Cours introductif Aspects théoriques de la traduction Cf. Marianne LEDERER, La

Cours introductif Aspects théoriques de la traduction Cf. Marianne LEDERER, La traduction d’aujourd’hui. Le modèle interprétatif, Paris, 1994. Définitions de la T :  = processus consistant à comprendre le texte original, à déverbaliser sa forme linguistique et à exprimer dans une autre langue les idées comprises et les sentiments ressentis.  = une opération qui cherche à établir des équivalences entre deux textes exprimés en des langues différentes, ces équivalences étant toujours et nécessairement fonction de la nature des deux textes, de leur destination, des rapports existant entre la culture des deux peuples, leur climat moral, intellectuel, affectif, fonction de toutes les contingences propres à l’époque et au lieu de départ et d’arrivée. Définitions de la T Important : L’acte de traduire = comprendre, ensuite réexprimer dans une autre langue  La compréhension fait intervenir des connaissances linguistiques et extra-linguistiques ; la qualité de la réexpression dépend du degré de connaissance de la langue d’arrivée, du talent du traducteur. L’expression, c’est la capacité de rédiger un texte. Le traducteur la possède, il est un auteur non inspiré qui, faute d’être maître du contenu, est maître de l’expression. L’interprète se transforme en scripteur, écrivain pour ses futurs lecteurs. Il entame un processus de reverbalisation (réexpression) Niveaux de la traduction Grosso modo 3 niveaux de la traduction : ex. : You pay her ? 1. le niveau du sémantisme lexical (de la langue) : you = vous, tu, te, toi ; pay = payer, rétribuer, rémunérer ; her = la l’, lui, elle 2. au niveau de la mise en œuvre d’une langue (de la parole) to pay a bill = régler ; to pay tribute = rendre ; to pay one’s respect = présenter 3. au niveau du texte (le sémantisme de la parole est complété par le savoir général et contextuel du traducteur = le bagage et le contexte cognitif) ; C’est vous qui payez ? Aspects de la traduction La traduction n’est pas une simple correspondance de mots. Arguments et exemples: Geist (allem.) = fr. esprit, génie, mentalité, fantôme, incarnation ; Esprit (fr.) = roum. spirit, minte, inteligenţã, fantomã Acasã = ??? dans toutes les langues (visions culturelles, affectives du monde) Types de traduction Il y a 2 types de T : la T linguistique (traduction de mots, de phrases hors contexte) ; la T interprétative (traduction des textes ; une fois le sens saisi, sa restitution se fait en fonction des idées et non pas en fonction des mots ; Important: traduire le compris-ressenti, en produisant le même effet. Exemple de texte opaque Traduction linguistique L’économie énergétique ne pourra pas se passer à l’avenir, pour assurer l’approvisionnement énergétique, d’une intégration rationnelle des différents systèmes de traitement d’énergie, de sa conversion et de ses applications. Traduction interprétative La sécurité de l’approvisionnement futur ne sera réalisée que si l’on mène de front de façon harmonieuse des actions portant sur la valorisation des énergies primaires, leur conversion énergétique, et les applications de l’énergie. Aspects Les problèmes énergétiques : la consommation en l’état des énergies primaires, déperdition de chaleur considérable ; valorisation de ces énergies dans des centrales, les transformer en électricité Exercice: T linguistique et T interprétative « Il s’agira pour essentiel de répondre à deux défis : celui de la pénurie croissante d’énergie – d’où la nécessité d’économiser l’énergie primaire – et celui du risque grandissant de dépendance politique et économique du pétrole importé – d’où la nécessité de remplacer le pétrole par d’autres sources d’énergies. Ces deux impératifs ne sont pas forcément compatibles ; il peut y avoir conflit entre la volonté d’économie, d’énergie primaire et la volonté de réduire la dépendance politique du pétrole. » Aspects de la traduction Dans l’oral, comme dans l’écrit, comprendre, c’est déjà interpréter (un bon interprète a un comportement d’auditeur ordinaire, ne traduit pas les mots, mais le sens – conçu non pas comme somme des mots, mais comme totalité organique; J.-P. Sartre – c’est-à-dire, ce qui dépassent les significations lexicales ou grammaticales des phrases) Aspects de la T: la déverbalisation  La déverbalisation = processus cognitif où les données sensorielles deviennent des connaissances dévêtues de leurs formes sensibles ;  Dans la réalité psychique, il y a 2 étapes successives, mais une seule démarche de l’esprit : la compréhension de la langue du texte et l’acte d’inférer le sens à l’aide des connaissances extra-linguistiques ; on comprend un texte d’emblée au niveau de la langue et du discours, le cognitif et l’affectif ne sont pas dissociés du sémantisme :  Exemple : je rentre chez moi, je ne vois pas une maison, ensuite je ne me rends pas compte que c’est ma maison, je vois d’emblée ma maison. Aspects de la T: la déverbalisation Les traducteurs qui travaillent vite tombent dans le piège des ruptures de cadence : l’attention fixée sur les signes les détourne du sens à transmettre.  