BALESTRA Raymond / CHARLES Christine / ROUX Richard / Conseillers Pédagogiques

BALESTRA Raymond / CHARLES Christine / ROUX Richard / Conseillers Pédagogiques Départementaux en Arts Plastiques Inspection Académique / BP 3001 / 06201 Nice Cedex 3 / Tel 04 93 72 64 59 / Fax 04 93 72 64 86 1 Modes et travaux : un vestiaire pour l’imaginaire « Pourquoi parler de la mode ? C’est un sujet intéressant ? Un sujet à la mode ? » Georges Perec La thème retenu cette année pour le Festival Arts Plastiques Enfant (FAPE) peut surprendre si l’on s’arrête au seul mot de mode et nous amener très rapidement à nous questionner sur la pertinence d’une telle thématique. Deux orientations essentielles nous ont guidées dans ce choix : l’une est d’ordre artistique et culturel. A l’instar de l’Art Contemporain, la mode véhicule une pensée active, elle est le reflet d’une époque, elle exprime une esthétique du présent, en bref, elle propose une vision du monde. Comme les Arts, elle joue de l’artifice et de la nouveauté et illustre bien davantage l’ordre du désir que celui de la réalité. Certes la Mode n’appartient pas aux Beaux Arts, elle est un art appliqué puisqu’elle poursuit un but utilitaire et produit des objets ayant un usage. Cependant, s’il faut se méfier des amalgames, les connexions entre le monde des Arts et celui de la mode sont multiples : engagement dans une grande diversité de processus de création, collaborations entre créateurs et artistes, souci partagé d’interrogation du monde, de son actualité, de son histoire, de sa diversité culturelle, questionnement sur la mise en scène du corps humain … L’autre raison est d’ordre pédagogique et se réfère aux textes officiels. L’ouverture des Arts Plastiques aux Arts Visuels propose de faire entrer à l’école une réflexion sur d’autres domaines de création et en particulier sur le design de mode qui façonne notre quotidien et fait partie des champs d’investigation que nous pouvons désormais proposer à nos élèves. En effet comme les peintres et les sculpteurs, les créateurs de mode jouent avec les matières et les couleurs pour les associer et donner naissance à des formes nouvelles en utilisant des gestes traditionnels ou des procédés de haute technologie. Enfin, comme certains artistes plasticiens, les stylistes de mode mettent en scène le corps humain et rejoignent - au delà de la très contemporaine problématique de la présentation /représentation de soi - la thématique du portrait en habit qui jalonne l’histoire de l’art. C’est pourquoi, nous nous sommes attachés à tisser dans ce dossier les liens étroits qui unissent ou opposent l’univers des Arts Plastiques au monde de la mode sans pour autant en négliger les aspects sociologiques, historiques ou les fonctions symboliques. Vous y trouverez en outre différentes entrées plus spécifiquement pédagogiques déclinées sous forme de tableaux et de pistes à explorer avec vos élèves. Les Conseillers Pédagogiques Départementaux en Arts Plastiques Christine Charles / Raymond Balestra / Richard Roux BALESTRA Raymond / CHARLES Christine / ROUX Richard / Conseillers Pédagogiques Départementaux en Arts Plastiques Inspection Académique / BP 3001 / 06201 Nice Cedex 3 / Tel 04 93 72 64 59 / Fax 04 93 72 64 86 2 Sommaire Introduction ….1 Sommaire ….2 Approche culturelle Corps et peau culturelle ….5 Les fonctions du vêtement ….11 Symbolique ….13 Expressions et proverbes ….19 La couturière ….21 Matières et matériau ….25 Emprunts et influences ….28 Mode et cinéma ….33 Mode et société ….35 Art et mode ….38 Approche pédagogique Tableau général ….42 Symbolique et linguistique ….43 Imaginaire ….45 Espace ….47 Temps ….49 Corps ….51 Communication ….53 Matières et matériaux ….55 Gestes et techniques ….57 Objets ….59 Sens ….61 BALESTRA Raymond / CHARLES Christine / ROUX Richard / Conseillers Pédagogiques Départementaux en Arts Plastiques Inspection Académique / BP 3001 / 06201 Nice Cedex 3 / Tel 04 93 72 64 59 / Fax 04 93 72 64 86 3 Approche historique Une histoire de la mode Introduction ….64 Des origines au XIIème Siècle ….65 De Philippe Auguste à Charles VIII ….66 La renaissance et le règne de Henri IV ….67 Les règnes de Louis XIII et de Louis XIV ….68 D’une révolution à l’autre ….70 Le costume romantique sous Louis Philippe et Napoléon III ….71 La Belle Epoque ….72 L’entre deux guerres ….75 L’occupation ….78 Les années 50 ….80 Les années 60 ….82 Les années 70 ….86 Les années 80 ….88 Les années 90 ….92 Les années 2000 ….95 Bibliographie BALESTRA Raymond / CHARLES Christine / ROUX Richard / Conseillers Pédagogiques Départementaux en Arts Plastiques Inspection Académique / BP 3001 / 06201 Nice Cedex 3 / Tel 04 93 72 64 59 / Fax 04 93 72 64 86 4 Approche culturelle