la lettre n014 / hiver 2004 de l’Académie des sciences Sciences Histoire&philos

la lettre n014 / hiver 2004 de l’Académie des sciences Sciences Histoire&philosophie des Académie n°14 21/01/05 17:25 Page 1 Editorial L'Institut de France fêtera cette année le bicentenaire de la décision de son ins- tallation au collège des Quatre nations le 29 ventôse an XIII (20 mars 1805). Il y loge ses services, les Académies et leurs Secrétaires perpétuels. Il y tient ses séances publiques officielles et ses séances régulières de travail. Les missions de l'Institut de France sont distinctes de celles des Académies mais étroitement imbriquées. Elles sont peu connues des académiciens qui ignorent le plus souvent son mode de gestion. En cette année anniversaire, un relief parti- culier sera donné à une de ses missions renouvelées: l'attribution de très grands prix et subventions dans les diverses disciplines de l'esprit et en particulier des sciences sous ses différentes formes. L'Institut de France est un corps con- stitué de la République créé par la Loi du 3 brumaire an IV (25 octobre 1795), ses membres sont élus et les élections sont confirmées par le Chef de l'État, ils portent le même titre et perçoivent les mêmes indemnités. Leurs missions sont publiées au Journal Officiel. A son ori- gine, l'Institut de France comptait 3 classes: sciences physiques et mathé- matiques, sciences morales et poli- tiques, littérature et beaux-arts. Au fil des ans, les structures ont été modifiées par le législateur. En parti- culier, en 1803, la classe des sciences morales et politiques est supprimée, l’Institut est divisé en quatre classes (sciences physiques et mathématiques, langue et littérature françaises, histoire et littérature ancienne, beaux-arts). En 1816, réorganisation de l'Institut, les quatre classes prennent les noms des Académies qui avaient été supprimées en 1793: Académie française (1635), Académie des inscriptions et belles- lettres (1663), Académie des sciences (1666) et l’Académie des beaux-arts (1816). En 1832, une nouvelle classe est créée: l'Académie des sciences morales et politiques. Les statuts de plusieurs d'entre elles ont évolué et sont, à chaque étape, agréés par l'État et publiés au Journal Officiel. La dernière modifica- tion des statuts de l'Académie des sciences date du 31 janvier 2003. Le règlement de l'Institut de France est en cours de révision. L'Institut anime et gère le Palais Conti. Il reçoit pour ce faire des crédits publics et des postes de fonctionnaires. Il les répartit entre ses services; ceux qui lui sont directement rattachés (bibliothè- que par exemple) et les Académies. Mais, l'essentiel de ses missions est culturel. Il gère des châteaux et des musées qu'il a reçus par dons ou legs (château de Chantilly, musée Jacque- mart-André, château de Langeais, Villa Kérylos, … ). Le Conseil d'État a donné pour chacun d'eux l'autorisation d'ac- ceptation et évalué l'existence de res- sources d'accompagnement permettant à l'Institut d'assurer la charge prescrite par le donateur; de ce fait, il dispose de fonds privés qu'il gère directement, com- me il le fait de plus modestes fondations destinées, par exemple, à décerner des prix. Lorsqu'ils relèvent de la thématique d'une Académie, l'Institut lui confie le soin de sélectionner le lauréat. Pour conduire ses missions, l'Institut est présidé alternativement par chaque Académie par ordre de création. Ainsi, en 2004, l'Académie des sciences assu- rait la présidence, en 2005, celle des beaux-arts le fait, etc. Le président de l'Institut préside l'Assemblée générale annuelle et la séance de rentrée. L'Ins- titut est dirigé par le Chancelier entouré de la Commission administrative cen- trale constituée, outre de lui-même, des Secrétaires perpétuels des Académies et de deux membres élus pour une durée propre à chaque Académie. L'un d'entre eux préside la Commission lors- que son Académie préside l'Institut; en 2004, ce fut Jean Salençon. Un bureau de l'Institut, présidé par le président de la Commission administrative centrale est constitué du Chancelier et des Secré- taires perpétuels. La Commission administrative centrale traite de tous les sujets importants et, en particulier, elle est seule à traiter les affaires financières (acceptation des dons et legs, gestion générale, vote du budget et du bilan). Elle est informée de celles des Académies. L'ensemble des com- ptes de l'Institut et des Académies est présenté par le Chancelier et les Secré- taires perpétuels et examiné par la Cour des Comptes. Des commissions thématiques perma- nentes préparent les dossiers récur- rents. Elles sont présidées par le Secré- taire perpétuel concerné et comportent des Secrétaires perpétuels et des membres de l'Institut désignés par leurs Académies (commission de Chantilly, des bibliothèques, des beaux-arts, …), d'autres sont constituées en fonction des besoins (commission du règlement, des placements financiers, …) et d'autres enfin concernent les très grands