26 Août 1951 Fête donnée en l'honneur du Cinquantenaire du Sanatorium et de la

26 Août 1951 Fête donnée en l'honneur du Cinquantenaire du Sanatorium et de la remise de la Croix d'Officier de la Légion d'Honneur à Madame de FONTENILLIAT Il y a quatorze ans, le 11 juillet 1937, nous étions réunis au Sanatorium pour une grande fête. On célébrait ce jour-là les 36 années d'existence de notre chère maison et la remise de la Croix de Chevalier de la Légion d'Honneur à Madame de FONTENILLIAT. Aujourd'hui, nous venons raconter pour ceux qui étaient là et pour les absents notre belle fête du 26 Août. Ce jour-là, c'est la remise de la Croix d'Officier de la Légion d'Honneur à Madame de FONTENILLIAT et le cinquantenaire du Sanatorium qui étaient la cause de notre joie. Par un temps un peu couvert, cette bonne journée commençait à 10 heures du matin. L'entrée du Sanatorium, les cours, les vérandas étaient décorées de drapeaux, de grosses guirlandes rouges et vertes coupées de gros lampions multicolores qui devaient être allumés le soir. Nous renonçons à décrire la rumeur, l'agitation, les va-et-vient, les cris joyeux à l'arrivée des anciens en habits de fête, les soins pris par les Sœurs pour bien placer les « chariots » de leur salle, pour aligner les valides sur les bancs préparés pour eux dans la cour des garçons. Car, la messe va être célébrée sur un autel dressé sous la véranda de la salle St-Joseph. C'est Monsieur le Recteur de ROSCOFF qui officie. Moment émouvant pour lui et pour tous ceux qui savent qu'il est arrivé au Sanatorium petit garçon malade il y a cinquante ans... Il a connu Madame de KERGARIOU, la vénérée fondatrice du Sanatorium, il se souvient des débuts de la petite maison en équerre posée sur la dune et à laquelle aucun chemin n'accédait... Les enfants chantent la messe. La plupart des membres du Conseil d'Administration, de nombreux parents et amis de Madame, beaucoup d'Anciens » sont là, et, malgré cela, c'est dans le plus profond silence qu'on écoute la touchante allocution prononcée pendant la Messe par Monsieur le Recteur. Précédé par la petite troupe des enfants de choeur il est rentré dans la chapelle et c'est alors le grand tumulte dans la joie, les conversations, les félicitations de tous ceux qui se retrouvent, Mais chacun sait que la joie creuse. Le Conseil d'Administration, la famille et les amis de Madame se dirigent vers la salle des fêtes toute décorée d'hortensias où une table en U les attend. Evidemment, de bonnes choses leur seront servies. Au cours du repas, l'entrée de Tugdual Berthoas, le premier malade arrive au Sana en juillet 1901 cause un grand plaisir, au dessert des danses bretonnes par les groupes folkloriques de Locronan et Roscoff sont très applaudies. Pendant ce temps les malades écoutent les musiques et savent aussi bien se régaler... Melons, Poulets, Pommes sautées. Petits pois, Pâtisseries diverses, Café, ne les empêcheront pas de profiter des petites voitures de glaces qui vont ensuite circuler sur les trottoirs. Quelle joie pour les « Anciens » de se retrouver avec ceux qu'ils ont connus, de courir d'une salle à l'autre pour bavarder avec les Sœurs, les malades, les employées, d'attraper ici une aile de volaille, là un gâteau ou un verre de vin. Hélas ! Chacun consulte le ciel, se désole devant les bourrasques de pluie qui commencent à déchirer les guirlandes accrochées sous les vérandas et craint de voir la cérémonie de la Décoration se passer dans la salle des fêtes où les spectateurs (que les journaux ont évalué à 3.000) ne pourront certes pas entrer. Une même crainte avait troublé tout le Monde, il y a 14 ans, lors de la précédente fête, mais, comme il y a 14 ans tout s’arrange à peu près… Si les cérémonies de la Messe se sont déroulées dans la cour des garçons, la cérémonie de la Décoration se déroulera dans la cour des filles. Le Conseil d'Administration, la famille, les Amis de Madame, les Médecins, une partie des Religieuses sont massées sous la véranda devant le Réfectoire. A toutes les fenêtres, au rez-de- chaussée comme au prenier, des têtes se pressent et se penchent pour mieux voir. Devant les peupliers, regardant le réfectoire, uu cercle parfait est formé par tous les enfants valides alignés sur plusieurs rangs avec leurs Soeurs. A droite et à gauche, les chariots sont pressés les uns contre les autres. Dans le fond de la cour, à droite et à gauche, la musique de SAINT-POL-DE-LEON et la clique de SANTEC sont prêtes à faire éclater leurs cuivres. A ce moment, une brusque et violente averse pourrait bien détruire tout ce bel ordre mais les Soeurs, les enfants et les