La Vierge Marie d’après le Cardinal Pie MONSEIGNEUR PIE ET LA SAINTE VIERGE Tuu
La Vierge Marie d’après le Cardinal Pie MONSEIGNEUR PIE ET LA SAINTE VIERGE Tuus sum ego. (Ps. 118, 94.) Le vingt-septième jour de juillet de l'année 1876, Monseigneur Pie, qui avait envoyé à Pie IX l'homélie prononcée dans la solennité du couronnement de Notre-Dame de Lourdes, reçut de Sa Sainteté le Bref suivant: A NOTRE VÉNÉRABLE FRÈRE LOUIS-EDOUARD ÉVÊQUE DE POITIERS, PIE IX PAPE. « Vénérable Frère, Salut et Bénédiction apostolique. « A cette plaie de notre temps qui fait que l'homme élevé à l'honneur de l'adoption divine se ravale lui-même au rang des bêtes et leur devient semblable, il n'y a pas de remède plus efficace, et l'on ne saurait opposer au naturalisme une réfutation plus puissante que ces faits manifestes, indubitables, multipliés, qui, placés à la portée de tous, les plongent dans l'étonnement: faits dont le caractère dépasse évidemment les forces ordinaires de la nature, et qui dès lors soulèvent les esprits au-dessus des basses régions de la matière, et les élèvent jusqu'aux hauteurs de l'ordre surnaturel. «Nous vous félicitons, vénérable Frère, d'être parti de là, non seulement pour discourir avec le savoir, la gravité, la clarté qui sont votre mérite habituel, mais pour faire une oeuvre toute d'à- propos et venant à point nommé. Encore que ce discours, prononcé par vous dans les solennités de Lourdes, semblât se rapporter tout entier au couronnement de la statue de l'Immaculée Vierge, vous y avez mis de nouveau en lumière la merveilleuse habileté qui vous est propre ; car, tout en vous appliquant à ne point perdre de vue votre sujet, et en le traitant avec beaucoup de doctrine et d'éloquence, vous avez heureusement trouvé le secret de parler des circonstances du temps, et de donner à la foule qui vous écoutait les enseignements utiles et nécessaires; rattachant d'ailleurs ces grandes leçons à votre thème par un lien si naturel qu'elles semblent en être le développement et l'or- nement voulus. « De tels enseignements se gravent au plus profond des âmes; et, reproduits par les mille voix de la publicité, ils n'auront pas seulement profité à votre auditoire, mais ils produiront leur effet dans une foule innombrable d'esprits. « Pour nous qui avons lu avec le plus vif plaisir votre belle homélie, nous vous souhaitons ce fruit spirituel. Et comme gage de la faveur céleste, en même temps que comme signe de notre particulière bienveillance pour vous, nous vous accordons de tout notre cceur, vénérable Frère, ainsi qu'à tout votre diocèse la bénédiction apostolique1. » Cet éloge si bien mérité, de la part de la plus haute autorité qui soit sur la terre, convient sans doute tout d'abord à l'homélie prononcée dans la solennité du couronnement de Notre-Dame de Lourdes; mais il doit aussi s'étendre à tous les discours prononcés par Mgr Pie en l'honneur de la très sainte Vierge Marie. De tous il est vrai de dire que c'est « une oeuvre d'à-propos et venant à point nommé », que le sujet, toujours traité « avec beaucoup de doctrine et d'éloquence », non seulement se rapporte à la solennité présente, mais emprunte encore aux circonstances « de grandes leçons et d'utiles enseignements » qui semblent en être le développement nécessaire et l'ornement voulu. 1 T. IX, p.341. 1 Nous croyons donc entrer dans la pensée de Pie IX, de si sainte et si glorieuse mémoire, et répondre au plus ardent désir de son coeur, en réunissant dans un seul volume tout ce que l'éloquent évêque de Poitiers, l'enfant privilégié de Marie, a écrit à la louange de sa douce patronne et divine Mère. N'est-il pas, en effet, grandement à désirer qu'ils se gravent au plus profond des âmes, et ces faits et ces enseignements « qui soulèvent les esprits au-dessus des basses régions de la matière, et les élèvent jusqu'aux hauteurs de l'ordre surnaturel ? » Reproduits dans un seul volume, au lieu de rester dispersés au milieu des oeuvres complètes, ces discours n'auront pas seulement profité à de nombreux auditeurs, mais ils produiront encore, dans une foule d'esprits, des fruits abondants de grâce et de salut. Pour bien comprendre le sens et apprécier la portée de tous ces discours, il est avantageux de jeter un rapide coup d'oeil sur la biographie de leur auteur. Nous n'avons pas la prétention d'esquisser en quelques lignes cette grande et sympathique figure de pontife et de docteur, qui domine toute la période contemporaine de 1849 à I880. D'autres ont déjà dit les nobles qualités, les éminentes vertus du vénéré prélat, l'autorité de son caractère et l'aménité de