Le Code de la propriété intellectuelle n’autorisant, aux termes des paragraphes
Le Code de la propriété intellectuelle n’autorisant, aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L. 122-5, d’une part, que les « copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective » et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les « analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information », toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L. 122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L. 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle. © Les Presses de la Cité, 2021 92 avenue de France – 75013 Paris Couverture : © Fine Art Images / Bridgeman Images EAN 978-2-258-19740-4 Ce document numérique a été réalisé par Nord Compo. Michel Onfray est l’auteur de plus de cent livres, traduits dans vingt-cinq pays. Il a fondé en 2002 l’Université populaire de Caen et a lancé en 2016 sa Web TV : michelonfray.com. Il dirige également la revue Front populaire. Introduction La fachosphère de gauche Je ne sais si le regretté Alain Rey aura eu le temps, avant de défuncter, de faire entrer le mot « fachosphère » dans son Dictionnaire culturel en langue française, mais il a fait rentrer celui de « facho » il y a un moment déjà. Ce dernier substantif date de 1968, comme c’est étonnant ! Il en fait un vocable « familier » ainsi défini : « Fasciste ; réactionnaire. » Il l’associe à « faf ». En guise de citations littéraires illustratives, le lexicographe convoque Cecil Saint-Laurent, l’homme des Caroline Chérie, qui fut vichyste même après Vichy, et San- Antonio, le père de Bérurier. C’est dire le caractère hautement scientifique du concept ! Certes, c’est « Mai 68 » qui crée le mot « facho », mais c’est Staline, l’homme du pacte germano- soviétique contracté avec Hitler et effectif entre le 23 août 1939 et le 22 juin 1941, qui utilise le mot « fasciste » comme un couteau suisse qui lui permet d’égorger verbalement quiconque a le malheur de lui déplaire ! « Fascistes » ses anciens amis Zinoviev, Kamenev, Trotski, fascistes les médecins juifs accusés de… complotisme, déjà, fascistes des millions de gens, dont des militants marxistes-léninistes, qui sont le carburant de la Terreur qui fonctionne en cœur nucléaire d’un gouvernement révolutionnaire, fascistes tant d’autres qui auront d’abord été les victimes métaphoriques de ce couteau suisse avant d’être purement et simplement déportés, emprisonnés, exécutés, massacrés, tués. « Fascistes » ou « fachos » sont, on le constate, des termes vraiment scientifiques ! Staline ne passait-il pas en son temps pour un génie de la science linguistique ? Rions un peu, en passant, en rappelant qu’un certain André Pierre a publié dans Le Monde, grand journal de la post-vérité, déjà, à la date du 4 juillet 1950, un article dont le titre est : « Les vues de Staline sur la linguistique sont pleines de bon sens. Aucune science, dit-il, ne peut progresser sans la liberté de la critique ». On peut se frotter les yeux si l’on veut ! Redevenons sérieux... Mai 68, qui a beaucoup détruit et, hélas, rien construit qui soit digne de ce nom, a effectué une transvaluation des valeurs dans la décennie qui a suivi : éloge de la pédophilie (René Schérer), haro crié sur les notes et les évaluations des copies (Finkielkraut à l’endroit de son professeur… René Schérer), assimilation des CRS aux SS (Cohn-Bendit, mais également une célèbre affiche de l’Atelier populaire des Beaux-Arts placardée partout dans Paris…), destruction de la raison doublée de l’éloge du fou et des marges présentés comme de nouveaux paradigmes (Gilles Deleuze et Michel Foucault), abolition de l’expertise (égalité entre chercheurs et « tout le personnel » à l’Observatoire de Meudon – tract du 25 mai 1968), célébration des dictateurs (Trotski, Mao, Castro) et fascisation, déjà, des républicains (de Gaulle grimé en Hitler sur ces fameuses affiches sorties de l’Atelier populaire)… Mais c’est le PCF qui, stalinien ici comme ailleurs, se trouve avant Mai à l’origine de cette assimilation des CRS aux SS en France : le 5 novembre 1948, Simone Téry, qui, nonobstant l’Appel antifasciste du 18 juin, a passé la guerre au soleil de la République dominicaine, fait en effet paraître dans L’Humanité un article intitulé : « Les C.R.S.S.S. » – un acronyme paradoxalement bien proche de « URSS » ! Si j’étais freudien… La journaliste communiste couvre les grèves des mineurs matées par le ministre de l’Intérieur Jules Moch, un socialiste, qui a fait tirer