Conseil scientifique de l’éducation nationale MIEUX DORMIR POUR MIEUX APPRENDRE

Conseil scientifique de l’éducation nationale MIEUX DORMIR POUR MIEUX APPRENDRE Texte rédigé sous la direction de Stéphanie Mazza, avec les contributions de Kinga Igloi, Sabine Plancoulaine, Amandine Rey et Rébecca Shankland Synthèse de la recherche et recommandations ©LeManna/Shutterstock Ce texte a été rédigé dans le cadre des travaux du groupe de travail « Bien-être à l’école » du Conseil scientifique de l’éducation nationale, sous la direction de Stéphanie Mazza, avec les contributions de Kinga Igloi, Sabine Plancoulaine, Amandine Rey, Rébecca Shankland et des membres du groupe de travail. Groupe de travail « Bien-être à l’école » du Conseil scientifique de l’éducation nationale Les travaux scientifiques en psychologie et neurosciences mettent en avant le rôle clé du sommeil, de l’activité physique ou encore des compétences psychosociales sur les perfor- mances cognitives et scolaires. Le groupe de travail s’attache à déterminer les interventions qui paraissent les plus efficaces dans ces domaines afin de dresser des recommandations concrètes. Coordination : Stéphanie Mazza, professeure de neuropsychologie à l’université Lyon 1. Véronique Billard, directrice de la pédagogie, Réseau Canopé ; Vincent Cano, chargé de mission, bureau des collèges, Dgesco ; Emily Darlington, maître de conférence à l’université Lyon 1 ; Patrick Debut, secrétaire général du CSEN ; Ghislaine Dehaene-Lambertz, directrice de recherche au CNRS en sciences cognitives ; Isabelle Goubier, inspectrice de l’éducation nationale, académie de Paris ; Kinga Igloi, maître assistante à l’université de Genève ; Marjorie Koubi, cheffe du bureau des collèges, Dgesco ; Christine Lequette, médecin conseillère technique de la rectrice de Grenoble ; Thomas Leroux, sous-directeur de l’action éducative, Dgesco ; Marion Mallet-Petiot, cheffe du bureau des écoles, Dgesco ; Christophe Marsollier, inspecteur général, IGESR ; Stéphanie Mazza, professeure de neuropsychologie à l’université Lyon 1 ; Sophie Mico, infirmière conseillère technique auprès du recteur de Lyon ; Brigitte Moltrecht, conseillère technique, Dgesco ; Sofia Nogueira, adjointe à la cheffe du bureau des collèges, Dgesco ; Sabine Plancoulaine, chercheure à l’Inserm ; Amandine Rey, maître de conférence à l’université Lyon 1 ; Benoit Rogeon, chef du bureau de la santé et de l’action sociale, Dgesco ; Rebecca Shankland, professeure de psychologie du dévelop- pement à l’université Lumière Lyon 2 ; Anne Valat, chargée de mission, CSEN. Mieux dormir pour mieux apprendre. Synthèse de la recherche et recommandations. CSEN — Mars 2022 4 Résumé Trop souvent considéré comme une perte de temps dans nos sociétés modernes, le sommeil constitue bien plus qu’une période de repos. Il s’agit d’un élément vital et fon- damental au développement, à la santé physique et émotionnelle, aux apprentissages et aux relations interpersonnelles, et cela à tout âge de la vie. Alors que les avancées techno- logiques nous poussent à retarder notre heure de coucher, nos besoins de sommeil n’ont guère évolué depuis les 100 dernières années. Les données indiquent que : l L’organisme est incapable de stocker du sommeil en prévision d’une privation à venir ; l Un sommeil régulier, suffisant en quantité et qualité est donc le seul garant de notre bon fonctionnement ; l Le sommeil est important à tout âge, mais particulièrement pour le développement cé- rébral, métabolique, immunitaire, émotionnel et cognitif de l’enfant et de l’adolescent. La consolidation de la mémoire, en particulier, augmente nettement après une sieste ou une nuit ; l Dans des études longitudinales, le manque de sommeil de la petite enfance constitue un handicap pour les apprentissages à venir puisqu’il laisse des stigmates visibles à l’en- trée au cours élémentaire. Ainsi, un enfant qui dort bien est un enfant qui a plus de chance de bien apprendre. Les différents acteurs de l’éducation nationale doivent faire du sommeil un outil de réussite académique, et plus largement un outil permettant le développement du bien-être de l’élève. Même si le sommeil reste principalement un comportement qui prend place dans l’intimité de la sphère familiale, les principales répercussions sont visibles en classe : endormissement, conflits, manque d’attention, hyperactivité, impulsivité, absentéisme… Avec l’éducation obligatoire à 3 ans, tous les enfants doivent se voir offrir la possibilité de faire la sieste dans l’enceinte de l’école. Les enseignants et les chercheurs en sont convaincus, bien dormir, c’est bien apprendre. Résumé Trop souvent considéré comme une perte de temps dans nos sociétés modernes, le sommeil constitue bien plus qu’une période de repos. Il s’agit d’un élément vital et fondamental au développement, à la santé physique et émotionnelle, aux apprentissages et aux relations interpersonnelles, et cela à tout âge de la vie. Alors que les avancées technologiques nous poussent à retarder notre heure de coucher, nos besoins de sommeil n’ont guère évolué depuis les 100 dernières années. Les données indiquent que : l L’organisme est incapable de stocker du sommeil en prévision d’une privation à venir ; l Un sommeil régulier, suffisant en quantité et qualité est donc le seul garant de notre bon fonctionnement ; l Le sommeil est important à tout âge, mais particulièrement pour le développement ­ cérébral, métabolique, immunitaire, émotionnel et cognitif de l’enfant et de l’adolescent ; l Un bon sommeil est nécessaire pour permettre aux élèves de bien apprendre. Le ­ sommeil de nuit ou de sieste est essentiel pour consolider ce qui a été appris ; l Le manque de sommeil de la petite enfance ­ constitue un handicap pour les ­ apprentissages à venir puisqu’il laisse des stigmates visibles à ­ l’entrée au cours élémentaire. Ainsi, un enfant qui dort bien est un enfant qui a plus de chance de bien apprendre. Les ­ différents acteurs de l’éducation nationale doivent faire du sommeil un outil de réussite académique, et plus largement un outil permettant le développement du bien-être de l’élève. Même si le sommeil reste principalement un comportement qui prend place dans l’intimité de la sphère familiale, les principales répercussions sont visibles en classe : endormissement, conflits, manque d’attention, hyperactivité, impulsivité, absentéisme… Avec l’éducation obligatoire à 3 ans, tous les enfants doivent se voir offrir la possibilité de faire la sieste dans l’enceinte de l’école. Les enseignants et les chercheurs en sont convaincus, bien dormir, c’est bien apprendre. Mieux dormir pour mieux apprendre. Synthèse de la recherche et recommandations. CSEN — Mars 2022 5 Sommaire 1. Le sommeil au cours du développement ....................................... 