L x27 homme assis dans le couloir

MARGUERITE DURAS L'HOI IME ASSIS - DANS LE COULOIR ISBN - - - LES ÉDITIONS DE MINUIT o C'' l'homme assis dans le couloir CL'ÉDITION ORIGINALE DE CET OUVRAGE A ÉTÉ TIRÉ SUR ALFA MOUSSE A -QUATRE-VINGT-DIX NEUF EXEMPLAIRES NUMÉROTÉS DE A PLUS SEPT EXEM P L A I R E S HO R S C O M MER CE NUMÉROTÉS DE HC I A HC VII MARGUERITE DURAS l'homme assis dans le couloir ? by LES EDITIONS DE MINUIT rue Bernard-Palissy - Paris Tous droits réservés pour tous pays ISBN - - - LES ÉDITIONS DE MINUIT C L'homme aurait été assis dans l'ombre du couloir face à la porte ouverte sur le décor Il regarde une femme qui est couchée à quelques mètres de lui sur un chemin de pierres Autour d'eux il y a le jardin qui tombe dans une déclivité brutale sur une plaine de larges vallonne ments sans arbres des champs qui bordent un euve On voit le paysage jusqu'au euve Après très loin et jusqu'à l'horizon il y a un espace ? indécis une Cimmensité toujours brumeuse qui pourrait être celle de la mer La femme s'est promenée sur la crête de la pente face au euve et puis elle est retenue là o? elle est maintenant allongée face au couloir sans le soleil Elle elle ne peut pas voir l'homme elle est séparée de l'ombre intérieure de la maison par l'aveuglement de la lumière d'e't e On ne peut pas dire si ses yeux sont entrouv rts ou fermés On dirait qu'elle se repose Le soleil est déjà très fort Elle est vêtue d'une robe laide de soie claire par le devant déchirée qui la laisse voir Sous la soie le corps était nu La robe aurait peut-être été d'un blanc cassé ancienne Ainsi aurait-elle fait parfois Parfois aussi elle aurait fait très di ?éremment Di ?éremment toujours C'est ce que tu v s d'elle Elle n'aurait rien dit elle n'aurait rien regardé Face à l'homme assis dans le couloir sombre sous sa paupière elle est renfermée Au travers elle voit transpara? tre la lumière brouillée du ciel Elle sait qu'il la regarde qu'il voit tout Elle le sait les yeux fermés comme je le sais moi moi qui regarde Il s'agit d'une certitude Je vois que la jambe qu'elle avait jusque-là laissé aller à moi tié repliées dans une apparente négligence je vois qu'elle les ras- Csemble qu'elle les joint de plus en plus fort dans un mouvement consciencieux pénible Qu'elle les resserre si fort que son corps s'en déforme et s'en trouve peu à peu privé de son volume habi tuel Et puis je vois que l'e ?ort cesse brusquement et avec lui tout mouvement Voici que tout à coup le corps a la rectitude d'une image dé ?nitive La tête retombée sur le bras elle s'est immobilisée dans cette pose du sommeil Face à elle l'homme qui se tait Devant eux les larges vallon nements immuables qui donnent sur le

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