Hervé Châtelier, 2002 Ammonites du Crétacé supérieur de France Hervé Châtelie
Hervé Châtelier, 2002 Ammonites du Crétacé supérieur de France Hervé Châtelier, 2002 Les ammonites du Crétacé supérieur de France Cette idée m’est venue parce que cette période, tout en offrant au néophyte un panorama représentatif de l’ensemble des ammonites, me semble assez peu connue de la plupart des amateurs français (comme moi il y a peu…). En effet, si les gisements du Jurassique (Calvados, Poitou, Lyonnais, Bourgogne, Lorraine, etc.) ou du Crétacé inférieur (Provence, Aube, etc.) sont abondants et majeurs, ceux du Crétacé supérieur, Cénomanien non compris, restent assez limités et les sites relativement épars et confidentiels. Aux Etats-Unis, à Madagascar ou au Japon, des gisements d'exception livrent des faunes supra-crétacées d'une magnifique conservation. J’ai voulu montrer que, malgré tout, la France n'était pas en reste, même si la conservation y est rarement au même niveau. Par ailleurs, un attrait du Crétacé supérieur est qu'il fut témoin de nombreux bouleversements environnementaux, transgressions et régressions marines, qui ont affecté les ammonites jusqu'à l'ultime et massive extinction "K/T", épilogue des temps Mésozoïques. Enfin, le nombre de familles d'ammonites au Crétacé supérieur est relativement restreint, ce qui permet de rassembler en une seule exposition la grande majorité des formes ayant connu cette époque à la fois très lointaine pour tout un chacun, et tout à fait récente pour les ammonitologues. A l’occasion de la bourse de Rennes 2002, j’organise pour mon club, l’A.G.M.F.O., une exposition sur les ammonites du Crétacé supérieur de France. Hervé Châtelier, 2002 Les ammonites Mollusques céphalopodes de l’ordre des Ammonoïdés Un indéniable attrait esthétique conjugué à une relative abondance dans les gisements fait de l'ammonite le symbole le plus souvent utilisé lorsqu'il s'agit de représenter un fossile. Cette abondance est liée à plusieurs facteurs : la très grande longévité de l'ordre des Ammonoïdés (plus de 350 millions d'années), l'affleurement en France de l'ensemble des dépôts sédimentaires marins de l'ère secondaire, période de foisonnement des ammonites aussi bien en nombre d'espèces qu'en nombre d'individus. Les ammonites sont généralement représentées par le moule calcaire d'une coquille spiralée. Différentes études ont conclu qu'il s'agit d'un mollusque céphalopode à squelette externe (mais néanmoins de la classe des pieuvres, seiches et calmars) maintenant éteint mais assez proche du nautile, dont il existe encore des représentants aujourd'hui. Reconstitution spéculative d’une ammonite du Jurassique Pleuroceras sp. La coquille des ammonites est multiloculaire, c’est à dire constituée de multiples loges que l’animal utilisait comme des ballasts pour contrôler sa flottabilité. Il ne logeait que dans la dernière, plus grande, dite loge d’habitation. Hervé Châtelier, 2002 Les Ammonoïdés sont apparus à l'étage Dévonien (ère primaire), il y a environ 400 millions d’années. Les ammonites sensu stricto virent le jour au Trias, début de l’ère secondaire, il y a 245 millions d’années. Pendant leur évolution, elles ont montré de grandes capacités d'adaptation aux variations du milieu, développant d’innombrables tailles, formes et ornementations, parfois hyper-spécialisées dans de petites niches écologiques. Ainsi, le diamètre des ammonites adultes varie, d'une espèce à l'autre, de quelques millimètres à plus de 2,50 mètres. La forme spiralée plane classique, dite monomorphe, dont la section peut être de fine et tranchante à globuleuse, est accompagnée de formes dites hétéromorphes, hélicoïdales, droites, déroulées, voire ressemblant à une pelote de laine. L'ornementation