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Territoires de la non Territoires de la non- ?ction par Alexandre Gefen CNRS Université de la Sorbonne nouvelle Le présent essai est librement issu de l'introduction à Territoires de la non- ?ction Brill Rodopi Ce texte est reproduit dans l'Atelier de thé

Territoires de la non- ?ction par Alexandre Gefen CNRS Université de la Sorbonne nouvelle Le présent essai est librement issu de l'introduction à Territoires de la non- ?ction Brill Rodopi Ce texte est reproduit dans l'Atelier de théorie littéraire de Fabula avec l'aimable autorisation de l'auteur et de son éditeur Dossiers Fiction Fiction non- ?ction Témoignage CTerritoires de la non- ?ction Le genre de la non- ?ction est venu depuis quelques années brouiller les frontières du discours comme les distinctions disciplinaires opposant l'écrivain au géographe au journaliste à l'historien au témoin à l'écrivant À l'opposé du roman sur rien émerge sous nos yeux une toute nouvelle littérature d'information de témoignage d'inventaire de documentation et de données Née de notre peur du virtuel et de la pression de l'information sur nos vies du thé? tre de non- ?ction à la data littérature ? la littérature de non- ?ction capture le réel en promouvant une littérature sans ?ction voire une littérature sans récit d'une littérature refusant tout habillage linguistique particulier et toute originalité référentielle C'est ce genre littéraire émergent que la critique contemporaine entreprend désormais de décrire Dans le monde anglo-saxon la non ?ction est une catégorie simple qui divise les rayons des librairies et des bibliothèques en deux parties emportant du côté de la non ?ction autant la philosophe les essais que les reportages du journalisme D'un côté la possibilité selon la formule de Coleridge de suspendre notre incrédulité d'un autre le sérieux de la référence au réel et des procédures de véridiction Ce partage est déréglé dès les années par la non- ?ction novel ? dont l'histoire est bien connue de Truman Capote à Norman Mailer et dont le principe consiste à retirer tout trace de subjectivité auctoriale et à s'interdire toute interpolation ou développement imaginaire en considérant au fond que la part d'imaginaire emporté par le réel brut est su ?sante pour faire littérature Fortement apparenté au nouveau journalisme ? américain celui de grands reportages narratifs le genre reste néanmoins ? prement discuté on a depuis longtemps reproché à Capote de ne pas avoir respecté la rigueur qu'il a ?chait et fait remarquer que les historiens non plus n'étaient pas les derniers à recourir à des procédés littéraires métaphores recours à la première personne interpolations etc sans avoir attendu les hardiesses d'inventivité de la nouvelle histoire ? Alors que la ligne de partage avait tendu à s'assouplir à l'époque de la déconstruction voire à se brouiller complètement dans les ontologies piégées du postmodernisme le linguistic turn ayant tendance à rapporter à des modèles littéraires les écritures sérieuses ? comme le note Gérard Genette nous n'avons pas de mot qui soit l'opposé du concept de ?ction ? elle continue à être débattue certains poéticiens de Dorrit Cohn à Françoise Lavocat étant tentés de la réa ?rmer et à en souligner l'importance à l'heure des fake news Comme l'a encore montré en un procès de la ?ction ? organisé en public à l'hôtel de ville de Paris les lignes de fractures