SUR LA FORME DE L'ABSOLUTION, AU SUPÉRIEUR GÉNÉRAL DE SON ORDRE. Par saint Thom
SUR LA FORME DE L'ABSOLUTION, AU SUPÉRIEUR GÉNÉRAL DE SON ORDRE. Par saint Thomas d'Aquin, Docteur de l'Eglise OPUSCULE 22 Editions Louis Vivès, 1857 Édition numérique, http://docteurangelique.free.fr, Les œuvres complètes de saint Thomas d'Aquin CHAPITRE I. Occasion de cet écrit_________________________________________________1 CHAPITRE II. Objections et résolutions.____________________________________________3 CHAPITRE III. Quels moyens emploie notre adversaire pour simuler une absolution.______7 CHAPITRE IV. L'imposition des mains n'est pas nécessaire pour la validité du sacrement._ _ _9 CHAPITRE V. Objections à ce que nous avons écrit sur la forme, de l'absolution. Réponse._ 10 CHAPITRE I. Occasion de cet écrit En lisant avec réflexion le traité que vous m'avez montré, j'ai trouvé que l'un d'entre vous avait avancé une proposition fort téméraire, en soutenant que le prêtre ne pouvait pas employer cette formule, " je vous absous, " pour donner l'absolution ; ce qui est une coupable présomption, parce que c'est aller directement contre les paroles de l'Evangile. Le Seigneur, en effet, dit à Pierre, Evangile de saint Matthieu, chap. XVI: "Tout ce que vous délierez sur la terre sera délié dans le ciel." Ces paroles regardent évidemment le pouvoir des clefs, car il les avait fait précéder de celles-ci: "Et je vous donnerai les clefs du royaume des cieux ; " et il ajoute ensuite, comme pour déterminer l'usage des clefs: "Et tout ce que vous délierez, etc." Les paroles du Sauveur prouvent donc évidemment que celui à qui les clefs sont remises absout réellement. C'est donc une folle témérité, pour ne pas dire une grave erreur, de soutenir que le prêtre, auquel le Seigneur reconnaît le pouvoir d'absoudre, rie puisse pas dire: "Je vous absous." On conclut donc avec raison que la formule légitime de l'absolution est celle-ci: "Je vous absous." Car, de même que le Seigneur dit à ses disciples: "Allez, enseignez toutes les nations, et baptisez-les, etc.., " S. Matthieu, dernier chap., ainsi a-t-il dit: "Tout ce que vous délierez sur la terre, etc." En sorte que, de même que le ministre du baptême doit dire, " je te baptise, " parce que le Seigneur lui a donné le droit de baptiser, de même il doit dire, " je t'absous, " parce qu'il lui a donné le pouvoir d'absoudre. Saint Denis dit expressément au treizième chapitre de la Hiérarchie céleste: "11 n'est donc pas déplacé de dire que l'angélique docteur purifie ; car on dit de même que Dieu purifie tous les hommes, parce qu'il est la cause de leur sanctification." Et pour me servir d'une comparaison familière, de même, dit-on, que l'hiérarque qui est comme nous, c'est-à-dire l'évêque purifie et éclaire par ses diacres et ses prêtres, éclaire et purifie." Ces paroles de saint Denis démontrent donc que, malgré que Dieu soit l'auteur principal de la purification et de l'illumination, le ministre est néanmoins appelé purificateur et illuminateur. C'est encore un acte de grande présomption de contredire cette formule qui est d'un usage habituel. L'Apôtre dit en effet au second chapitre de la deuxième Epître aux Corinthiens: "Tout ce que j'ai accordé, je l'ai donné pour vous, dans la personne de Jésus-Christ. Commentaire: "Si donc le maître a accordé, à la demande de ses disciples, le pouvoir de remettre les péchés à qui ils voudraient les remettre, à plus forte raison les disciples doivent-ils l'accorder à la prière du maître." Et pour prouver que Dieu ratifiait leur sentence, il ajoute: "Et je l'ai fait dans la personne de Jésus-Christ, " c'est-à-dire comme si c'était le Christ lui- même qui remît les péchés; or, remettre les péchés est absoudre des péchés. Donc le ministre dit avec une exacte vérité: "Je vous absous de vos péchés." Ce qui se chante dans l'Eglise fait encore autorité: "Divin pasteur, Pierre, père clément, écoutez la prière des pécheurs et brisez les chaînes de leurs fautes, en vertu du pouvoir que vous avez reçu." Or, le pouvoir de Pierre est le pouvoir des clefs ; donc celui qui tient les clefs peut dire, eu vertu du pouvoir qu'il a reçu: "Je t'absous." Non-seulement il peut le dire, mais encore il doit le dire. Car les sacrements de la nouvelle loi font ce qu'ils signifient. Or ils figurent ou signifient, par la matière ou la forme, ce qui se fait dans le baptême. L'ablution du corps, qui se fait avec de l'eau, signifie l'absolution intérieure, et la produit sacramentellement. Il en est ainsi des paroles, " je te baptise ; " de même du sacrement de confirmation, dont la forme est, " Je te marque du signe de la croix, et je te confirme avec le chrême du salut." Ces paroles