Rapport de recherche commandité et financé par la DARES (Mission Animation de l

Rapport de recherche commandité et financé par la DARES (Mission Animation de la Recherche) 1 Les indicateurs de richesse et de développement. Un bilan international en vue d’une initiative française Jean Gadrey, Florence Jany-Catrice Avec la participation de Thierry Ribault et Bruno Boidin Laboratoire CLERSE (Université de Lille 1 et IFRESI) Pondération d'indices hétérogènes sans monétarisation PIB "corrigé" par addition ou soustraction de variables monétarisées. Bilans cohérents et suivis Dominante sociale ou socio-économique, développement humain et social Chapitre 1 Ex. : PNUD, ISS, BIP 40 Chapitre 2 : Capital social Chapitre 3 Ex. : Nordhaus-Tobin Chapitre 6 (§ 1) Bilans sociaux ou socio-économiques Dominante environnementale, avec plus ou moins de critères sociaux Fin du chap. 1 Ex. : Dashboard Chapitre 5 Ex. : PIB vert et variantes Chapitre 6 (§ 2) Bilans environ- nementaux ou socio- environnementaux Chapitre 7. Des critères pour évaluer les indicateurs Chapitre 8. Le développement humain durable et les comptes du XXIe siècle Rapport de recherche pour la DARES Mars 2003 Chap. 4 : Osberg-Sharpe Indices synthétiques Bilans Méthode Valeurs ? 2 Les indicateurs de richesse et de développement. Un bilan international en vue d’une initiative française Sommaire Introduction. À la recherche d’indicateurs alternatifs : périmètre, typologie, croissance récente des initiatives et retard français p. 3 Chapitre 1. Les indicateurs synthétiques non monétaires p. 15 Chapitre 2. Que faire du capital social ? p. 42 Chapitre 3. La comptabilité nationale revisitée. Les indicateurs synthétiques monétaires à dominante sociale p. 59 Chapitre 4. L’indice de bien-être économique de Osberg et Sharpe p. 78 Chapitre 5. Les indicateurs synthétiques monétaires à dominante environnementale p. 98 Chapitre 6. Les bilans socio-économiques, environnementaux, ou socio-environnementaux p. 123 Chapitre 7. Des critères pour évaluer les indicateurs p. 148 Chapitre 8. Le développement humain durable et les comptes du XXIe siècle p . 159 Bibliographie p. 174 3 Introduction À la recherche d’indicateurs alternatifs : périmètre, typologie, croissance récente des initiatives et retard français Dans l'introduction d'un ouvrage publié en 1996 par l’un des coauteurs de ce rapport1, l'hypothèse suivante était formulée : "On a coutume de dire que les pays en développement sont à la recherche de la croissance. Si l'on prolonge un peu les thèses de ce livre, les pays occidentaux seraient à la recherche d'un développement après la croissance et d'outils intellectuels pour penser ce développement post-croissance". Six ans plus tard, cette idée reste hypothétique, mais il semble bien que, dans un domaine au moins, la contestation de la "religion de la croissance" soit en marche. Ce domaine est celui des indicateurs alternatifs. À première vue pourtant, l'indicateur central sur la base duquel les sociétés développées formulent leurs jugements globaux de progrès, ou leurs inquiétudes face à l'avenir, est toujours, et peut-être plus que jamais, l'indicateur de croissance économique, c'est-à-dire celui qui mesure les variations du PIB (produit intérieur brut) ou de variantes de ce concept, pivot de la comptabilité nationale. C'est alors le "volume" total des biens et des services produits chaque année dans les secteurs marchands et administrés de l’économie que l'on suit, et dont on mesure les variations, l'expansion ou le repli. Bien entendu, dans le débat public, dans les médias, on trouve d'autres indicateurs majeurs qui attirent régulièrement l'attention, notamment le taux de chômage, le taux d'inflation, et, plus récemment, les principaux indices boursiers. Mais le niveau du PIB et la croissance restent les principaux symboles de la réussite et du progrès. On l'a bien vu, au début de l'année 2002, à propos de la "tempête dans un verre de chiffres" suscitée par la publication de statistiques douteuses d'EUROSTAT, comparant, pour les pays de l'Union Européenne, les niveaux relatifs de PIB par habitant et l'évolution de leur classement depuis 19902. Des critiques anciennes mais pour l'instant sans grand effet La domination de ces critères a, depuis les années 70, et même parfois avant cette date3 fait l'objet de critiques, émanant, parfois, d'économistes, mais, le plus souvent, d'autres acteurs "contestataires", que cette contestation soit plutôt à tonalité sociale (la croissance ne fait pas nécessairement le progrès social), ou à tonalité environnementale (la croissance peut 1 J. Gadrey, Services : la productivité en question, Desclée de Brouwer, 1996. 2 Voir J. Gadrey, "A bas la dictature du PIB !", Le Monde, 23 janvier 2002. 