Claudel philippe de quelques amoureux des livres

CPhilippe Claudel De quelques amoureux des livres que la littérature fascinait qui aspiraient à devenir écrivain mais en furent empêchés par diverses raisons qui tenaient aux circonstances au siècle de leur naissance à leur caractère faiblesse orgueil l? cheté mollesse bravoure ou bien encore au hasard qui de la vie fait son jouet et entre les mains duquel nous ne sommes que de menues créatures vulnérables et chagrines Finitude CIl y eut ainsi depuis des siècles vivant dans une opaque et insoupçonnable solitude des créatures qui pensaient que ce qui sourdait de leur cerveau et se traduisait en un assemblage de mots pouvait à l ? humanité servir La consoler l ? émouvoir l ? éclairer On pardonna beaucoup au péché d ? orgueil qui animait ces êtres On les écouta souvent On les célébra parfois On donna à des avenues leurs noms On sculpta dans le marbre et le bronze leur visage et leurs mains On les coucha dans de grands dictionnaires des encyclopédies Il fallait bien voir leurs e ?orts se prolonger d ? un écho Mais au vrai ils ne servirent à rien qu ? à distraire les mortels de leur temps Et leurs livres sont comme des mues tombées dans les siècles aveugles et sourds Car rien jamais ne change l ? homme Rien ne remodèle la p? te dont il est fait pour une fois et pour toujours L ? Histoire n ? existe pas Le Temps n ? est qu ? une illusion qui est l ? autre nom de l ? espoir Car il en faut bien un Sinon quoi ? Mais comment dire cela à l ? enfant quand il s ? avance dans l ? ? ge de comprendre Nous sommes les dépositaires de l ? éternel mensonge Nous le prolongeons Le monde est une brume de chaleur qui s ? élève dans le c ?ur d ? un été qui n ? est pas un été mais le rêve de ce que pourrait être un été s ? il existait s ? il existait vraiment ailleurs que dans les livres qui sont les matières fragiles de nos mémoires C ? est cela qu ? avait tenté de cerner Virgile Maubert - dans son roman Le cercle autour duquel il avait tant tourné et tourné qu ? il n ? était jamais parvenu à traduire ce qui mordait chaque nuit son sommeil et ses rêves son couple et ses heures et le roman à sa mort n ? était qu ? un entassement de feuilles noircies d ? une écriture penchée comme sou ée par le vent d ? une tempête marine que sa femme trouva dans un tiroir de son bureau tandis que le corps de Virgile ?? on était quelque trente-sept minutes après sa mort ?? se balançait encore au crochet du lustre du salon éclairé par six ampoules basse tension qui donnaient à son teint des lueurs froides et un peu vertes Mais Virgile Maubert mort avant même

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