CONTES ET PROVERBES POPLLAIRES RECUEILLIS EN ARMAGNAC PAR M. JEAN-FRANCOIS BLAD

CONTES ET PROVERBES POPLLAIRES RECUEILLIS EN ARMAGNAC PAR M. JEAN-FRANCOIS BLADÉ PAMS LIBRAIRIE A• FRANCK 67, rue Richelieu. 4867 CONTES ET PROVERBES POPULAIRES RECUEILLIS EN ARNA6NAG CIRDOC CONTES ET PROVERBES POPULAIRES RECUEILLIS EN ÂRMAGNAC PAR M. JEAN-FRANÇOIS BLADÉ ícIM j BÌZIERS PARIS LIBRAIRIE A. FRANCK 67, rue Richelieu 1867 OFFICE REGIONAL DE LA CTJLTURE CAC 44S3 AVERTISSEMENT Les recherches sur la poésie populaire, encore si timides et si peu nom- breuses au siècle dernier, ont acquis depuis une étendue et une importance toujours croissantes. Dans tous les pays, les savants se sont mis àl'oeuvre; et si la France ne s'est associée qu'un peu tard à ce mouvement, elle est du moins en train de réparer le temps perdu. Si cela continue, tout permet d'espérer que, dans quelques années, chacune de nos provinces aura son romancero à peuprès complet. II sera temps alors de condenser, dans un recueil national, lesrésul- tatsdetoutes ces recherches régionales, et de recommencer plus utilement, à des points de vuetrès variés, des travaux de comparaison qui sont demeurés jusqu'ici nécessairement incomplets. Tant que durera cette période préparatoire, ie gouvernementn'a qu'à atten- dre, ou toutau plus à stimuler les entreprises partielles et privées. Quand elles auront donné tout ce qu'on peut en attendre, le moment sera venu de repren- dre le projet prématurément conçu par deux Ministres de l'Instruction Publi- que, lecomte de Salvandy et Hippolyte Fortoul, et de doter le pays d'une collection complète de ses poésies populaires. J'ai entrepris, pour ma part, de contribuer àcette prêparation par un volume de Poe'sies populaires recueillies en Armagnac, dont je corrige en ee moment les épreuves; maislapoésie n'est pasle seul produit de l'imagination populaire. II y a aussi les contes, les récits, les superstitions et les proverbes. Les contes surtout ont une haute valeur; mais, depuis le livre de Perrault, il n'a été fait en France que des recherches rares et restreintes. Les Allemands nous ont pourtant donné l'exemple, et malgré quelques imperfections, la publication des frèresGrimm (1) était bien faite pour provoquer, en-deçà du Rhin, des tentatives analogues. En adoptantla méthode indiquée pour la poésie populaire, c'est-à-dire en attaquant les difíìcultés par provinces, les contes, récits et superstitions setrouveraient recueillis dansun temps relativement assez court, (1) Jac. GRIMM und Wilh. GRIMM, Kinder und Hausmarchen, Gottingen, 1857, 3 vol. 7« édit. et legouvernementpoumitalorsdonnerun pendantau grand recueil dont je parlais tout à l'heure. Peut-être cela viendra-t-il un jour; mais le meilleur moyen de convertir les autres est de prêcher d'exemple. J'ai donc entrepris de rassembler les princi- paux contes, récits, superstitions, ainsi que les proverbes populaires en Armagnac, et, à défaut d'autre aptitude, j'espère du moins avoir faitpreuve de bonne volonté (1). Dansle dénombrement qu'on vient de lire, j'ai distingué les contes, récits, superstitions et proverbes, et je demande à fournir là-dessus de courtes expli- cations. J'appelle contes, avec tous mes compatriotes de l'Armagnac, Ies narrations plus oumoins merveilleusos, dontla fausseté n'est douteusc ni pour celui qui parle, ni pour ceux quil'écoutent. Le conteur, du reste, a soin de prévenir son auditoire. II débute, en général, par cetteformule : Jou sabi un counte, etter- mine par celle-ci: E tric tric Moun counte es finit: E tric trac Moun counte es acabat. Les récits n'ont rien de merveilleux. Ce sont des anecdotes vraies, ou du moins vraisemblables, et jamais on n'y ajouteles formules initiale etfmale que je viens de donner pour les contes. Le merveilleux est inséparable des superstitions; mais, à la différence des conles, il est généralement accepté comme vérité par le narrateur et les au- diteurs. Telles sont lestrois sortes de pièces que j'ai cru pouvoir désigner, dans le titre de ce recueil, sous la dénomination générale de contes, sauf à les distinguer ensuite d'après les caractères que je viens de signaler. J'ai maintenant à m'ex- pliquer sur laforme adoptéepour ces trois formes de narrations. Et d'abord, le choix de la langue ne pouvait être douteux. II fallait adopter le dialecte gascon, et choisir, dans ce dialecte, le patois d'Auch, point central del'Armagnac (2), ramené, autant que possible, à l'orthographe provençale de labonne époque. (1) Dans son Voyage archéologique et historique dans les anciens comtés d'Astarac et de Pardiac (Mirande, 1857), M. Cénac-Moncaut a donnó neuf conles qu'il a réédités ensuite, avec quelques autres. sous )c titre de Contespopulaires de la Gaseogne. Mais les rccits de M. Cénac-Moncaut sont aussi loin que possible de la naïveté et de la vérité des narrations populaires. Un écrivain honorablement