7 Préface Ce n’est pas en tant qu’écrivain ou théo- logien que Mère Teresa a re

7 Préface Ce n’est pas en tant qu’écrivain ou théo- logien que Mère Teresa a retenu l’attention du monde, mais parce qu’elle a fait preuve d’une compassion et d’une ouverture d’esprit immenses. Sa vocation profonde l’a d’abord poussée à entrer au couvent, puis à consacrer sa vie exclusivement au service des pauvres, et enfin à fonder sa propre congrégation religieuse. Du fait de sa constitution fragile, elle comprend la souff rance de tous les êtres, notamment les plus âgés et les plus pauvres. Elle connaît d’expérience le sens de l’empathie et plus encore la profondeur de la souff rance. À travers les réflexions intimes publiées dans ce livre, nous apprenons quelques-uns des secrets de sa personnalité : petite par la IL N’EST DE PLUS GRAND AMOUR 8 taille mais grande par l’esprit, elle n’a de cesse de s’inquiéter de ceux que le monde néglige. Elle nous dit que la spécifi cité de son christia- nisme, avec sa vision spirituelle, ses méthodes de prière et la fi gure inspirante de Jésus, garde intacts son enthousiasme et sa compassion sans limites. Pour le lecteur contemporain avisé, cer- taines de ses idées et de ses expressions, sa piété même, peuvent sembler naïves et inutilement sacrifi cielles. Lorsque je lis ses pensées, je suis renvoyé au souvenir de mes tout premiers jours d’école quand les religieuses m’appre- naient à « me mortifi er le corps et l’esprit ». Mais il y a de la sagesse à chercher comment faire taire l’agitation de la vie pour être moins préoccupé de soi-même. Visiblement, toute sa vie, apaisant sans relâche son ego à travers la prière, Mère Teresa a vécu intensément dans le monde et développé une personnalité riche. La psychologie moderne doit redécouvrir ce que les religions nous apprennent depuis des millénaires – que la perte de soi conduit à la découverte de l’âme. Lorsque je lis ses mots, j’essaie de les entendre non pas dans leur naïveté, mais dans PRÉFACE 9 leur profondeur, d’une manière qui échappe au goût contemporain. Au lieu d’éviter la souff rance, Mère Teresa devient intime avec elle. Au lieu d’essayer de vaincre héroïquement la mort, selon la philosophie de la médecine moderne occidentale, elle concentre son atten- tion sur l’état émotionnel de la personne et sur la question du sens dans les derniers instants. Elle est aussi particulièrement attentive à ce que ressentent les enfants, un signe fort, selon moi, d’une personne qui connaît profondé- ment les chemins de l’âme. Dans le jargon psychologique actuel, l’in- tuition, la conscience de soi et le travail sur sa propre vie sont au centre du projet de développement personnel. Mais Mère Teresa pourrait enseigner une chose ou deux aux psychologues ; ainsi raconte-t-elle l’histoire d’une femme qui s’est mise à changer profon- dément quand, sur son conseil astucieux, elle a commencé à porter des vêtements moins coûteux. Derrière la foi pure et l’intégrité de Mère Teresa se cache une connaissance subtile de ce qui motive l’humanité. Certains lecteurs pourraient considérer que la foi de Mère Teresa, présentée sans IL N’EST DE PLUS GRAND AMOUR 10 rhétorique, dans le langage simple de l’amour et de la prière, est un obstacle. Une religiosité anxieuse, sur la défensive, prosélyte, nous assaille au quotidien, au point que beaucoup conçoivent désormais de la réticence envers les religions institutionnelles. À ces lecteurs je suggérerais qu’ils abandonnent le sens littéral et infantile qu’ils associent au discours théolo- gique, et qu’ils entendent le message stimulant que Mère Teresa ressent dans sa foi. Je peux lire un bouddhiste qui m’exhorte à recon- naître la nature du Bouddha dans un animal ; tout autant, je peux être encouragé par Mère Teresa à voir Jésus dans le mourant ou le corps mystique du Christ dans la communauté de l’humanité. Bien souvent la religion est imaginée et vécue comme une pure activité spirituelle, par- fois comme un exercice mental de croyance et d’explication. Dans la vie et les mots de Mère Teresa, nous trouvons l’âme de la religion, au sens où sa foi est inséparable de sa compassion, et sa compassion n’est jamais déconnectée de son comportement. Dans une religion pure- ment spirituelle, un fi dèle pourrait proférer ses croyances de manière pesante et intolérante – je PRÉFACE 11 ne vois pas beaucoup d’attention au pauvre et au malade chez ceux qui aimeraient que nous adoptions tous leurs croyances. Quand la reli- gion est essentiellement cérébrale, les postures spirituelles ne se traduisent jamais en actes de compassion dans la communauté