JOURNAL DESSAVANTS t 9t 2 J~~AL DES ~~ANTS COMITÉ DU JOURNAL DES SAVANTS. MM. S
JOURNAL DESSAVANTS t 9t 2 J~~AL DES ~~ANTS COMITÉ DU JOURNAL DES SAVANTS. MM. SALOMON REtNACH, LOUIS LEGEn, EDOUARD CHAVANNES, MM. EUE BEUGEH, BEHNAnD HAUSSOULHEtt, Et MM. les Membres composant lé Bureau de l'Académie. Z)!ec<eH~' M. RENÉ CAGKAT,Membre de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres. ~c/'e<<n/'e de la ~ec~c~o/t · M. HENRt DjEHËRAtN,So.us-Bibliothécaire à l'Institut. CONDITIONS ET MODE DE LA PUBLICATION. Le JOUIINAL DES SAVANTSparait le t5 de chaque mois par fascicules de six feuilles in-4". Le prix de l'abonnement annuel est de a~ francs pour Paris, de a~6francs pour les départements et de 28 francs pour les pays faisant partie de l'Union postale. Le prix d'un fascicule séparé est de 2 francs. Adresser tout ce qui concerne la re~c~o/t A M. H. DEHÈMAiN, Secrétaire de la Rédaction, Bibliothèque de l'Institut, ~3, quai Conti, à Paris. Adresser tout ce qui concerne les ~o/ï/M/Ke/~s et les s/to/:ces A la Librairie HACHETTE, 79, boulevard Saint-Germain, à Paris JOURNAL DES SAVANTS '4' r~~tLESAUSPICES DE\~NSTL~/T DE FRANCE (ACADÉMIE D~8~mSCRIPTIONS ET BELLES-LETTRES) NOUVELLE SERIE. – 10~ ANNEE PARIS HACHETTE ET C- LIBRAIRES-ÉDITEURS BOULEVARD SAINT-GERMAIN, ~() MDCCCCXII edn;:l SN,r"! DES-SAVANTS. LES STATUES Ff/E~ DANS L'ART GREC. M; CoLUGNON. Les statues funéraires dans l'art grec. Paris, Ernest Leroux, 1911. M. Maxime Collignon, dont les beaux livres sur l'antiquité sont devenus classiques et dont l'enseignement, en Sorbonne, forme depuistrente ans les jeunes générations d'archéologues français, nous donne avec Les statues funéraires dans l'art grec une sorte de complé- ment à son ouvrage sur l'Histoire de la <ScM~p<Mre. C'est, en effet, dans le vaste domaine de la plastique ancienne, exploré par tant de savants, un élément jusqu'à présent négligé ou dont l'étude n'avait pris place que dans des articles épars. Il conve- nait d'en faire une solide et substantielle monographie, comme celle qui nous est aujourd'hui présentée, avec tout l'appareil nécessaire de la documentation scientifique et les abondantes illustrations, qui con- stituent un riche répertoire de types chronologiquement classés. La distinction n'était pas facile à faire entre le type votif et le type funéraire. Bien des fois l'auteur doit nous avertir que la destination exacte du monument n'est pas connue et qu'il a interprété comme décor sépulcral ce qui n'a peut-être été qu'une offrande pieuse dans un temple. Mais cette difficulté même est instructive et nous renseigne mieux que tout autre chose sur le caractère d'ex-voto aux morts, en somme identique à l'ex-voto aux dieux; les deux catégories devaient souvent se confondre dans l'atelier de l'indus- triel chez qui les clients venaient chercher ou commander la statue commémorative d'un événement triste ou joyeux. On me permettra JOURNAL J~K~ER ~2. 6 E. POTTIER. de rappeler que l'auteur reprend ici une idée que j'ai soutenue en divers ouvrages. « Les sculpteurs, dit-il, qui exécutaient ces statues comme des œuvres industrielles, n'avaient sans doute pas le souci de les adapter à un usage qu'ils pouvaient ignorer eux- mêmes c était la volonté des donateurs qui faisait pour ainsi dire leur état civil (p. y5). )) C'est textuellement ce que j'ai exposé dans ma thèse latine (jf~M! Sigilla, i883, p. 93 et suiv.) et résumé dans Les~a<M6<~o~ ~yve cuite (1800, p. ~8t) et suiv.). Il ne m'est pas indifférent de voir se rallier à cette ~opinion un des maîtres de l'archéologie contemporaine. Il faut donc considérer comme un peu large et un peu lâche la délimitation tracée autour du sujet. Bien des réflexions qui s'ap- pliquent aux types funéraires conviendraient également à la classe des ex-voto religieux. Bien des monuments reproduits ont peut-être eu leur place autour d'un sanctuaire, et non dans une nécropole. Cette réserve faite, on prendra grand intérêt à suivre, dans tout son développement historique, une statuaire qu'on pourrait dire plutôt côMW~prct<t~e, émanée de la volonté et des intentions religieuses dés ,,particuliers. Cet ensemble de documents nous instruit autant sur l'histoire des idées et sur la psychologie sociale des Grecs que sur leur art. Je parlerai plus loin des premiers chapitres où l'auteur analyse lés origines de la statue funéraire, question qui prête à quelques observations. Mais, à partir du moment où le type funéraire est formé, vers la fin du vie et le début du v" siècle, on voit se dérouler avec une sûre logique et une belle ordonnance toutes les étapes parcourues par les sculpteurs grecs, depuis les naïfs ima- giers auxquels on doit la série des jeunes gens nus,, des A'OH~O{, jus- qu'aux admirables artistes qui