1 PREPARATION PHYSIQUE DU FOOTBALLEUR : ANALYSE DE L’EVOLUTION DES EXIGENCES PH
1 PREPARATION PHYSIQUE DU FOOTBALLEUR : ANALYSE DE L’EVOLUTION DES EXIGENCES PHYSIQUES, PHYSIOLOGIQUE ET BIOLOGIQUE DU MATCH Georges CAZORLA, Cellule Recherche. Fédération Française de Football Résumé Objet Selon la métaphore habituellement attribuée à Sénèque : « Il n’y a point de vent favorable à celui qui ne sait où il va » il est indispensable que, entraîneurs, préparateurs physiques, médecins et kinésithérapeutes de clubs puissent bien connaître les exigences actuelles et peut-être des années futures auxquelles seront confrontés les joueurs en cours de matches. Protocole. A partir de l’utilisation d’une même technique d’observation lors des trente dernières années, l’objet de cette étude est de faire un point sur l’évolution de ces exigences pour tenter d’extrapoler ce qu’elles sont susceptibles de devenir. L’originalité de notre démarche est de mettre en évidence les actions et déplacements observés en cours de match que nous définissons « charge externe » en regard des répercussions physiologiques et biologiques qu’elles induisent définies comme « charges internes ». Résultats. Les principaux résultats obtenus montrent une relative stabilité de la distance totale parcourue en match (entre 8000 et 11 000m) mais un nombre plus élevé (de 88±12 à 173±46) d’actions et de déplacements à haute intensité qui montrent une tendance à devenir de plus en plus courts (21,8±15,2m à 18,05±14,5), entraînant des récupérations de plus en plus courtes. Conséquences. L’aptitude du joueur à reproduire des actions intenses et bien maîtrisées (sprints avec changements de direction, actions techniques…) dans des durées et des espaces de plus en plus réduits est donc prioritaire. Au plan biologique l’accélération du turn-over du complexe ATP-phosphorylecréatine par un développement du pouvoir oxydatif musculaire, devient donc centrale. Mots clés : Observations match, exigences physique et physiologiques, évolution dans le temps. 2 En général, quelle que soit l’activité sportive considérée, les contenus d’entraînement devraient logiquement dépendre des exigences de la pratique et plus particulièrement de celles de la compétition. Entraîner n’est-il pas tenter d’adapter un sportif dont il convient de bien connaître les capacités, à l’ensemble des exigences de la performance envisagée au meilleur niveau possible de son sport ici le football. Encore est-il indispensable de bien connaître à la fois ce que sont les exigences actuelles, voire futures, de la compétition, ce que sont les capacités des footballeurs à entraîner et comment au cours d’une saison sportive orienter, contrôler et suivre le développement de leurs qualités, requises par le match. En d’autres termes, les exigences de la compétition représentent le but vers lequel doivent tendre préparation physique et entraînement alors que les capacités du footballeur en constituent le point de départ. En fonction du moment de la saison, les contenus des séances de préparation physique et d’entraînement devraient se situer entre ces deux extrêmes sur les trajectoires que constituent : la planification, la programmation et la périodisation de l’entraînement. Représenté par la figure 1, cet ensemble constitue le modèle dont nous étudierons la phase initiale : l’analyse de l’évolution des exigences du match d’hier à aujourd’hui. Figure 1 : Ensemble des conditions intervenant dans le processus de préparation physique et d’entraînement. Analyse des exigences du match PREPARATION PHYSIQUE : Planification, programmation et périodisation Evaluation des capacités du footballeur Orientation Contrôle Suivi - Avis des entraîneurs experts, - Etude de la littérature, - Observations et prises de mesures en situation de compétition Choix ou/et élaboration et validation des tests et mesures les plus pertinentes et accessibles 3 Comme les autres sports de haut niveau, le football évolue… Quelles ont été, sont et en seront probablement ses exigences ? En utilisant toujours la même technique d’observation de matches de championnats nationaux depuis les années 80, nos résultats permettent de mieux rendre compte de l’évolution tant des différents déplacements que des modalités technico-tactiques réalisés en cours de jeu. Les quelques statistiques présentées dans les tableaux 1 et 2 sont très significatives à cet égard. Etat sur la question Si travaux et publications portant sur l’observation des actions de match en situation réelle de compétition sont légion, actions observées que nous définirons comme « charges externes » du match, pour des raisons de règlement, le port par le joueur d’appareils de recueil d’informations physiologiques et l’intervention extérieure nécessaires aux recueils biologiques étant proscrits au cours d’un match officiel, plus rares sont les données dans ces domaines. Les connaissances limitées sur les répercussions physiologiques et surtout biologiques réelles du match, répercussions que nous désignerons comme « charges internes » ne sont souvent qu’extrapolées supportant ainsi d’importantes marges d’erreurs. 