Pour Clara Votre vie est faite des choses auxquelles vous prêtez attention. Les

Pour Clara Votre vie est faite des choses auxquelles vous prêtez attention. Les numéros de pages apparaissant dans les renvois internes correspondent à ceux de l’édition papier. Dans cette édition numérique, des liens sont installés permettant d’accéder aux passages concernés, mais selon la taille de caractères sélectionnée, le numéro de page peut-être différent de celui de l’édition papier. Lettre ouverte à mon téléphone Cher Téléphone, Je me souviens encore du jour où je t’ai rencontré. Tu étais un nouveau gadget hors de prix, encore confidentiel, et moi une jeune femme qui connaissait par cœur le numéro de tous ses amis. Ton écran tactile me faisait de l’œil, mais j’étais alors trop occupée à pianoter des textos sur mon portable à clapet pour me laisser séduire. Puis je t’ai eu en main pour la première fois, et tout a basculé. Nous sommes très vite devenus inséparables : tu es de toutes mes sorties, de tous mes déjeuners entre amis, tu me suis même en vacances. Il m’a fallu quelque temps pour m’habituer à ta compagnie jusque dans les toilettes, mais c’est tout naturellement que nous partageons aujourd’hui ce moment d’intimité, comme tant d’autres. Toi et moi, on ne se quitte plus. Tu es la dernière chose que je regarde avant de me coucher et la première que je cherche à peine réveillée. Tu retiens pour moi la liste des courses, tu n’oublies jamais mes rendez-vous médicaux ni la date de notre rencontre. Tes gifs et émoticones festifs font oublier à leurs destinataires que je ne prends plus la peine de les appeler le jour de leur anniversaire – « Ooooh, des ballons qui volent ! ». Grâce à toi, mes stratégies d’évitement passent pour de délicates attentions, et je t’en suis très reconnaissante. Tu n’en finis pas de me surprendre : non seulement tu me fais voyager dans l’espace et le temps, mais je me demande par quelle magie tu parviens si souvent à me scotcher à ton écran, alors que je devrais déjà être au lit depuis trois heures. Je ne compte plus les nuits que j’ai passées à tes côtés, si envoûtée que j’ai dû me pincer pour être sûre que je ne rêvais pas – et pourtant, crois-moi, j’aimerais rêver, car depuis que tu es dans ma vie, mon sommeil semble s’être complètement déréglé. J’ai du mal à croire que tu m’aies offert tant de cadeaux même si, techniquement, la plupart d’entre eux ont été achetés en ligne d’un simple effleurement de mon doigt lorsque nous prenions ensemble un bon bain « relaxant ». Grâce à toi, je n’ai plus à redouter la solitude. Si je me sens un peu anxieuse ou contrariée, tu fais apparaître en un tour de main mon fil d’actualité, un jeu ou la dernière vidéo de panda qui fait le buzz, pour me distraire. Et dire qu’il y a quelques années encore, je rêvassais – pensais, peut-être – pour tuer le temps… Il m’arrivait même de prendre l’ascenseur au bureau sans rien regarder d’autre que ses occupants, et sur six étages ! Aujourd’hui, je ne saurais même pas dire à quand remonte la dernière fois où je me suis ennuyée. Cela dit, ma mémoire me joue des tours. Je ne me souviens pas non plus, par exemple, du dernier repas que j’ai pris sans qu’aucun des convives ne sorte son téléphone. Ni de la dernière fois où j’ai été capable de lire un article de magazine entier sans m’interrompre. Ni du SMS que j’étais en train de lire quand ma tête a malencontreusement heurté un poteau. D’ailleurs, je ne suis déjà même plus très sûre de ce que je viens de te raconter dans le paragraphe précédent… Bref, ce que j’essaye de te dire, c’est que j’ai l’impression que je ne peux pas vivre sans toi. C’est pourquoi il m’est si difficile de t’annoncer que nous devons rompre. Introduction Tout d’abord, laissez-moi vous rassurer : mon objectif ne sera pas de vous faire jeter votre smartphone. De même que rompre avec quelqu’un ne signifie pas renoncer à toute relation humaine, « rompre » avec votre téléphone n’impliquera pas de troquer votre écran tactile contre un bon vieux téléphone à cadran. Après tout, il y a des tas de bonnes raisons d’aimer nos smartphones. Ils nous servent d’appareils photo et de DJ. Ils nous aident à rester en contact avec nos proches et ont la réponse à toutes les questions possibles et imaginables que nous leur posons. Ils nous renseignent sur les conditions de trafic et sur la météo, ils mémorisent nos agendas et nos contacts. Mais ils nous poussent aussi à des comportements pour le moins étranges. La plupart d’entre nous sont devenus