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LES CHEFS-D'ŒUVRE DE , r AU MUSEE DES ARTS ET TRADITIONS DE LIBREVILLE Louis PERROIS Rotary Club de Libreville - Okoumé Préface L eMusée National des Arts et Traditions asu recueillir une collection remarquable et sans cesse enrichie de chefs-d'œuvre de l'Art Gabonais. Il s'agit d'un héritage traditionnel, très diversifié, qui témoigne du génie artistique et culturel de toutes nos Provinces. Les œuvres d'art présentées possèdent un exceptionnel pouvoir d'expression qui fascine et déconcerte les spécialistes de l'histoire de l'art. Il me plaît de constater que l'art et la culture s'affirment et s'épanouissent aux sources retrouvées et préservées de nos traditions et de nos valeurs les plus authentiques. Ce témoignage de notre patrimoine traditionnel nous permet d'affirmer notre dignité. Car une société sans tradition, c'est-à-dire sans culture, est une société dépersonnalisée. C'est dans notre héritage traditionnel que nous devons puiser la force de relever les défis cruels que nous offre le monde contemporain. C'est pour moi un grand réconfort d'observer la renaissance des traditions artistiques dans la jeunesse qui recherche passionnément des explications à nos com- portements traditionnels. Il faut encourager les jeunes à redécouvrir notre fond culturel commun, afin de préserver notre originalité gabonaise et de déboucher sur un modèle de civilisation qui, sans imiter ou emprunter aux autres, sache aussi refléter les réalités de notre époque. Sachons rester nous-mêmes et prendre conscience de notre solidarité avec nos villages et nos campagnes, authentiques héritiers de notre art et de notre culture. C'est pourquoi je tiens à remercier et à rendre hommage au Rotary Club de Libreville -Okoumé et à son Président d'avoir pris l'heureuse initiative de publier les chefs-d'œuvre de l'Art Gabonais. -===-=::::=:::::=:::::::=====::t:~=:: ~ ,..- El Hadj Omar BONGO Président de la République L'ART GABONAIS DANS LE MONDE BANTU Le Musée National des Arts et Traditions du Gabon constitue le principal lieu de restitution des chefs-d'œuvre de l'Art Gabonais. Inauguré en 1967 et, depuis ce temps, les chercheurs ont réuni dans ce musée de nombreux objets d'art traditionnel qui sont un témoignage éloquent de notre patrimoine artistique et culturel. En effet, pour les cubistes, les Gabonais restent les inventeurs d'une des formes les plus prestigieuses de l'art nègre. C'estpar leurs formes variées que les œuvres d'art gabonais ont conquis une première place dans les musées réels et imaginaires. On a pu dire des statuettes gabonaises qu'elles représentent «l'homme total» et que (~amais peintres ou sculpteurs naturalistes n'ont pu obtenir un tel résultat». L'ait kota, par exemple, est, dit-on, l'un des plus célèbres parmi les arts nègres. On apu le dire (avec l'excès de l'admiration), «sans équivalent dans l'art d'aucune autre partie du monde à aucune époque». Un autre exemple, la pierre de Mbigou, bien connue à l'extérieur du Gabon. Elle nous a déjà représenté dignement aux grandes expositions internationales: France, Allema- gne, Canada, Japon, etc... pour ne citer que celles-là. Ces quelques exemples illustrent bien la grandeur de l'art gabonais, voire de l'art nègre. En effet, d'après une grande figure du monde culturel gabonais, «L'art est pour l'Afrique le domaine qui lui apporte ses titres de noblesse. Il serait regrettable pour le Gabon de renier ou même de négliger un passé artistique qui est le témoignage d'une civilisation et d'une organisation sociale très vive». Ceci confirme d'ailleurs ce que le Président Bongo al'habitude de dire, àsavoir que l'Afrique n'est pas venue les mains vides au rendez-vous des civilisations. Notre continent a apporté une contribution de premier plan à la connaissance de l'homme et à son savoir-faire, c'est-à-dire aux beaux-arts et à plusieurs autres secteurs de la pensée humaine. Il nous reste à reconnaître nous-mêmes ce patrimoine, plus sérieusement qu'on ne l'a fait jusqu'à présent et, àle faire connaître aux autres. Voilà qui justifie l'édition du présent catalogue. Dans le cadre de cette diffusion de notre patrimoine culturel et artistique, il convient justement de rappeler ici la création, le 8janvier 1983, par le Président Bongo, du Centre International des Civilisations Bantu (CICIBA). 