Remerciements PRELIMINAIRE Localisation Source : Couverture (dos du livre) de M
Remerciements PRELIMINAIRE Localisation Source : Couverture (dos du livre) de Mythes, rites et transes à Madagascar, de JAOVELODZAO (Robert) I Historique Nous présentons ici un bref aperçu historique des Betsimisaraka (une ethnie de la côte orientale de Madagascar) et de la région qu’elle occupe, aperçu historique auquel se rapporte en grande partie l’aspect socioculturel ou traditionnel des contes constituant notre corpus. Les Betsimisaraka se répandent dans la partie orientale de Madagascar, dans la province de Toamasina : de Mahanoro au Sud jusqu’à Sambava au Nord 1 . Même s’il existe deux catégories de Betsimisaraka (Antatsimo ceux du Sud, situés de Brickaville à Mahanoro et Antavaratra ceux du Nord, de FénériveEst à Sambava), ils sont « désignés sous le nom tribal de Betsimisaraka » 2 . Le nom de Betsimisaraka peut être divisé comme suit > betsy(i)misaraka Généralement, il est composé de : be : un adjectif qui signifie immense, grand ; tsy : l’adverbe ne … pas, et ; misaraka : qui veut dire se séparer. L’assemblage de ces trois éléments donne le mot Betsimisaraka qui signifie « les nombreux qui ne se séparent pas, qui restent toujours ensemble dans la vie quotidienne ». 3 D’après l’histoire 4 , cette région est l’une des premières régions habitées de Madagascar, à une période, pendant laquelle l’écriture n’existait pas encore. L’oral était le moyen de communication et d’éducation. Jusqu’à ce jour, malgré la présence de l’écriture, l’oralité domine toujours et garde son importance dans la société betsimisaraka que ce soit dans la vie quotidienne ou dans les grandes occasions ou cérémonies. 1 Eugène Régis MANGALAZA, Vie et Mort chez les Betsimisaraka, essai anthropologique, p.11. 2 Salomon RAHATOKA, Pensée religieuse et rituels Betsimisaraka, in Ny Razana tsy mba maty, Cultures traditionnelles Malgaches, Université de Nice, Association malgache d’archéologie, p.35. 3 Fulgence FANONY, Etudes de littérature orale Betsimisaraka du Nord, Thèse de Doctorat, inédit, p.12. 4 Edouard RALAIMIHOATRA, Histoire de Madagascar, des origines à la fin du 19 e siècle, 1955, p.37. 7 INTRODUCTION La richesse de la culture malgache demeure essentiellement dans l’orature 5 . Dans l’ensemble du pays (Madagascar), la population a maintenu l’oral dans la vie quotidienne, surtout à la campagne. Le retard de l’introduction de l’écriture, c’està dire, de l’enseignement à l’école, est l’une des raisons de la résistance de l’orature dans les sociétés malgaches. Les cérémonies traditionnelles telles que la circoncision famorana, le mariage fanambadiana, les voeux tsikafara,… perpétuent l’orature dans la tradition sociale ; chacune de ces cérémonies issues de la société ellemême respecte la tradition selon les ethnies et leur évolution. Malgré la modernisation et l’imitation (ou les interférences culturelles), la plupart des traditions ancestrales se maintiennent surtout dans certaines régions pour honorer et respecter les ancêtres. Ce respect de la tradition demeure toujours un acte sérieux et important pour un Malgache. Toute sa vie, il se doit de célébrer ses ancêtres (retournement des morts, changer le lamba, prendre soin de ceux qui sont encore vivants,…). Chaque cérémonie a son déroulement propre. La plupart des rituels demeurent oraux car les discours cérémoniels sont gravés dans la tête des orants (les sages de la famille, de la société) qui prennent la parole. Seuls les papiers administratifs autorisant certaines pratiques sont accouchés sur papiers. L’individu grandissant acquiert des expériences au fur et à mesure qu’il assiste à des cérémonies traditionnelles ; il entend les discours y afférents. Une personne intéressée enrichit facilement son savoir. Les jeunes apprennent à parler dans certaines circonstances. Ils posent des questions pour éviter des impairs lorsqu’ils s’adressent à des plus âgés, à des cadets, à des égaux. Voici un exemple qui illustre la longueur de la salutation traditionnelle qui est toujours utilisée et respectée ; cette formule permet aux jeunes de démontrer leur bonne éducation : 5 Littérature orale 8 « Manakôry aby e ? Mböla tsara. Manakôry aby anare ? E ! ‘Zahay tô mböla tsara. Manakôry aby anare añy ? Tsaratsara fô. ‘Nan’are dahôlo. Tahian’Andriamanitra. Tahian’Andriamanitra. Manakôry aby ny fahasalaman’ry göño ? E ! ‘Zare akao salama tsara anoinoin tsery. Ano maivaña. Iry kakovavy, kakolahy ? … Ehë e ! Mbola tsara ösaösan’ny fahantëraña aka ! E ! samy tahian’Andriamanitra. Ary kabaron’are akeo fö hita maso mitsidiky ? E ! Kabaronay tô tsisy raha fôntry fö andëha hamangy zare avarabaratra arö. Asa raha manaköry ‘zare ‘kao zay ? ‘ Zare akao salama tsara tahinjañahary. Ano mahivaña. … » Commentallez vous ? Nous allons bien. Comment allezvous ? E ! Nous