musiciens stoïques ne bougent pas. Seule, une jeune Sœur part en courant sous les trombes d'eau pour « sauver » une toute petite fille qu'elle emporte victorieusement à l'abri sous la véranda derrière les fusains. Elle est écrasée dans la foule, elle ne voit rien, elle va pleurer. Un neveu de Madame la prend dans ses bras d'oü, souriante et ravie, elle verra tout mieux que personne. L'averse est finie. Ouf! Madame de FONTENILLIAT toute habillée en noir, va se placer au milieu du grand cercle formé par les Soeurs et les enfants. Un haut-parleur annonce que Monsieur le Professeur NEGRE, de l'Institut Pasteur, va prononcer son discours avant de décorer Madame. Ce discours est écouté avec intérêt et émotion sans qu'aucun bruit le trouble. En voici le texte : Discours de Monsieur le Professeur Léopold Negre « Madame la Présidente, Mesdames, Messieurs, La célébration du cinquantenaire du Sanatorium Marin de Roscoff n’aurait pas été une fête complète si la femme au grand coeur qui a su, dans les bons comme dans les mauvais jours, acheminer cet établissement au magnifique développement qu’il a atteint, n’avait pas reçu un témoignage tangible de la reconnaissance du gouvernement pour les éminents services qu’elle a rendu à la Santé Publique. Vous avez tenu à ce que la Croix d’honneur de la Légion d’Honneur qui vient de vous être remise, ce dont j’ai été très profondément touché, par un Pastorien élève d’Albert_Calmette et collègue de Alexandre Salimbeni qui ont été pour vous et votre mari, les amis les plus fidèles, et pour votre Sanatorium, les admirateurs les plus convaincus el le soutients les plus dévoués. Pour vous comme pour moi, le souvenir de ces deux hommes aussi grands par leur sensibilité de coeur et leur bonté que leur savoir, reste toujours vivant. Vous savez combien en ce moment, je pense à Monsieur Calmette qui aurait été si heureux de vous remettre cette décoration et combien je partage les sentiments de ces chers disparus avec le professeur Jacques Tréfouël,Directeur de l’Institut Pasteur, ses sous-directeurs, son secrétaire Général, le Docteur Alblant, qui ne cesse pas de vous apporter ses conseils éclairés, et le Chef du Service de la tuberculose, le Docteur J.Bretey. Tous sont de coeur avec vous dans cette journée. Les buts que nous poursuivons ne sont-ils pas les mêmes; prévenir et guérir la tuberculose, sutout à l’âge critique de l’enfance. Lorsque Albert Calmette e Camille Guérin profondément émus par la tuberculose dans les populations du Nord, entreprenaient les recherches qui devaient les conduire à la découverte du vacin B.C.G.., votre tante, Madame la Marquise de Kergariou, alarmée par le nombre des enfants bretons atteints de tuberculose ganglionnaire et osétoarticulaires jetait en 1901, sur cette presqu’île alors déserte les premiers fondements de ce Sanatorium pour pouvoir les soumettre à la cure hélio- marine. Elle n’aurait pas pu choisir de situation plus appropriée pour les faire bénéficier de l’air vivifiant de la mer qui entoure cette presqu’île, et des rayons actiniques puissants de cette région. Le 17 septembre 1915, Madame de Kergariou s’éteignait après vous avoir confié cet établissement qui avait été reconnu d’utilité publique en 1902 et à la direction duquel elle s’était épuisée. Elle savait dans quelles mains expertes elle le remettait. Vous avez depuis lors, ainsi que votre mari, considéré les enfants de ce sanatorium comme étant un peu les votres, et vous leur avez donné la plus grande partie de votre temps, de vos pensées et de votre coeur. Nous sommes vivement peinés que dans ce jour de fête et de joie, Monsieur de Fontenillat qui a toujours manifesté tant de preuves d’attachement à cette maison n’ait pas pu en raison de son état de santé, être auprès de vous. Nous vous prions de lui transmettre l’expression de nos regrets et de nos voeux les plus sincères. Devenue en 1915, Présidente du Conseil d’Administration de ce Sanatorium, vous avez assumé la charge de son administration et de sa direction avec un courage qu’admire tous ceux qui vous connaissent. Vous n’avez plus eu qu’un seul but: développer et perfectionner cet établissement et vous lui avez consacré tous vos efforts. Vous vous êttes entourée dans ce Conseil des plus hautes autorité de ce département et d’hommes d’expérience et de coeur qui vous apportent leurs compétences dans les domaines les plus variés et qui sont tous unis dans le uploads/s1/ histoire-du-sanatorium-marin-de-perharidy-1951.pdf

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  • Publié le Jui 16, 2022
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