1 L’ ABANDON A LA PROVIDENCE DIVINE ( Père de Caussade S.J 1675 – 1751) Préface
1 L’ ABANDON A LA PROVIDENCE DIVINE ( Père de Caussade S.J 1675 – 1751) Préface du cardinal Suenens …Le petit livre d’extraits du père de Caussade, « l’abandon à la Providence divine » est un des joyaux de notre littérature religieuse. Son message reste actuel pour tous les temps parce qu’il nous introduit au cœur de la spiritualité chrétienne. Je l’ai lu et relu tout au long de ma vie : il m’a enseigné la sérénité et la joie chrétienne. Il en révèle le secret qui n’est autre que la foi en l’inaltérable amour de Dieu qui nous enveloppe et veille sur chacun d’entre nous, en toutes circonstances, comme si nous étions seuls au monde. Il enseigne que la sainteté consiste dans l’abandon confiant et total de soi à « l’amour implacable » de Dieu, dans la fidélité au moment présent, heure par heure… Introduction par le père Meeus S.J …L’expérience dont il est question ici est celle de l’action divine. Rarement sans doute nous sera donné une description plus perspicace, plus fouillée, plus profonde de ce secret caché de l’action divine. Un des thèmes majeurs de « L’Abandon à la Providence divine » est celui du moment présent. L’action de Dieu colle à la réalité la plus humble, la plus quotidienne, la plus actuelle. C’est au cœur du réel, à chaque instant du temps qui passe, qu’est offerte la grâce de la sainteté. La révélation du moment présent est une source de sainteté jaillissante. Pour reprendre les termes mêmes du père de Caussade : … « Les devoirs de chaque moment sont les ombres sous lesquelles se cache l’action divine. Combien la sainteté deviendrait plus facile si on l’envisageait à ce point de vue »… L’abandon de soi-même à l’action divine constitue pour le père Caussade le vrai chemin de la sainteté. Chemin non de quiétisme mais de dépouillement. Chemin de purification profonde, car Dieu se donne « incognito ». …Une spiritualité inspirée par l’Esprit Saint a toujours une valeur universelle. Contre les tentations de l’activisme et de l’efficacité, nous pourrions apprendre que l’important n’est pas de faire des œuvres pour Dieu, mais de faire l’œuvre de Dieu. Contre les maladies de l’angoisse, les culpabilités du passé, les inquiétudes de l’avenir, nous pourrions accueillir de façon nouvelle la grâce du moment présent. Ce petit livre est à lire et à relire, à connaître et à faire connaître. Le chemin de l’abandon, pour le père Caussade, s’identifie avec celui de la sainteté. Ce chemin de dépouillement et de simplicité rejoint Marie dans le mot qui résume toute sa vie : FIAT. Note : vous trouverez ci-après des « extraits » du petit livre du père de Caussade sur « L’Abandon à la Providence Divine ». 2 LIVRE I Nature et excellence de la vertu d’abandon. Chapitre 1 La fidélité à l’ordre de Dieu a fait toute la sainteté des justes de l’ancienne loi, et de Marie elle-même. 1. Dieu parle encore aujourd’hui comme il parlait à nos pères. On y voyait que chaque moment amène un devoir qu’il faut remplir avec fidélité ; c’en était assez pour les spirituels d’alors. Tout leur attention s’y concentrait successivement, semblable à l’aiguille qui marque les heures et qui, à chaque minute, répond à l’espace qu’elle doit parcourir. Leur esprit, mû sans cesse par l’impulsion divine, se trouvait insensiblement tourné vers le nouvel objet qui s’offrait à eux, selon Dieu, à chaque heure du jour. Tels étaient les ressorts cachés de la conduite de Marie, la plus simple et la plus abandonnée à Dieu des créatures. La réponse qu’elle fit à l’Ange : « Qu’il me soit fait selon votre parole », rendait toute la théologie mystique de ses ancêtres. 2. Remarquons que cette belle et haute disposition s’accorde parfaitement avec celle que Notre-Seigneur veut que nous ayons sans cesse à la bouche et au cœur : « Que votre volonté soit faite ». Son esprit, ravi de joie, regardait tout ce qu’elle avait à faire ou à souffrir, à chaque moment, comme un don de Celui qui remplit de biens les cœurs qui se nourrissent de Lui seul. Chapitre 2 Les devoirs de chaque moment sont les ombres sous lesquelles se cache l’action divine. 3. « La vertu du Très-Haut vous couvrira de son ombre », dit l’Ange à Marie. Cette ombre, derrière laquelle la vertu de Dieu se cache pour produire Jésus-Christ dans les âmes, c’est ce que chaque moment présente de devoirs, d’attraits, et de croix. Ainsi, dans l’ordre moral et surnaturel, les devoirs de chaque instant, sous leurs obscures apparences, recèlent la vérité du divin vouloir, qui seule mérite notre attention. C’est ainsi que Marie les envisageait. 