Pour enseigner le vocabulaire à l’école maternelle Un guide fondé sur l’état de

Pour enseigner le vocabulaire à l’école maternelle Un guide fondé sur l’état de la recherche L’écriture de cet ouvrage a été coordonnée par la direction générale de l’enseignement scolaire du ministère de l’Éducation nationale et de la Jeunesse. Son élaboration a été assurée par un groupe d’experts. Sommaire INTRODUCTION 4 Le développement du vocabulaire : un enjeu fondamental à l’école maternelle CHAPITRES 7 L’apprentissage de la langue 8 L’acquisition du langage 11 L’acquisition du sens des mots 12 Le développement de l’attention de l’enfant 14 L’inégale acquisition du langage par les élèves 17 L’enseignement du vocabulaire 18 Compétences langagières attendues à la fin de la maternelle 20 Un enseignement explicite fondé sur l’interaction avec l’élève I II 33 La mise en œuvre de l’enseignement du vocabulaire 34 Le choix des mots et des situations 37 Une nécessaire structuration des mots 41 L’importance des activités de catégorisation en petite section 42 Faire réutiliser les mots 44 Avoir une attention particulière pour les élèves très éloignés de la langue de scolarisation 44 Suivre les progrès des élèves 51 Focus | Un exemple de construction de séquences sur les trois années de l’école maternelle 67 Focus | Un exemple de séquence en petite section pour travailler le champ lexical des vêtements 70 Focus | Un exemple de séquence en moyenne et grande sections à partir d’un conte traditionnel 77 Focus | Un exemple de séquence en moyenne et grande sections à partir d’un texte documentaire 86 Focus | Un exemple de séquence à partir d’une œuvre d’art BIBLIOGRAPHIE ET OUTILS DE RÉFÉRENCE 96 Ouvrages 96 Articles 98 Rapports, contributions et conférences III 4 — Introduction Le développement du vocabulaire : un enjeu fondamental à l’école maternelle 5 — Introduction Chaque enfant enrichit son vocabulaire par l’usage et l’échange. Le contexte social et culturel dans lequel se développe l’enfant a donc une grande influence sur son niveau de langue. L’attention portée à son langage, le temps et les aides dont il bénéficie ou non dans sa famille, l’exigence de précision qui lui est demandée pour formuler des situations, ses sentiments ou ses désirs, sont les composantes essentielles de ce contexte. Le rôle de l’École, et singulièrement de l’école maternelle, est d’enrichir le langage de l’élève, de systématiser l’étude du lexique et de la langue, pour développer sa capacité de dire le monde et lutter contre l’inégale maîtrise de la langue par les élèves. L’abaissement de la scolarité obligatoire à 3 ans permet d’agir dès le plus jeune âge. Le temps de l’école maternelle (3-5 ans) correspond, dans le développement de l’en- fant, à une période d’explosion lexicale. C’est donc le moment idéal pour aider tous les enfants à élargir leur capital lexical. De nombreuses recherches montrent ce que l’expérience et la connaissance empi- rique laissent supposer : l’étendue du vocabulaire à l’école maternelle est un facteur prédictif de la réussite scolaire. Alain Lieury a montré que les corrélations entre réussite scolaire et connaissances lexicales sont plus élevées que celles que l’on peut établir entre réussite scolaire et niveau intellectuel1. Pour l’École, c’est un fait majeur qui renforce, s’il en était besoin, la nécessité de travailler le lexique avec les élèves pour augmenter fortement le vocabulaire de chacun d’eux. Dans la mesure où les mots connus par l’élève conditionnent ses capacités de com- préhension orale, ils conditionnent également sa capacité future d’apprentissage de la lecture et de compréhension à l’écrit. En effet, compréhension écrite signifie déco- dage et compréhension orale2. Grâce à un lexique étoffé acquis à l’école maternelle, l’enfant sera en capacité de comprendre les mots décodés au cours préparatoire. 1 — Alain Lieury, Philippe Van Acker, Marielle Clévédé, Paul Durand, « Les Facteurs de la réussite scolaire : raisonnement ou mémoire sémantique ?, 2e année d’une étude longitudinale en cycle secondaire (5e) », Psychologie et psychométrie, 1992. 2 — « Pédagogies et manuels pour l’apprentissage de la lecture : comment choisir ? » Analyse menée en 2018-2019 par le groupe de travail Pédagogies et manuels scolaires du Conseil scientifique de l’éducation nationale (Csen), en collaboration avec l’académie de Paris. 