signifient exactement l'effet du sacrement. Dans le sacrement de l'eucharistie, le prêtre dit aussi, en parlant au nom de Jésus-Christ: "Ceci est mon corps, c'est là le calice de mon sang, " signifiant par là ce qui se fait dans le sacrement. On emploie également dans le sacrement du mariage des paroles qui expriment le consentement au mariage et l'union conjugale. Tandis que dans le sacrement de l'ordre, y ayant transmission de pouvoir, la forme est au mode impératif, quand le Pontife dit: "Recevez le pouvoir de faire ceci ou cela." Dans le sacrement de l'extrême-onction seulement la forme est déprécatoire: "Par cette onction et par sa sainte et indulgente miséricorde, que Dieu vous pardonne tous les péchés que vous avez commis par la vue, etc." On conserve cette formule dans l'administration de ce sacrement, par respect pour la sainte Ecriture. On lit en effet dans l'Epître de saint Jacques, chap. V, où il parle de ce sacrement: "La prière de la foi sauvera le malade; le Seigneur le soulagera, et s'il est dans le péché, il lui sera pardonné." Ces paroles donnent parfaitement la raison de l'emploi de cette forme particulière. Car dans les autres sacrements, rien ne se fait extérieurement qui n'ait son effet immédiat, par l'acte du ministre. Dans le baptême, sitôt l'ablution corporelle, qui figure la spirituelle, a lieu celle de l'âme, par l'effet du sacrement. Mais la guérison du corps . n'est pas produite immédiatement et à l'instant même par l'onction, mais on la demande seulement à Dieu; aussi ne demande-t-on que sous forme déprécatoire, la guérison intérieure, dont elle est l'image. Mais dans le sacrement de pénitence, les paroles de l'Ecriture, que l'on doit garder scrupuleusement, n'usent pas de la forme déprécatoire, mais emploient l'indicatif. Elle ne dit pas: Tout ce que vous demanderez d'être remis sera remis, mais " tout ce que vous délierez sera délié." Si l'on dit donc qu'il n'y aura de délié que ce que celui qui a les clefs aura délié, celui qui prie qu'on délie ne délie pas, je m'étonne qu'on soit assez téméraire pour soutenir que ce que celui qui a lés clefs ne déclare point délier, en vertu de sou pouvoir, soit pourtant délié, bien qu'il prie seulement de le délier. Je ne vois pas de parité de raison d'employer la forme déprécatoire dans ce sacrement, comme dans celui de l'extrême-onction, car ou n'y attend aucun effet corporel qui ne soit immédiat, tandis qu'il n'en est pas ainsi dans l'extrême-onction ; bien mieux, il est au contraire constant que les clefs de l'Eglise donnent la rémission des péchés dans ce sacrement à moins que le pénitent n'y apporte quelque obstacle; on peut en d'ire autant du baptême. Car, dit saint Augustin, " la réconciliation des époux ne sera ni humiliante ni honteuse, après que les adultères dont ils se sont rendus coupables auront été pardonnes, ou qu'on ne doute point que les péchés sont remis par les clefs du royaume des cieux." On ne doit donc point exprimer dans ce sacrement la rémission des péchés sous la forme douteuse d'une prière, mais on doit la rendre avec certitude par la prière indicative. La forme du sacrement de pénitence n'est donc point: "Que Dieu tout-puissant vous accorde l'absolution et la rémission, " mais bien, " je vous absous." CHAPITRE II. Objections et résolutions. L'auteur que nous combattons est aussi faible dans ses preuves, en s'appuyant sur des raisons sans valeur, qu'il est téméraire dans ses assertions. Car il cite d'abord une note sur la Somme de Raymond, qui dit que, dans ces cas, c'est-à- dire dans l'absolution de l'excommunication, malgré qu'on doive prononcer des paroles, il n'y a point de formule prescrite,- comme dans les sacrements de baptême et d'eucharistie. Il est dérisoire de regarder une note comme un texte décisif dans un sujet si important. Mais pour tenir compte de l'observation de l'annotateur, disons que: autre est la raison de l'absolution de l'excommunication, qui n'est point sacramentelle, mais plutôt judiciaire et comme conséquence de la juridiction, et autre celle de l'absolution des péchés dans le sacrement de pénitence, qui est sacramentelle et la conséquence du pouvoir des clefs. Car, dans cette absolution, les paroles tirent leur efficacité de l'intention du ministre qui ]es prononce, de telle sorte qu'il importe peu de quels termes il se serve pour exprimer son intention. Mais dans les sacrements, leur efficace vient de l'institution divine, en sorte qu'il est uploads/Religion/ thomas-d-x27-aquin-les-80-opuscules-22-la-forme-de-l-x27-absolution.pdf
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- Publié le Mar 12, 2022
- Catégorie Religion
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