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Baudelaire photo modernite

Baudelaire la photographie la modernité discordances paradoxales Marc- Emmanuel Mélon Centre de recherche sur les Arts du Spectacle le cinéma et les arts visuels Université de Liège Plusieurs paradoxes surgissent d ? emblée qui ne cessent de surprendre celui qui cherche à comprendre la place qu ? occupe la photographie dans l ? ?uvre la pensée et la vie de Charles Baudelaire et le rapport qu ? elle entretient avec sa conception de la modernité Quatre au moins qu ? il faut commencer par exposer pour tenter de fonder la ré exion qui s ? ensuivra sur des bases claires et quelque peu solides Premier paradoxe Vingt ans après l ? annonce o ?cielle de l ? invention du daguerréotype un des plus grands poètes de la littérature française essayiste incisif critique d ? art avisé observateur attentif de la société de son temps publie une critique du médiocre Salon de dans laquelle il fait le procès cinglant de la photographie De tous les écrits de Baudelaire celui intitulé Le public moderne et la photographie ? écrit il y a ans texte connu mal connu qu ? il faudra relire avec attention n ? est certainement pas l ? arbre qui cache la forêt On est même en droit de s ? étonner de l ? importance qu ? il a prise dans la littérature baudelairienne tant il est maigre et isolé Autant Baudelaire ressasse à travers toute son ?uvre des haines obsessionnelles tenaces à l ? égard de la sottise de la médiocrité de la foule des artistes et poètes sans talent de la bourgeoisie etc autant la photographie ne fait pas partie de ses aversions répétées En dehors de ses cinglantes diatribes radicales certes mais banales au regard de la critique d ? art de l ? époque Baudelaire n ? a rien écrit de plus sur la photographie excepté l ? une ou l ? autre allusion ironique au daguerréotype pour mieux se moquer des mauvais peintres qu ? il est occupé à étriller une lettre de remerciement à Etienne Carjat pour son portrait et un paragraphe d ? une lettre à sa mère qui prouve qu ? il conna? t bien le milieu des photographes qui même excellents ont des manies ridicules ? trois petites pages quatre lignes et deux lettres sur les quatre volumes papier bible des ?uvres complètes correspondance comprise La photographie est clairement absente des préoccupations de Baudelaire de sa poésie de ses essais de sa correspondance de ses projets inachevés Fusées et Mon c ?ur mis à nu comme elle est absente surtout de sa pensée de la modernité à laquelle son nom est dé ?nitivement attaché Or le même poète éprouve le besoin régulier de se faire photographier par son ami Nadar par Carjat et plus tard par le Bruxellois Charles Neyt Comme si ce passionné de Rembrandt avait voulu imiter le ma? tre hollandais et conserver avec des moyens modernes la trace de son inexorable vieillissement Comme si les portraits