1 0. INTRODUCTION 0.1. LES OBJECTIFS DU COURS Notons d’entrée de jeu que ce cou
1 0. INTRODUCTION 0.1. LES OBJECTIFS DU COURS Notons d’entrée de jeu que ce cours est d’ordre pratique. Il vise à répondre à deux objectifs : 1er objectif : Etre capable de concevoir, de produire un projet de recherche théologique valable, de l’exécuter méthodiquement, d’en rédiger et d’en exposer les résultats selon les normes établies à cet effet. 2ème objectif : L’usage rationnel des instruments de travail indispensables en philologie classique. 0.2. EXPLICATION DES TERMES La gymnastique à la recherche scientifique est un exercice intellectuel constant et exigeant. Pour ce faire, il faut être capable de concevoir, de produire un travail qui soit scientifiquement crédible. Ceci dit, il faut du courage, de l’audace et de l’inventivité. En effet : - Concevoir, c’est savoir inventer, créer, déployer son flair, faire preuve de l’imagination et de l’intuition. - Produire, c’est savoir trouver des voies, issues pour concrétiser ses intuitions et ses conceptions. En fait, c’est faire preuve de créativité. Il convient de souligner que la réponse à ces objectifs s’atteste à travers un travail scientifique que l’étudiant réalise de ses propres efforts. 0.3. QUELQUES DEFINITIONS Le terme "méthodologie" signifie l’étude des méthodes propres à une science, c’est – à – dire l’étude des méthodes scientifiques propres à une science. Selon Lalande, on entend par méthode, un programme réglant d’avance une suite d’opérations à accomplir et signalant certains errements à éviter en vue d’atteindre un résultat déterminé. 2 Le Petit Robert définit la méthode comme l’ensemble des démarches que poursuit l’esprit pour découvrir et démontrer la vérité dans les sciences ; ou encore l’ensemble de règles, de principes normatifs sur lesquels reposent l’enseignement, la pratique d’un art. Méthode scientifique = "ensemble de procédés rationnels ayant pour but l’établissement et la démonstration de la vérité"1. « Par méthode, j’entends les règles certaines et faciles grâce auxquelles tous ceux qui les observent exactement ne supposeront jamais vrai ce qui est faux, et parviendront sans se fatiguer en efforts inutiles, mais en accroissant progressivement leur science, à la connaissance de ce qu’ils peuvent atteindre »2. Explicitons : Il s’agit d’un ensemble ordonné d’opérations que suit l’esprit humain en vue d’un but bien déterminé, à savoir, découvrir la vérité, la démontrer et l’exposer. Lalande précise que ces opérations sont réglées d’avance ; c’est – à – dire avant de commencer la recherche, il faut avoir une idée précise de la manière dont on va procéder. En accomplissant ces démarches, nous devons respecter les principes et les normes qui nous permettent d’atteindre un but, et faire l’économie des erreurs. Il est question ici d’une méthodologie générale. De nos jours, il est admis que la théologie n’existe qu’au pluriel. Ce pluralisme résulte de la différence des situations et des époques ; des spécialisations et de la diversité des méthodes. En tenant compte de contexte, on peut distinguer actuellement, la théologie occidentale, la théologie latino-américaine (théologie de la libération), la théologie noire- américaine, la théologie africaine, la théologie asiatique. Les spécialistes font remarquer que la méthode de la théologie de libération par exemple, est plus socio-économique ; celle de la théologie africaine est plus à dominance culturelle ; tandis qu’en Asie, c’est le dialogue inter-religieux qui tend à s’imposer. Pour nous limiter à un seul exemple, la méthode fondamentale de la théologie latino-américaine consiste en 3 moments principaux : 1. La médiation socio-analytique, tournée vers le monde de l’opprimé. Elle cherche à comprendre pourquoi l’opprimé est opprimé. 1 FOULQISIER, Dictionnaire de la langue philosophique, Paris, PUF, 1978 2 DESCARTES, Règles pour la direction de l’esprit 3 2. La médiation herméneutique, s’applique du côté du monde de Dieu. Elle cherche à savoir quel est le plan de Dieu vis-à-vis du pauvre. 3. La médiation pratique, tournée vers l’action, tente de définir une ligne de conduite à suivre pour surmonter l’oppression en accord avec le plan de Dieu. Fort de cette méthode, l’on se demande : qu’est-ce que la théologie de la libération ? Pour conclure cette partie, nous nous sentons d’accord avec LONERGAN que la méthode n’est pas un ensemble de règles que n’importe qui, voire un idiot, n’aurait qu’à suivre méticuleusement. C’est plutôt un cadre destiné à favoriser la créativité et la collaboration. La méthode met en relief les divers groupes d’opérations que les théologiens doivent accomplir pour s’acquitter de leurs différentes tâches3. La créativité c’est la capacité de créer, c’est – à – dire de réaliser un assemblage original et utile des éléments préexistants. C’est l’art de combiner d’une manière neuve des éléments ancien. En général, une recherche se déroule en trois étapes majeures qui sont : a) la collecte de la documentation, b) l’exploitation de la documentation (traitement), c) la rédaction. Mais en pratique, avant d’entamer ces étapes, un travail préliminaire s’impose. Il consiste dans le choix d’un sujet de recherche et l’élaboration du projet de la stratégie de recherche (délimitation du sujet). 