7 Si une telle initiative est venue de notre Chef d'Etat, c'est parce qu'en réalité le Gabon fait partie intégrante du monde bantu dont l'art semble aujourd'hui diversifié. Cette diversité témoigne d'une richesse extraordinaire de l'inspiration et de l'aptitude de nombreux groupes bantu àexprimer leur originalité. Elle résulte également des grandes mutations qui ont accompagné les événements importants de l'histoire, comme les avatars des grands courants commerciaux, l'islamisation et l'esclavage, la formation des Etats etc... L'unité artistique et culturelle originelle bantu a dû ainsi disparaître très tôt. Il importe de la retrouver. Dans cette perspective, l'article 4 de la convention portant création du CICIBA stipule: «Foyer de recherche, de documentation, de diffusion, d'animation, de formation et de coordination, le Centre a pour objectifs: de conserver, de promouvoir, de préserver les valeurs authentiques des civilisations bantu, patrimoine culturel commun aux peuples de langues et de culture bantu du Nord et du Sud de l'équateur, ainsi qu'à ceux de la diaspora». Entre autres instruments pour atteindre ses différents objectifs, le CICIBA a prévu dans ses programmes la mise en place d'un musée. L'importance de celui-ci apparaît dans le dessein même du Centre, à savoir l'étude et la conservation du patrimoine culturel, la connaissance et le rapprochement des peuples bantu. Le musée du CICIBA reflètera tous les points de l'histoire du monde bantu et de son évolution. Il présentera au public les traditions les arts, les technologies spécifiques de tous les peuples bantu. Ce musée comprendra plusieurs salles d'expositions (expositions d'arts, expositions traîtant de toutes les technologies artisanales du monde bantu, etc...). Ces salles d'exposi- tions présenteront des objets représentant des traits de l'identité culturelle bantu. Avec le Musée du CICIBA, l'art gabonais connaîtra certainement un rayonnement nouveau àtravers le monde bantu. En attendant, le Gabon, siège social du CICIBA, poursuit les efforts de modernisation de son Musée National des Arts et Traditions. La collection présente du Musée de Libreville vient d'ailleurs d'être renforcée, par la collecte àtravers tout le pays des objets d'art représentatifs de chaque province. Il va de soi que le programme d'implantation de musées provinciaux reste maintenu. Car, ces musées de l'intérieur du pays vont constituer la source d'alimentation du Musée National des Arts et Traditions du Gabon et du Musée du CICIBA, pour une meilleure connaissance et pour la pérennité de l'art gabonais. Jean-Emile MBüT Ministre de la Culture, des Arts et de J'Education populaire 8 , LE MUSEE NATIONAL DES ARTS ET TRADITIONS Le Gabon sur les plans politique et économique a connu une évolution specta- culaire qui, selon différents experts, suscite l'admiration. Dans cette évolution, la dimension culturelle n'a pas été négligée, comme en témoigne la création d'un Ministère propre aux Arts et àla Culture. Ce Ministère technique a pour vocation: - d'une part, de s'occuper de la conservation, la promotion et la diffusion du patrimoine culturel, - et, d'autre part, de définir l'orientation de la politique culturelle. Dans cette mission assignée au Ministère de la Culture, des Arts et de l'Education Populaire (MCAEP) le Musée aun rôle primordial àjouer. Toutefois, l'importance d'un Musée n'est pas toujours, dans notre pays, perçue avec clarté par tous. L'accession de notre pays, où était niée naguère la culture «indigène», à la souveraineté nationale et internationale implique la prise de conscience par tous de notre maturité et de notre volonté de prendre en charge notre patrimoine culturel. Car nous assumer s'entend dans les domaines politique et économique mais aussi et surtout dans le domaine culturel. Le Musée des Arts et Traditions est une des institutions qui matérialisent l'intérêt que nous portons àla recherche et àla préservation de notre identité culturelle. Ainsi le Musée contribue àl'épanouissement de la conscience nationale, ferment et ciment de l'Unité Nationale. L'HISTOIRE DU MUSEE Les bases du Musée National des Arts et Traditions sont jetées lorsque le Gouvernement Gabonais, au début de l'Indépendance, signe une convention avec l'Office Français de Recherche Scientifique et Technique d'Outre-Mer (ORSTOM) par laquelle il est chargé de recueillir et d'étudier les expressions culturelles des peuples du Gabon. C'est à cette époque que sont constituées les premières collections d'objets, de documents sonores et photographiques qui permettent au Président Léon MBA, le 4 octobre 1963, d'inaugurer le «Petit Musée» situé au quartier Montagne-Sainte dans l'ancienne villa d'Herbert pepper, père du Musée National. 9 Les missions de collecte se poursuivent sur le terrain grâce notamment à deux ethnologues Pierre Sallée et Louis Permis aidés de techniciens gabonais Elie Ekoga Mvé, lean-de-Dieu Moubegna et Pascal Hembe. Les collections augmentent de telle façon que, fin 1966, le Musée doit s'installer dans un vaste bâtiment colonial sur l'avenue de la Présidence. Le nouveau Musée baptisé Musée des Arts et Traditions est inauguré le 27 novembre 1967. En 1974, Louis Permis cédera la direction du Musée àun jeune anthropologue lean-Emile Mbot, le futur ministre des Arts et de la Culture qui lui-même confiera au soussigné en 1983 cette responsabilité, après avoir été précédé par deux compatliotes. En juillet 1975, l'institution passe de la tutelle du Ministère de l'Education Nationale à celle du Secrétariat de la Culture et des Arts et émigre peu après en 1976 dans uploads/Societe et culture/ 23391.pdf

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