Cevriye Demir Güneş | Sur la nature nécessaire de la liberté chez Jean-Paul Sar

Cevriye Demir Güneş | Sur la nature nécessaire de la liberté chez Jean-Paul Sartre 35 M A R Z O 2 0 1 2 Sur la nature nécessaire de la liberté chez Jean‐Paul Sartre Cevriye Demir Güneş Département de Philosophie, Faculté des Lettres Université Gazi, Turquie Résumé Dans cette étude nous nous focalisons sur les modalités de l’être, l’être‐en‐soi et l’être‐pour‐soi qui sont la fondation de l’idée de liberté chez Jean‐Paul Sartre. Nous essayons, d’une part, de décrire son explication de la source de l’être comme la condamnation de l’Homme – être de conscience – à la liberté, et, d’autre part, nous essayons de montrer la réalisation de soi par l’Homme qui perçoit sa liberté aussi comme une limite de son existence par le biais de ses possibilités. Mots clés J.‐P. Sartre (1905 – 1980) ; liberté ; être‐en‐soi ; être‐pour‐soi ; conscience ; nécessité ; libre arbitre. Cevriye Demir Güneş | Sur la nature nécessaire de la liberté chez Jean-Paul Sartre 37 M A R Z O 2 0 1 2 Sur la nature nécessaire de la liberté chez Jean‐Paul Sartre Cevriye Demir Güneş Département de Philosophie, Faculté des Lettres Université Gazi, Turquie Introduction Chez Sartre, la nature de la liberté est parallèle à la réalisation de sa propre essence de l’être, la conscience et l’Homme. Pour cette raison, il faut montrer a priori le sens de la conscience, de l’être et de la liberté chez Sartre. Il commence son livre La Transcendance de l’Ego où il analyse la conscience et l’ego par ces mots : “Nous voudrions montrer ici que l’Ego n’est ni formellement ni matériellement dans la conscience : Il est dehors, dans le monde; c’est un être du monde, comme l’Ego d’autrui.”1 D’après ces opinions du philosophe français, on peut dire qu’il ne prend pas l’Ego en considération avec son côté déterminant dans la vie formelle, matérielle ou psychique et ne perçoit point l’Ego comme un être de conscience. Alors que la conscience et l’ego ne sont pas les mêmes choses, ils ne se rejettent pas car la source de l’ego, c’est la conscience qui pense aux activités psychiques du passé. Alors, qu’est-ce que c’est, la conscience? Et quelle est sa relation avec l’ego? Selon Sartre, étant une présence sans nuance et claire pour l’Homme, la conscience a une existence absolue étant donné que c’est sa propre conscience. Ce qu’il la rend absolue, c’est d’être consciente de sa propre existence. L’objet de la conscience est par nature en dehors d’elle-même. La conscience n’appartient à soi. Et le soi n’appartient ni à l’objet ni à la conscience. Le soi n’est qu’une chose pour la conscience. Dans ce sens, Sartre place la conscience dans un champ transcendantal impersonnel et considère que le soi n’est qu’un produit réfléchi. D’un autre coté, il ne considère pas le soi dans le même plan que le cogito contrairement à Descartes. Pourtant la conscience réfléchie doit quand même exister pour l’apparition du soi. En résumé, le soi est pour Sartre un être dont la réalité est exactement comme les êtres mathématiques et qui se montre avec une conscience réfléchie et un acte réflexif. C’est-à-dire, le soi ne dépend pas de la conscience et n’est pas une forme formelle de la conscience mais il est l’ego qui se montre d’une manière passive et active et qui est l’ensemble des actes, des situations et des qualités.2 Les concepts de conscience et d’ego ne peuvent pas se comprendre tous seuls indépendamment de l’être ou de l’existence car l’existence se montre dans les actes de l’Homme en tant qu’être-pour-soi défini par la conscience. Sartre distingue deux modalités de l’être; l’être-en-soi et l’être-pour-soi. Il propose aussi une troisième modalité en tant qu’extension de l’être-pour-soi : l’être-pour-autrui. Dans son livre, L’Être et Le Néant défini par 1 Jean-Paul Sartre, La Transcendance de l’Ego, trad. en turc, Serdar Rıfat Kırkoğlu, éd. Alkım, p. 45, İstanbul, 2003. 2 J.