TOURISME Article écrit par Gabriel WACKERMANN Prise de vue Le tourisme est l'ex
TOURISME Article écrit par Gabriel WACKERMANN Prise de vue Le tourisme est l'expression d'une mobilité humaine et sociale fondée sur un excédent budgétaire susceptible d'être consacré au temps libre passé à l'extérieur de la résidence principale. Il implique au moins un découcher, c'est-à-dire une nuit passée hors du domicile, quoique d'après certaines définitions il faille au moins quatre ou cinq nuits passées hors de chez soi. Il concerne un déplacement d'agrément, s'appuie sur un ou plusieurs types de loisirs conjugués ou successifs. Il répond à un certain besoin d'évasion conduisant au dépaysement momentané ou périodique. D'abord réservé essentiellement aux catégories fortunées de la société, il visa dès l'origine l'exotisme et dépassa d'habitude les confins nationaux. La législation sociale contemporaine en fit un droit pour tout travailleur, d'abord en pays industrialisé, puis progressivement dans les régions en voie de développement. Devenu ainsi un phénomène de civilisation qui s'adressait aux masses laborieuses en même temps qu'aux couches aisées de la population, le tourisme finit par pénétrer fortement les mentalités ; il alimenta les rêves, suscita un monde nouveau d'images. À présent, il fait l'objet de préoccupations annuelles. Après avoir marqué le rythme de vie de façon exceptionnelle, il a pris un caractère périodique, répétitif. Ce bouleversement a induit de véritables transformations économiques et des comportements socioculturels inédits. Encore relativement marginal il y a un quart de siècle, le tourisme occupe une part importante du temps de loisir si l'on ajoute, au temps passé à l'extérieur, les mois de préparation du voyage, d'attente, puis ceux que l'on consacre au souvenir et à la nostalgie, avant que le cycle ne reprenne pour l'année suivante. L'offre de plus en plus variée et abordable, l'appel à un paysage toujours plus éloigné incitent les usagers à prélever une part croissante de leur revenu attribué aux loisirs au bénéfice du temps vacancier. L'amélioration des conditions matérielles, les progrès en matière de droit du travail élargissent le nombre de bénéficiaires des flux de congés ; l'augmentation de l'espérance de vie et l'abaissement de l'âge de la retraite, le système de la préretraite inhérent à la crise économique confortent le marché et sous-tendent activement le déploiement d'une véritable industrie touristique dont la complexité s'articule autour de puissants groupes financiers qui téléguident de vastes activités de service et entretiennent des structures transactionnelles de portée mondiale. L'intensification du volume des affaires et l'association étroite entre celle-ci et le tourisme ont renforcé l'organisation mondiale des transports de personnes ou de la communication. Parallèlement aux compagnies de transport régulières ont apparu des firmes à vocation saisonnière, qui s'empressent d'ailleurs d'étendre leur action à la totalité du cycle annuel. De nouvelles solidarités intra- et intercontinentales sont nées à la faveur du tourisme. Elles posent le problème de la résistivité de l'espace à la charge qui lui est imposée. Elles soulèvent la question de l'essence même du tourisme, de sa signification réelle, de son devenir. De nombreuses régions sont à présent spécialisées dans le tourisme ; d'autres visent à compléter leurs ressources ou à remplacer leurs activités défaillantes par une promotion vacancière. Le tourisme populaire côtoie les équipements de luxe, accentuant dans les secteurs privilégiés la synergie développée par les loisirs modernes. La variété des formules d'accueil et d'hébergement est telle que chaque usager peut y trouver son compte, depuis l'hôtel jusqu'à l'appartement privé ou la résidence secondaire, en passant par des formules bon marché telles que les auberges de jeunesse, campements ou campings-caravanings. Le réservoir dans lequel il est possible de puiser se déploie d'année en année. À la fin des années 1980, on peut compter plus de 3,5 milliards de bénéficiaires de congés payés sur le globe. Ils sont environ 4 milliards à la fin du IIe millénaire ; il est vrai que la durée légale et réelle de leur congé est très différente selon les pays. Certes, bon nombre d'entre eux ne disposent encore ni des moyens financiers ni de l'ambiance requise pour participer aux flux migratoires de loisirs. La proportion de ceux qui franchissent annuellement le seuil minimal de mobilité vacancière se renforce toutefois constamment. Plus de 350 millions de personnes étaient déjà insérées au mouvement touristique international à la fin des années 1980 ; à la fin du XXe siècle, ils sont environ 700 millions. Si autour de 1980 le tourisme domestique et le tourisme international conjugués n'ont totalisé que plus d'un milliard et demi de déplacements annuels et n'ont rapporté qu'un peu plus de 500 milliards de dollars, la part du tourisme international proprement dit restant relativement modeste avec 40 milliards de dollars, on comprend aisément les efforts entrepris en faveur d'un