Faux-Semblants ou le simulacre* dans l’art contemporain DOSSIER PEDAGOGIQUE Ce
Faux-Semblants ou le simulacre* dans l’art contemporain DOSSIER PEDAGOGIQUE Ce document se présente comme une aide pédagogique à destination des enseignants. Il permet de mieux comprendre les œuvres contemporaines présentées dans l’exposition et peut également constituer un support pour la visite. Introduction Depuis toujours, l’art a recherché la « Mimésis* ». Les inventions imitant la vision oculaire se sont multipliées tout au long de l’histoire de l’art. Des artifices comme le système perspectif ou l’anamorphose* donnaient l’illusion parfaite de la 3ème dimension. La peinture figurative a pourtant perdu son statut privilégié avec l’invention de la photographie. Considérée comme le médium de l’objectivité par excellence, on pensait à l’époque que nulle autre discipline ne pouvait aller plus loin dans la reproduction du réel. L’invention du cinématographe en 1895 allait encore accroître l’illusion de vraisemblance. Au 20ème siècle, les artistes, loin d’avoir renoncé à dépeindre la nature, ont continué à explorer les multiples moyens d’appréhender la réalité. Une tendance qui allait même connaître une autre dimension avec le mouvement hyperréaliste*. Avec l’arrivée des nouvelles technologies, en cette ère du tout numérique, il est devenu urgent de redéfinir le monde qui nous entoure. Le bombardement d’images tous azimuts, dont il est souvent difficile de préciser l’authenticité, a contribué à l’essor d’un univers virtuel peuplé de faux-semblants. Leurres et simulations envahissent ainsi nos vies, infiltrant tous les domaines de la société jusqu'à créer un monde virtuel, plus réel que le réel. Les artistes d’aujourd’hui ont commenté ou critiqué l’évolution de cette société du paraître ; nous révélant, comme un certain Magritte en 1929, la trahison des images. ► Hall L’artiste : Johan Grimonprez (Roeselare – 1962) ► Ron Burrage, Hitchcock double. Still from LOOKiNG fOR ALFREd, 2005, by Johan Grimonprez. Photography by Theo Volpatti Courtesy of Zapomatik / Film & Video Umbrella Depuis les années 1990, Johan Grimonprez crée des vidéos et des installations. Par l’utilisation d’un montage de documents issus de différentes sources, il interroge la culture du zapping et le pouvoir des images. En 1997, Johan Grimonprez crée l’événement à la Documenta X à Cassel avec son film « Dial / H-I-S-T-O-R-Y ». Dans ce moyen-métrage prémonitoire d’environ une heure, Johan Grimonprez compile des scènes de détournements d’avions sur des textes de Don DeLillo. 2 L’œuvre : La vidéo « Looking For Alfred » a été réalisée en 2005. Contrairement à ses films précédents dont la forme rappelle davantage une vaste séance de zapping médiatique, l’univers de Looking For Alfred se situe en dehors de la réalité, dans un monde à la fois étrange et esthétique. Looking For Alfred, « A la recherche d’Alfred » en français, est une référence directe à Alfred Hitchcock dont une des célèbres signatures consistait en une courte apparition dans chacun de ses longs-métrages. En mettant en scène une profusion de sosies, Johan Grimonprez mène une réflexion sur le vrai et le faux, l’identité, le double. Ils permettent au cinéaste de développer une intrigue à plusieurs sens et d’interroger la culture du simulacre dans laquelle nous vivons. C’est aussi une allusion au « MacGuffin », ce procédé scénaristique inventé par Hitchcock et qui se présente comme un mystérieux objet à rechercher, prétexte à faire avancer l’intrigue. Ici, le « MacGuffin » permet d’aborder la répétition à travers une série de symboles qui reviennent constamment. Le corbeau, le parapluie, le chapeau melon, etc. renvoient bien évidemment à l’univers du cinéaste britannique mais aussi à celui de René Magritte et de Jorge Luis Borges*. Tous deux ont également travaillé la question de la double identité dans leurs œuvres respectives. L’artiste : Philippe Ramette (à Auxerre, dans l’Yonne (France) – 1961) Philippe Ramette expose depuis le début des années 1990. Ses photographies nous plongent dans un univers absurde, imperméable aux lois de la physique. On y retrouve toujours le même protagoniste, un personnage au costume sombre (en fait, l’artiste lui- même) dans des positions qui défient les lois de la nature. A côté de ses clichés, Philippe Ramette crée également des installations et des sculptures dans la même veine surréaliste. ► Philippe Ramette Balcon II (Hong-Kong), 2001 Photographie couleur, 150 x 120 cm collection Frac Champagne-Ardenne, Reims © SABAM Belgium 2009 3 L’œuvre : le travail de Philippe Ramette fait appel à plusieurs astuces. A l’heure du numérique et du multimédia, il est facile de recréer virtuellement n’importe quelle fantaisie surréaliste. Au premier abord, les images de Philippe Ramette relèvent d’une manipulation informatique réalisée après la prise de vue. La réalité est tout autre. Le réel travail de l’artiste consiste en l’invention