DOSSIER Biocontamination air et surface CAHIER SPÉCIAL LABORATOIRE DE SÉCURITÉ

DOSSIER Biocontamination air et surface CAHIER SPÉCIAL LABORATOIRE DE SÉCURITÉ BIOLOGIQUE ÉVALUATION DES RISQUES Principes généraux et approche méthodologique dans les phases d’un projet P.32 RETOUR D’EXPÉRIENCE Qualifications et surveillance de routine au bloc opératoire P.12 FAITS & GESTES ¬ Une future unité de production de biomédicaments ¬ ABL renforce ses capacités à Lyon P.08 N°117 LE MAGAZINE DE LA MAÎTRISE DE LA CONTAMINATION NOVEMBRE-DÉCEMBRE 2018 NUMÉRO 117 BIMESTRIEL ISSN 1291-6978 SP117-Couv.indd 1 04/12/2018 11:08 SAPR0117_001_BA449928.pdf 17 SALLES PROPRES N°117 DOSSIER CONT RÔ L ES M IC ROB IOLOG IQUES L’assurance qualité des résultats au laboratoire Par Franck Polyn, HeX Lab La question de la pertinence des résultats fournis par le laboratoire prenant en charge les échantillons issus des prélèvements environnementaux réalisés en zone à atmosphère contrôlée est essentielle : toutes les étapes sont génératrices d’incertitudes, nécessitant une approche métrologique afin de garantir la fiabilité des données. L a qualité microbiologique en salle propre est un impon- dérable permettant de satisfaire aux nombreuses obligations de résultats attendus dans ces environnements. Les résultats obtenus vont conduire le plus souvent à de lourdes consé- quences, notamment si des niveaux d’exigences opposables sont atten- dus. Qu’en est-il de la pertinence des résultats fournis par le laboratoire prenant en charge les échantillons issus de prélèvements environne- mentaux réalisés en salles propres et en zones à environnement maîtrisé ? Toutes les étapes, depuis le transport jusqu’au dénombrement et l’iden- tification des micro-organismes, sont sources d’incertitudes. Elles doivent être identifiées, évaluées et suivies. Une approche « métrolo- gique » de la mesure de la biocon- tamination est également indispen- sable pour garantir la fiabilité des résultats : reproductibilité, répéta- bilité et intercomparaison. Synthèse des exigences réglementaires, normatives et recommandations en matière de contrôles microbiologiques en salle propre De nombreux référentiels applicables à la salle propre en industrie pharmaceutique et en établissement de santé pro- posent des critères microbiolo- giques sur l’air, les surfaces, les gants... sans précisions quant aux modes opératoires liés au prélè- vement, au transport et à l’ana- lyse. La norme ISO 14698 sur la biocontamination des environ- nements maîtrisés reste le sup- port à utiliser mais elle présente trop peu d’indications en ce qui concerne les méthodes de prélève- ment. D’où la nécessité de mettre en place des méthodes de prélè- vement standardisées et docu- mentées ainsi qu’une formation rigoureuse des opérateurs les réa- lisant. Ceci implique : • un étalonnage du bio-impacteur d’air selon une fréquence définie par une analyse de risque (capacité de remettre en question les résul- tats depuis le dernier étalonnage conforme) ; • une application des règles d’asep- sie lors de la mise en œuvre du pré- lèvement en fonction de la zone prélevée (désinfection du matériel, hygiène des mains, port des gants, gestuelle, stérilisation et/ou désin- fection des cribles…) ; • une sélection documentée des milieux de culture (adaptée à la flore environnementale, avec ou sans neutralisants, boîte simple ou triple emballée « irradiée », condi- tions de conservation…) ; • un plan d’échantillonnage (nombre de points, répartition, hauteur du point de prélèvement pour l’air…) ; • une traçabilité de suivi des échantillons nécessaires au labo- ratoire pour l’interprétation des prélèvements (zone à risque, état d’occupation lors des prélève- ments, identification des points prélevés, lot et DLC des milieux de culture…) ; • une standardisation du condi- tionnement des boîtes et un trans- port le plus court possible validé par une étude d’impact du temps et de la température ; • une réalisation de témoins positifs (boîtes volontairement contaminées par l’opérateur) et de témoins négatifs (boîtes non prélevées suivant le parcours des prélèvements) ; • une application de critères microbiologiques en fonction du niveau de risque des locaux prélevés ; • une qualification des opérateurs réalisant les prélèvements. SP117-Doss-Polyn.indd 17 05/12/2018 14:55 SAPR0117_017_BA463020.pdf SALLES PROPRES N°117 18 DOSSIER Le laboratoire prenant en charge les prélèvements devra prendre en compte les différents référentiels applicables aux locaux contrôlés et définir sa méthode d’analyse. Par secteur d’activité, on retrouve les textes suivants. Les Bonnes Pratiques de fabrication (BPF) L’industrie pharmaceutique doit se conformer aux exigences des BPF (n° 2015/12 bis). Elles définissent des limites recommandées en pro- duction pour l’air, les surfaces et les gants. Elles ne précisent pas pour autant les milieux de culture et les méthodes d’analyse pour