LA PSALMODIE INTÉRIEUR DE L’OFFICE DE LA VIERGE TANT SELON L'USAGE ROMAIN QUE S

LA PSALMODIE INTÉRIEUR DE L’OFFICE DE LA VIERGE TANT SELON L'USAGE ROMAIN QUE SELON LE MONASTIQUE CHAPITRE HUIT : MÉDITATION DES PSAUMES DE COMPLIES DOM INNOCENT LE MASSON A Grenoble Par Andre Faure Imprimeur et Libraire 1689 Avec Approbation & Privilège du Roy 1 2 À COMPLIES Ave maria V/. Converte nos Deus salutaris noster Convertissez nous, ô Dieu, qui êtes notre Salut R/. Et averte iram tuam a nobis Et détournez votre indignation de dessus nous. V/. Deus, in adjutorium meum intende. R/. Domine, ad adjuvandum me festina. V/. Gloria Patri, et Filio, et Spiritui Sancto. R/. Sicut erat in principio, et nunc et semper, et in saecula saeculorum. Amen. Premier Psaume Ps. IV Cum Invocarem v. 1 Cum invocarem exaudivit me Deus justitiae meae, in tribulatione dilatasti mihi. Dieu, qui est le principe de ma justice, m'a exaucé dans le temps que je l'invoquois ; lorsque j'étois resserré dans l'affliction, vous m'avez, mon Dieu, dilaté le cœur. v. 2 Miserere mei, & exaudi orationem meam. Ayez pitié de moi, & exaucez ma prière. On peut appeler ce psaume un agréable refuge des bonnes âmes qui sont dans l'affliction ; car il contient ce qui peut le plus le consoler & les encourager. Le saint prophète y parle en la personne d'un homme de bien affligé, qui ressent les effets de la consolation du Ciel, & qui veut attirer les hommes pécheurs à se convertir à Dieu, & à mettre en lui leurs espérances, à faire le bien & à fuir le mal. Il commence par reconnoître ce qu'il est de lui-même, qu'il n'est pas meilleur que les autres, & que tout ce qu'il a de bon vient de Dieu, en l’appelant le Dieu de sa justice. Il établit l'Oraison, & l'invocation de Dieu, comme le moyen dont il faut se servir pour attirer sur nous son secours, & il nous apprend ce qu'a produit dans lui ce divin secours. Car il nous assure que lors qu'il prioit, Dieu l'a exaucé. Il ne dit point que Dieu l'a retiré de l'affliction : mais qu'il lui a dilaté le cœur : en sorte que lors qu'il se sentoit pressé de l'affliction, selon le sentiment naturel, il recevoit des secours intérieurs qui lui faiseoient estimer l'affliction comme un grand bien. Il ne la souffroit pas seulement avec patience ; mais il ressentoit une force intérieure, & une confiancce en Dieu qui fortifioit & rejouissoit son âme, & qui étoit tout à fait consolante, semblable à celle que ressentoit saint Paul quand il disoit : nous nous rejouissons dans les afflictions, & je sens une surabondance de joie dans la tribulation. Apprenons de là la résignation entière que nous devons avoir au bon plaisir de Dieu dans l'affliction puis qu'il peut nous y fortifier & consoler, sans qu'il soit nécessaire de nous en retirer. Il ne lui demande pas aussi autre chose, si non qu'il ait pitié de lui, & qu'il exauce sa prière. C'est comme s'il disoit, je sens bien par mon expérience que je puis tout avec le secours de celui qui me fortifie : faites moi souffrir ce qu'il vous plaira. Les afflictions me servent d'occasion d'éprouver ce que vaut le secours de votre sainte grâce. Je vous en demande la continuation, & pourvu que vous écoutiez la prière que je vous ferais dans mes besoins, cela me suffit. Voila la situation où nous devons être, pour ressentir les mêmes effets dans l'affliction, que la grâce a produit dans ce saint Prophète. Ô mon Dieu, ce sont nos péchés qui sont cause que nous sommes exposés comme sur un Théâtre, pendant tout le cours de notre vie à toutes sortes de misères & d'afflictions ; mais nous avons l'avantage de pouvoir y faire un spectacle agréable à vos yeux, en y pratiquant la pénitence, la patience, & la fidélité. C'est vous qui avez soin de nous y soutenir, de nous y consoler, & de nous en faire sortir avec un grand avantage. Faites moi la grâce de me bien servir des saintes Leçons & des pratiques que m'enseigne ici votre prophète, afin d'être en état de recevoir les mêmes secours qu'il a reçu de vous. 3 v. 3 Filii hominum, usquequo gravi corde ? ut quid diligitis vanitatem et quaeritis mendacium ? Jusques à quand, ô enfants des hommes, aurez vous le cœur appesanti ? Pourquoi aimez vous la vanité, & cherchez vous le mensonge ? v. 4 Et scitote quoniam mirificavit Dominus sanctum suum : Dominus exaudiet me, cum clamavero ad eum. Sachez