BALESTRA Raymond / CHARLES Christine / ROUX Richard / Conseillers Pédagogiques Départementaux en Arts Plastiques Inspection Académique / BP 3001 / 06201 Nice Cedex 3 / Tel 04 93 72 64 59 / Fax 04 93 72 64 86 5 Corps et peau culturelle Outre le langage articulé, la station debout et l’usage des outils, ce qui distingue l’homme de l’animal, c’est le vêtement. Dès la naissance, le corps est marqué de l’empreinte du sceau culturel : c’est là une pratique universelle. Le corps remodelé des cultures tribales « Il fallait être peint pour être homme » affirmait Lévi-Strauss. Depuis les temps les plus reculés, l’être humain a fait appel à toute une diversité de techniques pour modifier son apparence : Nouer, raser, tresser, colorer, couper, décorer ses poils et ses cheveux… Peindre, tatouer, scarifier, percer sa peau… Orner, parer le corps de plumes, de fleurs, de coquillages, de pierres, d’objets métalliques… Cacher son corps sous des fourrures, des cuirs, des végétaux, des tissus… Certains ethnologues interprètent ces modifications corporelles comme une caractéristique signifiante de l’espèce. Par ces pratiques, le corps naturel se mue en corps culturel, à la fois véhicule et support de communication, d’expression et d’identité. La parure du corps organise le social : il rend visible les statuts et les frontières donne cohésion et stabilité à l’ordre social. Le corps remodelé de notre société occidentale La version religieuse Dieu créa l’homme nu, mais avec le péché originel, Adam et Eve découvrirent leur nudité et par corollaire la pudeur. Avec la chute originelle, naquit l’ordre vestimentaire et une conception coupable du corps : suspicion envers la chair comme source de corruption. De plus, l’homme fait à l’image de Dieu ne souffre pas de retouche qui ne soit associée au péché ou à la souillure. Il est étonnant de remarquer que ces conceptions propres à l’Ancien Testament s’opposent aux dogmes de l’Incarnation et de l’Eucharistie du Nouveau Testament selon lesquels le corps devrait reprendre une place déculpabilisée. Pendant des siècles, en occident, c’est le vêtement qui organise et révèle l’ordre social : habit pour les religieux, manteau pour les rois et les princes, le vêtement est comme tissé des qualités de celui qui les porte dans toutes les strates de la société des élites jusqu’aux marginaux. BALESTRA Raymond / CHARLES Christine / ROUX Richard / Conseillers Pédagogiques Départementaux en Arts Plastiques Inspection Académique / BP 3001 / 06201 Nice Cedex 3 / Tel 04 93 72 64 59 / Fax 04 93 72 64 86 6 La version de la tradition philosophique Refusant de voir le corps comme un élément constitutif du moi (considéré comme pure construction mentale « Je pense donc je suis »), le cartésianisme apporte sa pierre à l’édifice. L’enveloppe corporelle est réduite à l’état d’encombrant. La version médiatique contemporaine Longtemps, le corps représenté dans la photo de mode fut un corps parfait, sublimé par la technique (lumière, profondeur de champ, perfection du grain…) pour en donner une vision idéalisée sous une forme de beauté canonisée. Aujourd’hui de multiples variations apparaissent dans le champ de l’image. Elles peuvent cependant être rangées selon deux catégories. Une première orientation prend le contre pied de la tradition et rend compte d’une banalité du corps. Il est montré dans une absence de maquillage qui en donne une vision inesthétique à tendance biographique et produit un effet de réel. Une seconde orientation renoue avec la tradition mais dans un imaginaire actualisé, le corps y est d’une artificialité extrême, mécanisé et travaillé selon une fantasmatique toute contemporaine. Le corps et le vêtement dans le domaine artistique Le corps Longtemps le corps humain fut exclu du domaine artistique. Cependant, au cours du XXème Siècle, certains artistes ont replacé le corps et la chair au centre de l’expérience artistique : - La libération du geste et de l’expression physique : des Impressionnistes (fragmentation de la touche) à la peinture gestuelle de Jackson Pollock (peinture comme enregistrement d’une dynamique physique). - L’intégration du corps de l’artiste au processus et au produit artistique : du surréalisme au Performance Art (présence du corps réel de l’artiste). - La transformation effective du corps de l’artiste : de Van Gogh (l’oreille coupée) au artistes du Body Art (corps de l’artiste comme médium ou matériau plastique). Andy Warhol se transforme pour se mettre en scène. Jean-Luc Verna recouvre son corps de tatouages et se met en scène pour être photographié dans uploads/Societe et culture/ modes-et-travaux-un-vestiaire-pour-limaginaire.pdf

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