3 On pense en particulier à Bertrand de Jouvenel (voir l’introduction de notre chapitre 3) 4 détruire des ressources naturelles non renouvelables). Mais ces critiques ont eu assez peu d'impacts jusqu'à présent, au moins sur l'institutionnalisation d'indicateurs alternatifs. Cette faiblesse de la critique a des origines diverses. La principale réside dans le fait que, même s'il est vrai que la croissance ne règle pas tout, elle apparaît à beaucoup, et à juste titre, comme capable de dégager des marges de manœuvre et d'améliorer certaines dimensions de la vie quotidienne, de l'emploi, etc. . À court et à moyen terme, elle est donc appréciée positivement par de larges fractions de la population4, d'autant plus larges d'ailleurs qu'on ne leur communique qu'un chiffre final (le taux de croissance réalisé ou espéré), en esquivant la question de son contenu qualitatif (qu'est-ce qui s'est amélioré ?). On se garde bien de préciser, par exemple, ce qui revient aux uns et aux autres (le "partage de la valeur ajoutée")5. Et l'on évoque encore moins certains problèmes de mesure pourtant redoutables et qui fragiliseraient la religion du taux de croissance s'ils venaient à être connus6. Mais il y a d'autres raisons permettant de rendre compte de cette relative impuissance de la critique. L'une d'elles est la faiblesse des évaluations alternatives qui ont pu être proposées jusqu'à ces dernières années : faiblesse scientifique et méthodologique, et faiblesse dans la production de sens. La croissance économique a pour elle un socle méthodologique assez cohérent en principe (dans les faits, c'est une autre affaire), une histoire de plus de trois quarts de siècle, des institutions fortes et qui peuvent la défendre contre les trublions, une capacité à produire du sens. Du sens certes purement économique et "volumique", mais du sens quand même. Or il semble bien que, dans la recherche d'indicateurs ou de batteries d'indicateurs à la fois "défendables" scientifiquement et capables de fournir un sens alternatif (une vision enrichie de la richesse), l'on assiste, depuis quelques années, à d'authentiques avancées. Il n'est pas possible de savoir aujourd’hui si ces innovations se diffuseront et si elles accèderont à un statut social et scientifique d'une "grandeur" comparable à celle de la croissance, mais le fait est qu'elle se multiplient, qu'elles convergent parfois. C'est l'un des domaines d'innovation les plus dynamiques de la socio-économie contemporaine. C'est à un bilan international de ces innovations qu'est consacré le présent rapport. Le périmètre des indicateurs recensés et analysés Notre rapport vise, pour l'essentiel, des recherches, études, et contributions statistiques, ayant pour objet central la mise au point d'indicateurs synthétiques et de bilans nationaux, soit en vue de comparaisons internationales, soit à des fins de mesure de variations dans le temps, avec comme point commun une volonté explicite, de la part des concepteurs et des propagateurs, de contrebalancer les jugements de progrès purement économiques. Il s'agit donc dans presque tous les cas d'indicateurs (ou de batteries d'indicateurs considérées comme un tout, et construites avec une volonté d'articulation et de complémentarité des composantes) "socio-économiques", en ce sens qu'ils tentent de prendre en compte à la fois des critères économiques, des critères humains et sociaux, et pour beaucoup d'entre eux des critères environnementaux. On peut les qualifier d'"alternatifs", parce qu'ils visent à créer une alternative aux indicateurs traditionnels et dominants de croissance économique ou de 4 C'est un point sur lequel insiste Bernard Perret (Esprit, novembre 2000) ce qui a suscité certaines réserves de notre part (J. Gadrey, Esprit, février 2001). 5 Simon Kuznets, le père de la comptabilité nationale américaine, disait pourtant dès 1934, devant le Congrès, que "Le bien-être d'une nation ne peut guère se déduire de la mesure du revenu national", qu'il convenait de distinguer "la quantité et la qualité de la croissance", et que l'essentiel des décisions à prendre en la matière portait sur " la croissance de quoi, et pour qui". 6 Voir J. Gadrey, "Croissance et productivité : des indicateurs en crise larvée", Travail et Emploi, n° 91, juillet 2002, p. 9-17. 5 consommation, sans se priver dans bien des cas d'utiliser ces derniers comme composants de leurs mesures multidimensionnelles. Cette orientation un peu restrictive de notre projet (plus restrictive que ce que nous avions envisagé au départ), qui résulte d'échanges avec la DARES, laisse donc de côté un grand nombre de travaux portant exclusivement sur l'une de ces trois dimensions, sauf évidemment lorsqu'ils contiennent des tentatives de "correction" d'indices unidimensionnels sur la base d'autres dimensions (exemple : correction du PIB par la monétarisation de certaines variables sociales ou environnementales). Nous avons également conservé, dans la mesure où ils auraient vocation à s'insérer dans des bilans globaux de développement, les plus ambitieux et les plus connus des travaux récents sur des indicateurs sociaux synthétiques ou composites, tels que ceux de Robert Putnam sur le uploads/Science et Technologie/ rapport-gadrey-indicateurs-richesse-developpement.pdf

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