1 2 EDITO En cette période de travaux, l’équipe du Musée de Pont-Aven, la conse

1 2 EDITO En cette période de travaux, l’équipe du Musée de Pont-Aven, la conservatrice en chef et la médiatrice culturelle privilégient les recherches autour de ce que l’on pourrait qualifier des « essentiels », thèmes incontournables associés à notre collection permanente. En 1886, la venue de Paul Gauguin à Pont-Aven et sa rencontre avec quelques artistes d’avant-garde ont permis la naissance de l’Ecole de Pont-Aven et l’éclosion d’une révolution artistique. Le service des publics explore pour vous les principes fondateurs de cette esthétique nouvelle, dite aussi « synthétisme ». Dans ce cadre, ce premier dossier de l’année 2014 porte sur la naissance du cloisonnisme et ses influences. C’est à Pont-Aven, en 1888, qu’Émile Bernard et Paul Gauguin mettent au point le cloisonnisme et la synthèse artistique. Cette technique qui consiste à cerner chaque motif d'un trait, en général bleu foncé, rend l'oeuvre plus synthétique. Les lignes de contour, divisent et encerclent les éléments, ainsi que les figures. Dans un premier temps, ce dossier s’intéresse à la naissance de ce principe esthétique, Émile Bernard et Louis Anquetin en sont les acteurs principaux dès 1887. Puis, nous définirons les différentes inspirations, des techniques médiévales du cloisonné ou du vitrail, en passant par l’art de l'estampe japonaise. Enfin, le propos explore les évolutions de ce style et les pistes pédagogiques exploitables avec les élèves. 3 SOMMAIRE LA NAISSANCE DU CLOISONNISME P. 4 CHRONOLOGIE P. 4 a. Un contexte favorable P. 4 b. L'invention du cloisonnisme P. 5 LA DIFFUSION DU CLOISONNISME P. 6 LA THÉORISATION P. 7 LES INFLUENCES À L’ORIGINE DU CLOISONNISME P. 8 L’INFLUENCE DES ESTAMPES P. 8 L’INFLUENCE DU CLOISONNÉ P. 9 L’INFLUENCE DU VITRAIL P. 10 LES ÉVOLUTIONS P. 12 VERS L'ART NOUVEAU ET LE JEU DE MIROIR ORIENT-OCCIDENT P. 12 OUVERTURE PLURIDISCIPLINAIRE P. 13 PISTES PÉDAGOGIQUES P. 15 INFORMATIONS PRATIQUES P. 15 ANNEXES P. 16 4 A. Cabanel, La Naissance de Vénus, 1863 LA NAISSANCE DU CLOISONNISME CHRONOLOGIE a. Un contexte favorable Dans la seconde moitié du XIXème siècle, émergent à la fois, une tendance pour l'éclectisme (mouvement artistique né sous l'influence des académies dédiées aux beaux-arts, telle que la peinture de Cabanel ou Bouguereau), et un bouillonnement créatif collectif et personnel. Les courants principaux de cette période Le romantisme Références : Théodore Géricault, Eugène Delacroix Le Radeau de la méduse ; Femmes d'Alger dans leur appartement Caractéristiques : Couleur pure et mouvement. Thèmes : tout ce qui est irrationnel – l'instinct, la mort, la folie, l'exotisme (orientalisme). Correspondances littéraires : Alexandre Dumas, Théophile Gautier, Victor Hugo, Alphonse de Lamartine, Gérard de Nerval. Le réalisme Références : Gustave Courbet (1814-1879), L'Enterrement à Ornans ; Femme à la vague (1868) Caractéristiques : Une peinture énergique - Un regard neuf et objectif sur la nature et l'homme (ordinaire) Correspondance littéraire : Zola L'impressionnisme Références : Edgard Degas, Claude Monet, Auguste Renoir, Camille Pissarro, Paul Cézanne, Berthe Morisot. Ex : Impression soleil levant Caractéristiques : Peinture à l'extérieur : utilisation du chevalet et des tubes de peinture. Palettes de couleurs claires pour peindre la lumière et ses effets sur le paysage. Peinture instantanée : touche rapide, en virgule. Peinture de la modernité : la ville, les gares, les usines et les loisirs de la société. Correspondances littéraires : Pas à proprement parler de mouvement impressionniste en littérature. Des liens, des amitiés se créent entre peintres et écrivains : Zola, Mallarmé, Baudelaire, Proust. Le divisionnisme Références : Georges Seurat (1859-1891) et Paul Signac (1863-1935) : Un Dimanche à la Grande Jatte. Caractéristiques : juxtaposition de petites touches (des points) de couleurs primaires (rouge, bleu, jaune) et complémentaires (violet, vert, bleu) G. Courbet, Femme à la vague, 1868, The Metropolitan Museum of Art New York, G. Courbet, L'Enterrement à Ornans, 1850, Coll°. Musée d’Orsay T. Géricault, Le Radeau de la méduse, 1818-1819, Coll° Musée du Louvre C. Monet, Impression soleil levant, 1872, Coll° Musée Marmottan P. Signac, Un Dimanche à la Grande Jatte, 1884, Chicago, The Art Institute 5 b) L'invention du cloisonnisme Alors que les principes du pointillisme, courant issu du mouvement impressionniste qui consiste à peindre par juxtaposition de petites touches de peinture, commençaient à s’affirmer comme la dernière évolution de la peinture dans l’avant-garde artistique de la fin du XIXème siècle, les artisans du « Cloisonnisme » viennent contrarier son essor en renonçant au « pointillé ». L’impact de cette nouvelle esthétique, prônée au printemps 1887 par Louis Anquetin et Émile Bernard, fut considérable. C’est l’article d’Édouard Dujardin, paru dans la Revue indépendante, en mars 1888, qui consacre la