Récit de voyage - Fiche de lecture Le voyage de Théophile Gautier en Grèce Le v

Récit de voyage - Fiche de lecture Le voyage de Théophile Gautier en Grèce Le voyage de Théophile Gautier en Grèce est raconté dans son ouvrage intitulé Constantinople, publié d’abord sous forme de feuilletons dans la Presse en octobre 1852 puis à Paris en 1853 (la pagination utilisée ici est celle de l’édition de 2008, Paris, Bartillat). Dans ce recueil, son séjour en Grèce ne représente qu’une étape vers la capitale de l’empire ottoman. Il a également publié trois feuilletons dans le Moniteur universel évoquant son passage par Athènes lors de son retour. Ces récits sont également inclus sous le titre « Excursion en Grèce » dans le recueil L’Orient, regroupant différents écrits de Gautier, paru en 1882. Une partie des dates sont connues par des lettres de Théophile Gautier, dont la correspondance a été publiée en 12 volumes par Claudine Lacoste- Veysseyre à Genève aux éditions Droz entre 1985 et 2000 : le tome 5 (1991) comporte l’année 1852. Date et lieu du départ de France : Théophile Gautier part de Paris le 9 juin 1852. Date et lieu du départ du territoire français : il embarque à Marseille le 11 juin 1852. Moyen(s) de transport entre France et Grèce : partant de Paris, il emprunte d’abord le train (il évoque le « rail-way de Châlons », Constantinople, p. 26), puis il voyage à bord d’une navire à vapeur, le Léonidas. Arrêt(s), escales(s) entre France et Grèce : Le Léonidas fait escale à La Valette à Malte du 14 au 15 juin 1852 avant de faire route vers les Cyclades. Il passe à proximité de Cythère et mouille à Syra (actuelle Syros) avant de se diriger vers Smyrne puis Constantinople. Ce n’est qu’au retour que Gautier mettra le pied sur le sol de la Grèce continentale au Pirée après un nouveau passage par Syra. Pays ou capitales traversées en Orient avant d’arriver en Grèce : Gautier est passé par La Valette, capitale de Malte, sous contrôle britannique depuis l’aube du XIXe siècle, avant d’arriver dans les Cyclades. Durée du voyage pour la Grèce : le voyage entre Marseille et Syros dure 7 jours, mais il faut déduire l’escale à Malte d’une journée. Date et lieu d’arrivé en Grèce : à l’aller, Théophile Gautier arrive à Syros le 18 juin 1852. Durée du séjour en Grèce : à l’aller le séjour à Syros ne dure qu’un jour, mais au retour, Gautier s’attarde les quatre premiers jours de septembre 1852 à Athènes avant de rejoindre le golfe de Corinthe. Il fait encore escale à Patras et Corfou. Mode(s) de transport en Grèce : à l’aller, Gautier est passager du Léonidas de Marseille à Constantinople. Au retour, il emprunte d’abord l’Imperatore, paquebot à vapeur réalisant la route de Constantinople à Trieste, mais il descend à Syros, d’où il embarque à bord de l’Arciduca-Lodovico, un steamer de correspondance reliant l’île au Pirée, puis un fiacre numéroté pour rejoindre l’hôtel d’Angleterre à Athènes. Itinéraire : à l’aller, l’itinéraire est essentiellement maritime et la seule escale grecque est Syros, mais le navire passe au large de Cythère, puis de Milo, alors qu’au retour, Gautier descend dans la même île pour rejoindre Athènes le 1er septembre de la même année avant de rejoindre le Golfe de Corinthe, visiter la ville et de s’embarquer pour Patras et enfin Corfou. De là, il se rend Trieste puis Venise, où il arrive le 14 septembre 1852 comme nous l’apprend une lettre. Il quitte Venise le 24 septembre 1852 pour retourner en France. Modalités de voyages : Théophile Gautier semble voyager seul, mais il passe du temps avec l’un des passagers, Eugène Vivier (1817-1900), « un célèbre cor... que le bâteau à vapeur d’Italie » (Constantinople, p. 60) avait amené à bord du Léonidas. C’est avec lui qu’il visite Syros pour la première fois. Date et lieu du départ de Grèce : La dernière escale en Grèce est Corfou. Date et lieu du retour sur le sol français : grâce à sa correspondance, nous pouvons savoir qu’il quitte Venise le 24 septembre 1852 et retourne en France : il arrive à Paris le 4 octobre 1852. Commentaire de l’article de Zinovia Vergi, « Le voyage de Gautier en Grèce », Revue des Études néo-helléniques, N.S. 2, 2006, p. 43-51. " Dans un article paru en 2006 dans la Revue des études néo-helléniques, Zinovia Vergi commente le voyage en Grèce de Théophile Gautier, effectué à l’été 1852. Elle dégage quatre axes de lecture : l’itinéraire, le paysage, les espaces habités et les habitants eux-mêmes. Afin de jeter un œil critique sur son propos, nous allons nous intéresser tout d’abord à ses conclusions en résumant son point de vue et en le confrontant avec nos propres