7 L’importance de la sieste.............................................................................................................................9 2. Rôles du sommeil au cours du développement. ............................ 11 2.1 Sommeil et maturation cérébrale.......................................................................................11 2.2 Sommeil et croissance. .........................................................................................................12 2.3 Sommeil et immunité. ...........................................................................................................12 3. Sommeil et apprentissages . .............................................................. 13 3.1 Sommeil et fonctionnement cognitif . ...............................................................................13 3.2 Sommeil et consolidation des apprentissages................................................................15 3.3 Sommeil et comportements ..............................................................................................16 3.4 Un lien vers les compétences psychosociales . ................................................................17 Le sommeil dans les troubles neuro-développementaux . ...................................................................19 4. Interventions à l’école ....................................................................... 19 4.1 Expérimentations en Cycle 1................................................................................................19 4.2 Expérimentations en Cycles 2 et 3. ....................................................................................20 4.3 Expérimentations ciblant les élèves du secondaire. .......................................................22 Le sommeil et les écrans..............................................................................................................................24 5. Limites des études. .............................................................................. 25 6. Perspectives et recommandations. .................................................. 25 6.1. Le sommeil, ça s’apprend. ....................................................................................................25 6.2. Le sommeil n’est pas uniquement une affaire de nuit : la place de la sieste. ...........26 6.3. Porter une attention particulière aux adolescents. .......................................................28 6.4. La formation des équipes pédagogiques. ........................................................................28 Ce qu’il faut retenir.................................................................................. 29 Références................................................................................................. 30 Mieux dormir pour mieux apprendre. Synthèse de la recherche et recommandations. CSEN — Mars 2022 6 À quelques jours de la rentrée, il est fréquent de lire ou d’entendre dans les médias, qu’il est temps de recaler le rythme des enfants et des adolescents pour leur permettre d’aborder la rentrée reposés. Implicitement, le sommeil est considéré comme un facteur de réussite. Pourtant, alors que l’alimentation et l’exercice physique sont souvent invoqués pour prévenir les problèmes de santé, le sommeil est quant à lui encore souvent considéré comme une perte de temps. On estime que plus de 30 % des enfants1 et jusqu’à 70 % des adolescents ne dorment pas suffisamment2. Dans ce texte, nous allons montrer l’importance des répercussions du manque de sommeil sur l’attention, les émotions et les résultats scolaires. L’influence du sommeil sur les apprentissages est double. Avoir bien dormi permet aux élèves de disposer de conditions cognitives optimales pour acquérir de nouvelles connaissances, et bien dormir après avoir appris permet de consolider ces nouveaux apprentissages. Plusieurs travaux scientifiques mettent en évidence que le manque de sommeil des enfants et adolescents pourrait être corrigé par la mise en place d’une bonne hygiène de sommeil. La mise en place de comportements efficaces nécessite que l’on dispose de bonnes connaissances sur le sommeil, afin d’identifier les facteurs susceptibles de le favoriser ou de l’entraver. Bien que la problématique du manque de sommeil soit fréquemment au centre des discussions des équipes éducatives, les professionnels de l’éducation se trouvent démunis et se sentent souvent peu légitimes pour l’aborder sereinement en classe ou auprès des familles. Cette revue de la littérature apporte des arguments scientifiques qui montrent à quel point le sommeil est une clé des conditions de la réussite et du bien-être de l’enfant et de l’adolescent. Cette synthèse rapporte de manière non-exhaustive les productions scientifiques et les résultats d’interventions réalisées en milieu scolaire ayant donné lieu à des uploads/s1/ csen-synthese-mieux-dormir-pour-mieux-apprendre-web.pdf

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  • Publié le Aoû 15, 2022
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