Kacimi, l'artiste marocain, passeur entre "Afrique blanche" et "Afrique noire"
Kacimi, l'artiste marocain, passeur entre "Afrique blanche" et "Afrique noire" Par Sarah Diffalah Publié le 23 novembre 2018 à 20h09 Le Mucem consacre une exposition inédite des œuvres réalisées par Mohammed Kacimi, à la fin de sa vie, entre 1993 et 2003. Une décennie pendant laquelle il a inventé un nouveau langage artistique qu'il a puisé dans ses racines africaines. Mohammed Kacimi, mort en 2003, était l’un des plus importants plasticiens marocains d’après-guerre. Connu et reconnu dans son pays et dans le monde arabe, il a pourtant été injustement oublié par le monde artistique international. En consacrant une exposition à son œuvre qui débute ce week-end, le Mucem à Marseille corrige cette négligence. La commissaire, aussi historienne et critique d’art, Nadine Descendre a choisi de centrer l’exposition sur la dernière décennie de l’artiste, une des plus prolifiques, pendant laquelle Mohammed Kacimi, d’abord influencé par l’Ecole de Paris, s’est tourné vers l’Afrique en quête de vérité et d’authenticité. "C’est une période majeure. Sa maturité artistique s’épanouit totalement au moment où elle s’accorde avec la prise de conscience de son africanité", explique Nadine Descendre, qui a travaillé à la publication en 2018 d’un catalogue complet de ses œuvres, pas moins de 4.500 pièces recensées. Mohammed Kacimi est alors convaincu que son art doit désormais passer par le dialogue interculturel, et d’abord entre le Maghreb et l’Afrique subsaharienne. Il refuse de distinguer une "Afrique blanche", d’une "Afrique noire", séparées par le Sahara. "Kacimi parlait de l’Afrique, des droits humains, de la dignité : c’est une parole qui fait du bien aujourd’hui, alors qu’il y a des frontières invisibles et un discours stigmatisant sur les migrants", souligne Hicham Daoudi, qui représente les ayants droits de Mohamed Kacimi. Né à Meknès en 1942, autodidacte, Mohammed Kacimi "s’appuie sur l’écoute d’un ressenti intérieur et sur l’observation de la réalité qui l’entoure", relève l’historien d’art, Brahim Alaoui au magazine d’art contemporain dans le monde arabe, Diptyk. Mohammed Kacimi a inventé sa propre école, aussitôt empruntée par une nouvelle génération d’artistes marocains. "Il a ouvert des pistes nouvelles sur la scène artistique marocaine, dans le champs des arts plastiques. Il a libéré les jeunes artistes de la peinture classique de chevalet. Il incitait les artistes à sortir de leurs ateliers", explique Nadine Descendre. Dans la grande salle du Fort Saint-Jean où les pièces sont présentées (325 peintures, sculptures, manuscrits, textes, dessins, photographies, vidéos), la musique "African Gnaoua Blues" de Majid Bekkas, compositeur, joueur de oud et de basse geumbri, accompagne la contemplation de peintures, pour certaines monumentales. Pas de parcours imposé, aucun sens de visite. L’espace s’ouvre en grand pour rappeler que Mohammed Kacimi aimait souvent travailler dehors, dans son jardin, sous un arbre ancestral, au pied duquel il faisait aussi sécher ses toiles. "Elles étaient souvent accrochés à même le mur comme des tentures et rarement dressés sur des cadres", explique Nadine Descendre. uploads/s3/ kacimi.pdf
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