observations. Dans un second temps, nous proposons de dépasser son jugement en montrant que sa vision est restreinte à ce que Gautier publie dans Constantinople. En effet, dans cet ouvrage, notre écrivain-voyageur ne traite que de l’aller de son périple, alors qu’une analyse de son récit de retour – retour pourtant évoqué par Vergi – permet d’apporter quelques nuances par rapport aux premières impressions. " " Le premier point abordé par Vergi, l’itinéraire, fait office d’approche générale du sujet lui-même, puisqu’elle introduit son propos par l’attrait que représentent la Méditerranée et sa lumière pour Gautier. Cela lui permet de replacer d’emblée l’auteur du Capitaine Fracasse dans la grande veine des artistes nourris de culture classique et épris d’Orient. C’est ce double mouvement qui est à la base même de l’expérience de Gautier : rejoindre la Sublime Porte et l’Asie, « berceau du monde (Constantinople, p. 71) », tout en passant par la Grèce, source de la culture personnelle de Gautier. Ce n’est qu’à la fin de la troisième page (Vergi, p. 45) que nous rentrons dans le vif du sujet, le voyage en Grèce proprement dit et l’itinéraire pour s’y rendre. De manière volontairement réductrice, Vergi ne fait de Constantinople qu’une étape. Ce raccourci permet de donner l’illusion que le but du voyage était la Grèce elle-même. Elle commence par évoquer brièvement le retour avant de commenter l’itinéraire de l’aller. En le comparant aux caractères propres à la littérature de voyage, elle montre que le texte de Gautier est typique de ce type de discours. Elle relève très justement la structure temporelle du récit, bien marquée dans les premiers chapitres de Constantinople – tranchant avec la description plus thématique du reste de l’ouvrage – qui permet, d’une part, de suivre l’itinéraire, d’autre part, de donner à la narration son mouvement, de l’extérieur vers l’intérieur. " D’ailleurs, les trois points suivants découlent de cette constatation et approchent la révélation de la Grèce sous trois angles différents, presque chronologiques : la découverte de l’espace naturel, puis de l’architecture et enfin de la population qui y vit. Vergi commence par soulever la surprise ressentie par Gautier à la vision de la moderne Cérigo, bien pâle image de l’antique Cythère. La suite de l’article met bien en évidence l’importance de la description architecturale dans le discours de Gautier, centré sur Syra, l’antique et la moderne, ses rues, ses bains et ses échoppes et du premier regard de l’écrivain sur les Grecs, essentiellement à travers les costumes. Mais l’aspect physique des contemporains est si différent de celui que l’Antiquité a figé dans la sculpture : les femmes sont « des mégères hagardes », les hommes « des brigands de mélodrame » (Constantinople, p. 69). Cependant, elle ne fait qu’effleurer les nombreuses contradictions de Gautier, notamment dans ses descriptions du vêtement populaire traditionnel, où les qualificatifs sont tour à tour dépréciatifs (Constantinople, p. 60 et 68) ou au contraire élogieux, presque emphatiques (Constantinople, p. 64 et 67). En effet, il eut été possible d’insister plus fortement sur les oppositions qui parsèment le récit de Gautier. " " Tout d’abord, Vergi aurait pu s’appesantir davantage sur le hiatus que l’on ressent, à la lecture des quelques pages concernant la Grèce dans Constantinople, entre la vision idéalisée que l’Antiquité nous a transmise et la réalité observée par Gautier depuis le Léonidas, puis à terre à Syra. Ce fossé entre ce qu’il connaît ou ce à quoi il s’attendait, ne se limite pas à Cythère ou aux autochtones, mais touche aussi l’architecture (Syra, image « d’une ville en ruine et d’une ville en construction », p. 68) et le costume (le noble Hellène au chapeau de bas-normand, p. 60). Par ailleurs, on sent partout l’œil de l’Européen dans la manière qu’a Gautier d’observer ce qu’il voit : il s’attarde sur les cafés, symboles de la vie citadine parisienne et fait sans cesse appel à ses souvenirs d’école. Sa vision première de la Grèce est donc en double opposition : d’une part, avec ce qu’il connaît – la vie urbaine occidentale – et, d’autre part, avec l’image qu’il s’est forgée de la Grèce héritée de sa culture classique. Son discours, dans Constantinople, s’organise autour de ces contradictions. Ainsi, l’ensemble de ce que Gautier voit de la Grèce dans un premier temps est soit une surprise désagréable uploads/Voyage/ gautier-en-grece 1 .pdf

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  • Publié le Fev 22, 2021
  • Catégorie Travel / Voayage
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