nous ont légué des effigies de haute et pure inspiration, comme la jeune morte mélancolique et résignée de Thasos (ng. 07) ou le fameux sarcophage des Pleureuses de Sidon (&g. i3a). Nous retrouvons dans cette une analyse des types, dans l'étude des modèles, des draperies, des attitudes et des gestes, les qualités ordinaires de l'écrivain à qui nous devons déjà tant de pages où se marque un sentiment sincère et ému de la beauté grecque. Nous le louerons aussi de savoir adapter à cet artt de noblesse tranquille un style qui, sans déclamation et sans rhétorique, se L<ES STATUES FUNERAIRES DANS L'ART GREC. 7 soucie pourtant de la pureté de la forme et de l'élévation de la pensée. On a déjà cité dans quelques comptes rendus, on citera encore la conclusion où d'un trait si juste l'auteur marque le caractère peu funèbre, pour nos yeux modernes, de cette sculpture funéraire. En parcourant cette sorte de Galerie des tombeaux où nous avons essayé de grouper les types essentiels de la statuaire funéraire, depuis les origines de l'art grec jusqu'au temps des Antonins, nous n'avons pas une seule fois rencontré l'image de la mort traduite dans sa lugubre réalité. Alors même que, dans les figures de gisants, l'attitude couchée pouvait inviter les sculpteurs à donner au corps l'aspect d'un cadavre, ils sont restés fidèles à la tradition séculaire. Rien ne nous a donné cette vision directe de la mort, devant laquelle n'a pas reculé l'imagination de nos artistes du xvi° siècle rien ne nous a rap- pelé des œuvres telles que les tombeaux de Louis XII et de Henri H à Saint- Denis, où les rois défunts apparaissent comme d'inertes et rigides effigies. A plus forte raison l'effrayant réalisme qu'ont poursuivi parfois les artistes de la Renaissance, leur audace à montrer dans toute son indicible horreur l'œuvre de la mort, sont-ils restés étrangers à l'art antique. Ce qu'il a repré- senté, aussi bien dans les statues tombales que dans les stèles, c'est la vie, et rien que la vie. Tel est, en enet, le dernier mot et, on peut dire, l'éternel et unique mot de l'art grec. Dans cette revue que nous fait faire avec lui M. Collignon, statues de jeunes gens et statues de jeunes femmes, debout ou assis, types d'enfants, de jeunes filles, de ser- vantes ou d'esclaves pleurant leurs maîtres ou lés assistant, animaux fantastiques ou réels, sphinx, sirènes, lions, et, plus tard, avec Ihéroïsation de 1 époque hellénistique, dieux et déesses, hermès, figures allégoriques, comme Eros, Hypnos et Thanatos, c'est, en somme, le répertoire invariable et presque uniforme, le personnel toujours le même du théâtre où le Grec contemple le jeu de la vie, telle qu'il la conçoit. Et l'on ne saurait dire ce qui est le plus étonnant de cette obstination et de cette régularité à traiter par- tout les mêmes sujets, ou de cet art pénétrant qui, avec de légères touches, des nuances subtiles, réussit à varier indéfiniment les thèmes semblables, à les transposer dans'un autre domaine. Entre les jeunes filles de la frise des Panathénées et les pensives figures des stèles attiques, il y a plus que des parentés; ce sont les mêmes modèles il n'y a de diU~érence que dans le sentiment intime qu'elles 8 E. POTTIER. expriment. Entre la Démèter de Cnide et la belle statue de la col- lection Trentham, toutes deux au Musée Britannique, il y a les ressemblances d'une mère et d'une fille, avec la barrière qui sépare une déesse et une femme. Jamais art n'a été dans ses sujets plus monotone, plus traditionnel que l'art grec, et c'est ce qui décon- certe un peu les modernes, quand ils ne réussissent pas à pénétrer les mouvements par où le génie de ce peuple, inflexible dans sa recherche unique de la beauté humaine, progresse et évolue sans cesse. C'est aussi la raison d'admirer que nous découvrons dans les arts industriels de la Grèce vases peints, statuettes de terre cuite,, pierres gravées, monnaies; partout une pensée concentrée sur un petit nombre de motifs, toujours transformés et rajeunis. C'est bien ce que M. Collignon nous montre dans ce volume qu'on pourrait croire au premier abord, en le feuilletant, une simple répétition de quelques chapitres de sa Sculpture grecque. Les fins' amateurs de la beauté antique ne s'y tromperont pas; ils découvri- ront eux~~gj~gg dans la sensible éloquence de ces marbres, ce qui fait le prix de cette monographie excellente. Après cette appréciation sur l'ensemble du livre, je voudrais revenir à la question qui forme comme le point de départ du tra- vail. Dès le début, M. Collignon s'est trouvé aux prises avec le problème toujours uploads/s1/ coom-1912.pdf
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- Publié le Oct 30, 2021
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