1- Analyse des charges « externes » 1-1 Technique d’observation utilisée et distances parcourues au cours du match. Selon les publications relatives à la charge externe, au total, la distance parcourue au cours d’un match varierait entre 8 et 13 km. Cette disparité peut s’expliquer par les techniques d’observation utilisées (voir notamment dans ce livre la contribution de Bekraoui, Cazorla, Léger, 2014) mais aussi par les systèmes de jeu mis en place, par la culture du football propre à chaque pays, par l’ancienneté de certaines de ces études et par la meilleure préparation actuelle du joueur. Pour étudier l’évolution de la charge externe du match au cours des 30 dernières années nous avons maintenu le même type d’observation. Les vidéos des matches ont toujours été enregistrées par trois cameramen expérimentés. L’analyse des observations a consisté à compter le nombre de foulées effectuées par chaque joueur dans les différentes modalités de déplacement habituellement utilisées en cours de match. Connaissant la distance moyenne des foulées des différentes modalités de 4 déplacement de chacun des joueurs, distance mesurée à l’entraînement entre deux cellules photoélectriques placées à 10m l’une de l’autre, nous avons pu ainsi calculer la vitesse et la distance de chacune d’elles (Tableau 3). En outre, les analyses ont été réalisées à partir d’un moniteur équipé d’une horloge précise, ce qui a permis de vérifier et de confirmer les vitesses correspondant à chaque déplacement. Les niveaux de validité et de fidélité des résultats obtenus par trois expérimentateurs indépendants chargés de décrypter les images vidéo ont été dument testés. A partir de cette technique mais aussi à partir de la technique utilisée par Reilly et Thomas (1976) dont nos résultats sont très proches, on remarque une grande stabilité de la moyenne des distances totales parcourues (autour de 8000±1000m) entre les années 1980 (Goubet, 1989) et plus récemment (Cazorla et al. 2009). Par contre, on peut noter une augmentation de plus en plus importante des actions de grande intensité qui sont passées d’une moyenne de 88±12 par joueur et par match dans les années 1970 (Reilly et Thomas 1976) à 119±8 en 1998 (Cazorla et Farhi 1998) et plus récemment 173±46 (Cazorla et al. 2009). Environ le quart de la distance totale est consacré à des courses à vitesses rapides proches de la vitesse aérobie maximale (VAM), ou très rapides, supra maximales (> VAM), voire à la répétition de sprints courts. Le reste de cette distance est parcouru à des vitesses nettement infra maximales ou course de replacement, voire à de la marche. Les distances les plus longues sont parcourues par les milieux de terrain et les arrières latéraux, alors que les arrières centraux parcourent les distances les plus courtes ; les attaquants se situent entre ces deux extrémités. Toujours selon le poste occupé, sprints et courses intenses représentent des pourcentages de la distance totale allant de 23 % (arrières centraux) à 38 % (attaquants). Le tableau 1, issu de la synthèse des travaux de Reilly et Thomas, 1976 et de nos propres travaux (Cazorla et Farhi, 1998), donnent les va- leurs moyennes des différentes modalités de déplacement en fonction des postes. En moyenne, environ 750 m et 1500 m sont couverts respectivement en sprints et en courses intenses. Bien qu'il n'existe pas de différences statistiquement significatives, les attaquants et les défenseurs latéraux présentent généralement des distances supérieures (900 m) en sprints et en courses intenses (1600 m), alors que les défenseurs centraux présentent les distances les plus faibles : 500 et 1300 m. Les milieux de terrain se situent à des valeurs proches des attaquants (800 et 1500 m). 5 Tableau 1 : Pourcentages de la distance totale parcourue au cours de matches selon les différentes modalités de déplacement et selon les différents postes occupés sur le terrain. Calculés à partir de Reilly et Thomas (1976) et de ceux de nos propres résultats (*) (Cazorla, Farhi, 1998) % distance totale Défenseurs centraux Défenseurs latéraux Milieux Attaquants Marche Course lente Course intense Sprint 22.9 à 35.7 %* 41.1%* à 49% 16.9 %* à 19.6 % 6.3* à 8.5% 27.8 à 28.8%* 41.4* à 43.4% 19.3 à 19.7 %* 9.5 à 10.2 %* 20.7 à 31.5 %* 38.0* à 46.4% 19.7* à 22.4 % 10.5 à 11%* 27.5 à 28.6 %* 37.2* à 38.9 % 20.9% à 23.1%* 12.7 à 13.1%* Distance totale parcourue (m) 7621* à 7759 8006* à 8245 8097* à 9805 7104* à 8397 1-2 Caractéristiques des courses observées Quel que soit le poste, les distances moyennes respectives des sprints et des courses intenses se situaient dans les années 1980 à 20,2±13 m pour uploads/Sports/ analyse-de-lactivite-physique-du-footballeur.pdf
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- Publié le Dec 01, 2021
- Catégorie Sports
- Langue French
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