JEAN-FRANÇOIS CÔTÉ LA PROFONDEUR ET L'ÉCLATEMENT DE L'IMAGE Réflexion critique
JEAN-FRANÇOIS CÔTÉ LA PROFONDEUR ET L'ÉCLATEMENT DE L'IMAGE Réflexion critique sur l'image et les technologies Thèse présentée à la Faculté des études supérieures de l'Université Laval dans le cadre du programme de doctorat sur mesure en arts visuels et en histoire de l'art pour l'obtention du grade de Philosophiae doctor (Ph.D.) FACULTÉ DES ÉTUDES SUPÉRIEURES UNIVERSITÉ LAVAL QUÉBEC 2007 ©Jean-François Côté, 2007 Il Court résumé La profondeur et l'éclatement de l'image - Réflexion critique sur l'image et les technologies accompagne les trois oeuvres réalisées dans le cadre du doctorat : le corpus photographique L'Ombre survivante présentée à Québec au centre VU ; le corpus photographique Personnes présenté à Québec à la galerie Le 36 ; l'installation vidéo Cités présentée à Trois-Rivières à la galerie R3, à Québec à la Galerie des arts visuels et à Santiago (Chili) à la VIII e Bienal de video y nuevos medios. La profondeur et l'éclatement de l'image - Réflexion critique sur l'image et les technologies traite des idées et des notions qui permettent de dégager certaines propriétés générales de l'image que j'aborde par les dimensions imaginaire, conceptuelle et concrète. La problématique de cette recherche est : L'image est- elle en train de perdre son sens pour qu'un sens renouvelé se révèle dans une nouvelle forme d'image, dans une nouvelle expérience imaginaire ? Celle-ci pose simultanément l'image dans sa généralité et dans son actualité et amène à dégager des manières de penser et de construire l'image dans la profondeur et dans l'éclatement, dans les glissements entre ses temporalités et ses spatialités. Aussi, cette recherche vise à visiter le lieu de l'image, à scruter l'action du faire-image, à proposer la mise en place d'une structure métaphorique de l'image, à sonder la production d'une image-lieu comme image fictive et à parcourir le lieu de l'avoir-lieu de l'image. Cela en rapport critique avec les images de masse présentes dans la société moderne et l'influence des nouvelles technologies. III Long résumé La thèse s'intitule La profondeur et l'éclatement de l'image - Réflexion critique sur l'image et les technologies. Le texte accompagne trois oeuvres : L'Ombre survivante, corpus photographique ; Personnes, corpus photographique ; Cités, installation vidéo. C'est une thèse en création où la recherche pratique et théorique s'entrelacent. Je tiens à préciser que j ' a i , dans le texte, pris la position du créateur. J'ai tenté de dégager certains modes de production de l'image que j'ai abordé par les dimensions imaginaire, conceptuelle et concrète. La recherche s'est développée à partir de cette problématique : L'image est-elle en train de perdre son sens pour qu'un sens renouvelé se révèle dans une nouvelle forme d'image, dans une nouvelle expérience imaginaire ? Cette problématique pose simultanément l'image dans sa généralité et dans ses particularités. Elle mène à des manières de penser et de construire l'image dans la profondeur et l'éclatement, dans les glissements entre ses temporalités et ses spatialités. Les termes de profondeur et d'éclatement sont récurrents dans le développement de la thèse. J'entends par profondeur une accumulation dans le temps et une sédimentation du temps. La profondeur s'adresse davantage à la temporalité de l'image même si elle contient une part de spatialité. La profondeur est une potentialité de l'image à gagner de nouvelles dimensions. J'entends par éclatement l'actualisation de cette potentialité et son débordement. L'éclatement s'adresse davantage à la spatialité même s'il s'insère dans l'incarnation de l'image des temporalités. La profondeur et l'éclatement s'entrelacent pour faire-image et ils IV sont simultanés. Aussi, cette recherche tente de visiter le lieu de l'image, de scruter l'action du faire-image, de proposer la mise en place d'une structure métaphorique, de sonder la production d'une image-lieu et de parcourir le lieu de l'avoir-lieu de l'image. L'image est ici entendue comme processus, un processus temporel qui s'actualise par le débordement. Ainsi, l'image n'est pas seulement prise dans sa visibilité mais plutôt dans sa mobilité et dans la disparition de ses limites. Dans cette recherche, la méthode oscille entre l'intuition et la conscience. Elle s'est adaptée et transformée dans le processus de création, tant pratique que théorique. Disons que c'est une méthode comparative. Je n'ai pas tenté de dégager une théorie des différentes théories citées dans le texte mais je les ai plutôt mises en relation pour dégager un sens renouvelé et pour bousculer ma propre pratique. Au début de la thèse, je traite des théories de Henri Bergson et de Sergeï Eisenstein qui ont influencé ma recherche. Henri Bergson a pensé l'image dans le mouvement de la virtualité vers l'actualité. Le rapport d'ambiguïté entre l'espace et le temps m'intéresse et Bergson l'analyse en les