de « prothèses » qu’il fait intervenir dans une situation spécifique. La mise en scène sera ensuite photographiée par un photographe professionnel. Le travail de Philippe Ramette s’apparente ainsi à celui d’un artiste-inventeur qui crée des « objets à réflexion » afin de se mettre lui-même en scène dans des poses impossibles. Ses prothèses sont toujours invisibles et donnent ainsi l’illusion du trucage informatique. Les personnages de ses photographies semblent souvent perdus dans leurs pensées, regardant au loin comme s’ils rêvaient ou réfléchissaient. Il y a une référence ouverte à la célèbre peinture de Caspar David Friedrich « Voyageur devant une mer de nuages », une oeuvre qui exalte les qualités méditatives du regardeur. Philippe Ramette pose un œil décalé sur le monde qui nous entoure. Dans les nombreuses fictions qu’il propose, on retrouve souvent une atmosphère à la fois cruelle et poétique. Cette donnée plus violente est présente dans la mesure où les prothèses contraignent le corps au lieu de le libérer. Seul l’esprit permet la liberté. Pour l’artiste, il s’agit ainsi de créer des « processus de pensée ». L’œuvre de Philippe Ramette, comme le suggère certains titres (L’espace à culpabilité ou Potence préventive pour dictateur potentiel), comporte également une réflexion plus critique sur le monde. ► Salle Meuse : L’artiste : René De Broyer est sculpteur. Peu d’informations ont filtré sur son parcours. On sait qu’il a travaillé un temps dans une entreprise de fabrication de mannequins. Il est surtout connu pour avoir réalisé plusieurs copies d’une sculpture de Marilyn Monroe. ► René De Broyer Marilyn Monroe, 1988 Sculpture en polyester peinte à l’huile 163 x 60 x 50 collection privée. © photo : Schrobiltgen, Bruxelles 4 L’œuvre : L’artiste a réalisé une sculpture de Marilyn, reproduisant fidèlement sa pose, son maquillage, ses vêtements. Une bouche d’aération fait gonfler sa robe comme lors de la scène originale de « Sept ans de réflexion ». René De Broyer a choisi de représenter Marilyn Monroe dans une réplique de la scène mythique du film de Billy Wilder (1955), une de ses apparitions les plus connues. Obnubilé par l’effigie de Marilyn, René De Broyer a réalisé plusieurs copies de cette sculpture. Cette œuvre est un peu le porte-drapeau de cette exposition. Tout le monde connaît Marilyn Monroe ; elle est devenue un symbole, une sorte d’icône de la femme fatale et la sensualité incarnée. Son image, reproduite encore et toujours, a fini par perdre toute humanité pour devenir un objet de consommation. Cette œuvre et son auteur font l’objet d’une présentation sur la plate-forme internet de Jacques Lennep. Basé sur le concept « on est tous des artistes », ce blog, initié en 2008, intègre toutes sortes de projets artistiques. L’artiste : Jean-Olivier Hucleux (dit Hucleux) (Chauny, dans l’Oise (France) – 1923) Hucleux est un artiste généralement associé au mouvement hyperréaliste. On connaît surtout ses fameux portraits de personnalités, peints et dessinés d’après photographie. A partir de 1996, l’artiste entame des dessins dits de « déprogrammation ». Un travail de premier abord fort différent de ses portraits hyperréalistes, mais qui participe du même processus rigoureux. Dernièrement, l’artiste a exploré le domaine des nouvelles technologies en réalisant des dessins numériques en collaboration avec son fils. ► Hucleux Portrait de Francis Bacon (d’après une photo de Michel Nguyen) 1987 Mine de plomb sur papier 225 x 170 cm collection privée © SABAM Belgium 2009 5 L’Œuvre : En 1975, Hucleux réalise une première commande qui aboutit au portrait du « Professeur Ludwig et de sa femme », une peinture d’une étonnante virtuosité technique. Suivront bientôt d’autres commandes officielles, notamment le portrait du Président Georges Pompidou (1984) et celui du Président François Mitterrand (1985), et une série de portraits de personnalités du monde de l’art. Le portrait de Francis Bacon fait partie de cette série. Au départ, l’hyperréalisme* naît en réaction à la peinture abstraite. Il s’inscrit d’une certaine façon dans le prolongement du pop art, dont il reprend certains thèmes (société de consommation, goût pour le portrait de célébrités). La volonté des artistes hyperréalistes se situe au niveau du pari de l’illusion photographique. Avec l’invention de la photographie, certains prédirent l’inutilité de la peinture. En ne réussissant pas à concurrencer le réalisme photographique, celle-ci serait donc devenue totalement obsolète. Les tenants de l’hyperréalisme ont répondu à cette polémique par des œuvres peintes à la qualité photographique. Le souci d’Hucleux est d’aller bien au-delà du réalisme de la peinture afin de rendre une présence et de « dépasser la représentation ». uploads/s3/ faux-semblants-et-le-simulacre-dans-l-ar.pdf
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- Publié le Jui 20, 2021
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