6 — Introduction Il est donc nécessaire de permettre aux élèves d’enrichir leur vocabulaire et leurs capacités d’inférer3 le sens des mots. Chaque jour, dans toutes les situations d’apprentissage, mais aussi dans les échanges du quotidien et grâce aux histoires que le professeur raconte ou lit, les enfants découvrent de nouveaux mots qu’ils doivent réutiliser pour s’exprimer et se faire comprendre. Une simple exposition se révèle toutefois nettement insuffisante pour s’approprier un vocabulaire assez riche. L’enrichissement lexical implique un ensei- gnement explicite et dirigé de cet apprentissage avec des séquences spécifiques, des activités régulières de classification, de mémorisation de mots, de réutilisation de vocabulaire et d’interprétation de termes inconnus à partir de leur contexte ou de leur morphologie. L’un des défis de l’enseignement du vocabulaire se situe dans cet équilibre qu’il faut trouver entre la compréhension des mots en contexte et la réu- tilisation efficace des mots appris en dehors du contexte d’apprentissage. Les séances d’enseignement prennent généralement appui sur des supports d’appren­ tissage motivants (contes, textes de littérature de jeunesse, œuvres d’art, etc.) mais aussi sur l’attention portée à l’emploi des mots justes dans l’interaction quotidienne, notamment avec les plus petits. La subtilité de cet enseignement réside donc dans la capacité à concevoir des apprentissages progressifs et structurés, en variant les contextes d’utilisation des mots pour faciliter l’apprentissage de leur sens. Cette publication de référence se propose de guider les professeurs dans la mise en œuvre de démarches d’enseignement au service des acquisitions lexicales. 3 — Inférence : opération logique qui consiste à conclure qu’une proposition est vraie du seul fait de sa liaison avec une ou plusieurs propositions dont la vérité a été établie précédemment. L’apprentissage de la langue I 8 — L’apprentissage de la langue L’école maternelle doit permettre à chaque enfant de manipuler la langue avec aisance. Pour cela, il est nécessaire d’enrichir le capital lexical du jeune enfant, processus qui relève principalement de la langue orale. L’acquisition du langage Avant toute chose, il est important de bien comprendre ce que recouvrent les mots « langage oral ». Le système linguistique propre à chaque langue définit les mots (lexique) et les règles (syntaxe) qui permettent d’ordonner les mots pour transmettre du sens. Chaque langue repose sur un choix particulier de sons, ou phonèmes, et sur des règles pour les organiser. Par exemple, l’anglais et le français n’utilisent pas les mêmes sons pour construire des mots : le /u/ français n’existe pas en anglais et le /th/ anglais n’est pas utilisé en français ; aucun mot français ne commence par /tl/, suite de phonèmes pourtant possible au milieu du mot comme dans « atlantique »). Ces sons et règles constituent la phonologie de la langue. COGNITION SOCIALE ENFANT ENSEIGNANT CONCEPTS COGNITION SOCIALE Mots Syntaxe Attitude pédagogique Attente de connaissances de la part des adultes SYSTÈME LINGUISTIQUE CONCEPTS SYSTÈME LINGUISTIQUE 9 — L’apprentissage de la langue Ce système linguistique ne suffit pas à définir la langue ; il est à l’interface avec deux autres systèmes qui, eux, sont universels : — — un système symbolique et conceptuel : les idées que l’on veut transmettre ; — — un système social : les autres êtres humains à qui nos messages sont adressés. Chez la plupart des humains, c’est bien sûr la parole, ou langage oral, qui est le moyen essentiel de communication et qui mobilise les trois systèmes évoqués précédemment : le lexique, la syntaxe et les phonèmes. Il existe plus de 6 000 langues actuellement dans le monde. Tout enfant, sauf en cas de pathologie, apprend spontanément sa langue maternelle. Cet apprentissage commence dès la naissance, et sans doute dans les dernières semaines de la gros- sesse, quand l’oreille et le cerveau sont assez développés pour percevoir, traiter et mémoriser les sons qui traversent le milieu amniotique du fœtus. Le langage est un système extrêmement puissant qui repose sur la capacité des humains à moduler des sons et à les combiner dans des séquences pour transmettre un sens. Chaque langue n’utilise qu’une partie de toutes les combinaisons possibles. Les combinaisons choisies ne sont pas aléatoires mais obéissent à des règles (c’est le champ de la lin- guistique de comprendre quelles sont ces règles, comment elles évoluent et pourquoi les langues se transforment). Pour le bébé, il s’agit d’apprendre quels sont les sons utilisés dans sa langue maternelle et comment ils peuvent se combiner pour faire des mots. C’est ce qu’il fait au cours de sa première année de vie. Il devient alors moins sensible à des sons utilisés par d’autres langues qui ne sont pas présents dans la langue de son environnement. Les petits Japonais perdent la capacité à distinguer /r/ et /l/ et les petits Français à percevoir l’accent du mot qui est fixe en français (sur la dernière syllabe) alors qu’il est variable dans beaucoup d’autres langues (en anglais et en espagnol, par exemple). Par ailleurs, le bébé repère que certaines combinaisons reviennent fréquemment comme son prénom, des mots comme uploads/s1/ guide-pour-enseigner-le-vocabulaire-a-l-x27-ecole-maternelle.pdf

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  • Publié le Jui 09, 2021
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