PIERRE COURCELLE Membre de l’Institut Professeur au Collège de France LA CONSOL
PIERRE COURCELLE Membre de l’Institut Professeur au Collège de France LA CONSOLATION DE PHILOSOPHIE DANS LA TRADITION LITTÉRAIRE ANTÉCÉDENTS ET POSTÉRITÉ DE BOÈCE ÉTUDES AUGUSTINIENNES 8, rue François-Ier PARIS 1967 Publié avec le concours du Centre National de la Recherche Scientifique NU NC COGNOSCO EX PARTE TRENT UNIVERSITY LIBRARY Sur la couverture : BOÈCE RÉDIGE SA ‘CONSOLATION’ C initial du chant i : “Carmina qui quondan studio florente peregi” Oxford, Bodleian Library. Auct.F.6.5, fol. VII v°, s. XII med. Dessin d’Étienne Courcelle Digitized by the Internet Archive in 2019 with funding from Kahle/Austin Foundation https://archive.org/details/laconsolationdepOOOOcour LA CONSOLATION DE PHILOSOPHIE DANS LA TRADITION LITTÉRAIRE OUVRAGES DU MÊME AUTEUR Les Lettres grecques en Occident, de Macrobe à Cassiodore. 2e éd., Paris, de Boccard, 1948, 1 vol. in-8°, xvi -f 440 pages. Recherches sur les « Confessions » de saint Augustin. Paris, de Boccard, 1950, 1 vol. in-8°, 299 pages. L’« Entretien » de Pascal et Sacy, ses sources et ses énigmes. Paris, Vrin, i960, 1 vol. in-8°, 183 pages. Les « Confessions » de saint Augustin dans la tradition littéraire, antécédents et postérité. Paris, Études Augustiniennes, 1963, 1 vol. in-8°, 746 pages, 62 planches. Histoire littéraire des grandes invasions germaniques. 3 e édition augmentée et illustrée, Paris, Études Augustiniennes, 1964, 1 vol. in-8°, 436 pages, 71 planches, dont plusieurs doubles et une en couleurs. Vita sancti Augustini imaginibus adornata. Manuscrit de Boston, Public Library, n° 1483, s. xv, inédit (En collaboration avec Jeanne Courcelle). Paris, Études Augusti¬ niennes, 1964, 1 vol. in-8°, 256 pages, 109 planches, dont une en couleurs. Iconographie de saint Augustin. Les cycles du XIVe siècle (En collaboration avec Jeanne Courcelle). Paris, Études Augustiniennes, 1965,1 vol. in-8°, 253 pages, 110 planches, dont une en couleurs. L’APPARITION DE PHILOSOPHIE Madrid, B.N., 10109, fol. 2 r°, s.xi/xii, inédite. PIERRE COURCELLE Membre de l’Institut Professeur au Collège de France LA CONSOLATION DE PHILOSOPHIE DANS LA TRADITION LITTÉRAIRE Antécédents et Postérité de Boèce ÉTUDES AUGUSTINIENNES 8, rue François-Ier PARIS 1967 Publié avec le concours du Centre National de la Recherche Scientifique -• ^ c . L 3 C.. c. INTRODUCTION Boèce, depuis trois siècles, étonne les érudits. Est-il le premier scolastique, théologien au gré de saint Thomas d’Aquin et martyr honoré longuement ? Ou le dernier Romain, que la sagesse païenne console au seuil de la mort ? Dès le Xe siècle, la Philosophie de Boèce inquiétait le commentateur Bovo de Corvey, qui la jugeait suspecte 1. Au xvme siècle encore, Gervaise, en sens inverse, expliquait naïvement que ce personnage de Philosophie consolatrice est Jésus-Christ lui-même, auteur de la Révélation 2. Cette assertion ne résista pas longtemps à la critique. Le contraste entre les traités théologiques de Boèce et sa Consolation apparut bientôt. Comment l’expliquer? En 1860 on s’accordait à rejeter les premiers. Charles Jourdain concluait en ces termes un état de la question : « En résumé, à prendre les ouvrages qui portent le nom de Boèce, ceux que le christianisme a inspirés ne paraissent pas lui appartenir, et ceux qui paraissent authentiques sont des œuvres purement profanes, d’où la pensée chrétienne est absente. J’au¬ rais pu insister sur ces différents points, si je ne les avais considérés comme à peu près acquis à la critique3 ». Nitzsch, moins tranchant, admet à la même date que Boèce ait pu être « chrétien de cœur », mais refuse aussi de le reconnaître pour l’auteur des traités théologiques 4. L’accord sur ce point était donc général entre érudits, quand YAnecdoton Holderi, publié par Usener en 1877, montra leur commune erreur. C’est un extrait de Cassiodore qui assure l’authenticité des œuvres théologiques de Boèce : « Scripsit librum de sancta Trinitate et capita quaedam dogmatica et librum contra Nestorium 5 ». Les recherches ultérieures changèrent donc d’objet. Si Boèce n’est pas chrétien seulement de nom, s’il est un théologien, comment la philosophie de 1. P. L., t. LXIV, col. 1239-1246; éd. Huygens, dans Sacris erudiri, t. VI, 1954, P- 383*398- 2. F. Gervaise, Histoire de Boèce sénateur romain, Paris, 1715. 3. Ch. Jourdain, De l'origine des traditions sur le christianisme de Boèce, dans Mémoires présentés par divers savants à l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, t. VI, 1860, p. 336. 4. F. Nitzsch, Das System des Boethius, Berlin, 1860, p. 170-174. 5. H. Usener, Anecdoton Holderi, ein Beitrag zur Geschichte Roms in ostgothischer Zeit, dans Festschrift zur Begriissung der XXXII. Versammlung deutscher Philologen und Schidmànner zu Wiesbaden, Bonn, 1877, p. 4,1. 