4. Mais de quel pain se nourrit la foi de Marie et de Joseph ? Qu’y découvrent-ils sous l’apparence commune des événements qui les remplissent ? Ce qu’il y a de visible est semblable à ce qui arrive au reste des hommes ; mais l’invisible de la foi y découvre et y démêle, ce n’est rien moins que Dieu opérant de grandes choses. Dieu se révèle aux petits dans les plus petites choses. 3 Chapitre 3 Combien la sainteté deviendrait plus facile si on l’envisageait à ce point de vue. 5. En réalité, la sainteté se réduit à une seule chose, la fidélité à l’ordre de Dieu. Or cette fidélité est également à la portée de tous, soit dans sa pratique active, soit dans son exercice passif. La pratique active de la fidélité consiste dans l’accomplissement des devoirs qui nous sont imposés, soit par les lois générales de Dieu et de l’Eglise, soit par notre état particulier. Son exercice passif consiste dans l’acceptation amoureuse de tout ce que Dieu nous envoie à chaque instant. Laquelle de ces deux parties de la sainteté est au dessus de nos forces ? Ce n’est pas la fidélité active, puisque les devoirs qu’elle nous impose cessent d’être des devoirs dès que leur accomplissement est réellement au dessus de nos forces. 6. Il n’y a donc rien de plus facile et de plus raisonnable. Il est donc vrai que Dieu ne demande de notre part que l’aisé et le facile, puisqu’il suffit de posséder ce fonds si simple pour arriver à une éminente sainteté. 7. Voila tout ce que l’homme doit faire de son côté, voila en quoi consiste sa fidélité active. Qu’il remplisse sa partie, Dieu fera le reste. La grâce se le réservant à elle seule, les merveilles qu’elle opérera passent toute l’intelligence de l’homme. Car ni l’oreille n’a entendu, ni l’œil n’a vu, ni le cœur n’a senti ce que Dieu conçoit dans son idée, résout dans sa volonté, exécute par sa puissance, dans les âmes qui s’abandonnent à Lui. La partie passive de la sainteté est bien plus facile encore, puisqu’elle ne consiste qu’à accepter ce qu’on ne saurait le plus souvent écarter, et à souffrir avec amour, c’est-à-dire avec consolation et suavité, ce qu’on souffre trop souvent avec ennui et dépit. 8. Ouvrons notre bouche et elle sera remplie. L’action divine inonde l’univers ; elle pénètre toutes les créatures, elle surnage au dessus d’elles ; partout où elles sont, elle y est ; elle les devance, elle les accompagne, elle les suit ; il n’y a qu’à se laisser emporter par ses ondes. Plût à Dieu que les rois et leurs ministres, les princes de l’Eglise et du monde, les prêtres, les soldats, les bourgeois, les laboureurs, en un mot tous les hommes connussent combien il serait facile d’arriver à une éminente sainteté ! Il ne s’agit pour eux que de remplir les simples devoirs du christianisme et de leur état, d’embrasser avec soumission les croix qui s’y trouvent attachées, et se soumettre avec foi et amour à l’ordre de la Providence, pour tout ce qui se présente à faire et à souffrir incessamment, sans qu’ils le cherchent. Chapitre 4 La perfection ne consiste pas à connaître l’ordre de Dieu, mais à s’y soumettre. 4 9. L’ordre de Dieu, le bon plaisir de Dieu, la volonté de Dieu, l’action de Dieu, la grâce, tout cela est une même chose en cette vie. C’est Dieu travaillant à rendre l’âme semblable à Lui. La perfection n’est autre chose que la coopération fidèle de l’âme à ce travail de Dieu. Ce terme se produit dans nos âmes, s’y accroit, s’y augmente, et se consomme à leur insu et en secret. L’ordre de Dieu, sa divine volonté reçue avec simplicité par une âme fidèle, opère en elle ce terme divin sans qu’elle le connaisse, comme un remède pris avec soumission opère la santé dans un malade, qui ne sait et n’a que faire de savoir la médecine. Il faut laisser la spéculation, et boire en simplicité tout ce que l’ordre de Dieu présente d’actions et de souffrances. Ce qui nous arrive à chaque moment par l’ordre de Dieu, est ce qu’il y a de plus saint, de meilleur et de plus divin pour nous. Chapitre 5 Les lectures et les autres exercices ne nous sanctifient qu’autant uploads/Religion/ providence-divine-pere-de-caussade-kta.pdf
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- Publié le Mai 13, 2022
- Catégorie Religion
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