HP16 SÉQUENCE 5 SÉANCE 5 Course contents Table des matières 1 SÉANCE 5 - UNE IN
HP16 SÉQUENCE 5 SÉANCE 5 Course contents Table des matières 1 SÉANCE 5 - UNE INÉGALE SÉCULARISATION .............................................................................................3 1.1 INTRODUCTION ..........................................................................................................................................3 1.2 I – AUX ORIGINES DE LA SÉCULARISATION : UN PROCESSUS D’ABORD EUROPÉEN ?..............................................4 1.3 II – L’INÉGALE SÉCULARISATION DANS LE MONDE ACTUEL ...............................................................................7 2 CRÉDITS.......................................................................................................................................................11 3 COLLECTION................................................................................................................................................12 3 CNED- HP16 Séquence 5 séance 5 1 Séance 5 - Une inégale sécularisation 1.1 Introduction 1.1.1 Résumé : Les deux termes recouvrent deux notions différentes, qu’il est important de bien distinguer. Alors que la laïcisation désigne un processus par lequel l’État se place à distance des religions (selon des modèles variables), la sécularisation désigne un processus de perte d’influence des religions dans une société 4 CNED- HP16 Séquence 5 séance 5 donnée, traduite notamment par une baisse de la pratique religieuse. Le problème lexical vient de ce que, en anglais, secularism est employé pour évoquer ce que nous nommons laïcité. Si les deux processus peuvent être liés, il existe des voies multiples de sécularisation et de laïcisation selon les États. Problématique : Quelles sont les raisons de l’ inégale sécularisation ? 1.1.2 Objectifs de la séance : Analyser la notion de sécularisation. Faire une typologie des territoires selon le degré de sécularisation. Travailler sur des schémas. Analyser des documents de nature variée. 1.2 I – Aux origines de la sécularisation : un processus d’abord européen ? 1.2.1 La Réforme protestante, une origine ? (1) « Le christianisme occidental se disloque avec la Réforme protestante qui crée une pluralité irréductible d’Églises. Le rapport du politique au religieux s’en trouve transformé. Luther récuse l’idée d’une supériorité du pouvoir spirituel : il existe « deux règnes » : celui du « glaive » pour la conservation du monde et celui de « l’Évangile » et de la liberté chrétienne. Même s’il pense en termes de chrétienté, Luther est néanmoins laïcisateur au profit du politique. Calvin valorise les « juges laïcs » des juridictions civiles, premier emploi positif du terme « laïc » en France, tout en faisant imposer le dogme central de La Trinité par le pouvoir politique . La liberté de conscience est en partie produite par le politique. Le XVIe est marqué par des guerres religieuses mais aussi par des « paix de religion » dont l’édit de Nantes (1598) est emblématique : il « conforte l’autorité de l’État, conçu à la fois comme absolu et comme arbitral, rassembleur au-dessus des partis et des particularismes ». Cela a été préparé par la réflexion du parti des politiques : Jean Bodin élabore une doctrine de la souveraineté indivisible où le roi défend les droits de tous ses sujets. Mais l’édit sera révoqué en 1685 selon le principe « une foi, une loi, un roi » imbriquant étroitement politique et religion. Une réforme catholique s’effectue avec la création des jésuites et le concile de Trente (1545-1563), effort de clarification théologique qui renforce le centralisme de l’Église catholique, institution supranationale. Il contribue à un processus de « confessionnalisation » : à un territoire correspond une religion (cujus regio, ejus religio). La situation change au XVIIe : des formes limitées d’acceptation du pluralisme s’instaurent en Allemagne après les traités de Westphalie (1648), aux Pays-Bas qui accueillent des minorités juives et protestantes persécutées et tolèrent les catholiques. » Jean Baubérot, « Préhistoire de la laïcité », Les laïcités dans le monde, Presses Universitaires de France, 2014, pp. 7-18 1.2.2 La Réforme protestante, une origine ? (2) Exercice 1 - Corrigé à la page 13 A la lecture du texte précédent, choisissez si les propositions suivantes sont vraies ou fausses 5 CNED- HP16 Séquence 5 séance 5 vrai faux La Réforme transforme le rapport du politique au religieux. □ □ Luther, en distinguant pouvoir spirituel et pouvoir temporel, est original. □ □ Calvin est l’un des premiers à employer le terme « laïc » dans un sens positif. □ □ L’Edit de Nantes montre que le roi de France accepte une forme de pluralité religieuse. □ □ La confessionnalisation aboutit à une pluralité de religions dans un même État. □ □ Le pluralisme religieux apparaît véritablement au XVIIe siècle en Europe. □ □ 1.2.3 John Locke : l’État a pour but des