15. > j-— O’ i B 8 LA « CONSOLATION DE PHILOSOPHIE » ses œuvres profanes peut-elle s’accorder avec sa théologie? C’est un examen serré des œuvres mêmes et de leurs sources qui révélera sa pensée intime. Com¬ ment concevoir un tel examen pour la Consolation? L’étude des sources est restée longtemps un travail de dissection, relative¬ ment aisé étant donné la facture classique de l’œuvre. Les vers, séparés arbitrai¬ rement de la prose où ils s’insèrent, furent analysés avec minutie. Peiper put dresser un Index locorum quos Boetius ex Senecae tragoediis transtidit1. Hüttinger, appliquant le même procédé aux principaux poètes païens (Horace, Virgile, Ovide, Lucain, Stace, Tibulle) et chrétiens (Optatien, Prudence, Avit, Dra- contius, Paulin de Noie, etc...) découvrit une foule de sources pour chaque vers de Boèce, au point de conclure, un peu confus, qu’il ne savait décider, dans ce fatras, quelles étaient les sources réelles 2. Dans le même temps, Usener avait divisé la prose de Boèce en trois sections, la première originale, la seconde issue d’un Protreptique aristotélicien, la troisième d’un ouvrage néo-platonicien, et indiquait l’endroit exact des raccords entre ces imitations disparates 3. Sur ces données, Stewart conclut que la Consolation était « entièrement artificielle4 », et Boissier : « On peut donc dire que Boèce n’a rien tiré de lui-même. Tout sans exception lui vient des philosophes anciens 5 ». Une vive réaction s’est dessinée par la suite contre ces excès. Rand, le pre¬ mier, s’avisa que la Consolation est un tout cohérent et composé, et préconisa une recherche surtout philosophique tendant, une fois reconnus les éléments dont s’est servi Boèce, à montrer l’originalité de sa synthèse 6. Une telle méthode est restée celle de Galdi (si sévère pour les travaux de Hüttinger), Patch et Carton7. Un retour aux errements antérieurs nous paraît être le propre des articles de M. Sulowski sur les sources de la Consolation. Il met en regard toutes sortes de passages de Boèce et de Calcidius sur n’importe quelle doctrine, et croit pouvoir conclure d’un certain nombre d’analogies —- qui ne sont jamais des parallèles textuels — que Boèce a pour source unique le commentaire perdu de Porphyre sur le Tintée 8. Mais cette source unique, selon V. Schmidt-Kohl (p. 54), serait le De regressu animae, perdu également. 1. R. Peiper, éd. de la Consolation, Leipzig, 1871, p. 228-233. 2. H. Hüttinger, Studia in Boethii carmina collata, Programm, Regensburg, 1902, pars II, p. 23. 3. H. Usener, Vergessenes, dans Rheinisches Muséum, t. XXVIII, 1873, p. 398 et suiv. 4. H. F. Stewart, Boethius, an Essay, London, 1891, p. 106. 5. G. Boissier, Le christianisme de Boèce, dans Journal des savants, 1889, p. 454. 6. E.-K. Rand, On the Composition of Boethius ‘Consolatio Philosophiae', dans Harvard Studies, t. XV, 1904, p. 1-28. 7. M. Galdi, De Boethii carminibus quid iudicandum sit, dans Athenaeum, t. VII, 1929, P- 363-385 > H. R. Patch, Fate in Beothius and the Neoplatonists, dans Spéculum, t. IV, 1929, p. 62-72; R. Carton, Le christianisme et Vaugustinisme de Boèce, dans Mélanges augustiniens, Paris, 1931, p. 243-329. 8. F. J. Sulowski, Les sources du ‘De consolatione Philosophiae’ de Boèce, dans Sophia, t. XXV, i957> P- 76-85; The sources of Boethius' ‘De consolatione Philosophiae', ibid., t. XXIX, 1961, p. 67-94- Le vice de méthode éclate dans les conclusions de l’article INTRODUCTION 9 Il nous semble préférable de contrôler par des parallèles textuels les méthodes d histoire doctrinale ; il est non moins dangereux d’affirmer d’emblée le christia¬ nisme de Boèce en disant qu’il n’a pas de pensée philosophique personnelle. Il convient de sonder, pour chacune des doctrines principales exposées dans la Consolation, quels en sont les inspirateurs et comment l’auteur transforme ses sources. Alors seulement nous saurons si sa synthèse peut être d’un chrétien. Gardons-nous de toute théorie de la source unique! Plusieurs obstacles gênent une recherche ainsi conçue. Il convient d’abord de ne pas se fier aux traducteurs * 1 : ils rendent souvent par des expressions chrétiennes des termes qui appartiennent au vocabulaire commun des philo¬ sophes antiques. En latin même, la forme littéraire de la Consolation prête à équivoque; il faut discerner ce qui est fiction poétique ou lieu commun rhéto¬ rique, et ce que Boèce prend à son compte et pense personnellement. Heureuse¬ ment lui-même vient à notre aide en marquant bien la gradation des arguments : la partie positive et théorique de la Consolation ne commence qu’à la seconde moitié du livre III ; c’est elle qui a été le moins étudiée au point de vue des sources, sinon en ces dernières décennies; elle mérite pourtant de retenir particulière¬ uploads/Science et Technologie/ la-consolation-de-philosophie-dans-la-tradition-litte-raire-pdf.pdf
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- Catégorie Science & technolo...
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