prix et subventions. Depuis un petit nombre d'années, des dons et legs très importants ont été faits à l'Institut compte tenu de la rigueur de la gestion des fondations, de la person- nalité des Chanceliers successifs, de la notoriété des membres de l'Institut qui couvrent l’ensemble du spectre des activités de l'esprit et peuvent donc exécuter au mieux les volontés des donateurs. Enfin, l'adoption d'une loi sur le mécénat facilite et simplifie les moda- lités de création de fondations. Actuel- lement, de très grandes fondations se mettent en place et couvrent les lettres, les sciences (qui au sens international et national actuel regroupent les Acadé- mies des sciences, des sciences morales et politiques, des inscriptions et belles- lettres) et les arts. Chaque prix est ac- compagné ou même est constitué d'une subvention permettant au bénéficiaire de réaliser ses travaux dans de bonnes conditions. Pour chacune des grandes fondations, le Chancelier désigne un jury constitué de membres de l'Institut, qui établit une courte liste de lauréats possibles. Le Conseil de la Fondation présidé par le Chancelier retient l'un d'eux. Avec la solennité qu'elle mérite, cette attribution de prix et subventions se déroulera pour la première fois en juin 2005. Elle fera date dans l'évolution des missions de l'Institut, car désormais il prend place parmi les institutions in- ternationales les plus prestigieuses, moteurs de l'activité de l'esprit et des travaux qui l'accompagnent  par Jean Dercourt Secrétaire perpétuel de l’Académie des sciences, professeur émérite à l’université Pierre et Marie Curie. Sommaire Éditorial L’Institut de France Jean Dercourt page 2 Dossier Où en est l’histoire des sciences aujourd’hui? Claude Debru page 3 Faut-il réviser l’histoire de la relativité? Olivier Darrigol page 6 Quelques réflexions autour du livre « Naissance de la physique de la Sicile à la Chine » Michel Soutif page 8 Science et philosophie Dominique Lecourt page 10 Cent cinquante ans de localisations dans l’écorce cérébrale; l’histoire continue, rien n’est acquis Pierre Buser page 12 Mathématiques de la Chine ancienne Karine Chemla page 14 La science et la philosophie morale Entretien avec Anne Fagot – Largeault par Paul Caro page 16 Question d’actualité Virus et barrières d’espèces Gérard Orth page 18 La vie de l’académie Sir William Ramsay et la décou- verte de l’argon Yves Jeannin page 20 L ’Institut de France 2 la lettre n014 / hiver 2004 de l’Académie des sciences Académie n°14 21/01/05 17:25 Page 2 3 Dossier cette discipline. Aujourd'hui, les nou- velles technologies documentaires touchent l'histoire des sciences, en au- gmentant considérablement l'accessi- bilité des textes, images, documents, manuscrits scientifiques pour le plus grand nombre. Pouvoir afficher sur l'écran de son ordinateur personnel, page à page, le texte imprimé de la thèse de médecine de Marey sur la circulation du sang ou tel ou tel feuillet d'un manus- crit mathématique ou médical de Leibniz ne laisse personne indifférent. L'histoire des sciences instruit et fascine, enrichit et passionne. Elle instruit sur les sciences et peut apporter une certaine L 'histoire des sciences est un grand chantier. Discipline longtemps réputée confidentielle, érudite ou com- mémorative, elle a été entraînée par le mouvement impétueux des sciences et par des œuvres de scientifiques qui s'y sont adonnés, comme Nicolas Bourbaki avec ses Éléments d'histoire des mathé- matiques, Jean Dieudonné avec ses travaux d'histoire des mathématiques et son ouvrage Pour l'honneur de l'es- prit humain, ou François Jacob avec La logique du vivant. Ces œuvres ont suscité bien des vocations. La curiosité crois- sante d'un public plus instruit a égale- ment contribué à accroître l'audience de contribution à leur enseignement. Elle instruit sur les sociétés qui soutiennent les sciences et y voient un moteur de leur développement. Elle fascine car elle montre l'esprit humain aux prises avec des réalités de plus en plus éloignées de son mode habituel d'exercice. Elle enri- chit car sa pratique nécessite de réunir diverses compétences, scientifiques au premier chef, mais aussi historiques, philologiques, linguistiques, philoso- phiques etc. Elle passionne car elle forme un domaine extrêmement vaste à l'intérieur duquel de nombreuses approches, de nombreux rapproche- ments, de nombreuses et gratifiantes Où en est l'histoire des sciences aujourd'hui? par Claude Debru Correspondant de l’Académie des sciences, professeur à l’École normale supérieure. Crâne de Descartes, École nationale des beaux-arts, Paris. Académie n°14 21/01/05 17:25 Page 3 découvertes sont possibles. Enfin, elle se renouvelle grâce à l'incessant renou- vellement des sciences elles-mêmes. A sa manière, et tout comme les sciences, l'histoire des sciences éduque et donc transforme ceux qui s'y intéressent, l'uti- lisent ou la uploads/Science et Technologie/ lettre-14.pdf

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