Yinka Shonibare, Victorian Philanthropist's Parlour, 1996-1997 INTRODUCTION LES

Yinka Shonibare, Victorian Philanthropist's Parlour, 1996-1997 INTRODUCTION LES TROIS THÈMES DE L'EXPOSITION 1 Identité et histoire 2 Ville et terre 3 Corps et esprit PARCOURS DE L'EXPOSITION, Portraits d'artistes et notices d'œuvres FICHE D'IDENTITÉ DE L'AFRIQUE BIBLIOGRAPHIE RESSOURCES AFRICA REMIX AUTOUR DE L'EXPOSITION INTRODUCTION L'exposition Africa Remix présente, du 25 mai au 8 août 2005, près de 200 œuvres de 87 artistes africains contemporains de tout le continent, du Maghreb à l'Afrique du Sud. Montrer cette création africaine contemporaine, c'est exposer des artistes aux formations et aux univers très différents. Sculpteurs, vidéastes, designers ou plasticiens, certains sont autodidactes, d'autres ont suivi une formation artistique, parfois en Occident, et tous ne vivent pas forcément sur le sol africain. Qu'entend-t-on alors par « art africain contemporain » ? Peut-on définir des artistes en fonction d'une géographie, le continent africain, alors que certains n'y vivent pas ? Existe t-il une culture africaine pour un territoire immense aux civilisations et aux religions multiples, qui plus est métissée de cultures étrangères ? Une même histoire coloniale récente rapproche-t-elle le travail de ces artistes ? Si les Indépendances marquent la naissance de l'Afrique moderne, l'art africain contemporain ne débute pas du jour au lendemain. Des premières peintures rupestres du Sahara aux statuettes des sociétés religieuses animistes, encore fabriquées aujourd'hui pour un marché touristique, la création africaine, même si on ne parle pas alors d'« art », est à relier avec l'histoire post-coloniale. La période coloniale se caractérise par la place que prend le regard européen sur l' « Africain ». Il s'intéresse aux œuvres d'art sous l'angle de l'étude ethnologique, cherchant à comprendre l'autre, ce « sauvage » qu'il faut civiliser. Au début du 20e siècle, des artistes européens de l'avant garde, tels que Matisse ou Picasso, admirent et s'inspirent de cet « art primitif » pour exprimer les bouleversements du début du 20e siècle. Sous la colonisation, quelques Européens ouvrent des écoles d'art en Afrique, avec des motivations parfois très opposées : introduire le savoir artistique européen ou préserver une prétendue « authenticité » africaine. Ce fut surtout l'occasion pour les artistes d'aborder des techniques nouvelles comme la peinture à l'huile. A partir des années 1960, les jeunes pouvoirs africains créent des écoles académiques de beaux-arts. De nombreux artistes, considérés comme les premiers acteurs de l'art africain contemporain y ont débuté, tel El Anatsui ou Abdoulaye Konaté. Parallèlement, des artistes autodidactes, comme Chéri Samba, se faisaient connaître. Les Indépendances s'accompagnent aussi d'un grand mouvement philosophique et artistique : la « Négritude ». Léopold Sédar Senghor, poète et président du Sénégal, en fut le chantre pour l'Afrique. Ce mouvement représentait un élan formidable pour de nombreux créateurs africains, qui se retrouvèrent à Dakar en 1966 lors du 1er Festival Mondial des Arts Nègres. Depuis les années 80, et les nombreuses crises économiques et politiques que l'Afrique connaît, les artistes africains travaillent de manière plus individuelle que leurs aînés. Beaucoup vivent en Occident ou sont nés dans la diaspora africaine en Europe. Pourtant, ces jeunes artistes partagent avec leurs aînés les mêmes préoccupations : la question de l'identité, notion devenue complexe dans un monde métissé, la violence qui secoue l'Afrique, la globalisation des échanges ou les rites religieux. Interrogés récemment par Simon Njami, commissaire principal de l'exposition Africa Remix, sur leur statut d'« artistes africains contemporains », ils répondirent en majorité que « peu leur importait l'étiquette qui leur collait au dos. La seule chose qui comptait était que leur travail fût vu ». LES TROIS THÈMES DE L'EXPOSITION Le parcours de l'exposition Africa Remix se déroule en trois sections qui réunissent les œuvres des artistes sur les thèmes suivants : identité et histoire, ville et terre, corps et esprit. 1 | Identité et histoire Cette première partie de l'exposition présente des œuvres qui mêlent la question de la mémoire personnelle, de l'identité à celle de la mémoire collective, de l'histoire. On pourrait définir l'identité comme un étant-dans-le-monde. Ainsi la carte d'identité n'informe pas sur ce que nous sommes mais plutôt sur l'endroit d'où nous venons. Cette identité renvoie à une identification par rapport à un tout : la nation. C'est cette première notion qui participe à la construction des nations africaines modernes qui émergent des turbulences de l'histoire du 20e siècle. L'Afrique actuelle n'est que le fruit d'une histoire corrigée par d'autres. De là l'impossibilité pour l'Africain de se penser, dans un premier temps, autrement qu'en réaction à autrui, en l'occurrence au colonisateur. A