peut être complètement lisse ou, à l'inverse, fortement costulée, tuberculée ou épineuse. La plupart de ces animaux étaient nageurs. On peut même dire que les formes éfilées et carénées étaient "taillées" pour la nage. Les cuirassées, se déplaçaient assez peu et vivaient en eau peu profonde près du plancher océanique. Enfin, si certains hétéromorphes juvéniles avaient un mode de vie sans doute benthique, I.e. posés sur le fond des plateaux épi-continentaux, les adultes devaient migrer verticalement. De telles formes étaient nombreuses au Crétacé supérieur, juste avant leur extinction et celle de nombreux autres groupes marins et terrestres (dont les fameux dinosaures). Didymoceras nebrascense Campanien - Colorado Evolution et mode de vie Hervé Châtelier, 2002 Qu’est-ce que le Crétacé supérieur ? Le Crétacé est la période de la craie. C'est chronologiquement la troisième et dernière grande période de l'ère secondaire, précédée par le Trias et le Jurassique. Le Crétacé supérieur naît, il y a 96 millions d'années, avec l'étage Cénomanien, caractérisé par une transgression marine de grande ampleur sur l'ensemble de la planète et en particulier sur le territoire qui constitue aujourd'hui la France : 250 mètres au dessus du niveau actuel ! Il s'éteint, il y a 65 millions d'années, dans le crépuscule de la grande régression de l'étage Maastrichtien - baisse de 200 mètres - conjuguée à d’éventuels événements violents à l'échelle du globe. -4550 m.a. -540 m.a. -250 m.a. -65 m.a. -1,75 m.a. -408 m.a. Limite « K-T » Hervé Châtelier, 2002 Au début du Crétacé sup. France d’après Pomerol, « Ere mésozoïque » Monde d’après Scotese, 2000 « Paleomap project ». Noter le début d’ouverture de l’Océan Atlantique, de la séparation Inde / Madagascar, la connexion Amérique du nord / Europe et Australie / Antarctique. Hervé Châtelier, 2002 Paléogéographie du Crétacé supérieur Noter l’ouverture de l’Océan Atlantique, la séparation Madagascar /Inde et la migration de cette dernière vers le nord, la connexion Amérique du nord/Europe et Australie/Antarctique et la localisation de l’impact de la météorite de Chicxulub. Le climat estglobalement plus chaud qu’aujourd’hui, même si un net refroidissement se manifeste à l’approche de la fin du Crétacé. France d’après Bilotte, 1999 France d’après Pomerol, 1975 Monde d’après Scotese, 2000 « Paleomap project » Monde d’après Scotese, 2000 « Paleomap project » Cénomanien Extinction K/T Hervé Châtelier, 2002 A la fin du Crétacé Monde d’après Scotese, 2000 « Paleomap project ». Noter la localisation de l’impact de la météorite de Chicxulub, l’ouverture de l’Océan Atlantique, la migration de l’Inde vers le nord. France d’après Bilotte, 1999 Hervé Châtelier, 2002 Distribution des ammonites au Crétacé supérieur Distribution de différentes formes d’ammonites du Crétacé supérieur de France. Transposé de la distribution dans la mer intérieure américaine (Lebrun, 1997) Hervé Châtelier, 2002 Affleurements et ammonites du Crétacé supérieur de France Cénomanien à Campanien Campanien Maastrichien Maastrichtien Coniacien Santonien Cénomanien Turonien Cénomanien Turonien Coniacien Santonien Cénomanien à Santonien Cénomanien Turonien Hervé Châtelier, 2002 Familles du Cénomanien et du Turonien La grande transgression du Cénomanien, maximale au Turonien inférieur, présente un pic de diversité des ammonites : grande variété d’Acanthoceratidae accompagnés de Desmocerati- dae, Lyelliceratidae, Turrilitidae, Scaphitidae. A contrario, la fin des niches écologiques affecte les taxons spécialisés antérieurs. Acanthoceratidae Desmoceratidae Turrilitidae Scaphitidae La mer turonienne régresse dès la partie moyenne de l’étage. Elle est d’abord dominée par les Vascoceratidae téthysiens puis des