ses manières ; ils ont loué le zèle et la prudence de l'évêque et du docteur, la science et le talent de l'orateur et de l'écrivain, la piété et la douceur du prêtre et de l'apôtre, le dévouement et l'intrépidité du courageux athlète qui, dans les combats de la foi, parut toujours au premier rang2. D'autres diront encore toutes ces choses avec le savoir, l'autorité, l'éloquence qui leur sont propres, élevant à cette chère et illustre mémoire un monument digne d'elle3. Notre tâche est plus modeste; encore effraie-t-elle notre faiblesse, quand nous venons à songer combien « la louange pâlit auprès des grands noms ». Qui ne sait en effet que l'action de Mgr Pie, ce gardien vigilant de la foi, ce victorieux apologiste du christianisme, ne fut pas restreinte dans les limites de son diocèse, mais qu'elle s'étendit sur un plus vaste théâtre, sur la France, sur l'Église tout entière ? Nous nous contenterons donc, après avoir lu attentivement toutes les oeuvres du cardinal Pie, d’esquisser dans une étude spéciale un des côtés intimes de cette vie si admirablement remplie; de cette vie si pleine de mérites devant Dieu et devant les hommes. Ce n'est pas l'homme intérieur tout entier que nous essaierons de pénétrer et de révéler ; ce sera, aux différentes phases de sa carrière, le dévot serviteur de la très sainte Vierge Marie. Le pieux panégyriste du cardinal Pie, Monseigneur Gay, a trouvé le mot juste qui résume parfaitement l'œuvre et l'action du grand évêque de Poitiers, son illustre ami, quand il nous dit qu'il était avant tout et en tout homme d'Église. C'est l'amour de l'Eglise qui a formé en lui le chrétien, illuminé le docteur, inspiré et sanctifié l'évêque4. Rien de plus vrai : la vie du cardinal Pie se résume dans l'amour de l'Église. « C'est là, observe le cardinal Donnet, le foyer où s'alluma sa vive intelligence, où son cœur s'enflamma d'un saint zèle pour la cause de Dieu. Enfant ou jeune lévite, il reçut de nombreuses marques de prédilection de l'Église, sa mère... Il ne prévoyait pas ses destinées ; mais Dieu, qui les connaissait, mettait peu à peu dans son âme les illuminations et les élans qui devaient faire de lui un prêtre tout entier à son devoir, un pasteur inconfusible, un docteur dont la voix retentirait jusqu'aux extrémités du monde » 5. Mais entre l'Eglise et Marie il existe des relations frappantes et mystérieuses, et souvent elles serviront de thème à l'éloquence du pontife de Marie. N'est-ce pas Marie, en effet, qui, au cénacle, préside à la naissance de l'Eglise et en abrite le berceau sous sa maternelle protection ? Erant perseverantes unanimiter in oratione cum... Maria matre Jesu. N'est-ce pas Marie qui, dans le cours des âges, est constituée généralissime des armées du Seigneur ? Terribilis ut castrorum acies ordinata. N'est-ce pas elle encore qui terrasse seule et tue toutes les hérésies ? Cunctas hœreses sola interemisti in universo mundo. N'est-ce pas elle, enfin, qui demeure à jamais pour les enfants de Dieu le refuge, la consolation, l'espérance et la vie ? Vita, dulcedo et spes nostra. Or, dans le coeur de Monseigneur Pie, l'amour de Marie fut inséparable de l'amour de l'Église. Un mot nous semble donc aussi résumer parfaitement le caractère et la vie de l'humble clerc de Notre- 2 Sem. lit. I880, p. 611. 3 L'admirable Histoire du Cardinal Pie par Mgr Baunard a rempli toutes nos espérances et celles du monde catholique. 4 Oraison funèbre, p. 7 5 Sem. lit. 1880, p. 545. 2 Dame de Chartres et de l'éminent cardinal de Sainte-Marie-de-la-Victoire : il était avant tout et en tout enfant de Marie, en même temps qu'homme d'Église. Comme l'amour de l'Eglise, l'amour de Marie a formé en lui le chrétien, illuminé le docteur, inspiré, et sanctifié l'évêque. « L'amour de Marie, se demandera-t-on peut-être, le culte de la Vierge, est-ce bien la vertu d'un homme, surtout d'un homme public, d'un grand homme, appelé aux plus hautes fonctions sociales, destiné à tous les combats de la vie ? - Non sans doute, répond le monde profane avec un sourire dédaigneux. - Oui, répond sans hésiter la foi catholique; et les faits donnent raison à la foi. « En effet, il est peu de noms vraiment illustres dans les annales de la France chrétienne ou même du catholicisme, qui ne se rattachent par quelque doux et puissant lien au culte virginal. Hommes de sceptre comme Charlemagne, saint Louis, Louis uploads/Religion/ la-vierge-marie-d-x27-apres-le-cardinal-pie.pdf
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- Publié le Aoû 28, 2021
- Catégorie Religion
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