Processus complexe : les mots défilent à l’oreille, se succèdent à intervalles irréguliers et se produit une sorte de déclic de compréhension. Lacan l’appelle POINT-CAPITON (l’instant où les connaissances supposées chez l’interlocuteur par celui qui parle se mobilisent chez ce dernier et constituent une unité mentale distincte, une idée). Le résultat du point de capiton est l’unité de sens qui existe seulement sur le plan du discours, fusion en un tout du sémantisme des mots et des compléments cognitifs. T interprétative vs. T linguistique Dans la théorie de la T, il y a la T interprétative (les ciblistes) et la T linguistique (les sourciers, le littéralisme chez Jean-René Ladmiral), la fidélité envers les mots = à chercher les correspondances linguistiques correctes ; les sourciers investissent le texte à traduire comme un texte sacré dont la langue originale se confond avec la langue originaire. T interprétative vs. T linguistique  L’écart mène à des équivalences, à des connaissances extra-linguistiques ; après le déclic de la compréhension, le traducteur se détache des mots, il ne traduit pas automatiquement.  Cependant, il n’arrive pas à l’exotisme : emprunts, calques syntaxiques, barbarismes.  Un bon traducteur ne traduit pas seulement des mots mais la pensée qui est derrière et, pour cela, il doit se référer au contexte et à la situation, au contexte cognitif. Aspects de la T: les ambiguïtés Les ambiguïtés sont un problème artificiel en T. Une parfaite maîtrise des deux langues éloigne ce danger. Seule une excellente connaissance de la langue originale donne directement accès au sens ; seule une excellente maîtrise de la langue d’arrivée permet la réexpression adéquate de ce sens. Pour que le lecteur suive un texte sans peine, il faut que celui-ci soit conforme aux habitudes de la langue dans laquelle il est écrit. Aspects de la T: les moments cognitifs Moments :  La compréhension de l’explicite linguistique = la connaissance de sa langue ; le savoir linguistique, conservé en mémoire sous sa forme verbale (les acquisitions lexicales, fluctuantes chez l’adulte) ; les connaissances linguistiques font partie de son bagage cognitif, elles sont, certes, indispensables à la compréhension des textes et à leur réexpression.  La compréhension de l’implicite linguistique (les présupposés et les sous- entendus (ex. : Pierre a cessé de fumer = Pierre ne fume pas actuellement ; Pierre fumait auparavant / autrefois ; Tu ferais bien d’en faire autant)  Les compléments cognitifs : le bagage cognitif et le contexte cognitif  Pour rejoindre le vouloir dire de l’auteur, pour éclairer les mobiles de l’auteur et faire supposer ses intentions, le traducteur a besoin de connaissances adéquates. Il arrive ainsi à une connaissance intime de tout de contexte.  Les compléments cognitifs sont toujours notionnels et émotionnels, l’affectif et le cognitif étant psychologiquement inséparables. Aspects de la T: les compléments cognitifs Aspects de la T: les compléments cognitifs  Le bagage cognitif = connaissances linguistiques + extra-linguistiques emmagasinées à plus ou moins long terme dans la mémoire.  Il est constitué de souvenirs (des représentations mentales), de faits d’expériences, d’évènements, d’émotions.  Ce sont aussi des connaissances théoriques, des imaginations, de résultats de réflexions, le fruit de lecture, c’est encore la culture générale et le savoir spécialisé.  Tout traducteur tient compte, souvent inconsciemment, parfois très consciemment des connaissances qui lui permettent d’interpréter le texte. Ce contenu se trouve dans le cerveau sous une forme déverbalisée.  Pour partie, le bagage cognitif de chacun participe du savoir de la collectivité humaine. Il est réactivable à tout moment par une sollicitation extérieure ou intérieure. Aspects de la T: les compléments cognitifs  Exemple : j’ouvre les Mémoires d’Hadrien de M. Yourcenar et, j’ai déjà une connaissance de l’empire roumain et une certaine attirance pour les reconstitutions historiques) ; en angl. = encyclopedic (word) knowledge.  Il est important parce que les traducteurs ont leurs domaines de prédilection, souvent un auteur préféré. Un traducteur technique comprend d’autant mieux qu’il est plus spécialisé. Le traducteur littéraire ressent plus d’affinités avec un auteur et moins avec un autre. Aspects de la T: les compléments cognitifs Le contexte cognitif représente les connaissances acquises à la lecture du texte, conservé uploads/s3/ cours1-2-generalites-deverbalisation.pdf

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