connu par un travail intitulé le Droit de famille aux Pyrénces, M. Jules Cordier, a donné naguèro les Légendes des Hautes- Pyrénées, mais j'ai le regret dc dire que l'au- teur me paraîtavoir adoptó une mcthode défectueuso sousbien des rapports. (2) J'entends par Armagnac, non pas la circonscription fé'odale limitée à la partie occidentale du département du (ìers, mais le territoire auque! ce nom fut élendu sous l'ancicnne monarchie, et qui correspond à peu près au département tout enticr. — La caractóristique du patois d'Auch sera donnée dans VIntroductian des Poésies po~ pulaires recueillies en Armagnac. — VII — Jusqu'ici les diffieultés n'étaient pas très graves; mais la rédaction m'a arrôtó fort longtemps, et voici commentje suis enfin parvenu à réduire à peuprès mon ròle à celui de simple sténographe. II suffit de comparer un instant les Contes de Perrault avec ses autres ouvra- gespour êtrecertain que l'auteur a cherché, etpresque toujours réussi, àpré- senter ces contes sous une forme qui tend à ss confondre le plus possible avec la forme populaire. Rien ne semble donc plus facile, au premier abord, que de suivre la voie tracée par le maître, et de se garer contre cette phraséologie pseudo-rustique renouvelée tous les vingt ans par les romanciers et les auteurs dramatiques. Mais ce n'est là qu'une facilité apparente, et qui oserait se flatter de s'assimiler passablement le style si bien approprié de Perrault? Cetto pensée m'a longtemps dècouragé; cepenclant je crois avoir enfin découvert le moyen de sauvegarder ma probité d'éditeur. Dans le cours de mes recherches, j'étais d'abord tombé sur une espèce de narrateurs qui sontincontestablement les plus nombreux, mais qui sont aussi ceux àqui il faut le moinsse fier. Pour eux, l'intégrité du récit n'est sauve- gardée par aucune forme sacramentelle. Peu soucieux du style, et préoccupés surtout des idées etdes faits, ils sont toujours longs, diffus, et tout à fait inca- pables de recommencer dans les mêmes termes. Ce sont là des guides très dan- gereux, bons tout au plus à mettre sur la trace de narrations plus sobres et plus exactes; mais plutôt que de me fier àeux seuls, j'ai dù me restreindre beaucoup, et je me suis obstinément cantonné dans un petit nombre de tradi- tions originales. Ceux qui possèdent ces traditions marchent au but par la voie la plus brève. Si onles prie de recommencer, chacun d'eux le fait constamment dans les mêmes termes, et quand on leur fait traiter séparément le même thème, on ne relève, dans les faits, qu'un petit nombre de variantes, et on constate, dans le style, de nombreuses similitudes. Tels sont pour moi les véritables conteurs, les seuls que j'aie voulu prendrc pour guides, et sì ce travail y perd en étendue, il y gagne du moins en sincéritè. Mon choix ainsi fait, j'aitâché de recueillir, autant quepossible, chaque pièce de plusieurs bouches, et, encas de concurrence, j'aitoujours adoptêlaformela plus brôve, qui est aussi celle qui offre le plus de style et de caractère. Mon ròle, je Ie répète, s'est donc borné à celui d'un simple sténographe, qui se per- met tout au plus d'ajouter ennote les éclaircissements nécessaires ponr I'intelli- gence des textes.Peut-être quelques-unsme reprocheront-ils de n'avoir pas assez comparé, le cas échéant, certains récits avec ceux qui sont imprimés dans d'autres recueils français et étrangers.J'avaisbienunmoment songé àle faire; mais après mûre réflexion, il m'a semblé que l'étude des monuments du prosaïsme popu- laire était encore trop peu avancée pour aborder avee quelque étendue ce tra- vail comparatif, et je me suis borné à de brèves indications. J'ai même évité, dansle titrede cetravail, Contes et Proverbes recueillis en Arrnagnac, de me prononcer sur la provenance des pièces qui y figurent, et le lecteur voudra bien reniarqucr que le mot recueillis róserve toutes les questions de ce genre. II ne me reste plus maintenant à m'expliquer que sur les proverbes. — VIII — La parémiologie est représentée, dans le Sud-Ouest de la France, par un cer- tain nombre de publications, dont la plus ancienne est celle d'un certain Vol- toire (1), qui paraît avoir été successivement maître de langues à Toulouse, Bayonne et Bordeaux, au commencement du xvn' siècle. Elle a pour titre : Lous 3Ioutets guascous deou marchan de Voltoire et a étè réimprimée deux fois (2). Viennent ensuite les Proverbes basques recueillis par le sieur d'O'ihe- nard, plus les Poésies basques, du même auteur, Paris, 1657(3). Un savant ecclésiastique du siècle dernier, l'abbê Daignan du Sendat, vicaire général du diocèse d'Auch, avait aussi recueilli un certain nombre de proverbes dans cette circonscription. Onles trouve dans ses manuscrits conservés àla Bibliothèque d'Auch,

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  • Publié le Dec 13, 2021
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