Justine DEBRET Sujet : « En quoi peut-on dire que l’objet ordinaire diffère de
Justine DEBRET Sujet : « En quoi peut-on dire que l’objet ordinaire diffère de l’œuvre d’art ? » La « Joconde » de Léonard de Vinci, le « David » de Michel-Ange ou bien la « Symphonie n°25 » de Mozart, tous sont considérés comme des œuvres d’art. Celles-ci semblent ne pouvoir être assimilées à de simples objets ordinaires car elles appartiennent au monde très particulier de l’art. On définit un objet ordinaire comme étant la conséquence du phénomène de production technique, c’est-à-dire une production artisanale. Il résulterait donc de l’action de produire et appartiendrait au monde ordinaire que côtoient les Hommes habituellement. Au contraire, une œuvre d’art serait le résultat d’un phénomène de création artistique. En fait, celle-ci découlerait de l’action de créer et appartiendrait au monde très particulier de l’art auquel seuls quelques Hommes appartiennent : les artistes. Il faut néanmoins distinguer l’art au sens ancien, qui inclut la technique, l’artisanat ainsi que les beaux-arts, et l’art au sens moderne, qui englobe uniquement les beaux-arts. Toutefois, au sens moderne comme au sens ancien, l’art peut être considéré comme étant la transformation d’une matière première selon un processus de création dont le but serait de produire la beauté et/ou de faire réfléchir le spectateur. Il s’agit pour nous de discerner l’œuvre issue des beaux-arts de l’objet provenant de la technique, qui pourraient à première vue être considérés comme des éléments similaires. Mais sont-ils voués à être liés l’un à l’autre ou peuvent-ils se distinguer et se révéler être complètement différents ? Est-ce que l’on peut en effet désigner la création artistique comme l’autre de la production technique ou ces deux mécanismes se distinguent-ils ? Pour répondre à cette question, nous nous interrogerons sur le fait que les objets ordinaires et les œuvres d’art semblent être des éléments identiques au premier abord. Puis, nous nous demanderons si, après avoir effectué un travail de réflexion sur ces deux éléments, on ne pourrait pas distinguer l’œuvre d’art de l’objet du quotidien de part des caractéristiques qui sont propres à chacun. A première vue, il semblerait en effet possible d’assimiler les œuvres d’art à des objets ordinaires. Effectivement, une œuvre d’art s’apparenterait à un objet quelconque qui résulterait du phénomène de production technique comme les autres objets. Par conséquent, l’art, comme la technique, serait le résultat d’un effort humain, c’est-à-dire du travail de l’Homme. Tout d’abord, l’œuvre d’art et l’objet du quotidien seraient deux éléments similaires car ils proviendraient tous les deux de la production artificielle. En effet, lorsque l’on désigne l’art au sens ancien, l’objet ordinaire et l’œuvre d’art ne se distinguent pas l’un de l’autre et appartiennent à une même catégorie. Ces deux éléments sont effectivement le résultat d’une production dite « artificielle » qui s’oppose à la production naturelle. Cette idée est d’ailleurs exprimée dans le texte du philosophe Emmanuel Kant, Critique de la faculté de juger, dans lequel l’auteur énonce une discontinuité entre la nature et l’art au sens ancien. Effectivement, que peut-on considérer comme de l’art ? Est-ce qu’une ruche peut être désignée comme telle ? Pour Kant, « la conséquence de l’art se distingue du produit de la nature », c’est-à-dire que l’œuvre qui est produite par l’artiste ou l’objet par l’artisan diffère d’une chose naturelle qui est simplement le résultat d’un effet et donc pas d’une production basée sur la réflexion. En effet, une ruche, lorsqu’elle est construite par les abeilles, n’est pas le résultat d’une réflexion rationnelle, mais plutôt de l’instinct de ces insectes. Cet élément est effectivement le produit de la causalité naturelle, c’est-à-dire que sa fabrication résulte d’un effet qui obéit aux lois de la nature et donc elle ne peut pas être considérée comme une production artificielle, mais comme une production naturelle. Par conséquent, toute production instinctive et qui ne nécessite pas de réflexion désigne la production naturelle et ne peut être considéré comme de l’art, qui elle découle de la production artificielle. Pour être désigné comme de l’art il faut donc que l’élément ai été pensé avant d’être réalisé et que la réflexion rationnelle sur laquelle il est basé ai été le fruit d’une créature libre, c’est-à-dire de l’Homme. En d’autres mots, pour être de l’art, un élément doit provenir de la production artificielle, car pour Kant, l’attribution du mot « art » à un objet nécessite forcément que celui-ci ai un caractère artificielle. Par ailleurs, l’œuvre d’art et l’objet ordinaire étant des éléments Justine DEBRET qui respectent ces principes, ils sont tous deux des productions artificielles et donc sont de même nature. Par conséquent, on