Saint Hippolyte de Rome et "la Tradition apostolique" Les écrits liturgiques ap

Saint Hippolyte de Rome et "la Tradition apostolique" Les écrits liturgiques apostoliques: Toutes les églises, d’Orient ou d’Occident, ont conscience que leur enseignement et leur culte appartiennent à une tradition très vénérable et très ancienne dont les racines plongent dans le sol apostolique. Les auteurs anciens n’hésitent pas à faire parler les apôtres eux-mêmes mais aussi le Christ ressuscité. Ainsi, parmi les textes les plus importants pour l’histoire et la théologie des liturgies, la DIDACHE (au 1er ou 2ème siècle), le livre VIII des CONSTITUTIONS APOSTOLIQUES, (compilation au IVè siècle de documents liturgiques et canoniques antérieurs) ce sont les apôtres qui prennent la parole pour édicter leurs prescriptions. (Didaché Sources Chrétiennes (SC) n°248, Paris 1978; Constitutions Apostoliques SC n°336, Paris 1987) Le texte apocryphe syriaque appelé TESTAMENT DE NOTRE SEIGNEUR JESUS CHRIST contient une anaphore eucharistique mise sur les lèvres du Sauveur.( Testamentum Domini éd. Rahmani, Mayence 1899) Notre respect de l’histoire scientifique, rigoureuse de chronologie et d’attribution exacte des sources, ne doit pas nous faire taxer les auteurs de ces textes d’intention frauduleuse. Il ne s’agit pas de mauvaise foi ou d’intention de violenter leurs contemporains par l’autorité de l’origine de l’enseignement, mais de signifier que les formes essentielles de la liturgie, et les usages devenus Tradition, ne se sont pas créés au gré des circonstances ou de l’arbitraire des présidents de communauté, ils appartiennent fondamentalement à l’enseignement des apôtres et ne peuvent être dissociées de l’attitude juste de ceux qui, par la prédication apostolique ont reçu la Bonne Nouvelle. Les études de liturgie comparée nous montrent aujourd’hui l’exactitude de cette conviction. S’il ne nous est pas possible d’affirmer expressément de l’origine néo testamentaire du fonds essentiel de la liturgie, nous savons que le culte chrétien, tout en étant particulièrement original, a été créé et a évolué à partir des rites de la synagogue, des prières quotidiennes et celles du sabbat du judaïsme des temps apostoliques. Ces prières, c'est évident pour ceux qui ont mis en place les rites égyptiens, ont été récitées par les apôtres et le Christ, sans aucun doute. Et Jésus, en accomplissant les rites leur donne un sens nouveau comme nous le voyons lors de la dernière cène où à partir du repas du mémorial de la Pâque, Il livre aux apôtres, et à nous aussi, le mémorial de la Nouvelle Alliance en son Sang. Un auteur original, au début du IIIème siècle, présente “l’essentiel de la tradition qui convient aux Eglises, afin que ceux qui sont bien instruits gardent la tradition qui a subsisté jusqu’à présent... et qu’en en prenant connaissance, ils soient affermis, ... l’Esprit Saint conférant à ceux qui ont une foi droite la grâce parfaite...” Son traité s’appelle LA TRADITION APOSTOLIQUE. (Hippolyte de Rome, la Tradition apostolique, Texte et traduction par B.Botte SC n°11bis, 1968. C’est à partir du texte établi et traduit ici, que je propose une traduction plus liturge) En mettant de côté la Didaché, qui serait une interpolation chrétienne sur des prières juives (Enrico Mazza, Didaché IX,X in Ephemerides liturgicae, (E.L.), Rome 1978/6), la Tradition Apostolique accompagnée de la liturgie d’Addai et Mari témoigne de la liturgie judéo chrétienne, fondement de toutes les liturgies traditionnelles. Les premières éditions critiques ont été données dans la seconde moitié du XIXè siècle sous le nom de "Constitutions Apostoliques" puis de "Constitution de l’Eglise égyptienne" du fait qu’elles ont été élaborées à partir de textes de manuscrits en langue copte, arabe et éthiopienne. En 1900, un palimpseste du Vè siècle découvert à Vérone donnait dans un texte latin, la version la plus ancienne, bien que certainement une traduction du grec. Après de nombreuses discussions et hésitations, les savants liturgistes, s’accordent pour attribuer la paternité de la Tradition apostolique à un certain Hippolyte de Rome dont on ne sait pas grand chose de sûr, si ce n’est qu’il fut évêque et a laissé des lettres et diverses compositions, au témoignage d’Eusèbe. (Eusèble, histoire ecclésiastique VI, 20) Jérôme affirme qu’il aurait parlé en présence d’Origène (Jérôme, de viris illustribus 61) probablement pendant le voyage de celui-ci à Rome. Photius, lui, en fait un disciple de Saint Irénée de Lyon. (Photius, PG 103, colonne 401) Les historiens au XIXè siècle, suivants le savant Harnack, discernent sous le nom d’Hippolyte, un prêtre romain antipape de Calliste, mort martyr déporté en Sardaigne avec le pape Pontien, successeur de Calliste. Son martyre est daté en 235. Saint Pontien et Saint Hippolyte figurent au