le dénombrement des micro- organismes. Elles attendent que vous justifiiez, argumentiez et donc documentiez vos choix en la matière. Les Bonnes Pratiques applicables aux établissements de santé • La décision du 27 octobre 2010 définissant les règles de bonnes pratiques relatives à la prépara- tion, à la conservation, au trans- port, à la distribution et à la ces- sion des tissus, des cellules et des préparations de thérapie cellulaire (BPTC) reprend les niveaux cibles des BPF. Elles précisent une tem- pérature d’incubation comprise entre + 30 °C et + 35 °C pour la recherche de la flore mésophile et une température comprise entre + 20 °C et + 25 °C pour la crois- sance des moisissures, ainsi qu’une durée totale d’incubation de 2 à 5 jours pour la flore mésophile et de 5 à 7 jours pour les moisissures. • L’arrêté du 3 août 2010 modi- fiant l’arrêté du 11 avril 2008 rela- tif aux règles de bonnes pratiques cliniques et biologiques d’assis- tance médicale à la procréation (BP FIV/PMA) ne précise pas de critères microbiologiques pour les locaux. • Les Bonnes Pratiques de phar- macie hospitalière de juin 2001 (BPPH) définissent un seuil pour la qualité microbiologique de l’air en zone de conditionnement en activité (200 UFC/m3) sans autres précisions. • Enfin, les Bonnes Pratiques de préparation (BPP n°2007/7bis) applicables aux PUI (pharmacies à usage intérieur) et aux officines de pharmacie reprennent les élé- ments des BPF (tableau A). Les référentiels normatifs La norme NF EN ISO 14698-1 et 2 de mars 2004 ne précise pas de tem- pérature d’incubation des prélè- vements mais une durée d’incu- bation des bactéries de 2 à 5 jours et des fongiques de 5 à 7 jours. La révision de cette norme a été abandonnée en 2014 mais devrait être réexaminée en 2019. Le projet de norme PR NF EN 17141 « Salles propres et environnements maî- trisés apparentés – Maîtrise de la biocontamination » est en phase d’enquête publique (n° 2) avec une position nationale française trans- mise le 29 novembre 2018 (avis favorable) et assortie de commen- taires. Sa publication est attendue pour 2019. La norme NF S90-351 d’avril 2013 décrit le milieu de culture type PCA ou équivalent pour la flore bactérienne et le milieu MEA ou Sabouraud pour la flore fongique avec une température de 30 °C pen- dant 5 à 7 jours. La Pharmacopée européenne Elle ne comprend pas de méthode d’analyse d’air et de surfaces en salle propre. Elle reste néanmoins la référence pour l’industrie phar- maceutique pour les analyses d’eaux purifiées, de gaz, d’air comprimé, des produits pour la stérilité et les contrôles de conta- mination microbiologique (bio- burden). Dans le chapitre 2.6.12 A Recommandations pour la surveillance microbiologique des ZAC durant la production Limites recommandées de contamination microbiologiquea Classe Échantillon d’air (UFC/m2) Boîtes de Petri, Ø = 90 mm (UFC/4h)b Géloses de contact, Ø = 55 mm (UFC/plaque) Empreintes de gant, 5 doigts (UFC/gant) A < 1 < 1 < 1 < 1 B 10 5 5 5 C 100 50 25 - D 200 100 50 - a. Il s’agit de valeurs moyennes. b. Certaines boîtes de Petri peuvent être exposées pendant moins de 4 heures. Extrait des BPF (n° 2015/12 bis). 1 Vérification de l’impaction d’un prélèvement La qualification des opérateurs est un point très important. © ©HeX SP117-Doss-Polyn.indd 18 05/12/2018 14:55 SAPR0117_018_BA463020.pdf 19 SALLES PROPRES N°117 DOSSIER décrivant les essais sur les pro- duits non stériles, les conditions d’incubation sont de 30-35 °C pendant 3 jours pour les bacté- ries et 20-25 °C pendant 5 jours pour les moisissures. Cette stra- tégie d’incubation est souvent prise en référence. Les guides Le guide Surveillance microbiologique de l’environnement dans les établisse- ments de santé (CCLIN Sud-Ouest, 2016) précise d’incuber les géloses pour recherche de flore bacté- rienne à 30 ± 2 °C (milieux tous germes) et celles pour la recherche ciblée de fongiques à 22 ± 2 °C (milieux spécifiques) pendant 5 à 7 jours. Le guide CTINLS Surveillance de l’environnement dans les établisse- ments de santé : air, eaux et sur- faces (2002) précise des critères sur la flore totale bactérienne et fongique sans précision sur les méthodes d’analyses. Une révision de ce guide technique national est en phase finale de relecture. Il sera complémentaire du guide du CCLIN Sud-Ouest de 2016. Bilan Cette revue des différents référen- tiels nous amène à deux constats : • l’absence de standards d’ana- lyses microbiologiques de prélè- vements issus de salles propres ; • l’absence de critères qualitatifs concernant le laboratoire réalisant les analyses. En effet, l’analyse des différents référentiels applicables au sec- teur de la salle propre pharma- ceutique et hospitalière repris en référence de cet article fait appa- raître un manque d’homogénéité dans les uploads/Science et Technologie/ ma-pub-pdf-sallespropres117 1 .pdf

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