Boccacio elegie de la dame fiametta

Boccaccio - Élégie de la Dame Fiammetta traduit par Torsten Schwanke Prologue Fiammetta parle Les hommes malheureux ont tendance à prendre plaisir à se lamenter ils perçoivent ou ressentent de la pitié chez les autres Comme moi qui suis plus enclin que d'autres à la lamentation je n'ai jamais tari sa source amère dans une longue pratique et que j'en ai même répandu plus abondamment je veux vous émouvoir ô nobles femmes dans le c ?ur desquelles habite peut-être un amour plus heureux à une pieuse pitié en racontant mes sou ?rances Il n'est pas dans mon c ?ur que mon discours atteigne les hommes mais plutôt autant que je le peux qu'il leur reste entièrement caché car la détresse d'un seul homme m'a été si pitoyablement montrée que pensant tous les autres comme lui j'attends d'eux des sourires méprisants plutôt que des larmes de pitié Vous seul que je sais par moi- même agile et compatissant au malheur je vous conjure de me lire Mais tu ne trouveras pas ici des fables grecques ornées de belles faussetés ni des batailles troyennes tachées d'un sang noir seulement des mythes d'amour et les luttes d'une passion farouche en eux appara? tront à tes yeux les larmes amères les soupirs impétueux les sons plaintifs et les pensées orageuses qui me tourmentant d'un aiguillon éternel m'ont enlevé la nourriture le sommeil le temps heureux et la beauté aimée Si vous considérez ces choses avec ce c ?ur qui est propre aux femmes ô je suis sûr que vous allez chacune pour soi ou toutes ensemble baigner de larmes les tendres joues qui pour moi ne cherchant rien d'autre sont une source de douleur éternelle ainsi je vous en conjure ne les retenez pas et pensez que si ma fortune la changeante devenait comme la vôtre ce que Dieu préserve il vous serait cher de recevoir encore de telles larmes de moi Maintenant que le temps ne passe pas plus en paroles qu'en larmes je vais m'e ?orcer de tenir rapidement ma promesse Je commence par un amour bienveillant plus heureux que constant a ?n que regardant de cette félicité au triste présent vous sachiez que je suis plus malheureux que tout autre ensuite j'accompagnerai de mon mieux par des lamentations touchantes les mauvais jours dont je pleure à juste titre Mais d'abord si la supplique des malheureux est entendue autrement et si une divinité vit dans le ciel dont la sainte pensée est émue de miséricorde à mon égard moi profondément attristé et baigné de mes larmes je la supplie d'aider la mémoire endeuillée et de soutenir la main tremblante dans cette ?uvre et de les forti ?er ainsi toutes deux a ?n que la première donne les paroles et que la seconde plus disposée que forte pour une telle entreprise écrive les sou ?rances comme je les ai sou ?ertes dans mon ? me et les sou ?re encore Chapitre I La dame Fiammetta décrit qui elle était et par quels signes

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