Théâtre contemporain mondial. Cette pièce, puis d’autres de ses textes sont joués tout de suite au Japon par plusieurs troupes, dont une, Le Théâtre de la Répétition à Tokyo, totalement conquise par son écriture, se rebaptise "Théâtre Guy Foissy " et depuis 1976 joue exclusivement ses pièces. Succès, reconnaissance - on le joue en 1971 à la Comédie-Française - de nombreux prix (Prix des Nouveaux Auteurs de l’ORTF en 1969, Prix Courteline en 1978, enfin le grand prix de l’Humour Noir du Spectacle en 1979 dont il est le plus fier) viennent consacrer son œuvre abondante : une soixantaine de pièces jouées au théâtre, à la radio, à la télévision, traduites en quinze langues et présentées dans plus de trente pays. Il n’échappe pas aux étiquettes : on le taxe "d’enfant chéri du café-théâtre". Appellation réductrice dans laquelle il ne se reconnaît pas : "Les définitions ne m’intéressent pas mais s’il en faut une c’est l’humour noir qui définirait le mieux mon attitude vis à vis du théâtre, de la vie, et qui consiste dans une espèce de recul et de dérision que je ressens par rapport à beaucoup de choses." En individualiste forcené il s’est forgé son propre style à l’écart des chapelles, des écoles et des modes. "Je m’inscris dans ce théâtre qui, lié à la problématique de la société contemporaine et à la réalité des choses, les transpose et les traite par le prisme de l’humour." Armé d’humour et d’ironie lucide, Guy Foissy pointe son stylo persifleur sur l’absurdité, la cruauté, la tragédie uploads/Religion/ dossierguyfoissypresseavignon.pdf

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  • Publié le Fev 24, 2021
  • Catégorie Religion
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