1 CCA Cours 1 à 4 de Culture générale – 8 sessions Premières années A & B Semes

1 CCA Cours 1 à 4 de Culture générale – 8 sessions Premières années A & B Semestre 1 – Crédits 2 En distanciel - Préconisations mesures sanitaires Covid 19 Géraldine Constant 9.11.2020 LA CRÉATION ARTISTIQUE ET SON TEMPS 1. Signes d’humanité L’artiste plasticien, dont l’ambition est de faire en sorte qu’on « s’interroge », qu’on « regarde la réalité d’un nouveau point de vue », constitue par ses œuvres un héritage social et culturel. Même en célébrant le temps présent, la création artistique est l’évasion car son potentiel narratif offre des raisons de se souvenir et d’espérer, de résister. Un héritage de son regard et de ses rêves, d’une histoire du monde. L’idée d’une commune humanité ne doit pas cacher les arguments historiques de l’universalité comme prétexte à asseoir la domination d’une civilisation ou d’une classe ou d’un groupe. La création contemporaine témoigne des époques, de ses subtiles et incessantes transformations en usant des jeux de concepts et de l’histoire de la pensée. La culture est une notion d’humanité qui déborde du social car les cultures n’existent pas en soi. Elles existent à travers les individus. Il s’agit donc de considérer les principes d’un multiculturalisme. Comme une source de réflexion, de réconfort et d’inspiration au quotidien, en interrogeant les relations humaines avec le monde, l’environnement, les mythologies, les utopies, à travers des pratiques artistiques diverses. Prendre soin du monde, des autres, de soi, en racontant l’humanité, la raconter dans une dimension critique et créatrice. « L’art donne accès à des mondes que le réel, seul, ne permet pas » Issam Krimi, compositeur et pianiste, France, (1980) Les expériences sensorielles au croisement de l’art et de la technologie, des œuvres marquantes racontant l’étendue des approches plastiques, éveillent les imaginaires à la découverte des géographies artistiques. Une œuvre marquante modifie notre perception du monde. Mais que peut l’artiste en tant qu’artiste ? La création artistique est un acte civilisateur. Un moyen d’émouvoir le plus grand nombre, appartenant à des sociétés et trajectoires historiques différentes, en présentant des récits et des images communes ou identifiables. Il s’agit de « représentations », de « fictions » de différentes réalités. Les œuvres d’art servent aussi à dénoncer la violence et barbarie des hommes, les massacres, les agressions contre les enfants, entre autres, de « communiquer un message politique particulier » parfois de scandaliser, étonner, divertir. 2 Cela peut dépendre des régimes de valeurs artistiques considérés, selon les époques et les catégories de publics dans des contextes de sociétés et représentations culturelles singulières. 2. Questions de temps La culture est un tout complexe qui inclut les savoirs être et les savoir-faire, les croyances religieuses, les arts, les stratégies d’ancrage de connaissances et de mémoire, la langue, les coutumes, l’inscription des rapports à la nature et du rapport au monde … L’erreur consiste à porter un jugement de valeur et non chercher à comprendre ce qu’il emporterait aujourd’hui en termes d’éthique et de dignité humaine sur des principes ancestraux érigés dans un temps donné d’une organisation sociétale. Il n’y a pas de dimension culturelle supérieure ou non à d’autres. « On ne voit pas bien par quel miracle toutes les cultures seraient aussi riches et développées les unes que les autres. Un Dieu juste aurait pu y veiller. Mais s’il n’y a pas de Dieu. S’il n’y a que l’Histoire ? » s’interroge André Comte-Sponville, philosophe, France, (1952). Si la déconstruction des clichés semble enclenchée, elle s’affirmerait encore comme une réponse à une question posée dans un cadre historiquement figé et imposé sur une grille de lecture unilatérale. La dimension symbolique et rituelle des objets sacrés de tribus africaines se perd dans l’interprétation qui leur a attribué le titre d’œuvre d’art, une fois ces objets pillés pendant la colonisation. Leur statut et leur fonction ont été niés, déplacés et redéfinis dans un autre contexte historique et culturel. « Tenter de déconstruire le système dominant ou de lui répondre revient à prétendre le guérir de lui-même. » Léonora Miano, écrivaine, Cameroun, (1973). La création artistique à la Martinique, en pays dominé, reflète de grands pans méconnus ou dont on a fait abstraction au fil du temps et des ailleurs, de nos expressions et sensibilités inscrites et rêvées. Un des enjeux réside en la décolonisation des imaginaires. Il existe bien des manières d’imager le monde, d’imager son territoire caribéen, sa situation d’îlien, sa résilience d’exilé… Les individus ne produisent pas de manière arbitraire une identité culturelle, flottante et hospitalière. La culture permet de passer de l’hyper individualisme à la conscience collective. La culture fait sens à l’attention d’une communauté de destin en fonction de paramètres historiques et sociologiques. « Car si je ne suis pas ce qu’on m’a dit que j’étais, cela veut alors dire que vous n’êtes pas ce que vous pensiez être non plus ! » James Baldwin, écrivain Afro-américain, (1924-1987) Sous l'effet de la mondialisation, une nouvelle vague de plasticiens non occidentaux déferle à son tour sur la scène internationale. En quoi l’homme nomade, le plasticien, aujourd’hui, multiplie-t-il les univers de référence ? La création artistique contemporaine devient le lieu de repérage des variations culturelles, des différences et des émotions qu’elle transporte. 