allons bien ici. Comment va tout le monde, làbas ? Nous nous portons comme charmes. Et vous , comment vous portezvous ? Que Dieu nous garde ! Bien. Que Dieu vous garde. Comment vont les enfants ? E ! Ils sont tous bien portants tout en ne pouvant pas éviter la grippe ! Qu’ils aillent bien. Et les grands parents ? Eh ! Ils vont bien en dépit du poids de l’âge. Que Dieu nous bénisse tous ! Quelle nouvelle apportezvous en nous visitant ? De nouvelle, nous n’en avons pas mais nous allons rendre visite à ceux qui sont au Nord car nous sommes préoccupés de leur santé. Ils vont très bien avec l’aide du Créateur. Que tout le monde se porte à merveille ! … » Un moins âgé prend la parole lors de l’absence des aînés ou « Ray aman dreny » pour assurer le bon déroulement des cérémonies : reconnaissances, vœux, naissance, mariage, … pour faire face à ses responsabilités. Chaque individu a intérêt à savoir parler à chacun selon son rang et son statut. Ainsi, on commence dès son jeune âge à se montrer en public pour pouvoir affronter les situations au moment de l’absence des aînés. Nombreux divertissements étaient encore issus des habitudes ancestrales avant l’envahissement de la technologique (radio, cassette, télévision,…). La population préfère ces nouvelles technologies malgré les dépenses associées plutôt que de continuer à suivre les habitudes ancestrales. Les contes, dans lesquels est axé notre étude, ne tiennent plus leur place d’antan dans la société. Ils sont en régression 9 depuis des années, dans les villes et aussi dans certaines campagnes. La plupart des gens s’intéressent plus aux travaux de la vie quotidienne qu’aux divertissements qui les aident à sortir des routines. La tradition ancestrale consistant à animer tout un village, une famille, des enfants,… en dehors des travaux champêtres, a perdu petit à petit son importance. Les légendes suivent aussi cette mauvaise pente, elles ne sont plus racontées durant les veillées funèbres, les travaux de champs,…. Autrefois, le soir, lors des veillées, les ancêtres malgaches se réunissaient pour participer à des devinettes et écouter des contes. De nos jours, très rares sont les villes et familles qui respectent encore cette tradition de réciter des contes le soir même d’une manière occasionnelle. Les contes pourraientils encore reprendre vie un jour dans la société et être considérés par chacun de ses membres comme une tradition à ressusciter ? Quoi qu’il en soit, les contes appartiennent au genre littéraire le plus populaire. C’est une forme convenable de la littérature qui fonctionne selon les règles de l’apprentissage culturel de la communauté. En vue de connaître et d’approfondir la culture malgache, il est nécessaire d’analyser les contes. Ce plongeon dans les contes permet d’élargir les connaissances sur la façon de vivre de différentes ethnies, sur leur univers culturel. Ainsi, l’éducation tout en se répandant transmet des savoirs, ou aide tout simplement les jeunes à acquérir l’art de réciter les contes. Les contes appartiennent au genre littéraire oral même s’ils se trouvent consignés dans des livres. Ainsi, l’orature persistant surtout dans des endroits ruraux maintient le genre conte dans le registre du récit vivant. Le conte a autant de variantes que de récitants même si, actuellement, des chercheurs recueillent, traduisent et publient des contes. Ces derniers demeurent pour nous dans la « littérature orale » à l’instar de ceux de notre corpus. En malgache, « conte » se traduit par « angano » alors que, ce terme englobe mythe, légende et conte. Dans sa forme littéraire, les contes tendent à se confondre avec d’autres genres narratifs brefs comme la nouvelle et la fable. Dans le cadre de notre travail, nous portons notre centre d’intérêt sur l’acception générale du terme en tant que court récit du monde imaginaire ; le conte assume une double fonction : 10 divertissement pour les enfants, source de réflexion pour les adultes. Les contes nous font rêver, nous dépaysent et nous ouvrent le monde des merveilles, les événements fictifs et les faits plus ou moins vraisemblables qui les emplissent. Il en résulte que l’imaginaire et la fiction sont d’une importance particulière dans ce genre de récit. En d’autres termes, l’irréalité renvoie, de façon implicite, à la vie sociale, aux normes de la société, ou à l’idéal social. Et c’est dans cette perspective que se justifie le choix de notre thème de recherche « la ruse » dans les contes Betsimisaraka. La plupart du temps, nous considérons la ruse 6 comme un défaut. Toutefois, nous constatons qu’avec la ruse, nous n’agissons pas uploads/Societe et culture/ these-pdf 1 .pdf
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- Publié le Jan 03, 2021
- Catégorie Society and Cultur...
- Langue French
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