du monde. Ce qui est absent dans ces mots passionnés de Mère Teresa, c’est l’intention de nous convertir à ses croyances. Elle décrit simplement la force de sa foi et nous raconte son travail avec les pauvres et les malades. De toute évidence, ses histoires ne cherchent pas à nous imposer ses convictions religieuses ; elles démontrent plutôt simplement comment l’être humain, quand on lui donne un minimum d’amour et d’atten- tion, se transforme de manière signifi cative et découvre son humanité, sa dignité et au moins un moment de joie. Beaucoup décrivent Mère Teresa comme une des rares « saintes vivantes ». Je suis sensible à cette idée. Nous avons besoin de saints, tout comme nous avons encore besoin de quelques mots désuets tels que péché, grâce, foi et enfer. Autrefois, nous pouvions nous interroger sur nos expériences philosophiques et théolo- giques ; aujourd’hui nous avons réduit toute IL N’EST DE PLUS GRAND AMOUR analyse de nos situations à la psychologie, à la sociologie et au politique. Ces pensées réduc- trices rendent les expériences plus étroites et plus superfi cielles, tandis que nous nous don- nons l’illusion qu’il nous suffi rait d’avoir une certaine hygiène mentale pour nous libérer de nos problèmes. Mère Teresa ne parle ni ne travaille dans les limites d’un tel cadre sociologique et scientifi que. La prière et le dévouement lui semblent encore pertinents, et c’est en eux qu’elle trouve ses valeurs et l’œuvre de sa vie. Si nous pensions à elle comme à une sainte, nous risquerions de considérer qu’il est impos- sible de suivre son exemple, mais les pensées qu’elle saisit dans ce livre pourraient nous montrer, comme elle le dit, que nous sommes tous capables d’être des saints – non sans nos imperfections et nos folies, non sans notre besoin de confesser chaque jour nos fautes, mais malgré tout dévoués à la communauté des personnes, en particulier les malheureux, qui constituent notre famille, notre voisinage et notre monde. Th omas Moore 13 La prière Je ne pense pas que personne ait besoin de l’aide et de la grâce de Dieu autant que moi. Il m’arrive parfois de me sentir si désarmée et si faible. Je pense que c’est pour cette raison que Dieu se sert de moi. Comme je ne peux compter sur mes propres forces, je dépends de lui vingt-quatre heures sur vingt-quatre. Et si le jour avait encore plus d’heures, j’aurais autant besoin de Son aide et de Sa grâce durant ces heures. Tous, nous devons nous cramponner à Dieu par la prière. Mon secret est très simple : je prie. À travers la prière, je ne fais qu’un dans l’amour avec le Christ. Je me rends compte que Le prier, c’est L’aimer. IL N’EST DE PLUS GRAND AMOUR 14 En réalité, il n’y a qu’une seule vraie prière, une seule substantielle prière : Christ Lui- même. Il n’y a qu’une voix qui se lève à la sur- face de la terre : la voix du Christ. La prière idéale ne se réduit pas au nombre de mots, mais à la ferveur du désir qui élève notre cœur vers Jésus. Aimez prier. Éprouvez le besoin de prier souvent durant la journée. La prière élargit le cœur jusqu’à ce qu’il puisse contenir le don que Dieu fait de Lui-même. Demandez et cherchez, et votre cœur grandira assez pour Le recevoir et Le garder comme votre bien. Nous voulons tant prier correctement et pourtant nous échouons. Nous nous décou- rageons et nous abandonnons. Si vous voulez prier mieux, vous devez prier plus. Dieu auto- rise l’échec, mais Il ne veut pas du décourage- ment. Il nous veut plus enfants, plus humbles, plus reconnaissants dans la prière, pour que nous nous souvenions que nous appartenons tous au corps mystique du Christ, qui ne cesse de prier. Nous avons besoin de nous soutenir les uns les autres dans nos prières. Libérons nos esprits. Ne faisons pas de longues prières, qui LA PRIÈRE 15 s’éternisent, mais qu’elles soient courtes et pleines d’amour. Prions au nom de ceux qui ne prient pas. Souvenons-nous que, si nous voulons arriver à aimer, nous devons arriver à prier. La prière qui vient de l’esprit et du cœur est appelée oraison mentale. N’oublions jamais que nous avons vocation à la perfection et que nous devrions sans cesse la viser. La pratique de l’oraison mentale quotidienne est nécessaire pour atteindre ce but. Parce que c’est le souffl e de vie pour notre âme, sans elle pas de sainteté. C’est seulement par l’oraison mentale et par la uploads/Religion/ internet-teresa-il-n-est-pas-de-plus-grand-amour-indd.pdf

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  • Publié le Apv 24, 2021
  • Catégorie Religion
  • Langue French
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