3 Le passé fondateur s’inscrit dans la liberté d’expression des créateurs, l’individu a en charge ses propres valeurs. Les artistes engagés sont dans une urgence à dénoncer les blessures qui disent un certain monde de manière immédiate, à travers leurs œuvres. La société est faite par et pour les hommes, s’il est un projet de la changer, les artistes y contribueront certainement par leur conception singulière d’une humanité partagée. « Quand on parle d’engagement, on s’attend toujours à une œuvre d’art capable de faire tomber un gouvernement. On peut faire tomber un État pour des raisons politiques, et non pour des raisons poétiques. » Adel Abdessemed, artiste plasticien Algérien, vit en France et à New-York, (1971). Les démarches, les conditions de possibilité et de production artistiques et, plusieurs articulations composent ensemble la puissance créatrice d’un individu dans sa volonté d’atteindre la profondeur du vécu. Les expériences personnelles rencontrent les grandes questions humaines et intemporelles, l’emprise des affects. Il n’y a pas séparément une création artistique merveilleuse et une société terrifiante ! La vie, les êtres vivants humains ou pas, l’écologie, les liens à la mémoire du monde, les incertitudes du processus créateur, tous sont incorporés intensément dans l’expression des identités culturelles. 3. L’énigme de la rencontre artistique L’art sert à remettre en question. Mais comment est-il socialement accueilli quand il concerne de petits enjeux et quand les structures de pouvoir sont en jeu ? Le fonctionnement du champ culturel, les instances de validation et de circulation des œuvres – critique d’art, presse, galeries, musées, marché de l’art – informent sur l’émergence des démarches artistiques et les modalités aptes à distribuer les rôles dévolus à l’offre et à la demande. Un conditionnement social est opéré par les influences, les principes moraux et des règles de goût normatifs. L’évolution des formes artistiques et l’ouverture de nouveaux espaces esthétiques ont provoqué l’extension du concept de l’art, jusqu’à se soustraire parfois à toute rencontre avec le spectateur - le regardeur. Qu’est-ce qui fait que quelque chose se passe devant une œuvre - ou qu’il ne se passe rien ? À quelles conditions être face à des œuvres déclencherait affects, réflexions, sensation ou rien ? L’art peut façonner et modeler durablement notre être et notre relation au monde. Mais pour qu’une telle rencontre avec les œuvres ait lieu, il faut que quelque chose se passe, « accroche ». L’œuvre rencontrée vient donner forme à la tension irrésolue qui habitait jusque-là le spectateur. Nous avons tous déjà fait l’expérience d’une telle rencontre avec une œuvre d’art qui serait venue modifier nos manières de (se) sentir, de percevoir, de concevoir aussi bien que d’agir. Nous attendrions d’une œuvre qu’elle soit rapidement identifiable et facilement mise en récit, en un mot immédiatement « digérable ». Si tout doit être digeste aujourd’hui – les produits culturels comme le reste –, alors l’art chercherait aussi à maintenir sa singularité 4 en pouvant se proposer précisément comme « indigeste » ; des artistes contemporains tenteraient de se soustraire à cette injonction en rendant leurs œuvres « indisponibles ». Les œuvres « non consommables » s’exposent à n’être tout simplement pas rencontrées, pourquoi ? Le pouvoir transfigurateur de l’art est dès lors mis en péril. Comment être transformé par une œuvre qui se met en retrait et fuit à l’idée même d’une rencontre avec ses spectateurs ? Il s’agit alors d’un commandement de résistance reconnu dans des postures de créateurs afin de distinguer la singularité de la production artistique, d’interroger les limites des mediums et pratiques artistiques, les formes de l’expérience esthétique. Ce commandement de résistance donc rejoue les codes de la nature particulière et sensible qui se met en place entre une œuvre, un artiste, un visiteur, un instant de vie : ce temps du regard. 4. Création d’actualités La création contemporaine n’engage pas les mêmes types de normes, pour autant, les mêmes types uploads/s3/ la-creation-artistique-et-son-temps.pdf

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