naissance du Cloisonnisme à partir de l’observation de deux tableaux de Louis Anquetin, Le Bateau au soleil couchant et Les Chiffonnières du Pont de Clichy. En effet, Émile Bernard, âgé de 18 ans, plus jeune et moins sûr que Louis Anquetin, ne bénéficie pas du même regard sérieux que son aîné de 8 ans. Voici ce qu’il écrit : « Au premier aspect, ces œuvres donnent l’idée d’une peinture décorative, un tracé en dehors, une coloration violente et arrêtée, rappelant inévitablement l’imagerie et le japonisme. Le travail du peintre sera quelque chose comme une peinture par compartiments analogues au cloisonné, et sa technique consistera en une sorte de cloisonnisme. » Les deux amis et artistes simplifient et recomposent l'image perçue en formes élémentaires aux teintes plates cernées d'un contour. Les contours des aplats de couleurs se dessinent avec plus de netteté et de précision. " Le dessin affirmant la couleur et la couleur affirmant le dessin " note Édouard Dujardin. Louis Anquetin (1861-1932) Issu d'une famille aisée normande - son père est marchand boucher -, il monte à Paris à l'atelier de Léon Bonnat en 1882, puis intègre l'atelier de Fernand Cormon. Période réaliste (automne 1883-printemps 1884) Première année chez Cormon. La Tonnelle, 1886, huile sur toile, 65x55 cm, collection particulière. Sujet simple, facture sobre, une certaine poésie. Période « post-romantique » (été 1884 – printemps 1885) Deuxième année chez Cormon – Rencontre avec É. Bernard - Esthétique pleine d’emphase – Du tempérament. Période impressionniste (printemps 1885 – été 1886) Séjour auprès de Claude Monet. Paysage aux trois arbres, huile sur toile, 72 x 59 cm Touche impressionniste – Luminosité – Couleurs claires – Grande fraîcheur. L'oeuvre est fine et lumineuse et utilise la technique de Monet. Émile Bernard (1868 – 1941) De père industriel du textile, Émile quitte Lille pour Paris à l'âge de 10 ans. En 1884, il entre dans l'atelier Cormon où il se lie d'amitié avec Louis Anquetin et Toulouse-Lautrec. Des débuts impressionnistes (1886) Sujets modernes, tels les ponts chers aux impressionnistes, tout en éliminant le caractère pittoresque. Émile Bernard Pont de fer à Asnières, 1887, coll°. MOMA, New York. L. Anquetin, Autoportrait, 1883 Toulouse-Lautrec, Émile Bernard, 1886, National Gallery, Londre. 6 Période divisionniste (automne 1886 – printemps 1887) L. Anquetin et É. Bernard cherchent à rationaliser leur impressionnisme. Pour Anquetin, recherches et ébauches de peinture purement pointilliste. Les couleurs sont traitées en larges coups de pinceau Le Kiosque : boulevard de Clichy, 1886-1887, huile sur toile, 42,2 x 36,5 cm, coll°. particulière. Période cloisonniste (printemps 1887 – hiver 1889/1890) L'Avenue de Clichy, cinq heures du soir, Louis Anquetin, 1887, Coll°. Wadsworth Atheneum, Hartford (Connecticut). Dessin simplifié – Surfaces cernées – couleurs contrastées – Recherche de cadrages originaux. Période pointilliste – divisionniste 1886-1887 Rencontre Van Gogh et réalise une peinture en petites touches multiples Verger à Pont-Aven, 1886, huile sur panneau, 52 x 55 cm Période cloisonniste, août 1888 Deuxième rencontre avec P. Gauguin à Pont-Aven. Le cloisonnisme les oriente vers la synthèse conceptuelle et la synthèse formelle d'où naît L’Ecole de Pont- Aven. Paysage de Pont-Aven aux peupliers, vers 1888, aquarelle sur traits de crayon, 20 x 30,8 cm, Coll°. Musée de Pont-Aven Dessin simplifié – Surfaces cernées – Couleurs pures – Recherche de cadrages originaux. LA DIFFUSION DU CLOISONNISME Paul Gauguin ne rencontra sans doute jamais Louis Anquetin mais il fut influencé par ces idées par le biais d’Émile Bernard. Paul Gauguin et Émile Bernard se sont retrouvés à Pont-Aven au début d'août 1888, et Bernard sut démontrer l’intérêt de cloisonner les formes. Le procédé séduisit Paul Gauguin et est devenu l'une des bases du Synthétisme, élaboré par le groupe de Pont-Aven. Paul Gauguin est très marqué par une œuvre intitulée « Bretonnes dans la prairie", un tableau peint de mémoire par Émile Bernard, au retour de la fête patronale de l’église Saint-Joseph, le 16 septembre 1888. A tel point qu’il emmène le tableau avec lui, à Arles, où Van Gogh en fait une copie à l’aquarelle. Vincent Van Gogh écrit à propos de cette oeuvre : "Des figures modernes et élégantes qui ont la grâce des sculptures antiques". Emile Bernard Émile Bernard, Les Bretonnes dans la prairie, 1888, Coll°. particulière Aboutissement des recherches de Louis Anquetin et d'Emile Bernard. 7 Ainsi, de la rencontre de Gauguin et de Bernard, naît l'école de Pont-Aven ou école synthétiste, qui se manifeste l'année suivante à l'Exposition des peintres symbolistes et synthétistes au café Volpini, à Paris, en marge de l’exposition universelle. Synthèse à la fois conceptuelle uploads/s3/ dp-cloisonnisme-version-definitive-pdf.pdf

  • 20
  • 0
  • 0
Afficher les détails des licences
Licence et utilisation
Gratuit pour un usage personnel Attribution requise
Partager