intérêts civils Voyons l’importance des penseurs de la politique dans ce processus à travers trois textes. Le premier est de Locke. Marqué par la guerre civile anglaise, John Locke combat la théocratie anglicane au nom du libéralisme : chaque individu est libre de ses choix religieux et l’État n’a pas à intervenir. A cette règle, il met tout de même deux réserves : les catholiques, soumis à une influence étrangère ; les athées, dont les engagements (serments) ne pourraient avoir de valeur. « L’État, selon mes idées, est une société d’hommes instituée dans la seule vue de l’établissement, de la conservation et de l’avancement de leurs INTÉRÊTS CIVILS. J’appelle intérêts civils, la vie, la liberté, la santé du corps ; la possession des biens extérieurs, tels que sont l’argent, les terres, les maisons, les meubles, et autres choses de cette nature. Il est du devoir du magistrat civil d’assurer, par l’impartiale exécution de lois équitables, à tout le peuple en général, et à chacun de ses sujets en particulier, la possession légitime de toutes les choses qui regardent cette vie. Si quelqu’un se hasarde de violer les lois de la justice publique, établies pour la conservation de tous ces biens, sa témérité doit être réprimée par la crainte du châtiment, qui consiste à le dépouiller, en tout ou en partie, de ces biens ou intérêts civils, dont il aurait pu et même dû jouir sans cela. Mais comme il n’y a personne qui souffre volontiers d’être privé d’une partie de ses biens, et encore moins de sa liberté ou de sa vie, c’est aussi pour cette raison que le magistrat est armé de la force réunie de tous ses sujets, afin de punir ceux qui violent les droits des autres. Or, pour convaincre que la juridiction du magistrat se termine à ces biens temporels, et que tout pouvoir civil est borné à l’unique soin de les maintenir et de travailler à̀ leur augmentation, sans qu’il puisse ni qu’il doive en aucune manière s’étendre jusques au salut des âmes, il suffit de considérer les raisons suivantes, qui me paraissent démonstratives. Premièrement, parce que Dieu n’a pas commis le soin des âmes au magistrat civil, plutôt qu’à toute autre personne, et qu’il ne paraît pas qu’il ait jamais autorisé aucun homme à forcer les autres de recevoir sa religion. Le consentement du peuple même ne saurait donner ce pouvoir au magistrat ; puisqu’il est comme impossible qu’un homme abandonne le soin de son salut jusques à devenir aveugle lui-même et à laisser au choix d’un autre, soit prince ou sujet, de lui prescrire la foi ou le culte qu’il doit embrasser. 6 CNED- HP16 Séquence 5 séance 5 Car il n’y a personne qui puisse, quand il le voudrait, régler sa foi sur les préceptes d’un autre. Toute l’essence et la force de la vraie religion consiste dans la persuasion absolue et intérieure de l’esprit ; et la foi n’est plus foi, si l’on ne croit point. » John Locke, Essai sur la tolérance (1667), trad. Jean Le Clerc, Ed. Garnier Flammarion, 1992, pp 110 et 121. 1.2.4 Voltaire : une « intolérance raisonnable » Admirateur de Locke, Voltaire lui reprend le concept de tolérance, qu’il met en pratique en s’engageant pour dénoncer l’erreur judiciaire dont est victime le protestant Jean Calas. Sa conception de la tolérance se démarque de la tolérance lockienne en légitimant une « intolérance raisonnable », réponse à l’intolérance historique mis en œuvre selon lui par le christianisme. « Pour qu’un Gouvernement ne soit pas en droit de punir les erreurs des hommes, il est nécessaire que ces erreurs ne soient pas des crimes ; elles ne sont des crimes que quand elles troublent la Société ; elles troublent cette Société, dès qu’elles inspirent le fanatisme ; il faut donc que les hommes commencent par n’être pas fanatiques, pour mériter la Tolérance. Si quelques jeunes Jésuites, sachant que l’Eglise a les Réprouvés en horreur, que les Jansénistes sont condamnés par une Bulle, qu’ainsi les Jansénistes sont réprouvés, s’en vont brûler une maison des Pères de l’Oratoire, parce que Quesnel l’Oratorien était Janséniste, il est clair qu’on sera bien obligé de punir ces Jésuites. De même, s’ils ont débité des maximes coupables, si leur institut est contraire aux Lois du Royaume, on ne peut s’empêcher de dissoudre leur Compagnie, & d’abolir les Jésuites pour en faire des Citoyens ; ce qui au fond est un mal imaginaire, & un bien réel pour eux : car où est le mal de porter un habit court au-lieu d’une soutane, et d’être libre au-lieu d’être esclave ? […] » Voltaire, Traité sur la tolérance, 1762. 1.2.5 Rousseau et la religion civile Reprenant la réflexion de Locke et Voltaire, Jean-Jacques Rousseau propose le concept de religion civile qui serait obligatoire. « […] J’appelle intolérant par principe tout homme uploads/Religion/hp-16-sequence-5-seance-5 1 .pdf
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- Publié le Dec 10, 2022
- Catégorie Religion
- Langue French
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