Descola le sauvage et le domestique 1
Le sauvage et le domestique Mr Philippe Descola Communications Résumé L'examen des conceptions très diverses que des peuples de chasseurs-cueilleurs de pasteurs nomades d'horticulteurs tropicaux et d'agriculteurs se font des espaces qu'ils exploitent et transforment montre que l'opposition entre le sauvage et le domestique n'a rien d'universel mais relève d'une trajectoire historique singulière dont l'origine est à rechercher dans les paysages issus de la colonisation romaine de l'Europe Abstract Through a survey of the diverse conceptions that hunters-gatherers nomadic herders tropical swidden horticulturists and cultivators hold of the places that they exploit and transform it is argued that the opposition between wilderness and domestication is entirely culture-speci ?c its probable origin being traced to the type of landscape accruing from the Roman colonisation of Europe Citer ce document Cite this document Descola Philippe Le sauvage et le domestique In Communications Nouvelles ?gures du sauvage pp - doi comm http www persee fr doc comm - num Document généré le CPhilippe Descola Le sauvage et le domestique On sait que l'universalité de la distinction entre un monde des réalités naturelles et un monde des réalités sociales est de plus en plus battue en brèche par des anthropologues des philosophes ou des géographes qui contestent que l'on puisse généraliser une opposition issue de la pensée moderne à des peuples et des civilisations dont les cosmologies sont organisées d'une manière très di ?érente de la nôtre Ne pourrait-on pas objecter pourtant que le contraste entre le sauvage et le domestique constitue une dimension de cette opposition qui résiste à la contingence historique en ce qu'elle serait perçue sous toutes les latitudes les humains ne pouvant s'empêcher d'opérer des distinctions élémentaires dans leur environnement selon qu'il porte ou non les marques de leur présence Jardin et forêt champ et lande restanque et maquis oasis et désert village et savane autant de paires bien attestées dira-t-on et qui correspondent à l'opposition faite par les géographes entre écoumène et érème entre les lieux que les humains fréquentent au quotidien et ceux o? ils s'aventurent plus rarement L'absence dans maintes sociétés d'une notion homologue à l'idée moderne de nature ne serait alors qu'une question de sémantique car partout et toujours l'on aurait su faire la part entre le domestique et le sauvage entre des espaces fortement socialisés et d'autres qui se développent indépendamment de l'action humaine À la condition de considérer comme culturelles les portions de l'environnement modi ?ées par l'homme et comme naturelles celles qui ne le sont pas la dualité de la nature et de la culture pourrait se sauver du péché d'ethnocentrisme voire s'établir sur des bases plus fermes car fondées sur une expérience du monde en principe accessible à tous ' Sans doute la nature n'existe-t-elle pas pour bien des peuples comme un domaine ontologique autonome mais c'est le sauvage qui prendrait chez eux cette place et tout comme nous ils sauraient donc faire une di ?érence topographique au moins entre ce qui relève de l'humanité et ce qui en est exclu C'est
Documents similaires
-
27
-
0
-
0
Licence et utilisation
Gratuit pour un usage personnel Aucune attribution requise- Détails
- Publié le Mai 04, 2021
- Catégorie Geography / Geogra...
- Langue French
- Taille du fichier 122.1kB