peut dire que l’œuvre d’art et l’objet ordinaire sont identiques puisqu’ils sont le résultat d’une production artificielle. L’objet ordinaire et l’œuvre d’art peuvent aussi apparaitre comme des éléments semblables puisqu’ils sont réalisés à partir du même outil. En effet, lorsque l’Homme crée une œuvre d’art, le processus de création qu’il suit nécessite l’utilisation « d’un outil qui tient lieu des autres », c’est-à-dire la main. Par exemple, les artistes, comme les peintres, les sculpteurs ou les musiciens, ont tous besoin de leurs mains pour créer leurs œuvres d’art. On peut donc considérer que l’origine de la capacité de créer de l’art est la main. Cet élément propre à tous les Hommes naturellement, en fait, rendrait tous les êtres humains capables de réaliser des œuvres d’art. Par ailleurs, d’après Aristote la main serait l’incarnation de la technique dans le corps de l’Homme. Les œuvres d’art seraient donc le fruit d’un phénomène technique, comme tous les objets ordinaires qui sont créés par les artisans tels que le charpentier, le boulanger ou l’ébéniste. Ainsi, toutes les productions de l’Homme étant dues à la technique par le biais de la main, on peut considérer que les œuvres d’art, elles aussi, sont dues au prolongement du phénomène de technique. Par conséquent, l’œuvre d’art et l’objet ordinaires proviendraient de la technique qui réside dans l’Homme sous la forme de la main et ces deux éléments seraient logiquement semblables. Ensuite, l’œuvre d’art et l’objet ordinaire pourraient être assimilés l’un à l’autre puisqu’ils seraient tous deux des imitations. En effet, d’après Platon dans République X, il existe trois mondes : le monde intelligible, le monde sensible et le monde de l’art. Le monde intelligible constituerait le monde des Idées, c’est-à-dire le monde où réside l’essence des choses et donc le monde de la vérité. Le monde sensible serait celui dans lequel les Hommes vivent et dans lequel il y aurait les objets ordinaires fabriqués par les artisans. Quant au monde de l’art, il s’agirait d’un monde dans lequel il y aurait les œuvres d’art créées par les artistes. Or d’après l’auteur, le monde sensible et celui de l’art ne sont que des mondes illusoires qui sont constitués de copies imparfaites des Idées. En effet, les objets du monde sensible ne sont que des imitations imparfaites du monde des Idées et les œuvres d’art du monde de l’art constituent des imitations imparfaites du monde sensible. Par conséquent, les objets ordinaires seraient des illusions et les œuvres d’art seraient des illusions doubles. Pour comprendre ce mécanisme nous allons prendre l’exemple du carré. La définition de celui-ci, c’est-à-dire l’Idée même du carré, est parfaite dans le monde intelligible. Il a tous ses côtés égaux et parallèles deux à deux, et tous ses angles sont rectangles donc leur valeur est de quatre-vingt-dix degrés exactement. Toutefois, lorsqu’un artisan va vouloir réaliser cette forme particulière, il ne fera qu’imiter l’Idée du carré de manière imparfaite. Le carré fabriqué dans le monde sensible sera donc une imitation, une illusion de l’essence véritable du carré qui réside dans le monde des Idées. L’objet produit en forme de carré ne pourra jamais atteindre la perfection qui existe dans l’Idée même de cette forme. En outre, le carré de l’artisan n’aura jamais des angles de quatre-vingt-dix degrés exactement et ses côtés ne seront jamais parfaitement parallèles. Par la suite, lorsqu’un artiste voudra reproduire le carré du monde sensible dans une de ses œuvres d’art, il n’en fera qu’une copie imparfaite. Celle-ci constituera donc une double illusion puisque lorsque l’artiste va créer son œuvre d’art, celle-ci sera le produit de l’addition des imperfections commises par l’artisan précédemment ainsi que des imperfections commises par l’artiste lui- même. Par conséquent, les objets ordinaires, en s’éloignant de leur essence qui réside dans le monde des Idées, éloignent l’Homme de la vérité et les œuvres d’art, qui s’éloignent des objets ordinaires, ne font qu’éloigner encore plus l’Homme de la vraie vérité qui n’existe que dans le monde des Idées. Dans ce sens, comme les objets ordinaires et les œuvres d’art constituent des illusions qui éloignent l’humanité de la vérité on peut considérer que ceux sont des éléments semblables. Enfin, on peut considérer les œuvres d’art ainsi que les objets ordinaires comme des éléments similaires puisqu’ils sont le résultat du travail de l’Homme. En effet, les objets du quotidien proviennent de la production humaine, ce qui indique inéluctablement une dose de travail fournit par l’artisan. Quant aux œuvres d’art, elles Justine DEBRET sont le fruit de la création humaine, uploads/s3/ exemple-dissertation-de-philosophie-3 1 .pdf
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- Publié le Jul 29, 2021
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