élargissement des potentialités mondiales. À présent, nous dénombrons plus de trois milliards de déplacements touristiques par an, toutes catégories confondues, mouvements qui rapportent plus de 1 000 milliards de dollars de chiffre d'affaires. Le tourisme international est appelé à une croissance ininterrompue, en dépit des turbulences de toute nature qui mettent l'économie mondiale et les sociétés en crise : il concernera, selon les prévisions de l'Organisation mondiale du tourisme (O.M.T.), 1 018 millions de touristes (ou plus exactement d'arrivées touristiques) en l'an 2010 et 1,6 milliard en 2020, soit plus du triple du nombre enregistré en 1996 (592 millions). Selon le secrétaire général de l'O.M.T., « le XXIe siècle verra voyager un pourcentage plus élevé de la population totale, en particulier dans les pays en développement ; les gens partiront plus souvent en vacances... deux, trois, voire quatre fois par an ». Dans la seule zone de l'O.C.D.E., qui comporte essentiellement les pays nantis, le tourisme international rapporte déjà près de 280 milliards de dollars de chiffre d'affaires. I-Histoire Les origines Le tourisme participe dès son origine au besoin de libération de l'homme. Celui-ci tente, chaque fois qu'il en a les moyens, de dépasser son horizon quotidien pour se dépayser et oublier momentanément les réalités journalières. Il est constamment soucieux de relever le défi de sa condition originelle le condamnant à œuvrer à la sueur de son front. Dès qu'il le peut, l'individu recherche l'oisiveté. Très tôt, les catégories privilégiées de la population pratiquent la migration résidentielle : l'aristocrate dispose de sa maison de campagne, le souverain se déplace de château en château. L'imagination des poètes et conteurs aidant, les expéditions lointaines deviennent de véritables épopées et incitent encore davantage au voyage. Thermalisme, pèlerinages et campagnes militaires permettent à leur tour aux sédentaires de voir du pays et d'accumuler des souvenirs inédits. Ils contribuent à l'élaboration de nombreuses projections mentales qui alimentent les récits de découverte et d'aventure. Ils donnent lieu à l'aménagement d'axes historiques ponctués par des monuments, édifices religieux, palais et demeures princières ou bourgeoises, objets de la curiosité des passants. Les caravanes chamelières empruntent de leur côté des itinéraires jalonnés par des caravansérails et des points d'eau qui vont servir de base aux circuits touristiques modernes. Les grandes conquêtes amorcées à l'époque de la Renaissance et poursuivies durant les siècles suivants diversifient les potentialités d'évasion. La découverte du Nouveau Monde s'accompagne de récits captivants sur l'originalité des civilisations rencontrées. Le Pacifique et l'océan Indien, explorés parallèlement, facilitent d'autres ouvertures et complètent l'éventail des destinations possibles. Le XVIIIe siècle constitue une étape marquante pour le tourisme. Les villes d'eau s'embellissent et se multiplient. Les Anglais d'abord, les Allemands ensuite contribuent à la promotion thérapeutique des eaux marines. Dès le début du siècle, la ville de Bath devient un haut lieu du tourisme balnéaire : la pump room (salle de distribution de l'eau thermale) et l'assembly room (salle de réunion et de rencontre), introduites respectivement en 1706 et 1708, focalisent l'animation dans la station. La famille royale participe à la réputation de la ville qui se dote de jeux, d'une promenade, d'une mode. À l'autre bout de l'Europe, à Split, un architecte britannique effectue, au milieu du XVIIIe siècle, des recherches sur le palais de Dioclétien, cet empereur romain revenu aux sources thérapeutiques dalmates. Aux bords de la même Méditerranée, des « rentiers », d'origine anglaise surtout, viennent dès 1750 à Nice et à Hyères pour y passer la mauvaise saison, d'octobre à avril. Les Britanniques introduisent en outre le goût pour la villégiature campagnarde. Ils participent activement à la conquête de la montagne. Dès lors, la notion anglaise de grand tour, destinée à qualifier le voyage sur le continent en vue de parfaire la formation, est transférée au tourisme : le périple doit conduire l'intéressé durant six mois jusqu'à Rome, en passant par la France ; durant la seconde moitié du XVIIIe siècle, la Suisse, c'est-à-dire également la haute montagne, est incorporée à cet itinéraire. Le décollage Au XIXe siècle, l'apparition du chemin de fer donne une impulsion décisive au tourisme. Les stations existantes sont valorisées, d'autres naissent à la faveur du rail. Quoique la navigation à vapeur soit en vogue des années 1830 aux années 1880, le chemin de fer accompagne de près le déploiement des places touristiques. Déjà la mobilité des affaires se double d'une prise de conscience. Les compagnies ferroviaires s'empressent de participer à la publicité ; elles mettent en œuvre des wagons-lits, uploads/Voyage/ tourisme.pdf
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- Publié le Oct 16, 2022
- Catégorie Travel / Voayage
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