martyrologe romain. La question de savoir si le martyr romain et le liturge Hippolyte est le même homme n'est toujours pas élucidée. L’intérêt de cette biographie, si on accepte le fait qu’Hippolyte fut romain comme l'avance dom Botte, est de montrer que dans la Rome du début du IIIè siècle, un évêque ou un prêtre puisse présenter comme la vraie tradition des apôtres des usages très éloignés de ce que nous connaissons du rite romain de l’antique cité impériale. Il est inconcevable que le texte d’Hippolyte soit l’ancien rite à l’origine du canon de la messe grégorienne: Une telle révolution aurait entraînée des contestations ou commentaires et laissée des témoignages dans la littérature ecclésiastique. (Il faut lire les p. 159 à 179 que consacre à T.A. Louis Bouyer dans son travail inégalé : l’Eucharistie, Paris 1969.) Nous pouvons supposer sans risque qu’Hippolyte décrivait un rite particulier célébré à Rome par une communauté orientale syriaque ou égyptienne; ce rite pouvait tout à fait coexister avec le rite autochtone. (On peut même oser avancer que l’épiscopat d’Hippolyte s’exerçait sur une communauté non romaine de l’Eglise locale de Rome, ce qui expliquerait à la fois, l’insistance des auteurs anciens à le considérer comme évêque sans lui donner de siège, et le fait que ses conflits d’opinion avec l’évêque Calliste ne l’ont pas empêché de recevoir à Rome l’honneur de figurer dans les listes des martyrs. L’hypothèse est hardie mais non aberrante. Si les conciles ont promulgué la règle, une ville/un évêque, c’est dans le but d'affirmer le lien entre l'unique eucharistie et l'évêque. Ce qui n'empêche pas la présence d'un évêque titulaire de la ville et des chorévèques de rang épiscopal ou sacerdotal. Les canons des conciles en témoignent) Photius possédait dans sa bibliothèque d’autres ouvrages d’Hippolyte: un commentaire sur Daniel (Hippolyte, commentaire sur Daniel, SC n°14, 1947), un traité sur le Christ et l’Antéchrist et un recueil contre 32 hérésies. La publication des Philosophumena et son attribution à Hippolyte au milieu du XIXè siècle est à l’origine du soupçon qu’il fut antipape en raison de la violente polémique contre le pontife romain. La question reste posée (Pierre Nautin, Hippolyte et Josipe (Paris 1947)). Un discours sur les charismes ne nous est pas parvenu. LA TENEUR DE LA “TRADITION QUI CONVIENT AUX EGLISES” L’oeuvre présente, après une première partie du discours sur les charismes dont nous ne connaissons pas aujourd’hui le contenu, les règles de conduite qui font de chaque église particulière l’Eglise une, catholique et apostolique. Grâce à ces caractéristiques, elle peut être reconnue comme telle par les autres églises. La communauté ecclésiale est fortement hiérarchisée, ce qui veut dire que chacun y trouve la place choisie par Dieu pour le bien de tous. Nous allons parcourir toutes les sections et nous prolongerons si possible notre réflexion sur l’anaphore eucharistique. L’Evêque : Le traité s’ouvre sur la désignation de l’évêque. “Que soit ordonné évêque celui qui a été choisi par tout le peuple... du consentement de tous, que les évêques présents, un dimanche, imposent les mains... Que tous gardent le silence priant dans leur coeur pour la descente du Saint Esprit. Après quoi, que l’un des évêques présents, à la demande de tous, impose la main... et prie en disant : Dieu et Père de Notre Seigneur Jésus Christ, Père des miséricordieux et Dieu de toute consolation, ... qui connaît toutes choses avant qu’elles soient, Toi qui a donné les règles (canons) de ton Eglise par la parole de Ta grâce... répands la puissance de Toi, l’Esprit souverain que tu as donné à Ton Enfant bien aimé Jésus Christ, qu’Il a accordé aux saints apôtres qui ont fondé l’Eglise en tout lieu... Accorde, Père qui connais les coeurs, à ton serviteur que tu as choisi pour l’Episcopat, qu’il fasse paître ton saint troupeau et qu’il exerce à ton égard le souverain sacerdoce sans reproche... qu’il offres les dons de ta sainte Eglise ; qu’il ait, par la force de l’esprit du souverain sacerdoce, le pouvoir de remettre les péchés suivant ton commandement ; qu’il donne les parts selon ton commandement et qu’il délie de tout bien selon le pouvoir que tu as donné aux apôtres ; qu’il te plaise par sa douceur et son coeur pur, en t’offrant un parfum agréable, par Ton Enfant Jésus Christ, par qui à Toi gloire et puissance, honneur avec le Saint Esprit dans la Sainte Eglise maintenant et dans les siècles des siècles (sections 1 à 3). Nous trouvons ici tout ce qui sera proclamé plus tard par les conciles sur le choix d’un évêque: qu’il soit élu par tout le uploads/Religion/ saint-hippolyte-de-rome-et-pdf.pdf

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  • Publié le Jul 14, 2022
  • Catégorie Religion
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