Issue elle-même d’un rêve de vie nouvelle, la Renaissance a conféré aux songes,

Issue elle-même d’un rêve de vie nouvelle, la Renaissance a conféré aux songes, à leur interprétation, à leur représentation, une extraordinaire importance : dans la vie politique et sociale, avec le renouveau des pratiques divinatoires ; dans la littérature, tant en prose qu’en poésie (Francesco Colonna et Rabelais, l’Arioste et le Tasse, la Pléiade et d’Aubigné…) ; dans les débats médicaux et théologiques, notamment lors de la terrible chasse aux sorcières qui du XVe au XVIIe siècle a sévi en Europe. Alors a fleuri ce que l’on pourrait appeler l’« ancien régime » du rêve, fondé sur l’idée que le sommeil et les songes nous mettent en relation avec les puissances de l’Au-delà : en rêvant, l’homme s’évade-t-il des contraintes de son propre corps pour entrer en contact avec le divin ? Ou bien se trouve-t-il livré à des « démons » étrangers ? Quel crédit accorder à l’oniromancie ? Est-il possible d'établir un lexique du rêve, comme dans les « clés des songes »? Ces problèmes, les peintres et graveurs de la Renaissance les ont affrontés à leur manière : artistique et non théologique, philosophique ou médicale. Les questions qu’ils posent, et qui leur sont propres, vont bien au-delà des débats de l’époque et demeurent fascinantes : d’une part, entre les images de l’art et les images oniriques, existe-t-il une profonde affinité ? D’autre part, comment s’acquitter de l’impossible tâche de représenter ce que rêve un rêveur ? Aux XVe et XVIe siècles, si certains explorent le rêve en tant que révélation d’un autre monde, saint ou infernal, et si d’autres l’utilisent pour transfigurer le vécu quotidien ou montrer sa dimension érotique, chez les plus exigeants il est perçu comme une métaphore de l’art lui-même. Alors la vie devient un songe et l’artiste un rêveur. À une célèbre exception près — celle de Dürer, évoquée à la fin de l’exposition —, les artistes de la Renaissance ne peignent pas leurs propres rêves. Ils peignent ceux des autres, ou ceux qu’ils pourraient avoir ; ils représentent tantôt des récits de rêve, tirés de la mythologie et de l’histoire sainte, tantôt des visions reconstruites qui se font parfois cauchemardesques. Mais tous se heurtent à la même difficulté : peindre le rêve, c’est-à-dire non l’apparence mais l’apparition, c’est vouloir objectiver l’inobjectivable. Le songe échappe à la saisie. Or l’impossibilité même de le représenter a suscité, chez les artistes les plus soucieux de pousser leur art à ses limites, le désir de relever un défi ; de montrer leur habileté à représenter un irreprésentable, plus spectaculaire encore que les tempêtes ; et de conférer ainsi à leurs œuvres une puissance accrue, en frappant l’imagination et les yeux par une représentation particulièrement vive. Tenter de peindre l’onirique, comme l’avaient déjà fait des artistes médiévaux (mais dans un contexte différent), c’est donc, à bien des égards, transgresser les frontières de l’art ; c’est en élargir considérablement le domaine et en affirmer les nouveaux pouvoirs. communiqué La Renaissance et le Rêve Bosch, Véronèse, Le Greco… 9 octobre 2013 – 26 janvier 2014 Musée du Luxembourg Battista Dossi, Allégorie de la Nuit (détail), vers 1543-1544, huile sur toile, 82 x 149,5 cm, Dresde, Staatliche Kunstsammlungen, Gemäldegalerie, © BPK, Berlin, Dist. RMN-Grand Palais / Elke Estel / Hans-Peter Kluth Cette exposition est organisée par la Réunion des musées nationaux - Grand Palais, Paris, et la Soprintendenza del Polo Museale Fiorentino. Elle est présentée au Palazzo Pitti, Florence, du 21 mai au 15 septembre 2013 La Renaissance et le Rêve 2 Selon le sujet, les périodes et les régions, suivant aussi leur talent particulier, les artistes ont apporté à ce défi des réponses fort différentes : l’écart est grand entre un Songe du Quattrocento et un Songe du siècle suivant, de même qu’entre une œuvre du Nord et une œuvre méridionale, comme le montre la variété des artistes convoqués – illustres comme Bosch, Dürer ou Michel-Ange, ou moins connus comme Mocetto ou Naldini. Logiquement et chronologiquement, le parcours conduit de la nuit à l’endormissement, de l’aurore - où pour l’homme de la Renaissance se manifestent les vrais rêves - au réveil final ; l’essentiel étant consacré aux rêves et visions. Ainsi le visiteur verra-t-il successivement des figurations de la nuit (comme celles de Michel-Ange et Battista Dossi) et de belles endormies dont l’âme est « en vacance » (comme celle de Pâris Bordon), avant que ne soit franchie l’étape décisive : celle où l’artiste représente non seulement le corps du dormeur-rêveur, mais le phénomène onirique lui-même. Tantôt pour montrer des « songes vrais », tirés de la Bible (Jacopo Ligozzi) ou des vies de saints (Garofalo, Véronèse…), tantôt au contraire pour offrir des visions infernales (Jan Brueghel, Jérôme Bosch…). Certains juxtaposent en un même lieu le rêveur et le rêve (comme l’a fait Giotto), d’autres imaginent des médiations (Le Greco), tandis que les artistes du Nord nous font entrer de plain-pied dans le cauchemar. Dans la nuit aussi, on voit des choses ; loin d’éteindre le visible, l’obscurité fait surgir d’autres espaces, de jeu, de liberté ou d’inquiétude. Le propos de l’exposition, qui appelle aussi l’attention sur quelques œuvres énigmatiques (Le Songe de Raphaël du graveur Raimondi, Le Songe du docteur de Dürer), n’est pas seulement historique. Sans doute importe-t-il de rappeler l’intérêt de l’ « ancien régime » du rêve, largement effacé de nos mémoires par les révolutions successives et antagonistes de la psychanalyse et des neurosciences ; mais il importe plus encore, en offrant pour la première fois au public un tel ensemble d’œuvres de la Renaissance, de l’inviter à rêver lui- même. À laisser libres et ouvertes les voies de son imagination. ............................ commissariat : Alessandro Cecchi, directeur de la Galleria Palatina et du Jardin de Boboli au Palazzo Pitti, Florence Yves Hersant, professeur à l’Ecole des hautes études en sciences sociales, Paris Chiara Rabbi-Bernard, historienne de l’art ............................ contacts presse : Réunion des musées nationaux -Grand Palais 254 – 256 rue de Bercy 75577 Paris cedex 12 Florence Le Moing florence.lemoing@rmngp.fr 01 40 13 47 62 Julie Debout Julie.debout@rmngp.fr 01 40 13 41 36 ouverture : tous les jours de 10h à 19h30 (nocturne les lundis et vendredis jusqu’à 22h) fermeture du musée le 25 décembre tarifs : 11 €, TR 7,5 € gratuit pour les moins de 16 ans carré 26-30 : 4 personnes entre 26 et 30 ans : 30 € accès : M° St Sulpice ou Mabillon, Rer B Luxembourg Bus : 58 ; 84 ; 89 ; arrêt Musée du Luxembourg / Sénat audioguides : français, anglais, espagnol et italien 4 €, TR 3 € ou 2 € en téléchargement sur support mobile renseignements, tarifs complets et réservations sur www.museeduluxembourg.fr et www.grandpalais.fr publications aux éditions de la Réunion des musées nationaux- Grand Palais, Paris 2013 : - catalogue de l’exposition 22,5 x 26 cm, 176 pages, 100 ill. relié, 35 € - l’album de l’exposition, 21 x 26,5 cm, broché, 48 pages, 40 ill., 10 € La Renaissance et le Rêve 3 communiqué de presse p.1 sommaire p.3 press release p.4 comunicato p.6 textes des salles p.8 liste des œuvres exposées p.11 quelques notices d’œuvres p.18 extraits du catalogue de l’exposition p.23 le catalogue de l’exposition p.28 les activités autour de l’exposition p.29 informations pratiques p.32 Le Musée du Luxembourg p.33 visuels disponibles pour la presse p.34 les partenaires médias p.38 l’exposition du musée national de la Renaissance, château d’Écouen p.39 sommaire La Renaissance et le Rêve 4 Itself sparked by a dream of a new life, the Renaissance set great store by dreams, their interpretation and representation: in political and social life, with the revival of divinatory practices; in literature, both prose and poetry (Francesco Colonna and Rabelais, Ariosto and Tasso, the Pléiade and d’Aubigné…) ; in medical and theological debates, especially during the terrible witch hunts throughout Europe from the fifteenth to the seventeenth centuries. There then flowered what might be called 'the old regime' of dreams, based on the idea that sleep and dreaming put us in contact with the powers of the other world. When we dream, do we escape the constraint of our own bodies to enter into contact with the divine? Or are we delivered up to foreign 'demons'? What credit should be accorded to oneiromancy? Is it possible to draw up a vocabulary of dreams, as in "The Interpretation of Dreams"? Renaissance painters and engravers dealt with these problems in their manner: that is, artistic and not theological, philosophical or medical. The questions they asked, which are proper to art, go beyond the debates of the time and still fascinate us today: is there a profound affinity between the imagery of art and that of dreams? How can an artist possibly represent what a dreamer sees? In the fifteenth and sixteenth centuries, although some artists explored dreams as a revelation of another world, be it holy or hellish, and others used them to transform everyday experience or heighten its erotic dimension, the more demanding artists saw dreams as a metaphor for art itself. Life uploads/s3/ exposition-la-renaissance-et-le-reve-au-musee-du-luxembourg-dossier-de-presse 1 .pdf

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