incapables de prendre un repas, ou de s’arrêter à un feu rouge, sans dégainer leur téléphone. Lorsque, fait rarissime, nous l’oublions à la maison ou au bureau, nous le cherchons avec fébrilité, notre angoisse ne faisant que croître chaque fois que nous réalisons qu’il n’est pas avec nous. Si vous êtes comme la majorité d’entre nous, votre portable se trouve en ce moment même à portée de main et le simple fait de le voir mentionné ici vous donne une furieuse envie d’y jeter un coup d’œil. Pour consulter les infos. Ou vos textos. Ou votre boîte mail. Ou la météo. Ou n’importe quoi, en fait. Allez-y, faites-le. Puis revenez à ce livre et demandez-vous comment vous vous sentez. Êtes-vous serein ? Concentré ? Présent ? Satisfait ? N’éprouvez-vous pas plutôt la sensation désagréable que votre attention s’éparpille, que votre stress est monté d’un cran sans que vous puissiez vraiment dire pourquoi ? Aujourd’hui, dix ans après leur apparition, on commence tout juste à pressentir que l’impact des smartphones n’est peut-être pas entièrement positif. Nous nous sentons constamment débordés mais peu productifs, connectés mais seuls. Nous découvrons que cette même technologie qui nous donne tant de liberté peut aussi nous asservir – c’est à se demander qui a véritablement le contrôle. En résulte une tension paralysante : nous adorons nos téléphones, mais nous détestons ce qu’ils font de nous. Et personne ne semble savoir comment résoudre ce conflit. Ce ne sont pas les smartphones en eux-mêmes qui sont en cause, mais la relation que nous entretenons avec eux. Ils se sont imposés si rapidement dans notre quotidien que nous n’avons jamais pris le temps de définir les termes de cette cohabitation – ni de réfléchir aux conséquences qu’elle pourrait avoir sur notre vie. Nous n’avons pas pris le temps de nous interroger sur les avantages et les inconvénients de notre téléphone. Nous n’avons pas pris le temps de nous demander pourquoi nous avons tant de mal à le lâcher ou qui peut avoir intérêt à ce que nous restions scotchés à son écran. Nous n’avons pas pris le temps de comprendre les effets d’un tel usage effréné sur notre cerveau ou comment un appareil censé nous connecter aux autres est en réalité en train de nous isoler. « Lâcher » votre téléphone, c’est précisément vous donner l’occasion de prendre ce temps de réflexion. C’est faire le point sur les aspects qui vous conviennent et ceux qui ne fonctionnent pas. C’est établir des limites entre votre vie en ligne et votre vie hors ligne. C’est prendre davantage conscience de comment et pourquoi vous utilisez votre téléphone – et vous rendre compte que votre appareil a complètement biaisé votre perception. C’est réparer les dégâts qu’il a engendrés sur votre cerveau. C’est favoriser les interactions humaines plutôt que les échanges par écrans interposés. « Lâcher » votre téléphone, c’est vous donner l’espace, la liberté et les moyens de créer une relation durable qui se concentre sur les bénéfices qu’il vous apporte pour mieux vous débarrasser du reste – en d’autres termes, une relation saine et heureuse dans laquelle vous avez le contrôle. SI VOUS ÊTES CURIEUX DE SAVOIR où vous en êtes avec votre téléphone, je vous invite à répondre au test , suivant développé par le Dr David Greenfield, fondateur d’un centre dédié aux addictions à Internet 1 et aux technologies, professeur de psychiatrie à l’Université de l’École de médecine du Connecticut. Entourez simplement les propositions qui s’appliquent à votre cas. 1. Est-ce que vous vous surprenez à passer plus de temps sur votre téléphone portable ou votre smartphone que vous ne le pensez ? 2. Utilisez-vous fréquemment votre téléphone portable ou votre smartphone pour passer le temps ? 3. Avez-vous l’impression de perdre la notion du temps quand vous êtes sur votre téléphone portable ou votre smartphone ? 4. Passez-vous davantage de temps à envoyer des SMS, des tweets ou des e-mails qu’à parler aux destinataires en personne ? 5. Passez-vous de plus en plus de temps sur votre téléphone portable ou votre smartphone ? 6. Souhaiteriez-vous être un peu moins accaparé par votre téléphone ? 7. Dormez-vous souvent avec votre téléphone portable ou votre smartphone (allumé) sous votre oreiller ou près de votre lit ? 8. Consultez-vous et répondez-vous à des SMS, des tweets ou des e-mails à toute heure uploads/Voyage/ lache-ton-telephon.pdf

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  • Publié le Jui 12, 2021
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