donc que c'est le Seigneur qui a rempli son saint d'une gloire admirable. Le Seigneur m'exaucera quand j'aurais crié vers lui. L'âme fidèle qui a expérimenté ce que les secours de Dieu dans les afflictions produisent en elles, voit les choses d'une manière tout autre qu'elle les voioit auparavant. Elle demeure convaincue de la vanité des choses du monde, & que ce que les hommes charnels appellent des biens ne sont que fausseté & qu'illusion. Elle conçoit des sentiments d'aveuglement de leur aveuglement déplorable. Elle voit en même temps en quoi consiste le véritable bien, & elle fait ses efforts pour retirer de l'erreur ceux qui prennent le faux pour le vrai. C'est ce qui arrive ici au saint prophète qui déplore cette pesanteur, cette dureté du cœur humain qui le porte toujours vers les choses de la terre, & qui le rend insensible aux biens célestes, pour lesquels il est crée. C'est un juste sujet d'étonnement & de gémissements. La pente naturelle vers les choses qui frappent les sens, est ce joug dur & pesant, qui est sur les enfants d'Adam depuis le jour de leur naissance jusqu'à la fin de leur vie. Mais si nous ne pouvons pas nous exempter de sentir ce poids, qui nous porte du coté de la vanité & du mensonge, nous pouvons nous abstenir d'aimer la vanité & de rechercher le mensonge, & c'est ce que nous devons faire. Le saint prophète nous y veut attirer par une prédiction qu'il fait ici de la venue du Fils de Dieu au monde, dont l'Écriture s'explique en plusieurs endroits par le terme de Saints de Dieu, & les démons même l'ont appelé ainsi. Ce Saint est venu devant nos yeux, renoncer aux joies & aux plaisirs du monde, & aux biens que les hommes estiment. Il est venu souffrir des afflictions & des douleurs, des contradictions & des injures ; & c'est par ce chemin qu'il est entré dans sa gloire. Sachons donc que si ce Saint de Dieu est parvenu à sa souveraine gloire par ce chemin, c'est aussi par la même voie que nous y parviendront. Mais ce Saint de Dieu étant assis à la droite de son Père, & nous servant d'avocat auprès de lui, le prophète se réjouit que ses prières seront exaucées par son entremise & par son autorité ; par ce que ce Fils bien aimé nous a assuré que tout ce que nous demanderons à son Père en son nom, il nous l'accordera. Vous nous avez promis par un de vos Prophètes, ô mon Dieu, que vos changerez notre cœur de pierre en un cœur de chair. C'est une merveille que votre seule grâce peut opérer ; mais pour l'obtenir de vous, il n'est question que de d'honorer la vie & les exemples de votre Saint, comme nous le devons ; & de mettre toute notre confiance en ses mérites, & en sa puissance. Tirez moi, selon votre sainte parole, afin que j'aille à lui, & que par lui je vienne à vous. v. 5 Irascimini, et nolite peccare : quœ dicitis in cordibus vestris, in cubilibus vestris compungimini. Mettez vous en colère ; mais gardez vous de pécher. Soyez touchés de componction dans le repos de vos lits, par les pensées & par les sentiments de vos cœurs. Le saint Prophète poursuit ici ce que son zèle lui suggère, pour retirer les hommes du mal, & leur enseigner la manière de réparer celui qu'ils ont commis. Il nous exhorte à entrer dans une sainte colère contre les inclinations dépravées de nos cœurs, & à résister à leurs mouvements déréglés ; afin de ne point pécher comme nous ferions infailliblement si nous suivions ces mouvements déréglés. Le repos & la solitude, où l'on est dans le lit, fournissent le moyen de repasser plus facilement dans son esprit, les mouvements de nos cœurs, & ce que nous avons fait pendant le jour. Il nous enseigne donc ici à faire l'examen de nos consciences : il nous en marque le temps & le lieu les plus commodes, & le moyen de réparer nos péchés, qui est la componction, qui nous porte à demander pardon à Dieu, & qui nous le fait obtenir. Ô mon Seigneur, enseignez moi à bien mettre en pratique cette sainte colère contre moi-même, qui est une suite de la haine de moi-même, que votre cher Fils m'a enseignée. Et comme rien au monde ne doit tant m'affliger que de vous avoir uploads/Religion/ psalmodie-interieure-8-complies-dom-innocent-le-masson 1 .pdf

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  • Publié le Dec 05, 2021
  • Catégorie Religion
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