à balles réelles sur les ouvriers ! Fin novembre 1948, un député du PCF, Alfred Malleret-Joinville, un ancien résistant de… 1943 (que pensait-il avant, en 1939, en 1940, en 1941, en 1942, à l’époque du pacte Molotov-Ribbentrop ? On ne sait…), reprend l’analogie dans l’enceinte de l’Assemblée nationale. De Staline aux blacks blocs soutenus par la presse maastrichienne, en passant par le PCF stalinien doublé du Mitterrand du Coup d’Etat permanent – le pamphlet date de 1964 –, sans oublier la gauche dans son spectre le plus large, PS, LFI, EELV, l’assimilation de l’opposant, ou même de celui qui pense librement, aux fascistes est récurrente. C’est, bien sûr, une insulte qui ne repose sur rien de concret, sinon le désir de salir, d’exclure, d’évincer, de décapiter métaphoriquement – c’est un genre de guillotine verbale. Car « fasciste » est un signifiant qui dispose d’un signifié historique extrêmement précis : si l’on veut savoir ce qu’est vraiment le fascisme, il faut lire Les Décombres de Rebatet suivi de ses Mémoires d’un fasciste. Pour information, en passant : Mitterrand appréciait tout particulièrement Les Décombres, au point que son épouse Danielle avait même pris soin de relier le volume en cuir noir ! Chez les Mitterrand, on savait ce qu’était vraiment le fascisme : le futur président de la République en venait. Dans les années 1930 il participe à des manifestations où l’on fustige le métèque, dans les années 1940 il est maréchaliste, vichyste, pétainiste, dans les années 1950 il défend l’Algérie française, dans les années 1980 il fait fleurir la tombe de Pétain et réhabilite les généraux putschistes d’Alger, en mai 1995, lors du dernier déjeuner qu’il fit à l’Elysée, après deux septennats, il entretient Jean d’Ormesson de la puissance formidable du « lobby juif » en France… L’homme fut constant, mais ça n’est pas la constance à laquelle on pense. Le fascisme historique n’a pas grand-chose à voir avec le fascisme hystérique. Il est d’ailleurs étonnant, mais à peine, que les tenants du fascisme historique de gauche soient les promoteurs du fascisme hystérique à gauche. Car, quand on se réclame de l’Union soviétique, qui a pactisé avec le régime national-socialiste pendant deux ans (1939-1941) ; quand on soutient un PCF qui a demandé l’autorisation de reparaître à l’occupant nazi en France en juin 1940 sous prétexte d’ennemis communs, les Juifs, la City, les gaullistes, la social-démocratie et les Anglais ; quand dans L’Humanité, en 1945, les journalistes communistes ont traité d’« hitléro-trotskistes » les militants nationalistes algériens qui se sont réjouis de la Libération à Sétif et Guelma avant de périr sous les balles de la police ; quand, en 1952, on a fermé les yeux sur la politique antisémite de Staline lors du fameux procès des blouses blanches – quand on a ce passé qui s’avère un passif, on ne devrait pas traiter qui que ce soit de fasciste à la légère ! Le fascisme historique se définit clairement : il récuse la démocratie, les élections et la République au profit de l’insurrection armée qu’il mène d’abord avec des combats dans les rues ; il fustige la Déclaration des droits de l’homme, la Révolution française dans sa totalité, la philosophie des Lumières corruptrice de la nation catholique ; il se moque de l’Etat de droit au profit d’un pouvoir absolu donné à un chef dont la parole a force de loi ; il combat clairement les Juifs, les francs-maçons, mais également les protestants, coupables, selon lui, d’activer un Etat sécessionniste dans l’Etat ; il fomente des guerres au nom de l’espace vital et célèbre l’hygiène virile qui s’exprime dans les combats, en ce sens il se révèle expansionniste, impérialiste et colonialiste ; il défend un racisme biologique construit sur l’inégalité des races avec une supériorité proclamée pour la race blanche ; il assigne à la femme le rôle de l’épouse et de la mère, elle n’est que le ventre du repos des guerriers et de la démographie blanche ; il revendique une culture de mort, en témoigne le fameux « Viva la muerte ! » des franquistes ; il défend un européisme de combat pour construire une Europe homogène ; il travaille à la fabrication d’un « Homme nouveau » radicalement postchrétien. Si l’on veut pouvoir traiter quelqu’un de fasciste, il uploads/Science et Technologie/ autodafes-l-x27-art-de-detruire-les-livres-michel-onfray.pdf
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- Publié le Jan 13, 2022
- Catégorie Science & technolo...
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