0.4. QUALITES DU CHERCHEUR Pour acquérir une haute compétence, le chercheur débutant doit développer en lui certaines qualités indispensables : - l’esprit critique ; - la rigueur et la précision ; - le souci de la vérification ; - la probité intellectuelle ; L’ensemble de ces qualités témoigne de l’esprit scientifique. 3 4 1. L’esprit critique L’esprit critique comprend deux aspects dont l’un par rapport à soi-même et l’autre par rapport aux autres. a. Par rapport à soi-même : l’esprit critique, c’est l’attitude qui consiste à revenir constamment sur ses propres affirmations pour en vérifier le fondement, l’exactitude. A cet effet, je me pose moi-même des questions telles que : - Est – ce que j’ai raison de penser ce que je pense ? - Ai-je des arguments pour affirmer ce que j’affirme ? b. Par rapport à autrui : En plus du contrôle rigoureux sur mes propres affirmations, l’esprit critique m’amène aussi à un contrôle sévère des affirmations d’autrui. L’esprit critique interdit de s’éprendre (tomber amoureux) d’un auteur, de professer pour lui une admiration naïve, de lui vouer une confiance sans borne. Il faut éviter à la fois une attitude hypercritique et une attitude de crédulité naïve. L’étudiant doit faire preuve du discernement et apprécier objectivement la valeur d’un auteur, reconnaître l’école à laquelle il se rattache ; le classer parmi ses pairs, ses égaux ; porter sur sa doctrine et sur son œuvre un jugement nuancé, marqué de maturité intellectuelle. Dans le travail scientifique, ce sont des arguments et des preuves qui comptent. L’amitié, le fanatisme doivent être mis de côté. Aristote disait à cet effet : "amicus Plato, sed magis amica veritas", Platon est mon ami, mais la vérité l’est davantage. 2. La rigueur et la précision L’étudiant aura en outre le culte de la précision et de la rigueur. Il se gardera des expressions vagues, de l’à-peu-près, des généralités banales. Le travail scientifique est le fruit de l’étude prolongée, de la réflexion, de la plus scrupuleuse exactitude. La persévérance et la ténacité sont des qualités nécessaires à quiconque veut découvrir la vérité. La rigueur exige que l’on n’affirme rien, que l’on ne déclare rien qui ne soit directement démontré selon les exigences de l’objet. Elle bannit aussi la superficialité. Comme le note si bien CARRIERE, "Rejeter le superficiel c’est se libérer, s’affranchir de jugement de la masse"4. 4 5 Le désir de perfection, la recherche de l’excellence devront animer tout chercheur sans toutefois le paralyser. L’on se conviendra avec SHEVENELL qu’une science sans précision n’a l’apparence de lumière que dans le monde obscur des ignorants. 3. Le souci de la vérification La science actuelle exige constamment des preuves. C’est pourquoi nous devons avoir soin d’étayer nos affirmations et de donner toujours nos références. Tout en vérifiant nos propres citations nous veillons en même temps à nous assurer de l’exactitude des ouvrages de références utilisés. 4. La probité intellectuelle La probité ou l’honnêteté scientifique est une qualité absolument indispensable. Par souci d’honnêteté intellectuelle, nous devons avoir un grand souci de la vérité et l’estimer au-dessus de tout. Le chercheur ne dit que la stricte vérité d’après les documents en sa possession. Il se garde soigneusement d’ajouter ou de retrancher au texte quoi que ce soit. Ici, au nom de la probité intellectuelle, il faut éviter aussi toute forme de tricherie, de plagiat et de reprendre d’un auteur une page, une phrase sans le citer. L’article 33 (34) du règlement d’ordre intérieur de l’ISTP stipule : "Toute tricherie (plagiat) : copiage, translittération ou transcription sans citation du texte d’un auteur ou d’un(e) étudiant(e) ; malhonnêteté : fourberie envers les autorités académiques, fraude ou déloyauté ; soufflement : chuchotement, suggestion à une épreuve orale, à l’examen, interrogation ou travail personnel, entraîne le renvoi immédiat de l’ISTP de tous les étudiants et étudiantes impliqués dans le cas de tricherie". 5. La qualité de la vie Les 4 qualités énumérées ci-dessus sont indispensables à tout savant, à tout chercheur quelle soit sa discipline. Pour ceux qui pratiquent la théologie, une cinquième qualité s’impose. Il s’agit de la qualité de la vie personnelle, de l’honnêteté de vie et de l’intégrité. A ce sujet, Yves CONGAR écrit : uploads/Science et Technologie/ cours-de-methodologie.pdf
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- Publié le Jui 21, 2022
- Catégorie Science & technolo...
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