l'aube des indépendances, il s'agit d'une affirmation collective où l'identité africaine ou arabe semble être alors le mot d'ordre. Dans les années 80, la question n'est plus d'élaborer une Afrique post-coloniale, mais de définir la place de l'Africain en tant qu'individu dans un contexte plus global. Ainsi s'oppose, d'une part, une mémoire collective qui scelle l'appartenance à un lieu, comme dans l'œuvre Tabla de Moataz Nasr ou l'installation History has an aspect of oversight in the process of progressive blindness de Andries Botha, ou encore la sculpture For those left behind de Willie Bester, sur lequel l'œil critique et citoyen de l'artiste va s'exercer. D'autre part, une mémoire personnelle où se confrontent pêle-mêle la sexualité, le politique, le féminisme, la race, les origines, comme dans les œuvres Dansons de Zoulikha Bouabdellah ou Oyé, Oyé de Michèle Magema. La construction d'une identité propre passe tout naturellement par l'identification du milieu dans lequel nous évoluons et entraîne la reconnaissance de l'autre. C'est ce rôle qu'assument les artistes comme Yinka Shonibare, Fernando Alvim ou Hassan Musa qui, chacun à leur manière, revisitent les grands mythes de la culture occidentale. Dans son installation Victorian Philanthropist's Parlour, Shonibare offre une image batârde de la culture victorienne. Quant à Fernando Alvim, il fait de Belongo, son drapeau de la nation, un commentaire politique et historique. Enfin, le tableau Great American Nude de Hassan Musa évoque une remise en question de la représentation esthétique de l'histoire occidentale. 2 | Ville et terre Ici, comme dans la section précédente, sont mises en scène des notions en apparence contradictoires. Si la ville et la terre sont souvent opposées, cette division en Afrique, peut-être plus qu'ailleurs, s'avère artificielle. La ville est une aberration de la terre. En Afrique, à quelques exceptions près, il n'y a que la capitale qui remplit les fonctions organiques d'une ville. La ville africaine est un conglomérat de sensibilités, d'humanités et de perceptions, vers laquelle convergent les villageois qui ont décidé de s‘y installer de manière provisoire. Comme pour ceux qui partent à l'étranger il ne s'agit que d'une parenthèse nécessaire qui parfois peut durer une vie entière. Les photographies de Pascale Marthine Tayou montrent cette urbanité rurale qui lie la fonctionnalité de l'une au caractère bucolique de l'autre. Cette notion de chantier, d'espace en perpétuelle mutation se retrouve dans les photographies d'Otobong Nkanga ou dans le Township Wall de Antonio Ole. Dans un même temps, la capitale est le lieu de rassemblement de la nation sans distinction d'ethnie et de fortune, la ville est un décor fabriqué, comme le montrent les images numériques d'Allan de Souza et les maquettes de Bodys Issek Kingelez. Dans son installation, On waiting the bus, Dilomprizulike se fait commentateur social. Les silhouettes fabriquées à partir d'objets de récupération sont à la fois acteurs et matière. La terre ou la nature est une permanente totalité comme on peut le voir dans les photographies de Tracey Derrick, tandis que la ville est un ensemble fragmentaire. Dans son tryptique, Three cities, Rodney Place nous parle du rêve inavoué d'une intégration sud-africaine au grand continent. Les artistes africains, qu'ils vivent sur leur terre natale ou loin de leurs origines, sont tous des naufragés volontaires. Dans cet exil intérieur, il n'existe plus de ville ou de campagne, mais une terre natale qui confond tout et ramène à l'équilibre initial. 3 | Corps et esprit Dans cette section sont réunies des œuvres dont la préoccupation est la représentation. Si elle associe le corps et l'âme, c'est parce que, en Afrique, ces entités sont inséparables. Dans ce contexte, il est plutôt question d'une âme laïque, c'est-à-dire de l'esprit. Pour peu que le corps soit un instrument, il n'en demeure pas moins le moyen unique par lequel nous apparaissons aux autres. Dés lors qu'il devient un élément de création artistique, le corps cesse d'être la matière que nous percevons pour devenir autre chose. Lorsque Bruly Bouabré, philosophe autoproclamé d'une nouvelle spiritualité africaine, exprime ses théories dans ses dessins, le corps humain y figure. L'initiation dépeinte par Abdoulaye Konaté est illustrée par sept formes humaines qui sont la métaphore, selon l'artiste, des sept régimes de croyances auxquelles le 20e siècle a été soumis. Le corps africain n'est africain que parce qu'il est revendiqué comme tel. Les portraits qui jalonnent le Pédiluve n°4 de Bili Bidjocka sont autant de spectateurs actifs qui nous renvoient à nous-mêmes. Tandis que les aquarelles de Barthelemy Toguo ou les collages de Wangechi Mutu, en déformant le corps classique, nous renvoient à une réflexion sur les êtres mutants, les extra-terrestres que sont devenus, métaphoriquement, les Africains. Le uploads/s3/ africa-remix.pdf

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