différenciants. Différenciation que j'utilise par la suite dans la recherche. Le mouvement d'actualisation du virtuel vers le réel que Bergson nomme l'élan vital est aussi important dans cette recherche. C'est le moment où le virtuel devient actuel. Par l'actualisation, la totalité de la mémoire change à chaque instant dans sa rencontre avec le présent. Dans ce mouvement, le souvenir traverse différents niveaux de mémoire et se transforme en image-souvenir puis en image-perception avant de s'actualiser en image concrète, incarnée dans la matière. V Ces conceptions sont liées à ma recherche où, à chaque moment de son existence, l'image oscille entre le virtuel et l'actuel. Cependant, ce ne sont pas deux moments mais des temporalités simultanées. Ce propos est directement lié à la théorie de l'attraction du cinéaste Sergeï Eisenstein. Chez Eisenstein, l'image se crée par l'attraction. Pour ce créateur, le rayonnement qualitatif, qui déborde de la rencontre des éléments, permet au montage de mettre le photogramme, le fragment, en relation avec le tout et avec le temps conçu comme ouvert. Ainsi, les images débordent les limites de leur cadre par leur propre puissance d'évocation et par leur relation. Le montage des attractions transforme profondément les principes de construction et déplace les limites d'expression du montage vers la libre association d'attractions indépendantes, d'images ou de suite d'images concourrant à élever le thème qui est la révolution pour Eisenstein. Il considère l'attraction comme une aspiration de l'image à gagner de nouvelles dimensions. Ces propos m'ont permis de scruter l'image dans sa profondeur et son éclatement. Bergson m'a amené à développer la profondeur et Eisenstein l'éclatement. Ainsi s'est formée ma propre vision de l'image dans laquelle coexistent deux lieux : la structure métaphorique comme lieu idéel de l'image et \'image-lieu comme lieu de l'avoir-lieu de l'image. Je me suis d'abord posé la question : qu'est-ce qu'une image ? Les qualités premières de l'image sont l'ambiguïté et la dualité. À la fois réelle et fictive, matérialisée et imaginée, l'image oscille entre notre imagination et la réalité collective. À la fois présence et VI absence, l'image se donne dans sa disparition. L'image ne se fixe jamais. Elle serait une fiction. La photographie le démontre. Elle n'est pas objective mais subjective. Je me suis ensuite posé une seconde question : qu'est-ce qui fait qu'une image fait image ? Il est important de mentionner que ce n'est pas toute photographie qui fait image. Faire-image est cette relation, à la fois complexe et simple, entre le corps, le médium et le regard. C'est une communication qui permet au percevant de vivre l'image dans sa dualité virtuelle et actuelle, d'en être à la fois indu et exclu. Le faire-image crée un lieu d'acceuil et en même temps fait déborder le médium de lui-même. Dans le faire- image, le fond est mouvant et l'image se charge de temps. L'image déborde de son cadre dans un rapport intime à l'extériorité tout en donnant simultanément accès à l'intériorité. Mes réflexions sur le faire-image m'amènent à dégager trois modes de fonctionnement de l'image : elle est à penser au-delà de ce qui est visible (mode conceptuel) ; elle se construit dans le temps, elle est l'accumulation d'une durée concentrée dans la mémoire (mode temporel) ; elle agit tel un réveil et ouvre un espace imaginatif à l'intérieur duquel sont acceuillis les résidus du réel (mode imaginatif, à la fois singulier et collectif). De ces trois modes, j'ai identifié trois niveaux dans le mouvement du faire-image : l'image est intimement liée à l'intuition qui forme une image mentale, un incident sensible, pure sensation et pure expérience ; lorsque travaillée, la conceptualisation s'insère dans le processus de construction de l'image ; ces deux niveaux en engendrent un troisième dans lequel l'image, lorsque perçue, VII s'entrelace à nouveau avec une trame conceptuelle ouverte dans l'expérience sensible du regardeur. Le faire-image touche ainsi à la dualité imaginaire telle une virtualité en formation dans la structure métaphorique et réelle en tant qu'elle est incarnée dans un médium. Cela m'amène à la notion d'image dialectique développée par Walter Benjamin et éclaircie par Georges Didi-Huberman. Benjamin a scruté la notion d'image dialectique, dans le « choc » du mythe et de l'image, dans la contemporanéité du mythe et de la modernité. Cette image de mémoire réinvente la notion d'origine. L'image dialectique est d'une part forme et transformation, d'autre part connaissance et critique de la connaissance. Elle s'inscrit dans la conception du mtérialisme historique qui entend la création comme connaissance et la uploads/Science et Technologie/ la-profondeur-et-l-x27-eclatement-de-l-x27-image.pdf
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- Publié le Dec 30, 2022
- Catégorie Science & technolo...
- Langue French
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