-P. Sartre, ibid, pp. 49-67. Sur la nature nécessaire de la liberté chez Jean-Paul Sartre | Cevriye Demir Güneş 38 M A R Z O 2 0 1 2 Derrida comme “l’onto-phénoménologie de la liberté”3, Sartre considère que l’être-en-soi qui appartient au champ des choses indépendantes de la conscience n’est qu’une plénitude, une clôture et une immanence existantes et absolues. Il n’est ni activité ni passivité mais n’est que la contingence pure. L’être-en-soi est l’être du phénomène et un manque absolu de relation et n’appartient pas à l’étendue ni au temps, qui sont des concepts propres à l’Homme. Donc, l’être-en-soi est hors du temps et en même temps il est ce qu’il n’est pas la conscience4. Le fait que l’être-en- soi est propre à soi veut dire qu’il est ce qu’il est (l’être est ce qu’il est). La plénitude de l’être-en-soi avec lui- même est infinie. Sartre appelle cela l’identification de l’être-en-soi avec soi-même. Car selon lui, le principe d’identité est l’extrémité du rassemblement. Celui qui est identique est plein avec soi-même. Dans ce sens, pour Sartre “il n’y a aucun vide ni aucune fracture dans l’être par lesquels le néant pourrait fuir. La caractéristique de la conscience, au contraire, c’est qu’elle est une décompression d’être. Il est impossible en effet de définir la conscience comme coïncidence avec soi : “… la conscience ne coïncide pas avec elle-même d’un point de vue réfléchi qui change le phénomène de conscience qu’elle dégage.5 Le caractère de l’être-pour-soi qui se produit par la négation de soi et la néantisation de soi de l’être-en- soi et qui est considéré comme défini par la conscience est le fait qu’il ne se coïncide pas. Sartre appelle cela l’état d’être en équilibre entre la présence à soi, donc l’identité et l’unité comme une synthèse de la multiplicité. Selon Sartre, toutes ces descriptions nous donnent la loi d’être de pour-soi, c’est-à-dire “devenir soi-même sous la forme de la présence á soi”. Dans ce contexte, l’existence de la conscience est d’exister avec une distance à soi-même comme présence à soi et cette distance qu’elle garde dans sa propre existence est le néant. Le néant est toujours un ailleurs, il est toujours une nécessité d’exister sous la forme d’un ailleurs de pour-soi. Il est une nécessité d’exister qui s’inflige constamment une incohérence de l’être. Le néant est le vide de l’être, il est la chute de l’être-en-soi vers soi-même afin de créer l’être-pour-soi. 6 Chez Sartre, l’être-en-soi est absolu et n’existe que d’après soi-même. C’est à dire, il est « l’être est soi ». Il n’a de lien avec aucun être. Selon Sartre, l’être-en-soi n’est pas un être qui est produit de ce qui est possible ou de ce qui est nécessaire. “L’être est sans limite soi-même et se consume en étant soi-même”. Étant donné que Sartre voit l’être-en-soi dans le champ phénoménal, ce qui existe dans ce champ ne peut jamais se produire d’un autre existant. Cela est la contingence de l’être-en-soi. En d’autres termes, l’être-en-soi ne peut pas être dérivé du possible qui est un état de l’être-pour-soi. L’être-en-soi n’est jamais possible ou impossible, il ne fait qu’exister. Tout cela indique que l’être-en-soi est un être de trop qui n’a pas été créé et qui n’a pas de raison d’existence.7 Cet état de l’être-en-soi est absurde et en même temps, il est un être “de trop”. La rencontre de l’être-pour- soi et l’être-en-soi montre précisément la rencontre avec cette situation absurde. Le roman intitulé La Nausée de 3 Zeynep Direk, Bir Entelektüel Olarak Jean-Paul Sartre (´Jean-Paul Sartre En Tant Qu’Intellectuel), Doğu Batı, Entellektüeller I (Les Intellectuels I), vol. 35, p. 122, Ankara, 2006. 4 J.-P. Sartre, 2003, pp. 17-18. 5 J.-P. Sartre, L’Être et le Néant trad. en turc, Turhan Ilgaz, Gaye Çankaya Eksen, éd. İthaki, p. 134, İstanbul, 2009. 6 J.-P. Sartre, ibid, pp. 137-139. 7 J.-P. Sartre, 2009, p. 44. Cevriye Demir Güneş | Sur la nature nécessaire de la liberté chez Jean-Paul Sartre 39 M A R Z O 2 0 1 2 Sartre décrit la rencontre de l’Homme avec cet être absurde. Le protagoniste de ce roman, Roquentin, se rend compte qu’il est aussi un des objets dans ce monde et trouve son existence ridicule et inutile8. Sartre fait Roquentin dire ceci: “Nous étions un tas d’existants gênés, embarrassés de nous-mêmes. Nous n’avions pas la moindre raison d’être là, ni les uns ni les autres, chaque existant, confus, vaguement inquiet, se sentait de trop par rapport aux autres. De trop: c’était le seul rapport que je pusse établir entre ces arbres, ces grilles, ces cailloux.” (La Nausée, 181) Par conséquent, on peut dire que l’Homme trouve l’histoire de sa propre existence en rencontrant l’être-en-soi. Sartre ne voit pas cette rencontre existentielle comme une nécessité car selon lui, exister, c’est juste “être-là”.9 Alors il faut que l’être-pour-soi qui démontre le monde, donc la conscience, apparaisse. L’être-pour-soi est créé par la négation et la néantisation de l’être-en-soi. Par cet acte de négation, l’Homme avec conscience qui est l’être-pour-soi apparaît. L’apparition de l’acte de négation ne peut se comprendre que par l’acceptation du fait que l’être précède le néant et uploads/Science et Technologie/ sur-la-nature-necessaire-de-la-liberte-chez-jean-paul-sartre.pdf

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