Collignoniceratidae boréaux. Ils sont associés à de nomb- Vascoceratidae Collignoniceratidae reux Acanthoceratidae, Pseudotissotiidae, Des- moceratidae, les prem- iers Kossmaticeratinae et quelques Pachydisci- dae et Coilopocerati- dae. Chez les hétéro- morphes apparaissent les Diplomoceratidae et Nostoceratidae, encore rares en France. Par ailleurs, les Turrilitidae ont disparu et les Hamitidae s’éteignent. Acanthoceratidae Pachydiscidae Pseudotissotiidae Nostoceratidae (fragment) Hervé Châtelier, 2002 Familles du Coniacien et du Santonien Au Coniacien, la mer remonte de nouveau. Cependant, les faunes se différencient peu des turoniennes : derniers Acantho- ceratidae remplacés par les Collignoniceratidae et Tissoti- idae. Les Desmoceratidae et Pachydiscidae, souvent géants, sont toujours importants. Les hétéromorphes Diplomocerati- dae et Nostoceratidae s’étof- fent. Baculitidae et Scaphi- tidae sont toujours présents. Tissotiidae Placenticeratidae Scaphitidae Collignoniceratidae Collignoniceratidae tance biostratigraphi- que puisque l’espèce P. polyopsis caractérise par forfait l’ensemble de cet étage. Les Des- moceratidae persistent solidement. Les Scaphiti- dae, grande réussite évolutive chez les hété- romorphes du Crétacé supérieur, commencent à se diversifier significa- tivement. Nostoceratidae Desmoceratidae Gaudryceratidae Peu de changements au Santonien si ce n’est la fin des Tissotiidae. En France, la famille Placenticeratidae, toujours limitée au seul genre Placenticeras, prend une relative impor- Hervé Châtelier, 2002 Familles du Campanien et du Maastrichtien Il n’y a pas eu d’apparition de nouvelle famille depuis le Turo- nien, mais pas non plus de disparition depuis la fin du Coniacien. De plus, au Campanien, beaucoup de familles s’épanouissent. C’est le cas de presque toutes les familles de Desmocerata- ceae (Kossmaticeratidae, Pa- chydiscidae) et d’hétéromor- phes (Diplomoceratidae, Nosto- ceratidae, Scaphitidae). Les Ac- anthocerataceae cuirassés se mettent à décliner (derniers Col- lignoniceratidae) en faveur de formes lisses et très carénées (Sphenodiscidae). A la fin du Campanien, un évé- nement anoxique entraîne la Kossmaticeratidae Pachydiscidae Sphenodiscidae Nostoceratidae disparition de nombreuses familles et genres. Lytoceratina, Phyl- loceratina et Sphenodiscidae ne sont pas affectés, tandis que les Desmocerataceae résistent (Pachydiscidae notamment). A des degrés divers, toutes les hétéromorphes persistent. Les Ba- culitidae ne sont pas atteints, les Scaphitidae conservent quel- ques genres. Les Diplomoceratidae et Nostoceratidae s’étiolent. Tous ces groupes perdureront pendant le Maastrichtien. Scaphitidae Diplomoceratidae Pachydiscidae Baculitidae Hervé Châtelier, 2002 Evolution quantitative des familles au Crétacé supérieur …idae Cénomanien Turonien Coniacien Santonien Campanien Maastrichtien Lytocerat... Gaudrycerat... Tetragonit... Phyllocerat... Binneyit... Incertae sedis Desmocerat... Kossmaticerat... Pachydisc... Muniericerat... Hoplit... Engonocerat... Placenticerat... Schloenbachi... Brancocerat... Flicki... Forbesicerat... Lyellicerat... Vascocerat... Acanthocerat... Collignonicerat. Sphenodisc... Coilopocerat... Pseudotissoti... Tissoti... Labecerat... Anisocerat... Turrilit... Hamit... Baculit... Diplomocerat... Nostocerat... Incertae sedis Scaphit... Lytocerataceae Hoplitaceae Phyllocerataceae Acanthocerataceae Haplocerataceae Ancylocerataceae Desmocerataceae Turrilitaceae Scaphitaceae Hervé Châtelier, 2002 Diminution de la diversité des ammonites Si la fin uploads/s3/ ammonites-du-cretace-superieur-de-france.pdf
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- Publié le Fev 13, 2022
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